186 MA L A D I E S DE LA PEAU.
DCXXXIV. Sans balancer en conséqucncc les autorités d'une multitude d'écrivains célèbres, sans prononcer
au milieu des peuples qu'on a vus s'accuser rcciproquenient d'avoif propagé cette horrible peste, je me
contente d'observer que M. Sprongel a puissamment combattu l'opinion de ceux qui font provenir la maladie
vénérienne des Indes Occideulales. Les annales des uations contiennent des témoignages irrécusables, qui
prouvent l'existence de ses symptômes long-temps avant que Christophe Colon)b mît à la voile pour entreprendre
son immorlelle découverte : cette alTection s'est seulement montrée plus terrible aux temps que la
plupart des auteurs assignent pour sa première apparition.
DCXXXV. Un auteur remarque, avec juste raison, qu'on avoit intérêt i\ charger les Américains des plus
grands crimes, pour justifier en quelque sorte le système d'oppression et de tyrannie dont on usoit à leur
égard. Afin de les rendre plus odieux, ne falloit-il pas les peindre comme des peuples féroces et corrompus,
qui s'abandounoient à tous les vices et contractoicnt toutes les maladies qui en sont le triste apanage? Leur
attribuer un fléau aussi afiligeant que la maladie vénérienne, entroit nécessaii-ement dans le plan de leurs
ennemis implacables. C'est ainsi que les passions, les intérêts individuels et les ressentimens particuliers,
brouillent ù chaque instant la généalogie et l'ordre des évènemens; c'est ainsi que nous trouvons, jusque dans
l'exposition des faits historiques, des traces de haine cl de persécution.
DCXXXVI. On a dit pareillement que les accidens syphilitiques ne furent jamais plus terribles que dans
leur origine. Vers le milieu du seizième siècle parut , ajoute-t-on, la blennorrliagie, qui les miligea jusqu'au
point où nous les voyons éclater de nos jours. Mais, sans doute, les symptômes propi-es à cette affection redoutable
n'auront été d'abord représentés avec des couleurs si effrayantes qu'à cause de leur nouveauté, et par la
tendance que les hommes ont à trouver sans cesse du merveilleux dans ce qui les épouvante. A la première
apparition de la peste, on exagéj-a d'abord ses dangers et ses ravages 5 dans la suite, les craintes qu'elle inspiroit
diminuèrent à mesure qu'on trouva des armes pour ia combattre.
DCXXXVn. Au reste, cette affreuse maladie a des aspects si divers lorsqu'elle souille la peau humaine,
que j'ai été nécessairement contraint de disposer ses phénomènes sous trois chefs principaux, pour les maintenir
dans la mémoire cl les offrir dans un ordre méthodique. On no peut ignorer saiîs doute quo les divisions établies
sous le nom d'espèces en nosologie, ne sauroient, en aucune manière, être assimilées à celles qu'indiquent journellement
les Naturalistes. Ce ne sont ici que des abstractions utiles pour aider les combinaisons de notre esprit,
et qui ne séparent les faits que pour mieux faire juger de leur analogie et de leur différence. Je prie, en outre,
mes lecteurs de n'envisager ces :*ccherches que comme un travail partiel, qui peut ajouter quelque chose à
l'histoire d'une affection dont les accidens se reproduisent sous tant de formes, et qui sera long-temps encore
l'objet des études des Médecins.
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