M A L A D I E S DE LA PEAU.
ESPÈCE TROISIÈME.
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P L I Q U E EN MASSE. PLICA cespitosa. Planches V i l i el XPliqiie
dans I.njucnc les cheveux ou les poils se mêlent, se collent el s'agglomèrent euscmLle, sans jam.iis se se'p.irer, ati point tie n'olTi ir
aux regards de l'observateur^ qu'une masse informe plus ou moins volumineuse, qui surcharge la tête d'im poids cnonue.
Ojî s. On peut signaler, comme vari.itis de la Plique en masse :
A. L-I PLIQUE EN MASSE MITRIFORME. Plica cespitosa — Cette Plittue fonne, sur la tète, une espèce de coiiïe ou de
calotte.
B. LA PLIQUE EN MASSE GLOBULEUSE. Plica cespitosa f/oii/ormw. — Cette variétii acquiert quelquefois un volume très-considerable ;
souvent on ne voit qu'un seul globe ; d'autres fois on en remarque pîusieuiî ; ce qui donne à la tête dn malade un aspect monsU ueux.
T A B L E A U DE LA PLIQUE EN MASSE.
LXXXVn. C E T T E espèce de Plique, que j'ai soigneusement observée dans une circonstance à Paris, offre
u n mélange inextricable de cheveux qui constituent une seule masse, tantôt en forme de calotte, tantôt en
forme de globe plus ou moins volumineux. Il arrive quelquefois que rien ne change, du moins en apparence,
dans l'arrangement primitif des cheveux, lesquels se maintiennent dans la même situation oit ils étoient à
l'instant de l'invasion de la maladie. C'est ainsi qu'on a vu une dame, coiffée en boucles très-élégantes, conserver
la même fristire pendant une certaine série d'années. Les Pathologistes désignent ce mode particulier
d'altération, sous le nom de Plique lanièe, parce qu' i la première vue il est difficile de la reconnoitre.
La Plique dont il s'agit est souvent si volumineuse et si pesante, que les individus qui en sont affectés
peuvent it peine supporter un si lourd fardeau. Qu'on se représente ces infortunés avec une masse monstrueuse
do cheveux contournés et pliqués, vacillant à chaque pas, et se soutenant avec difficulté dans les rues! Leur
fatigue et leur embarras offrent un spectacle digne tie pitié.
Quelquefois les masses ou touffes do cheveux pliqués, se manifestent isolément sur les côtés, sur le devant
ou sur la partie postérietire de la tète, d'où résultent différentes difformités. On observe alors que les tiraillemens
que supporte ordinairement la peau du crâne, n'ont lieu que dans les endroits où les cheveux se pliquent.
On mettroit vainement une adresse infinie à passer le peigne au travers des cheveux pour les démêler; le^
cheveux se replient et se roulent d'une manière surprenante. Dans plusieurs cas, il est absolument impossible
de toucher à l'épaisseur de ces touffes villeuses, sans provoquer des douleurs vives.
La Plique en masse est très-commune chez les femmes qui ont une grande quantité de cheveux. Sa couleur
ordinaire est d'un châtain assez clair. On a vu pourtant des Pliqués en masse qui étoient blanches, quoique
ce pliénomène soit excessivement rare. M. le doeteur de Lafontaine m'en a fait parvenir un échantillon. Je
citerai plus bas l'observation qu'il m' a communiquée à ce sujet. On a eu l'occasion de remai-quer fréquemment
cette Plique sur les parties génitales de la femme.
Malgré l'ennui extrême qu'occasionne l'énorme fardeau de la Plique en masse, croira-t-on que les malades
sont réduits à la regarder comme un bienfait de leurs dieux pénates, et à craindre toujours qu'elle ne disparoisse?
Leurs alarmes du reste sont très-fondées; mais les faits qui les rendent légitimes, concernent généralement
toutes les espèces de Pliqués. Nous traiterons ailleurs de cet intéressant phénomène.
Obserpations relatives à la Pliq,u e en masse.
LXXXVIII. Première OUermtion. — J'ai observé à Paris la Plique en masse chez la nommée Éléo
Ga u d r a y , âgée de t r e n t e - h u i t ans, native de Li l l e , dépar tement du Nord. Cette f emme étoit depuisl eo1n ore
- 1 depuis longtemps
au service d une actrice célèbre de la capitale. Elle étoit d'une taille assez haute; sa physionomie étoit
fort agréable. Son tempérament étoit bilieux et cholérique, ses sourcils bruns, ses cheveux châtains. Parvenue
à l'âge de seize ans, elle se livra au penchant de l'amour, et cohabita avec un militaire ivrogne qui la pro
menoit dans les cabarets, et lui lit sans dmite contracter le goût qu'elle manifesta dans la suite pour l'eau-devie
et les liqueurs spiritueuscs. Quoi qu'il en soit, vers cette époque elle tomba dans une sorte d'abrutissement
dont sa maîtresse cherehoit vainement à la faire rougir. Dès-lors, les traits de sa ligure devinrent moiui
réguliers. Il se manifesta des erachemens de sang, et une toux opiniâtre qui duroit toute la nuit en sorte qu,.
personne ne pouvoit dormir autour d'elle. Il survint de plus une lièvre brûlante, dont les accès s'allunuu'cnt
le soir, et alarmo.ent tous ceux qui connoissoient la malade. Un régime adoucissant sembla calmer les dtmleurs
et le désordre de la poitrine ; mais presqu'aussi-tôt des migraines fréquentes tourmentèrent Éléonore Gaudray
Sa face devint rubiconde, et son teint enflammé comme celui des personnes qui s'abandonnent habituellement
aux exces de la boisson. Une humeur visqueuse, dont l'odeur étoit aussi étrange que fade, afflua bientôt vers
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