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cicntricr bien guérie, c'esl-à-clirc que dans cet endroit les fcgumens sont plus blancs, plus uiincos, plus ridé-i;
f!0 qui prouve qu'il s'est opéré un \ide dans le tissu muqueux. Ou sail f[ue pairil phénomène so manifeste
dons le cancer, dans certaines dartres, dans les scroplmles, etc., et que pai-toul où ces maladies se guérissent,
lit peau demeure toujoui-s déprimée.
En général, les femmes sont beaucoup plus sujeUcs à la Caneroz'de que les hommes, ce qui prouve que
4luns cette alTection le système lymphatique est l'adicalemeut affoibli. On voit à Paris plusieurs dames qui ,
«necfées d'une liuueur de ce genre à la partie antérieure et supériein-e de ta poitrine, cherchent A la cacher
sous des ])laquc.s ou autres bijoux qu'elles suspendent à leurs colliers.
Ohseivalio/is relalwes aux CanciX)ïcles.
(ICCÏ.A. Première ohaermlion.—Mon collègue Richerand et moi avons été témoins du fait suivant:
iMadame B***, d'un tempérament sanguin, née de parens bien por ta us , ayant eu néanmoins une soeur qui
iiHim-ut d'un cancer à l'utérus, figée de trente-six ans, vit survenir entre ses deux seins une espèce de bouton
dur qui donnoit lieu c\ des démangeaisons brûlantes. Ces démangeaisons étoient si ^^ves, c[ue la malade ne
pouvoit se gratter sur la partie affectée, uutis seulement sur les parties environnantes. On ne fit pas d'aljord
une grande attention à ce bouton, dont les progi'ès furent trè's-peu sensibles pendant plusieui's aimées. Mais
lorsque celte tumeur eut acquis une étendue d'envii-on un pouce de long, on se décida E\ la faire enlever par
l'insirumeut tranehant, ainsi qu'une excroissance absolument sembkble qui s'étoit manifestée à-peu-près dans
le même lems sm- la partie supérieure et externe du bras. Un chirurgien très-habile procéda à cette opération
qui fut inii-uctucuse. On vit renaître cette timieur avec plus d'intensité cju'auparavanl. Les deux côtés latéraux
s'alongèrent sensiblement, et la cicatrisation de la plaie qui fut le résultat de l'extirpation, fnt plusieurs mois
il s'opérer. J1 est à observer cpie depuis que l'opération s'est faite, les doulem-s et les démangeaisons sont
devenues plus véhémentes ; la tumeur placée à la partie antérieure de la poitrine cifre maintenant l'aspect
suivant : sa forme est cylindrique, son étendue d'environ deux pouces et demi de long sur un de hu-ge ; sa
couleur est d'un rouge plus ou moins foncé, selon l'état de l'atmosphère. Elle est parsemée de lignes blanches,
c|ui lui donnent l'apparence d'une cicatrice de brûlure. Elle est élevée à quelques eudroits à une ligne au-dessus
du niveau de la peau. Le prurit est dévorant. La malade ne peut s'empêcher de se gratter avec violence.
Dans les changemens de tems et de saison, la malade éprouve du côté droit des douleurs lancinantes trèsfortes.
On a essayé divers moyens de traitement, mais en vain. Tantôt ou a mis en usage C[uelques topiques,
tels que le soufre, l'acétite de plomb, la pulpe fraîche de morelle, l'extrait de cigTië, etc. D'autres fois on a
emploj'é intériein-ement des substances amères, telles que la fumeterre, la chicorée sauvage, le houblon , etc.
Ces diiTérens moyens ont eu quelquefois une apparence de réussite; mais la maladie recommençoit bientôt avec
•une activité nouvelle. Les bains ont été constamment inutiles.
Tieuxièine observation. — Madame D***, iigée de trente-deux ans, d'une constitution sanguine, ayant
cependant la peau un peu brune, a constamment été bien réglée, quoique ses menstrues fussent peu abondantes.
Elle éprouva il y a quelques années de violens chagrins domestiques, qui changèrcnt entièrement
sa manière de vivre ordïnaii'e. Elle fut livrée à des agitations continuelles, à des veilles prolongées, etc.
Elle reçut à celte époque une légère égi-atignure à la partie latérale gauche et supéi-ieure de la poitrine; mais
elle y fit peu d'attention. Quelque tems après, Madame D*** i-essentit im pi-urit douloureux à l'endroit où
elle avoit cette égratignure. Bientôt la douleur fut en augmentant. La peau devint rouge et élevée. L'inllammation
céda à l'emploi de quelques émolliens; mais la démangeaison subsista toujours. Elle devint alors lancinante.
On vit se former une espèce d'éruption qui présentoit les caractères suivans : c'étoit d'abord une
légère élévation oblongue, d'un rouge pâle, et ayant ime analogie frappante avec une cicatrice de brûlure,
excitant, ainsi qu'on l'a déjà dit, une espèce de prurit lancinant. Cette éruption a fait des progrès sensibles
dans les premiers temps ; mais -elle s'est bornée dans la suile, et a même diminué. Elle occupe maintenant
une surface égale à celle d'un écu de six livres. Cette maladie a été prise par les uns pour un cancer de la
peau ; les auti-es n'ont pu lui assigner un rang dans les cadres nosographiques : aussi le traitement qu'on a
employé a-t-U été vague et incertain. Cependant la malade a éprouvé quek|ues bons effets des bains domestiques
long-temps continués, et d'im régime végétal.
Troisihne observation. — J'ai obsei-vé la Cancroïde chez une jeune demoiselle, d'ailleurs très-bien portante.
Cette affection offrit d'abord l'aspect de quelques graines de fraise sur la poitrine. Elle ne tarda pas à s'accroître
considérablement, parce que la malade se giattoit et s'écorchoit sans cesse. Bientôt elle se convertit en une
espèce de protubérance cordifoi-me, longue, élevée au-dessus de la peau, d'un rouge amaranthe, brûlante au
toucher, etc. Elle étoit plaLe, dure, ovale, et présentoit l'aspect d'une moitié d'amande. On observoit sur la
sm-face de celte élévation de petites veinules très-analogues H celles qu'on apperçoit dans la pi'oprc substance
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de la rhubarbe. Les démangeaisons étoient trè.s-vives dnr;int !a ruiit, au point de réveiller la malade. Elles
rcdoubloient aux approches de la menstruation.
Quatrième observation.—Nous avons gardé long-lcmps à l'hôpital Saint-Louis le nommé Francoisliarthélemi
C***. Ce jeune homme est doué d'un tem})érament sanguin ; ses cheveux sont d'un châtain clair. 11 est né
d'une mère bien portante ; mais son père a été afiligé pendant toute sa vie d'une dartre squammcuse. C'est
vera l'âge de seize ans que C*** vit se manifester sur ses deux liras des boutons rouges, supjnn-ant paileur
sommet, renfermant une matière jaunâtre peu épaisse, rapprochés les uns des autres, et formajit sur
les avanl-bras deux espèces de cylindres. A ces pustules succédèrent des croûtes verdâtrcs, qui se détachèrent
d'elles-mêmes , et laissèrent à nu des enfoncemens ou sillons d'une couleur rougeâtre, dont quelques-uns étoient
profonds, et pi-ésentoient la consistance d'une corde dans l'épaisseur de la peau. Peu-à-peu ces sillons iinireiil,
par reprendre le niveau des tégumens, et jnême par le dépasser dans quelques eudroits, au point de faire
saillir à l'extérieur les substances cordiformes dont je viens de parler. Ces émiuences ont quelquefois augmenté
et quelquefois diminué d'une manière sensible. Yoîci ce c|ue l'on observe à ré])oque présente : plusieurs élévations
dures, renitentes, d'une couleur rouge obscure ou violette , ressemblant assez bien à des moitiés de cylindre,
et préscntaut à leurs bords plusieurs prolongemens bifurqués. Leur surface est convexe, marc[uéc de lignes
transversales, et couverte de légères écailles extrêmement minces et diaphanes. On voit se ramifier dans l'intérieur
même de ces excroissances irrégulières une foule de petits vaisseaux sanguins. Le toucher de ces tumeurs
produit de la douleur, sur-tout dans les premiers temps de leur développement. Le IVottement y développe
une chaleur insupportable; si elles sont long-lemps exposées au froid, ou si le malade se sert long-temps de ses
bras pour faire quelque ouvrage , elles deviennent violettes et très-douloureuses ; les avanl-bras même se
gonflent, lorsque l'exercice est porté trop loin.
Moyens curalifs essayés jusqu'à ce jour pour la guérîson des Cancroides.
CCCLXI. On a souvent extirpé les Cancroides; mais elles n'ont pas tardé ii repulluler; on sorte quo
l'opération chirurgicale doit être ici considérée comme im moyen infructueux. Je pourrois même citcr phisieurá
cas où elle n'a fait qu'accroître le mal. On a voulu aussi détruire les Cancroides par la pierre infernale ou
autres caustiques plus ou moins actifs, qui suscitoient une suppuration abondante. Soins superflus ! la maladie
n'a point lardé à reparoitre.
CCCLXII. J'ai tenté la guérison de ces tumeurs par l'application immédiate de la pulpe fraîche de morelle,
de l'extrait d'opium, de l'extrait de ciguë, du camphre, de l'acétile de plomb, du soufre, et autres préparations
de ce genre: j'ai eu recours aux douches faites avec l'eau ñictice de Naplcs et de Barèges, aux bains domestiques
long-temps continués, etc. J'ai observé que ces divers topiques procuroient un soulagement momentané, que
les tumeurs devenoient moins fongueuses, etc. ; mais bientôt elles reprenoient leur volume oi'dinaire. Le malade
C*** ayant pris l'état de mousse, a remarqué que les bains de mer lui étoient salutaii-es.
CCCLXIII. Les remèdes intérieurs n'ont pas été négligés. J'ai conseillé les pilules de ciguë, les différens laits
médicinaux, plusieurs espèces d'eaux minérales, les préparations diverses de muriate sur-oxigéné de mercure, etc.
J'avoue que les résultats sont encore loin de me satisfaii-e ; je termine donc ce que j'avois à dire sur cet objet.
C'est assez pour moi d'avoir fait counoîti-e ime affection qui n'avoit été décrite encore par aucüu auteiu". 11 y a
lieu d'espérer que mes successem-s achèveront un travail que je n'ai fait qu'ébaucher.
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