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à la partie antcricxire de la rotule, aux coudes, aiix parties externes des bras, dos jaml:)e9 et des cuisses. Au contraire,
dans les endroits 011 la peau est très-mince et très-fine, et où elle se trouve naturellement lubrifiée par
quelque sécrétion particulière, il n'existe pas d'écaillés; ce phénomène est sur-toiit appercevable aux plantes des
pieds, lesquelles sont babituellemciil luiniidcs de sueur. 11 existe pai-eillenient aux aines, aux aisselles, à la face
interne des cuisses, aux parties génitales, etc. C'est là que les écailles sont interrompues et brusquement séparées
par une peau saine. Le visage et la panlme de ses deux mains sont dans le même cas, peut-éti-e à cause des
fréquentes lotions aiixquelles on se soumet communément.
Quelque multipliées que soient les écailles, les malades n'éprouvent ni démangeaisons ni aucune sensation incommode
sur l'appareil tégumentaire; l'ajjpélit se conserve et la digestion s'accomplit régulièrement. Toutefois, j'ai
vn des individus qui étoicnt prodigieusement affoiblis par les progrès de Tlcthyose nacrée, et qui tomboient dans
une cachexie scorbutique. Le nommé Montgobert, dont je donnerai ici l'histoire, est atteint d'une prostration
générale dans le système des forces. 11 éprouve des gonflemens dans les os des jambes ; il ne peut boire ni vin ni
liqueurs, sans tomber dans une sorte d'anéantissement. Il ne peut travailler long-temps, sans ressentir un feu
brûlant c\ la tête et à lu paulnic des mains, etc., tel est le tableau le plus ordinaire de l'Ictliyose nacrée, dans
tous ses degi-és.
Ohscivations relatives ¿1 l'Icthyose nacrée.
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D L X X i n . PrcTuière obsermlion François Montgobert, né dans le département du Mont-Blanc, âgé de
trente-trois ans, doué d'un tempérament IjTnphaliquo, a perdu depuis fort long-temps sa mère, qu'il soupçonne
avoir été affectée du même vice qxie lui. Sa soeur aînée à laquelle les soins de son enfance furent confiés
lui disoit souvent que la triste maladie dont il est encore la victime, provenoit peut-être de sa nourrice qui étoit
mal-saine. Dès son enfance, sa peau se recouvrit d'écaillés dures, brillantes, d'un blanc de nacre, paroissant
posées par leurs bords, les tmes sur les auti-es, à la manière des écailles dont les poissons sont recouverts. Ses
camarades lui disoient dans leurs plaisanteries tpi'il étoit sans doute né d'une carpe. Les écailles étoient trèsadhérentes
à la peau, et il falloit un frottement violent ]iour les séparer ; l'action des bains réitérés en faisoit
néanmoins tomber un très-grand nombre ; mais elles ne tardoient à se régénérer, aussitôt qu'on en discontinuoit
l'usage. Cette altération bizaiTC des tégumens étoit sur-tout prononcée d'une manière remarquable i la partie antérieure
et inférieure des cuisses, aux genoux, à la partie antérieure et supérieure des jambes, aux avant-bras etc.
toute la peau étoit terne et offroit l'aspect le plus désagi-éable. Montgobert couservoit d'ailleurs un très-bon appétit •
toutes ses fonctions paroissoient s'exécuter librement. Ses urines étoient chargées; la transpiration est nulle. '
Deuxième observation. — Kicolas Lebrun, commissionnaire, Sgé de dix-sept ans, né de parens morts dans
un â^e peu avancé, d'une constitution assez forte, d'un tempérament bilieux et sanguin, nous a également présenté
un exemple bien frappant de cette liideuse maladie, dont l'origine remontoit jusqu'à sa naissance. La peau
des bras, des cuisses et des jambes avoit un aspect rugueux et blanchâtre; l'épiderme offroit des squammes qui
se rrcouvroient par leurs bords à la manière des écailles de poisson. Dans les endroits , où cette membrane
n'oEroit point ce caractère, elle ofli oit des rides transversales ou obliques, plus ou moins prononcées, foncées en
couleui- rouge ou brime. D'ailleurs, les autres fonctions conservoient leur libre exercice.
Troisième ohsermtinn. — Gertrude Dorothée, âgée de vingt ans, éprouva quinze jours après sa naissance
quelques pclits boutons à la tête, qui augmentèrent en nombre, et qui au bout d'un an finiront par s'étendre sur
tout le corps, â la réserve de la plante des pieds et de la paulme des mains. La peau subit dès-lors une altération
remarquable; on regarda cette maladie comme vénérienne ; on la traita comme telle, sans aucun avantage pour la
malade, qui fatiguée de remèdes inutiles, entra i l'hôpital Saint-Louis avec une Icthyose presque universelle,
compliquée d'une affection scorbutique. Cette dernière affection céda aux remèdes dont nous fîmes usage ; mais
la peau resta toujours sèche, rude, et recouverte d'ccailles lisses et de couleur nacrée. Sur la partie antérieure do
la poitrine, l'épiderme se ridoit et présentoit des plis profonds assez éloignés les uns des antres, qui circonscrivoicnt
des espaces anguleux. A la face antérieure et externe des jambes, depuis quelques pouces au-dessus des
malléoles, sur les membres supérieurs, i la face externe et postérieure, on voyoit des écailles épidermoiques,
larges comme l'ongle sur la jambe, moins larges sur les avant-bras, plus petites encore sur les bras, toutes formées
d'une seule lame, sèches, luisantes, comme les écailles d'une carpe, se brisant quelquefois par le frottement et se
réduisant en poussière. Sous les aisselles et à la partie interne des cuisses, étoit une jieau plus line, mais plus
rude et farineuse. Ce qu'il y avoit de plus grave dans cette Icthyose, c'est que le tissu cellulaire sous-cutané avoit
une épaisseur et une dureté absolument analogues à ce qui se passe dans les premiers temps de l'élépliantiasis.
D L X X r V . Les exemples d'Iethyose nacrée se ressemblent tous d'une manière si parfaite, que j'ai cru inutile
de citer ici un plus grand nombre d'obseivations. Cette maladie est encore très-fréquente eu France, particulièrcnicnt
au voisinage de la mer.
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