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,00 MA L A D I E S D E L A P E A U .
d'indiquer surciacteiiieiit les cas principaux qui réclament celle opération ; elle ne convient en général qu'aux .
personnes robustes cl qui vivent sous la prtklominancc du système sauguin, lorsque l'affection herpétique cause
chez elle des demaugcaisons viólenles. Je suis convaincu, par exemple, qu'elle peut produire de très-bons eflets
dans la Dartre crustacee flavescente, qui est toujours accompagnée d'une irritation locale très-intense, ainsi
que dans la Dartre phlycténoïde en zone, qui est caractérisée par une cuisson vive et un prurit si brûlant, que
les malades peuvent à peine le supporter. On remplace quokjuefois la saignée par l'apposition des sang-sues,
lorsque la partie où siège la Dartre est engorgée et enflammée.
CCCIV. Un des moyens euratifs que l'on recommande avec raison, sont les divers exutoircs, tels que les
cautères placés dans différentes parties, les vésicatoires, &c. Ces derniers sont sur-tout indiqués, lorsqu'on
veut déplacer une irritation herpétique fortement lixée à la face ou dans quelque autre partie du corps. Souvent
alors les Dartres résistent moins aux autres moyens euratifs qu'on leur oppose. Ils peuvent, dans certains cas,
diminuer la violence du prurit. Appliqués immédiatement sur l'éruption dartreuse, ils la font disparoître,
en changeant l'action morbifique de la peau. Il est toutefois un grand nombre de cas où ces exutoires sont
plus nuisibles que salutaires. J'ai souvent observé, par exemple, que lorsque la masse générale des humeurs
ctoit imprégnée du vice herpétique, il survenoit constamment une Dartre squammcusc dans l'endroit même
de la peau où le vésicatoire avoit été appliqué. Alors ou se hâte de remédier à cette irritation de la peau par
des bains tièdes et des topiques émolliens. Au surplus, les exutoircs conviennent principalement lorsque les
Dartres sont la crise d'une autre maladie grave, comme, par exemple, d'une phthisie pulmonaire, du catarrhe
aigu, de5 hémorroïdes, &c. On imite par ce moyen la marche et les procédés de la nature.
A R T I C L E XII.
Des 7?iojens à employer pour rendre la guérison des Dartres permanente.
CCCV. On proclame journellement que la guérison des Dartres n'est jamais radicale, et on étaie cette opinion
sur les récidives fréquentes dont ces maladies sont susceptibles. Mais combien d'autres maladies ne sontelles
pas sujettes à des rechutes plus ou moins graves! De quels moyens ne faut-il pas user pour empêcher le
retour des fièvres, des phlegmasies, des hémorragies, et de tant d'autres maladies humaines ! C'est une des lois
de l'économie vivante, d'être sujette à la reproduction des mouvemens morbilîques, souvent aux mêmes époques
où ils se sont d'abord développés. Ainsi, de même qu'après la cessation de la lièvre intermittente, on continue
d'administrer le quinquina pour prévenir la récidive, de même il ne suffit pas d'avoir guéri les Dartres, il faut
maintenir la cure, et détruire ces affections rebelles jusque dans les germes qui les reproduisent.
CCCVI. Aussi recoznmande-t-on aux individus qui sortent guéris de l'hôpital Saint-Louis, de ne point cesser
l'usage des bains tièdes, de pratiquer habituellement des frictions sur tout le corps, pour maintenir l'énergie
des propriétés vitales de la peau, et pour favoriser la fonction exhalante. Il en est qui , afin de conserver la
souplesse des tegumens, les oignent journellement avec de la moelle de boeuf, avec de l'huile, &c. \ d'autres ont
recours à des eaux spiritueuses, à des baumes odorans, &c. Je prescris à ceux chez lesquels le scorbut a plus ou
moins compliqué le vice dartreux, de prendre tous les printemps le suc des plantes fraîches et amores. L'apparition
des Dartres tient-elle à un état de saburre dans les premières voies, les malades doivent recourir à quelques
laxatifs habituels. On fait prendre ces laxatifs dans une infusion amère, pour ranimer le ton des organes digestifs,
&c. On associe alors les substances salines à la chicorée sauvage, à la patience, au trèfle d'eau, &c. Il n'est
pas rare de voir que ces mêmes affections sont fomentées par l'engorgement des viscc>rcs abdominaux. Dans un
pareil cas, la guérison ne seroit que momentanée, si on ne continuoit d'employer tous les moyens propres à
dissiper ces embarras intérieurs. Les substances salines et ferrugineuses jouent ici le premier rôle, ainsi que
les Ijains, les douches, Féquitation et l'usage des ulimens les plus doux et les plus sains.
CCCVII. A l'hôpital Saint-Louis, nous avons souvent occasion deremarquer que les Dartres sont entretenues
par la mauvaise nourriture ou par les qualités malfaisantes de l'atmosphère. Dans le premier cas, il faut alimenter
les malades avec des substances gélatineuses et des bouillons nutritifs. Une jeune fille dans l'indigence,
et forcée de demander l'aumône pour subsister, avoit une Dartre squammeuse qui occupoit les extrémités
inférieures. On lui avoit inutilement prodigué les remèdes dans les comités de bienfaisance. Les seuls alimens
qu'elle prit ensuite dans une maison opulente, suffirent pour la guérir. Le changement de climat peut aussi
contribuer à consolider la guérison des Dartres. Le passage d'un pays froid à un pays chaud prévient communément
toute récidive. Un commerçant espagnol avoit une Dartre furfuracéc qui se manifestoit avec intensité
toutes les fois que ses affaires l'appeloient en France. J'en ai dit assez, je le pense, pour prouver que le seul
moyen de rendre la guérison des Dartres permanente, est de tendre toujours à dissiper la cause qui les reproduit.
Au surplus, je n'ajouterai aucune réflexion. Dans le traitement des affections herpétiques, il y a tant de
modifications à apprécier, tant de nuances à saisir, que l'expérience clinique ne peut se transmettre. Il faut
l'acquérir par de longs travaux.
M A L A D I E S DE LA PEAU.
LES ÉPHÉLIDES.
•CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES ÉPHÉLIDES.
C C C V i n . Je conserve, le nom à'Ephclides ù des taches solitaires, disséminées ou réunies par groupes sur
la périphérie de la peau. Leur forme est en général très-variée. Les unes ressemblent ii des leolillcs,
les autres à des plaques irrégulières, qui ont plus ou moins d'étendue, selon la cause qui les a fait uailrc.
CCCTX. Quoique ces sortes d'anections, dont je vais actuellement m'occuper, no soient pas ordinairement
des maladies très-graves, on les voit néanmoins prendre daus quelques circonstances un caj-actère très-allarmant.
Il est donc utile de rassembler ici les divers traits qui se rapportent à leur histoire. D'ailleurs, c'est un poijit
de vue intéressant que d'examiner comment les tegumens se décolorent et révèlent, en quelque sorte, par leiusurface,
toutes les altérations intérieures du corps humain.
CCCX. n faudroit peut-être établir une distinction entre les taches qui ne sont, à proprement parler,
que des alToctions idiopatliiques de la peau, et celles qui ne sont que des symptômes indicateurs des maladies
qui tourmentent des organes cachés. En effet, comment ignorer les rapports intimes qui existent enti'e
le système cutané et les viscères abdominaux? Les observations journalières des praticiens en font foi. Mille
accidcns prouvent que la peau est une sorte de miroir qui réfléchit toutes nos souffrances. Je pense du rcslo
qu'il seroit superflu de reproduite ici les phénomènes sans nombre qui constatent cette vérité. Qu'il nous siifBso
de savoir que les Éphélides sont, dans certains cas, le symptôme irrécusable do quelques désordies intérieurs,
aussi bien que l'érysipèle, la fièvre miliaire, la fièvre ortiéo, la fièvre scarlatine, le prurigo et autres maladies
qu'on pourroit décrire!
CCCXI. Le vulgaire même s'apperçoit de ces altérations du système dermoïde qui indiquent un dérangement
quelconque dans les fonctions de l'économie animale ; et l'homme est communément habitué il voir
.sur le front de son semblable l'empreinte oU l'image des maladies qui l'aflligent. De là dérivent, sans doute,
les inquiétudes qu'il conçoit suc l'état des individus dont la peau est flétrie et décolorée. Dans le cas contraii
e, si la santé se rétablit, le teint des malades reprend son énergie et son éclat.
CCCXn. Les Éphélides, dont je fais l'objet de cette dissertation, ne -sont pas Uniquement le ré,sultat d'une
dégradation particulière de l'épiderme. Le tissu réticulaire s'y trouve .spécialement intéressé. Ces affections
peuvent d'ailleurs atteindi-e toutes les races d'hommes; et, dans tous les climats, les médecins ont observé
de semblables décolorations qui tiennent à tm vice siUTenu dans les fonctions du système exhalant. L'Africain
même est enclin à des indispositions qui .altèrent singulièrement la noirceur qui lui est naturelle. En général,
on ne voit guère ce genre de maladie sur le derme des quadrupèdes, parce que les fourrures et les poils qui
les recou\TCnt, les protègent contrôles causes nuisibles de Talmosphere; mais on le trouve fréquemment sur
les végétaux, et les niaculations qui se m.iniiéstcnt siu- certaines ieuUles des arbres, sur les pétales des fleurs,
sur la peau des fruits , etc.
CCCXIIT. J'ai dti faire succéder la description des Éphélides h celle des dartres , parce que ces affections se
ressemblent .sous quelques points de vue; en cflét, il est des darti'es qui se convcrtis.scnt en véritables Ephélides.
Souvent même , il arrive que ccs dernières ofli "enl de petites desquammations de la peau, assez scmblal>les
ù celles que l'on rencontre dans les éruptions herpétiques furfuracécs. Je puis même ajouter que clans certains
cas, elles tiennent tellement au même principe, que la ligne do démarcation est à peine sensiJîlo. La seule
différence que Ton apperçoit est que les tegumens ne s'élèvent presque jamais au-dessus de leur niveau.
CCCXIV. Non-seulement les Éphélides ont une certaine conncxité avec les dartres par la plupart de leurs
phénomènes, mais encore par leur opiniiitreté. On en voit qui résistent ù tous les moyens de guérison. Un
autre trait d'analogie les rapproclie; c'est l'identité du trailemcnt qui leur convient. Ceci s'applique particulièrement
c\ l'Éphélide liépatiquc qui cède aux remèdes communément dii-igés contre les maladies dnrtreuscs.
CCCXV. J'iù cru ne pas devoir placer au rang des Éphélides certaines tachc.'î qu'il faut plutôt regarder
comme des difformités du tissu dermoïde , que connue de véritables maladies. Ce» sont celles qui proviennent
de l'inti-oduction fortuite d'une matière colorante dans le tissu réticiUaii-e de Malpighi. Cette matière est tantôt
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