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,42 M A L A D I E s D E L A V E A U.
blanclics, Jt)i\squc les clitrx'Giix et les poils se décoloroicnt, lorsque les pnvtios nlTcclt'es se d<?pnmoient dans
]« propi-e snl)slance des diairs, etc., qfjectus Jades cute erat depressior : anciens ont porticulièrement
insisté sur l'importance de ce signe.
CCCCXXYT. L'insonsibtlilé est-elle dans tous les cas un signe non équivoque de la présence de la Lèpre?
Non, sans doute; caria privation de la faculté sensitive, n'existe pas toujours dans toutes les espèces de Lèpre.
D'ailleurs elle n'a lieu absolument que dans la partie de la peau qui est allectée, et M. Jluette en a très-bien lait
ia remarque. Si on enfonce bien avant une épingle , ou tout autre corps, dans la propre substance des téguniens,
on produira certainement une douleur. C'est vraisemblablement à la dureté et à Tépaississement do l'épidei-me,
qu'il faut attribuer l'insensibilité qui se manifeste dans l'appareil cutané.
CCCCXXVII. On n'est pas plus fondé à dii-e (comme on l'a déjà avancé) que le caractère spécial de la
Lèpre consiste dans une dégénération du tissu cellulaii-e en substance lardacée et parsemée de tubercules ;
caf, il est des maladies qui ne sont pas lépreuses, et dans lesquelles on obsei-ve néanmoins ce même genre
d'altération : ou la rencontre dans plusieurs tiuneurs lymphatiques qui s'observent à riiôpital Saint-Louis.
Beaucoup d'auteurs en rapportent des exemples. Ceux qui pensent qu'un des signes les plus caractéristiques
de la Lèpre, consiste dans la chûte et la décoloration des cheveux, qui ressemblent à de lu laine fine, ne sont
pas fondés; car, sous ce point de vue, elle se rapproche iniinimeut de la teigne faveuse. Au surplus, il en
est de la Lèpre, comme des autres maladies. Pour bien juger de son existence, il ne faut point avoii' égard
à un symptôme isolé, mais à Teusemble de ses symptômes.
CCCCXXVIII. Je pense , que pour bien fixer le diagnostic des Lèpres, il est nécessaire de faii-e une étude
de tous leurs rapports d'analogie avec toutes les maladies qui leur ressemblent. On a eu tort, en premier
lieu, de les confondre avec les dartres. Eu effet, les écailles qui se forment dans le développement de cciles-ci,
sont minces, transparentes, absolument semblables aux pellicules qui recouvi-ent les oignons ; dans les Lèpres,
au conti-aii-e, les écailles sont dures, opaques, d'une consistance très-ferme : les tégumcjis sont raccornis
comme le cuii- desséché. Ce que j'ai dit des écailles , peut s'appliquer aux croûtes qui se manifestent en
pareil cas. Dans les dartres, elles sont plates , peu épaisses, et se détachent facilement de la peau, par l'action
des topiques émolliens; tandis que , dans les Lèpres, elles sont rudes, âpres , tuberculeuses , d'une surface
ti-ès-étendue, profondément sillonnées et ti'ès-adhérentes aux tégumens.
CCCCXXLX. On avoit cru trouver des rapports manifestes entre les affections lépreuses et les affections
psoriques. Un auteur ancien avoit avancé que l'Éléphantiase pouvoit êti-e considérée comme le plus haut degré
de ces maladies si communes parmi le peuple. Mais n'avons-nous pas vu dans nos hôpitaux, des gales compliquées,
pai'venir à un degré d'intensité extreme, et pourtant, en cette circonstance, jamais les accidens
de la Lèpre ne se sont manifestés.
CCCCXXX. On a eu tort de vouloir confondre la Lèpre avec la sy^îliilis et d'assurer qu'elle n'est qu'une
modification ou métamorphose de cette dernière affection : ces deux maladies peuvent avoir, à la vérité, des
phénomènes qui lem- sont communs. On observe effectivement que le vice sypliilitique se convertit en
Éléphanliase, se hérisse de croûtes tuberculeuses, etc.; mais dans la Lèpre, il survient communément une
altération profonde de la sensibilité, qui en fait une maladie à part. La Lèpre est malheureusement une
affection presque toujours incm-ablej au contraii-e, la syphilis se guérit assez constamment, quels que soient
ses progrès.
CCCCXXXI. Les trois Lèpres dont j'ai donné l'histoire, ne peuvent se confondre entre elles. La Lèpre
squamineuse diffère manifestement de la Lèpre crustacée; la présence et la disposition de ses écailles, suffisent
pour l'en faii-e distinguer. Elle ne diffère pas moins de l'Eléphantiase ; car les taches qui la caractérisent
ne sont jamais accompagnées ni du gonllement, ni de l'endurcissement du tissu cellulaire. Les taches de la
Lèpre squammeuse sont d'ailleurs très-remarquables par l'aréole rouge qui les entoure, ainsi que par la
dépression qui s'opère dans leur centre, et dont les plus anciens auteurs ont pai-lé : un seul phénomène peut
fréquemment exister dans les trois espèces , c'est l'altération de la sensibilité.
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M A L A D I E S DE LA PEAU.
A R T I C L E III.
.Considérahons sur le proiiosLic des Lèpres.
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CCCCXXXII. Quoique la nature soit le plus souvent impuissante dans les maladies lépreuses, il ne faut
pas en conclure que ses efforts sont, dans tous les cas, inutiles. Si le corps infecté est robuste, il peut arriver
que le venin s'use peu à peu et soit éliminé de la masse des humeurs. Nous avons vu arriver à Paris, un
militaii-e de l'armée d'Égj^te, entièrement guéri de la Lèpre, par les soins de M. Larrey. Ce militaii-e, qui a
obtenu sa réforme, travaille aujourd'hui dans l'un des départcmcns de la Trance, et jouit d'une santé parfaite.
CCCCXXXIII. On doit, du reste, présumer que ces maladies étoient plus faciles îi guérir dans les premiers
temps de leur existence; toutefois, d'après l'aveu des plus anciens maîtres de l'art, elles étoient presque
toujours suivies de la mort, lorsqu'elles parvenoient i une intensité considérable. Le gi-and et judicieux
Arétée désespéroit sur-tout des malades, lorsqu'ils portoient sur leur face l'empreinte de tous les désordres
intérieurs qui affoiblissent les viscères, lorsque les traits de la physionomie étoient totalement déformés, etc. C'étoit
particulièrement un symptôme sinistre, que cette fonte colliquative qui s'établissoit dans les humeurs, que cette
horrible ulcération et décomposition du système vivant, etc.
CCCCXXXIV. Quelquefois les malades languissent, mais leurs fonctions intérieures, telles que la digestion,
la respiration, etc., s'exécutent avec régularité. II en est qui, dans cet état, vaquent même aux devoirs
du mariage , et fournissent une très-longue carrière. Un voyageur m'a dit avoir vu , aux îles Philippines ,
une famille entière de lépreux qui parvenoient tous à l'âge de soixante-dix ou soixanle-qin'nze ans. Des médecins
qui ont pratiqué leur art dans les lieux où la Lèpre est endémique, attestent que des enfans nés do parens
infectés, sont fréquemment parvenus à un état de santé supportable , lorsqu'on avoit soin de leur donner
des alimens choisis, lorsqu'on les confioit à des nourrices bien saines , enfin lorsqu'on prenoit toutes les mesm-es
nécessaii-es pour étouffer les progrès du virus lépreux.
CCCCXXXV. 11 en est de la Lèpre comme des autres maladies. Cette affection est nécessairement trèsdangereuse
pour les complications dont elle est susceptible. On comprendi'a aisément que lorsque le venin
de la variole, du scorbut, du mal syphilitique, viennent s'unir h une maladie aussi terrible que la Lèpre ,
ces dilférens maux doivent en accroître singulièrement les symptômes. 11 est néanmoins probable que ia complication
syphilitique est la plus fréq\iente ; car, comme nous l'avons déjà observé, c'est un des tristes accidens
de la Lèpre, qu'alors même que certains individus sont le rebut de la nature entière, ils sont tourmentés par
les désirs et les cmportemens lascifs les plus elIVénés. Les femmes qui, dans cette circonstance, cèdent à la
fougue de leur tempérament, doivent être ce qu'il y a de plus impur.
CCCCXXXYI. Il est encore une bien triste obsen^ition, c'est qu'alors même que la Lèpre ne se manifeste
qu'avec les symptômes qui lui sont propres, et qu'elle est exempte de tout autre mélange morbifique , son
pronostic n'en est pas moins incertain, et que la Lèpre est presque toujom-s mortelle. Telle est l'opinion du
célèbre Frank. En effet, cette maladie porte spécialement son atteinte sur les systèmes les plus importans de
l'économie animale ; elle altère radicalement la fonction la plus nécessaii-e à la vie, la nutrition; elle met obstacle
aux sécrétions les plus nécessaires ; elle désorganise tous les tissus, et sappe la vie jusques dans ses fondemens.
Ainsi donc, en général, on peut assurer que la Lèpre est une maladie fort dangereuse ; et , dans le cas
même où elle n'entraîne pas la mort des individus, Texistence qu'elle permet, est plus triste que la mort
même.
CCCCXXXVII. D'après ce que nous avons dit sur les effets des complications, le médecin doit, sur-tout,
examiner ce qui amve, lorsque d'autres maladies attaquent un lépreux. La variole, par exemple, parcourt chez
lui ses périodes comme dans un homme sain ; si pourtant elle est conlluente, et s'il survient de la diarrhée, les
malades courent le risque d'une mort certaine. Schilling a vu souvent que, dans des membres qui n'étoient
que légèrement attaqués avant l'invasion de la petite vérole confluente , les symptômes s'exaspéroient à un tel
point que les doigts se séparoient de leurs arUculations , sans douleur et sans difficulté.
CCCCXXXVIII. Les enfans qui naissent de parens lépreux, dit l'auteur que je viens de citer, meurent
presque toujours, à moins qu'on ne les sépare, presqu'à leur naissance, de leur mère infectée. Lorsqu'Us sont
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