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aux soins duquel hi malade fut confiée, appliqua des feuilles de joubarbe pilées, qui, au bout de neuf mois,
firent disparoître entièrement cette makulie ; mais, quelque temps après, elle fut frappée par une pierre à
l'oeil. Dès-lors, l'alToction primitive reparut ; la peau se gonfla, devint douloureuse , et acquit la couleur d'un
rouge cuivreux très-iijtense , couleur très-ordinaire aux exanthèmes sy^jhilitiqucs. On mit en usage les amers
et l'eau de Van-Swielen. Après une année de soins assidus, l'ulcère se cicatrisa de nouveau j et depuis cetle
époque, il n'y a point eu de rechute.
Sixième Observation. — Le cas que nous allons citer est d'un intérêt particulier, parce que la Dartre
rongeante n'étoit point à la place qu'elle a coutume d'occuper, et parce qu'elle se conipliquoit des symptômes
du Scorbut. Il s'agit d'un homme accablé sous le poids des années, d'une constitution très-débile, qui, toute
sa vie, avoit été sujet aux affections herpétiques. Comme il étoit en proie à un violent prurit, il tenta dilTércns
remèdes qui ne purent que pallier le mal en le répercutant. A l'âge de soixante-quatorze ans, il lit une
chute ; on l'apporta à l'Hôtel-Dieu, où il éprouva une tristesse si profonde, qu'il se manifesta subitement
une Dartre rongeante sur la partie antérieure du thorax : la peau étoit d'une couleur livide et terreuse. Cette
éruption produisit ses ravages avec une promptitude si extraordinaire, qu'en moins de six jours, les légumens
de la poitrine et de l'épaule furent labourés par elle. Il fut alors transféré à l'hôpital Saint-Louis. Je le fis
panser avec du cérat souffre par mon élève M. Bacheletj mais une fièvre adynamique vint le saisir au milieu
de ses horribles souffrances : il succomba.
Septième Observation. — La Dartre rongeante se complique le plus souvent de la diathèse scrophuleuse. En
voici un exemple; je pourrois en citer un très-grand nombre. Antoine Broussel, âgé de vingt-sept ans, né à
Babeuf, département de l'Oise, de parens très-sains, ne se souvcnoit point d'avoir éprouvé aucune affection ni
glanduleuse ni cutanée, jusqu'à l'invasion de la maladie actuelle. Il y a quatre ans que, sans cause connue, il lui
survint à la partie gauche et supérieure du col, dans la glande sous-maxillaire, un engorgement qui augmenta
successivement, et se termina par suppuration, laissant après elle une croûte jaunâtre qui tomboit et se renouveloit
par intervalles. Bientôt après on vit paroître au nez, et dans une portion de la lèvre supérieure, un petit
bouton vésiculeus, donnant un pus rousseâtre, placé sur une étendue d'un rouge lie de vin, sur les bords de
laquelle on observoit de petites végétations charnues; ces végétations sont le caractère spécial de la présence des
scrophules : on les remarque aussi dans la crustacée flavescente, lorsqu'elle est compliquée de cette affection.
Quant au boulon vésiculeux dont je viens de faire mention, il avoit profondément ulcéré la peau, et dévoré
presque tous les cartilages du nez.
Huitième Observation. — J'ai eu occasion d'observer l'horrible complication de la Dartre rongeante avec le
Cancer; et beaucoup d'élèves furent comme moi les témoins de toutes les circonstances de ce fait. Un militaire
, âgé d'environ trente-cinq ans, pré ten doit avoir toujours ressenti de la douleur dans l'intérieur des fosses
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flammèrent; la tuméfaction de ces organes fut portée au plus haut degré. On vit se manifester à la surface
du nez un bouton pustuleux, auquel succéda l'ulcération de la peau. La démangeaison étoit continuelle, mais
peu intense : ce n'étoit effectivement, à l'époque dont je parle, qu'une simple Dartre rongeante. Cependant, le
malade étoit dévoré par le chagrin; il se livra môme à un tel désespoir, qu'il voulut plusieurs fois se donner la
mort. Après une scène déplorable de ce genre, les symptômes s'exaspérèrent tellement, que l'aspect de l'ulcère
fut totalement changé en quelques jours. Ses bords étoient tuberculeux et renversés ; il rendoit une sanie
verdâtre si fétide, qu'on n'approchoit du malade qu'avec répugnance. A ce pruri t léger qui avoit caractérisé
le premier degré de cette maladie, succédèrent des douleurs atroces. « Il me semble, disoit cet infortuné, que
des chiens affamés mordent et dévorent mes chairs ». Aussi n'eut-i l pas le courage d'attendre la fin de sa destruction
; il s'étrangla avec une corde qui étoit attachée au ciel de son lit.
CLXXXVIII. Ces faits établissent les caractères immuables de l'espèce que je voulois faire connoître. Je n'ai
pas eu besoin, comme tant d'autres, de confirmer mes descriptions par l'autorité des observateurs anciens. J'ai
vu de mes yeux plus de huit cents individus atteints de cette affreuse maladie : si tous les auteurs poiivoicnt
parler, ainsi que moi, avec cette conviction que donne le spectacle continuel des phénomènes pathologiques,
nous aurions des tableaux plus vrais.
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