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M A L A D I E S DE LA PEAU.
A R T I C L E VU.
Des résultats fournis par l'ui4ulopsie cadavérique des sujets qui ont succombé au vice dartreux ,
ou qui sont morts pendant l'existence de cette affection.
CCLX. Les Dartres sont gcucralcment si peu dangereuses clans leurs suites et dans leurs résultats, qu'on a
rarement l'ûccasiou de procéder à des ouvertures cadavériques. Co n'est qu'au milieu des cas nombreux de cette
maladie, qui s'offrent nécessairement dans uu hôpital aussi vaste que celui de l'hôpital Saint-Louis, que j'ai
pu recueillir quelques exemples d'une pareille terminaison. D'ailleurs, lorsque des individus succombent aux
alTections herpét iques, il s'est presque toujours opéré une complication de symptômes et d'accidens qui appartiennent
pour la plupart à des affections consécutives et secondaires. On a vu succéder aux Dartres, la leucophlegmasie
, des engorgemens glanduleux, la consomption pulmonaire, le marasme, la fièvre hectique, et
autres altérations analogues. Les recherches anatomiques ne peuvent donc Iburnir encore de grandes lumières
sur le siège, les causes, le diaguostic et le traitement des Dartres. J'ai rassemblé les faits suivans.
Premiere autopsie cadavérique. Un soldat, âge de trente-cinq ans, servant dans la cavalerie, avoit sur la
fesse gauche une Dartre squammeuse humide {Herpes squannnosus juadidans'), qui fut singulièreuieut exaspérée
par les fatigues de la guerre. Cette Dartre prit un accroissement si considérable, que le malade arriva à
Paris dans l'état le plus triste. On le transporta à l'hôpital Saint-Louis : ses jambes étoient enflées, et la Gèvre
lente le consumoit. Malgré les moyens nombreux que l'on mit en usage, nous u'observcimes aucun changement
favorable dans les symptômes. Un mois entier s'écoula dans le désespoir et la langueur. Cet infortuné maigrissoit
d'une manière effrayante. Un jour, il ressentit uue gène extrême dans l'exercice de la l'espiration , et mourut
presque subitement. Nous procédâmes à l'cxaiuen du cadavre : la partie des tégumens où étoit située l'éruption
Ijerpétique, étoit épaissie et gangrénée presque dans tous ses points. Le tissu cellulaire étoit comme lardacé et
d'une couleur jaunâtre. On ouvrit la poitrine, qui laissa voir le poumon droit enflammé et adhérent aux côtes;
les altérations de l'abdomen étoient encore bien plus marquées. Le foie avoit acquis un volume énorme, et étoit
tourné au gras. Les intestins oITroicnt des traces sensibles d'ime inflammation chronique.
Deuxième autopsie cadavérique. Une jeune fille n'ayant pas plus de vingt ans, et exerçant le métier de la
broderie, étoit affectée, depuis sou bas âge, d'une Dartre furfuracée arrondie {Herpesfurfuraceus drcinatus),
qai se nianifestoit par plaques au visage, au col, autour des oreilles, à la poitrine, à la face externe des avantbras
et aux articulations des coudes. Ces éruptions farineuses infestoient aussi l'abdomen, les cuisses, les genoux
et les jambes. L'aspect de la malade étoit hideux. Elle eut malheureusement recours à des moyens répercussifs
qui lui furent délivrés par un empyrique. La Dartre disparut très-vîte; mais aussitôt, suppression des menstrues,
respiration dilKcile, anxiétés extrêmes, pouls à peine sensible. Cet état dura près de quarante jours, au bout desquels
il y eut infiltration des extrciaités inférieures, une sorte de bouflissure dans la lace, &c. La suffocation fit
périr cette infortunée. Le cadavre fut ouver t , et on remarqua les altérations suivantes : plèvre épaissie et d'un
rouge livide; à la face interne de cette membrane, enduit albumineux très-facile à détacher avec le manche
du scalpel, hydro-thorax fluide, séro-purulent, d'un verd pounne dans le côté droit ; sérosité limpide et jaunâtre
dans le côté gauche; poumons rapetissés et remontés vers la partie antérieure de la poitrine, l'un et l'autre
adherens avec la plèvre; hydropisie du péricarde; coeur volumineux; caillots considérables d'un sang noirâtre
dans les deux ventricules; le droit étoit plus dilaté que l'autre ; aucune lésicni ne fut trouvée dans les viscères
abdominaux, lesquels étoient néanmoins flottans dans un grand amas de sérosité. Mous examinâmes aussi le
c e n e a u , qui étpit mollasse; les vaisseaux de cet organe étoient gorgés d'un sang noir.
Troisième autopsie cadavérique. J'ai déjà donné plus haut l'histoire d'une femme âgée de cinquante-sept ans,
attteinte d'une Dartre phlycténoïde con[\\ivn\.Q {Herpes phljcùeno'ides co?7jïuens). Elle se nonimoit Anne Brundomy;
elle mourut le 26 février 1806, à quatre heures du matin ; elle fut examinée le 27 du même mois. Voici ce
que nous eûmes occasion d'observer. A l'extérieur du corps, maigreur générale, excoriation de la partie postérieure
du bassin et de toute la région lombaire; la peau offroit dans certains endroits, comme au col, à la poiti
ine, &c. quelques petites vésicules ; dans d'autres endroits, comme aux bras, aux jambes, des taches jaiuiâtres
qui étoient produites par la dessiccation des ampoules. L'épiderme se séparoit facilement de l;i peau. L'intérieur
de la bouche présentoit plusieurs choses à considérer : de petites ulcérations (|ui resseniMuicnt aux excoriations
aphteuses. Ces ulcérations étoient peu profondes, et couvertes d'une pellicule noirâtre; on en remarquoit sur le
voile et les piliers du palais; la langue, en partie détruite par de semblables excoriations, olfroit des croûtes
épaisses, sous lesquelles étoit un Iluide muqueux et un peu glutineux. L'intérieur de l'oesopliage, sain d'ailleurs,
offroit à l'endroit où il s'uuit à l'estomac, la membrane muqueuse peu adhérente à la musculaire, et un Iluide
séreux épanché dans le tissu cellulaire qui unit les deux membranes. L'ouverture pvlorique ne présentoit l ien de
notable. Les intestins étoient distendus par des gaz, et étoient parsemés de taches à leur siu-face extérieure. La
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surface intérieure étoit affectée dans toute l'étendue des intestins grêles, de petites ulcérations répandues çh. et
l à , et qui rendoient uue suppuration glutineuse. On ne remarquoit que deux vésicules dans le trajet des gros
intestins. D'ailleurs, les autres viscères de l'abdomen n'offroient rien de remarquable.
Quatrième autopsie cadavérique. — Nous avons procédé à l'ouverture du corps de Josépliine Brugnon, âgée
de dix-huit ans, morte dans un état de mai'asme et de consom])tion, à la suite d une Dartre qui n'avoit d'abord
présenté que les phénomènes d'une crustacée fliivescente {Herpes crustaceusJìavescens)-, mais celte éruption
])rit ensuite le caractère rongeant, et cette dégénération funeste sembla partieulièremeut s'opéi-er par l'effet des
eliagrins sans nombre qu'elle avoit éprouvés, et des liqueurs spiritueuses dont elle abusuit comme pour
s'étourdir. J'avois examiné dès le début de la Dartre les endroits où elle avoit son siège. On n'y i-emarquoit
(ju'une rougeur violacée sur laquelle se trou voient un grand nombre de petits boutons, remplis d'un fluide
trouble et épaissi, dont la concrétion donnoit lieu à la formation des croûtes dartreuses. La circonférence de
la bouche étoit sur-tout recouverte de semblables croûtes; mais celles-ci étoient de la couleur d'un gris noir
â t r e , ce qui les laisoit ressembler assez bien à celles produites par une Dartre phagédénique. Aussi est-ce précisément
dans cette partie que cette conversion s'opéra. La Dartre fit de tels progrès en dix-huit mois, que toute
la lèvre supérieure, les cartilages et les os propres du nez, furent successivement détruits. La malade languit
quelque temps, et tous les jours l'amaigrissement augmentoit d'une manière effrayante; sa peau étoit d'une
sécheresse extrême, et se résolvoit en une matière farineuse. Les gencives et la membrane muqueuse de la
bouche, prirent une teinte blanchâtre; enfin, elle mourut, et l'ouverture du corps fut exécutée avec un soin
particulier. Voici ce qui fut principalement remarqué. Phénomènes extérieurs : les tégumens, comme je l'ai
déjà di t , étoient secs, rugueux, d'un gris sale et cadavéreux; les muscles paroissoieut profondément émaciés;
les deux ailes du nez avoient disparu, ainsi que la cloison moyenne et les os qui constituent la cavité des
fosses nasales. Phénomènes intérieurs : l'abdomen étoit dans son état naturel, mais dépouillé absolument de
graisse; péritoine épaissi et comme spongieux dans la région ombilicale, oflrant, dans toute son étendue, une
grande quantité de granulations dures, jaunâtres et irrégulières dans leur forme. Il y avoit une grande quantité
de fluide séreux épanché. La membrane muqueuse qui tapisse le conduit digestif, étoit pâle, blafarde,
et comme macérée. Le foie étoit plus volumineux et plus compacte que de coutume, d'une couleur jaunâtre
et grisâtre. Dans la vésicule du fiel, on remarquoit une bile noirâtre, gluante, filante. Le pancréas étoit plus
développé que dans l'état naturel. La rate avoit aussi plus de consistance que de coutume; mais ni la vessie,
ni les reins n'étoient altérés. La matrice u'offroit aucune espèce de lésion ; les trompes étoient ulcérées à leur
extrémité, et les ovaires un peu détériorés dans leur tissu. La poitrine fut ensuite examinée attentivement; elle
ne présenta aucun liquide épanché. La plèvre et le poumon dans l'état sain, offroient seulement à leur surface
une couche blanchâtre, albuniiueuse. Le coeur étoit vide de sang et rapetissé. Sorte de macération de la membrane
muqueuse du pharynx, du larynx et de l'oesophage.
CCLXI. Si j'ai donne le résultat de ces autopsies cadavériques, ce n'est pas que j'espère qu'on puisse en
retirer de grandes lumières sur la nature, le diagnostic, le siège, les causes productrices et le traitement des
Dartres ; mais j'ai voulu indiquer au moins que de semblables recherches ne dévoient point être négligées. Car
qui peut assurer qu'on ne trouvera point après nous des faits plus instructifs et plus intéressans que ceux
découverts jusqu'à ce jour , dans ce temps sur-tout où l'anatomie pathologique se perfectionne par tant de
travaux utiles!
A R T I C L E VITi.
Des résultats fournis par l'analyse chimique des écailles et des croûtes qui se manifestent
pendant le cours des affections herpétiques.
CCLXII. La chimie est une sorte de dissection matérielle qui peut révéler des phénomènes importans. Une
analyse exacte et comparée de tous les virus morbilîques dont le système dermoide est la proie, seroit peutêtre
d'un grand avantage pour les progrès de la pathologie. J'ai fait apporter dans le laboratoire de M. Vauquelin
une grande quantité d'écaillés et de croûtes dartreuses. Voici les résultats qu'on a obtenus. Ecailles dartreuses:
1". albumine ; 2". nmcilagc animal; 5". muriate de soude; 4°. sulfate de soude; 5°. acide phosphorique libre;
6°. phosphate de chaux. O-oittes dartreuses : 1°. albumine; a'', mucilage animal; 5". muriate de soude; 4°. sulfate
de soude; .5". phosphate de chaux; G\ carbonate de chaux. La seule différence trouvée entre ces deux
substances morbifuiues, consiste <lonc en ce (fue les Dartres écaillcuses contiennent de l'acide piiosphorique
libre et point de carbonate de chaux, tandis que les Dartres croûteuscs ne contiennent point cet acide, et
contiennent du carbonate de chaux.
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