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aaG MA L A D I E S DE LA PEAU.
convertit cii anasarque, cn phliysie pulmonaire, en atrophic universelle, etc. Ces aflections secondaires conduisent
insensiblement les malades ù la mort. Il est rare de les voir succomber dans le premier stade de
l'inlection. Dans certains cas les serophules dégénèrent cn ulcères chroniques, qui ne cèdent ni au temps, ni à
la puissance d'un iraiteniont méthodique. Leur conversion en cancer est rare ; mais elle est rapidement
sinistre.
ARTICLE IV.
Des Cûuses organiques qui influent sur le développement des Sci-ophules.
DCCLXIV. La plupart de ceux qui ont écrit sur les serophules ont erré lorsqu'ils ont prétendu faire dériver
les causes organiques de cette maladie d'une acrimonie particulière, d'une acidité prédominante et autres phénomènes
analogues. Avoient-ils des preuves suffisantes pour appuyer une semblable assertion ?
DCCLXV. Les causes organiques des serophules doivent certainement être recherchées dans la foiblesse radicale
des absorbans et des ganglions lymphatiques. Des observations faites avec soin sur un grand nombre de
cadavres, ont démontré que ces vaisseaux blancs se dilatoient, devenoient turgescens et comme noueux. La
sécrétion de la lymphe doit nécessairement se pervertir, puisque la force des organes qui la recèlent est manifestement
diminuée.
DCCLXVI. Personne ne doute aujourd'hui que les serophules ne soient héréditaires. Les faits militent à
chaque instant en faveur de cette opinion. Cette cause organique est, je dois le dire, la plus fréquente. Il suffit
même que l'un des parens soit infecté de ce vice, pour que la postérité ne soit pas épargnée. Alors même qu'il ne
se développe point, il n'est pas difficile de s'apercevoir que les enfaus en portent le germe dans leur économie
physique. Telle est d'ailleurs l'opinion de M. le docteur Baumes, qui a écrit une dissertation complète sur cette
maliere, et qui en a traité tous les points avec une lucidité digne des plus grands éloges. « Pour moi, dit cet
» auteur célèbre, je crois avoir des raisons suflisantes pour admettre cette hérédité. Je pense môme que si la
» force de l'action héréditaire ne va chez quelques individus que jus(iu'à produire la constitution scrophuleuse,
» tandis que la génération qui suit est alîligée de véritables serophules, c'est qu'il faut un certain concours de
M circonstances et de dispositions, qui font qu'une maladie passe aux descendans d'une manière directe et non
» interrompue, ou par des interruptions et une espèce de substitution. »
DCCLXVIL Les causes qui disposent aux serophules tiennent donc communément à une disposition native,
et aucune maladie ne se transmet plus aisément par voie de génération. Un père qui est naturellement foiblc et
qui se trouve encore trop jeune lorsqu'il se marie, doit engendrer un cire débile. Lorsqu'il y a chez les parens
une altération congéniale des glandes lympliatiques, cette altération doit nécessairement passer à leur progéniture
et se retrouver dans la construction et la mixtion de leurs organes.
DCCLXVIII. Si des personnes ont été long-temps tourmentées par la maladie syphilitique et ont négligé les
soins convenables à sa guérison, il est rare que leurs descendans ne soient pas infectés d'une maladie qui a toutes
les apparences du vice scrophuleux. A l'hôpital Saint-Louis il se présente une foule d'individus des deux sexes
qui se trouvent dans ce cas; et dans une circonstance j'ai vu jusqu'à trois générations d'un aieul qui avoil été infecté
par le virus vénérien. Tous les sujets appartenant à cette race avoient les lèvres grosses cl tuméliées, les
glandes stibmentales frappées d'engorgement, le tissu cellulaire flasque, les os spongieux, cl tous les autres signes
de la diathèse écrouelleuse. Nul doute que la plupart des serophules, à Paris, ne soient des syphilides déguisées.
ARTICLE V.
Des Causes extérieures qui influent sur le développement des Serophules.
DCCLXIX. Lorsque les enfans sont mal nourris, lorsqu'ils sucent un lait corrompu , la maladie scrophuleuse
se développe ; les glandes du mésentère s'engorgent; les malades tombent insensiblement dans ramaigrissement
et la consomption. Chez les adultes pauvres, ce sont aussi les vices de la puissance digestive (|ui préparent de
loin la maladie dont il s'agit. La plupart ne se soutiennent qu'avec des alimens gâtés et (jui Ji'ont rien de substantiel.
Ils mangent du pain fait avec des farines gâtées, boivent du lait aigri et du vin tourné, abusent ties substances
graisseuses el butyreuscs, etc.
DCCLXX. On observe que les individus renfermés dans des prisons malsaines, dans les cacliols, ont parfois
les glandes du col engorgées; que ces mêmes glandes finissent par abcéder et par se convertir cn ulcère fongueux.
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Il est une multitude de gens qui, par état, travaillent et habitent dans des lieux humides, comme les blanchisseurs,
les tisserands, les vignerons, les portiers, etc. Les jeunes villageois qui, dans les campagnes, sont
préposés à la garde des bestiaux et qui passent les nuits dans les pàturag'es, subissent le jnème sort. Le tiers du
département de la Lozère est occupé à une fabrique de cadisserie, connue sous le noni de serge de Mende. C'est
la principale ressource et la seule industrie du pays. On travaille les laines sans huile; el, pour en faciliter la
fabrication, on manufacture dans des boutiques basses et voûtées, où l'humidité et la chaleur se concentrent
à la fois. C 'est dans cette classe d'artisans qu'on trouve le plus grand nombre de scrophuleux.
DCCLXXI. Il y a un effroi généralement répandu touchant la génération et la propagation des serophules.
Des auteurs très-recommandables n'ont pas craint d'avancer dans leurs ouvrages qu'elles sont éminemment contagieuses;
ce qui est manifestement une erreur. M. Hébréard a tenté des expériences sur des animaux vivans,
dont aucun n'a contracté la maladie par la voie de l'inoculation. Mais une expérience plus décisive est la cohabitation
journalière de certaines femmes scrophuleuses avec des hommes qui n'ont jamais eu Heu de s'en repentir.
ARTICLE VI.
Des j-ésultats fournis par Vautopsie cadavérique des individua morts des suites de la maladie
scrophuleuse.
DCCLXXII. Première autopsie cadavérique. La nommée Éléonore Marchand, née à Versailles, âgée de vingthuit
ans, d'un tempérament lymphatique, entra à l'hôpital Saint-Louis. Elle présenta à notre examen diverses
tumeurs scrophuleuses d'un volume assez considérable, placées dans difTérens points de la région du col. Le
coude droit étoit afifecté d'un gonflement pâteux. Les mouvemens de l'articulation étoient gênés. On appliqua des
cataplasmes pour dissiper l'inflammation. Oti eut recours aux emplâtres de ciguë et de mercure. La malade
faisoit eu même temps usage de la décoction de houblon et de l'élixir amer. Tous ces moyens furent sans succès.
A l'afTection principale vinrent se joindre la fièvre, la tuméfaction de l'abdomen , et par suite, la gêne de la respiration,
ainsi qu'un commencement d'infiltration dans les grandes lèvres. La Quctuationque l'on ressentoil dans
l'intérieur de l'abdomen, la tuméfaction des extrémités inférieures, la soif vive que la malade ressenloit, etc.
ne laissoient aucun doute sur l'existence de l'hydropisie ascite. On combina les diurétiques avec les antiscrophuleux.
La malade s'afïbiblit graduellement, et finit par succomber. On ouvrit le cadavre en ma présence :
les glandes lymphatiques du col formoient des tumeurs, qui paroissoient dans divers points de cette région ,
principalement vers la partie supérieure droite. Un foyer purulent se trouvoit à leur centre. Leur tissu ofTroit
au scalpel beaucoup de dureté et de résistance. L'articulation de l'avant-bras ofTroit une fausse ankilose. Le tissu
cellulaire environnant étoit épaissi et tuméfié. L'examen de la poitrine montra une adhérence très-forte du poumon
avec la plèvre costale. Les poumons étoient tuberculeux dans une grande étendue ; on remarquoit des vomiques
vers leur partie supérieure. L'ouverture de l'abdomen donna issue à une sérosité très-abondante. Les
organes contigus dans cette cavité olTroient diverses altérations : le foie étoit d'un volume énorme, et avoii subi
une transformation entièrement graisseuse. La rate, très-volumineuse, ofProit aussi une consistance très-ferme,
et divers tubercules étoient placés, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur de ce viscère. Les glandes du mésentère
étoient toutes engorgées, la vessie rétrécie, la matrice squirrheuse. Il y avoit un abcès au rcclnm. Cet abcès avoit
probablement son siège hors du sac peritoneal. Tels sont les principaux phénomènes que nous observâmes- —
Deuxième autopsie cadavérique. Le nommé Thevenard mourut à l'hôpital Saint-Louis, des suites d'un engorgement
considérable dans les glandes du col. Je fis l'ouverture de sou corps. Une tumeur très-volumineuse occupoit
le côté gauche du col, s'étcndant supérieurement jusqu'à la région parotidienne, et jusqu'à la base de la
langue, se portant en bas jusqu'à la clavicule. En devant elle rccouvroit en partie la glande thyroïde, et postérieurement
elle commençoit à gagner le côté droit du col. Cette tumeur, divisée dans sa partie moyenne, offroit
une épaisseur d'environ trois pouces. La substance qui la formoit étoit blanche et dure, en un mot , squirrheuse.
Le lieu seul où le moxa avoit été appliqué ofTroit de ta suppuration. Tout le reste de la tumeur paroissoil trèséloigné
de celte dégénérescence. Voici ce que préscntoicnt les trois principales cavités : dans la tête, rien de
particulier. Les veines cependant paroissoient plus gorgées de sang que nel'avoit fait présumer l'état de foiblesso
du .sujet; mais ce sang, que l'on remarquoit surtout du côté gauche, pouvoit cire le résultat de la situation du
cadavre ou la compression des jugulaires par la tumeur. Les poumons, quoique peu volumineux, étoient
cependant pleins de sang; le diaphragme, par sa convexité, laissoit à ces organes peu de place ])our se dilater.
Mais c'étoitdans la cavité abdominale que se trouvoient les plus grands désordres. Le péritoine étoit le siège
d'une suppuration très-abondante. L'épiploon gastro-hépatique ofTroit, dans sa partie moyenne, une escarre
gangreneuse; l'estomac s'éloil rapetissé, et la rate avoit acquis un volume triple de ce qu'elle est ordinairement.
— T/-oisième autopsie cadavérique. J'ai procédé à l'ouverture du corps d'un autre scrophuleux. Nous
avons observé un accroissement considérable dans la plupart des glandes, particulièrement dans celles du col et
dn mésentère. La plupart avoient acquis une dégénérescence réniforme et comme coucnueuse. Leur substance