, 6 o M A L A D I E S D E L A r E A IT.
D X V T . C'est sur-tout dans le Sibbcns ou Pian écossais qu'oQ remarque des phénomènes qui ont le ^lus grand
rapport avec les phénomènes de.la sypliilis. Gilchrist, en effet a vu que presque toujours le Sibbens débute
par une inflammation de la luette et du voile du palais; il a v u que les amigdales sont fréquemment ulcérées,
et recouvertes d'une pellicule blanchâtre. Les enPans h la mamelle qui on sont attaqués dans la bouche ou dans
î e gosier, meurent de faim, parce qu'ils ne peuvent exécuter le mouvemeni de succion. Dans d'auti-es cas,
les glandes sous-maxillaires se gondent ; on voit do larges tumeurs dans l'intérieur de la bouche ; ajoutez à ce
symptôme, un enrouement continuel qui est d'un sintsU-e présage.
D X V I I . Le Pian se déployé avec plus ou moins de fureur selon les tempéramens qu'il rencontre. Les
indi\ idus dont la fibre est molle et lâche, ont à redouter l'ascite ou l'anasarque. Ceux qui sont doués d'une
•constitution sèche et grcle , tombent peu à peu dans le marasme; la tête des malades se couvre d'ulcères, dont
l e s bords sont calleux et comme déchirés. Ces xilcères sont d'une puanteur si intolérable, que les corps de
ceux qui en sont atteints, dit Gilchrist, sont pour ainsi dire, corrompus avant leur mort. Rien u'excite davantage
la compassion que les cris que leur arrache la douleur.
D X Y i n . De tant de maux, il résulte souvent des flux violens par les y eux, par les fosses nasales et par
les oreilles. LoeÎïler a v u même la matière pianique sortir en abondance de l'iu'èti'e; en sorte qu'il croyoit d'abord
que le malade étoit affecté d'ime blénorragie sypliilitique ; mais quelques jours après, il voyoit paroîlre des
boutons de framboesia qui tenninoient cet écoulement. Ou a \-u dans quelques circonstances, amsi que l'observe
r e j T i l h e , « par une sorte de crise qui assiu-e la vie et la guérison du malade, l'humeur viciée se jeter sm- une
partie du corps et y produire ime maladie incurable. » I l peut en effet survenir des paralysies, des oppressions,
la cécité, mille autres maux plus accablaus encore.
D X r X . Lorsque l'air est humide et nébuleux, on voit fréquemment se former sur le cor])S des malades
des tumeurs leucophlegmatiques. C'est alors qu'on rassemble les Nègres autom- d'un gi'and fou, qu'on les fomente
avec des dissolutions asti-ingentes, qu'on leur administre des laxatifs doux, qu'on les retient dans des appartemens
chauds, etc. L'éruption pianique est accompagnée d'ime fîèvi-e assez forte; d'auti-es fois, cette fièvre est
à peine sensil)le, les malades éprouvent des lassitudes, des douleurs gravatives dans la tête. Ils ont un dégoût
invincible poiu- les alimens ; ils passent lem-s nuits dans les insomnies les plus fatigantes.
D X X . Lorsque les Pians ont fait des progi-ès considérables, le virus pénèti-c juscpies dans le système osseux,
et y produit des ravages considérables. Les os frappés par la douleur, se gonilent, deviennent spongieux; ils
peuvent aussi se carier ou tomber dans uu véritable état d'ostéo-malaxie ; on croit voir des rachitiques ; les
cartilages s'ulcèrent et augmentent considérablemcut de volume. C'est alors que les malades ue trouvent pas ua
instant de repos.
D X X I . Il semble que les Pions soient moins terribles, lorsqu'ils attaquent les Elancs, que lorsqu'ils attaquent
les Nègres. Les infirmités du genre humain s'affoiblissent sans doute en passant d'une espèce à une autre; ce
qu'il y a de positif, c'est que les Jîkmcs sont très-rarement sujets aux petits Pians, qui sont les plus opiniâtres
et les plus rebelles, liajon a rencontré pourtant des malades eui-opéens qui se plaignoient de douleurs vives
clans les articulations et dans la propre substance des os.
D X X I I . On assure que le Pian ne se déclare qu'une seule fois chez le même sujet; il est malheureux, dit
IVI. le Docteur Valentin, qu'on n'ait pu constater ce lait d'une manière iiTécusable; il établiroit une dilïcrence
manifeste entre celte maladie ctl'aifection vénérienne. On ajoute, au sui-plus, que si on a v u le Pian rcparoîire
dans quelques circonstances, c'est C|u"il n'avoit pas été entièrement détruit. Loefllcr a voulu tenter des
expériences sur ce point de doctrine, et il atteste que les individus qu'il a radicalement guéris du Pian, ne
l'ont jamais repris, quoic[u'il les ait déterminés à s'exposer do nouveau à la contagion. Quelques observateurs
modernes sont d'un avis absolument contraii-e.
D X X T I T . Lorsque l'érujjtion pianique n'est point accompagnée de symptômes très-gi-aves, la nature seule
opère la guérison dans la pliqwrt des cas ; il peut néanmoins arriver que l'éruption soit très-longue, et que
les boutons persistent plusieurs années sans causer précisément des douleui-s ou d'autres incommodités. Copondant,
malgré cctte apparence de bénignité, le poison éclate quelquefois d'une manière inopinée, et donne lieu i'i des
accidens désasti-eux. ÜS'ous avons vu à Paris lui Nègre de Saint-Domingue qui étoit resté dans un état de paralysie
dans les exti'émités inl'érieurcs, après la guérison mal dirigée du Pian ruboïde.
itl A L A D I E S D E L A P E A tJ. i6 i
A R T I C L E IL
Considei-ativns sur le diagnostic des Pians, et sur leurs rapports danaloge avec quelques
autres maladies cutanées.
D X X r V . H est de la plus grande importance d'acquérii- toutes les notions nécessaires, pour bien fixer le
diagnostic des Pians ; car il est plusieurs maladies dont ils se rapprochent plus ou moins par leurs signes extérieurs.
Il a paru à l'hôpital Saint-Louis un homme éminemment scrophulcux, et qu'on avoit mal à propos regardé
comme atteint d'une ulcération pianique aux doigts du pied de l'extrémité inférieure droite. Cette ulcération avoit
eflectivement dégénéré en un idcère fongueux, composé d'une multitude de petits lobules, que leur agglomération
faisoit ressemblcT à des framboises. Lorsqu'on les pressoit, on en faisoit sortir un pus blanchâtre, fétide
et gélatineux; le malade éprouvoit d'ailleurs tous les phénomènes qui signalent la présence, le progrès et
l'intensité des scrophules ; ses extrémités étoient atrophiées. M. Martin, habile médecin d'Aubagne, m'a donné
communication d'un fait très-intéressant, qui prouve que cette maladie peut prendre dans beaucoup de circonstances
le masque du Pian. Il a décrit avec ùnè vérité très-remarquable, un ulcère situé à la jambe
droite d'un infortuné qui se traînoit sur les chemins publics pour implorer la charité des passans» Au-dessous
do cet UICCTC, s'élevoicnt un assez gi-and nombre d'excroissances rondes, plus ou moins volumineuses, ayant
-absolument l'aspect et la forme des û-amboises. Ces excroissances, dit M. Martin, environnoient toute la partie
antérieure de la jambe malade, recouvroient le talon, presque tout le dessus du pied, ainsi que les orteils. Mais
i l est évident que ces épi'phénomènes diiïèrent essentiellement du Pian par lem- marche et par lem- nature.
D X X V . Bajon qui a demeuré long-temps à Cayenne et à la Guiane française, avoit trouvé un rapport si
manifeste entre le Pian, la vérole et le mal-rouge, qu'il pensoit que celui-ci n'étoit qu'un de ces vices dégénérés,
auquel des circonstances particulières avoient imprimé une physionomie nouvelle. Ces maladies, d'après son
opinion, provenoient d'un virus identique, et ne différoient entr'elles que par c[uelques modifications peu
importantes-. D'après l'opinion de cet auteur, l'affection syphilitique n'étoit que le premier état de ce vice,
ses accidens étant moins graves et moins multipliés; le l'ian formoit le second état, parce que ses symptômes
ont plus de violence et sont plus rebelles aux moyens curatifs ; enfin, il falloit regarder le mal-rouge de
Cayenne comme le plus haut degré de ce vii-us terrible, à cause de sa gi-ande véhémence et de son incui-abilité.
J e n'ai pas besoin de démontrer que cette hypothèse est insoutenable.
D X X V I . Presque tous les Patlrologistes ont fait mention de l'analogie qui existe entre la maladié vénérienne
bt lé Pian. Pouppé-Desportes néanmoins a ü'cs-bien noté quelques diñérences remarquables qui existent enirc
fees deux affections. En effet, s'il y a identité enü-e le Pian et la vérole , pourquoi le Pian attaque-t-il les
Nègres plutôt que les Blancs? un autre point de dissemblance, c'est que ce dernier vice peut se développer
spontanément. L'expérience prouve que des enfans qui tètent encore, ou qui sont sevrés depuis quelque temps,
éprouvent les symptômes de cette maladie, quoique leurs nourrices et leurs mères, n'en aient jamais été atteintes.
Souvent même, une Négi-esse accouche d'un grand nombre d'enfans, et il n'y en a qu'un ou deux qui sont
attaqués du Pian.
D X X V I I . Sous d'autres points de vue, le Pian diffère essentiellement de la vérole ; car, la plupart des
médecins le rangent avec raison dans la classe des éruptions dépuratoii-es. Il a une marche fixe, h laquelle le
médecm, est, pour ainsi dire, contraint d'obéir. Il a son début, son état et son déclin. L'art doit respecter et
considérer ces divers étals, et leur approprier les remèdes convenables. Il n'en est pas ainsi de la vérole dont
on peut attaquer les premiers syvnptômes avec une entière sécurité. Ce qui distmgue sur-tout les pustules syphilitiques
des pustules pianiques, c'est que celles-ci sont accompagnées de démangeaisons insupportables; ces
démangeaisons ne se déclarent point dans la maladie vénérienne. Il est pourtant des cas où rien n'est plus
difficile que de distinguer le Pian de la maladie vénérienne ; c'est lorsque ces deux maladies s'unissent et se
compliquent nmtuellement. Ce c¡ui i-end toutefois l'inconvénient moins gi-ave, c'est qu'elles cèdent toutes les
deux aux mêmes remèdes.
D X X V I I I . La différence la plus évidente pour tous les esprits seroit sans conti-edit de n'attaquer l'économie
animale qu'une seule fois, ainsi que nous l'avons déjà remarqué ; or, ce fait n'est peut-être pas encore confii-mé
par un assez grand nombre d'observations. Cependant, M. Thibault de Chanvalon, auteur d'un Voyage àla Martinique,
assure que lorsque les Nègres ont été régulièrement traités du Pian , ils n'en sont plus attaqués pendant
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