M A L A D I E S DE E A PEAU.
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LES CANCROIDES.
Q U E L Q U E S CONSIDÉRATIONS SUR LES CANCROIDES.
CCPLVI. Les premiers observateurs ont agi avec sagesse , en donnant aux diverses luidadios qu'ils ont
eu occasion de décomTir, des noms analogues aux choses qu'elles reprcsenteni. J'imiterai leur cxcmj)le, fii
désignant sous le titre de Cancroides, les tumeurs singulières que je vais décrire. En attendant que des liiils
plus nombreux m'cclairent davantage sur leur nalure, je vais exposer leurs principaux phénomènes.
CCCLVII. Par un double rapport, les Cancroides semblent se Her aux aiTections dartreuses et aux ai'feclions
cancéreuses. Formeroient-elles un genre intermédiaire ? Ce qu'il y a de positif, c'est qu'il s'opèi-e souvent à
leur siu'faee une desquamraation iux-Iuracée qui a la plus grande ressemlDlance avec les écailles herpétiques.
D'une autre ])art, il est des circonstances où lem* développement est accompagné de douleurs vives, puagitivcs
et lancinantes, comme dans le cancer.
CCCLVllT. J'estime que l'étude des Cancroides est d'une très-grande importance en pathologie. En effet,
ces tumeurs sont le lom-ment de la vie , et les moyens de l'art sout néanmoins imufiisans pour les combattre.
Malhem-eusemcnt, je ne puis oflrir ime dissertation comj^lelte sur cet objet. Comme il est de l'exactitude
rigoureuse des sciences de n'indiquer que des faits avérés, je me bornerai à établir l'existence des Cancroides
<\ offrir le tableau exact de leurs symptômes, et à dii-e tout ce qu'on a tenté jusqu'à ce jour pour les guérir.
T A B L E A U DES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES QUE PRÉSENTENT LES CANCROIDES.
CCCLIX. Les Cancroides {Caiicroides) sont des excroissances carniformes, tantôt ovala ires, tantôt oblongues
situées horisontalement sur une ou plusieurs parties des tégumens, d'une couleur rose pâle, parsemées de
lignes blanchâtres et séparées les mies des autres, profondément adhérentes k la peau dont elles ne changent
la couleur qu'à l'endroit élevé , imitant assez bien la forme des cicatrices qui succèdent aux fortes brûlures,
poussant quelquefois vers leurs bords de petits prolongemcns bifurqués, qui ont quelque rapport avec les
pattes d'une écrevisse ; ce qui justifie manifestement la dénomination que nous a\'ons domiée à ces tumeurs
extraordinaires.
Les Cancroides que j'ai observées formoient des timicurs plates et compactes, relevées sur les bords, im
peu déprimées vers leur centi-e, sur-tout lorsqu'elles étoient d'une iigure ovale, proéminente d'une ou deux
lignes au-dessus du niveau des tégumens. Elles étoient luisantes, un peu ridées, dures et reniteules au contact.
Elles étoient d'une couleur très-i-ouge, et l'on voyoit à leur surface une multitude de petites veines injectées
d'un licjuide sanguin. Leur circonférence étoit poiu'tant beaucoup moins Ibncée en couleur. Lorsqu'on les
comprimoit, elles blanchissoiont momentanément sous le doigt. L'épiderme de la partie aiïectée se convertissoit
tous les jours en légères écailles. .T'ai vu quelquefois des Cancroides c[ui étoient cylindriques et comme
enchâssées dans la peau. Elles présentoient l'aspect de ces vers oblongs, que les Naturalistes désignent sous
le nom de dragoruieaux , et qui serpentent dans le tissu cellulaire.
11 y a d'ordinaire une augmentation considérable de chaleur dans les endroits affectés par les Cancroides.
Les malades y éprouvent des démangeaisons et des picotemens insupportables, des douleurs vives et pmigitives,
connue si on leur dardoit les chaii-s avec des lances ou des aiguilles ardentes. Soin'cnt ces douleurs se projiagenC
jusqu'aux parties circón voisines ; et quelquefois même c'est la sensation d'un tiraillement intérieur. On cliroit
que la poitrine est sur le point d'éclater. C'est sur-tout la nuit que les démangeaisons sont brûlantes et trèsincommodes.
Il est aussi des cas où ces indurations longitudinales ovalaires sont, pour ainsi dire, indoleutes.
Les individus qui en sont atteints éprouvent i\ peine une légère roideur à la peau.
Le plus communément, il n'y a qu'une seule Cancroide sur la peau; mais quelquefois aussi on en observe
deux ou trois sur le même individu. Cette allection se place presque toujours dans l'intervalle des deux seins,
à la partie postérieure des bras ou des épaules, à la pai-tie externe des cuisses, etc. Lorsque les Cancroides
se multiplient, elles deviennent infiniment douloureuses. J'ai vu un malade qui en étoit tellemcQt aliecté,
C[u'ii ne pouvoit exécuter aucun travail pénible, et qu'il éprouvoit une foiblesse générale dans tous ses membre^;.
Les Cancroides disparoissent rarement 5 elles sont aussi durables que les cancers. Il peut arri^^er néanmoins
quelles se dissipent d'une manière spontanée. Alors la peau s'affaisse, et reste comme si elle étoit altérée par une
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