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M A L A D I E S DE LA PEAU. n
E S P È C E CINQUIÈME.
TEIGNE MUQUEUSE. T I N E A muciflaa. Planche V.
Teigne offrant des croûtes jaunes, qui se détachent facilemenl du cuir chevelu, ou fouruissant une matière muqueuse qui cuduit
et colle les cheveux eu masse et par couches. Cette Teigue n'attaque pas seulement le cuu- chevelu ; elle se répand quelquefois sur
le front, sur la face, sur la re'gion des tempes et des oreilles.
T A B L E A U DE LA T E I G N E MUQUEUSE.
X V I I . CETTE Teigne a élé fort inexactement clécritc par les auteurs qui m'ont devancé. La plupar t d'entre
e u x l'ont confondue avec la croûte de lait. Mais elle en diiïère visiblement par ses caractères extérieurs et par
la plus grande intensité des symptômes qui l'accompagnent. En effet, l 'af fect ion connue sous le n o m de croûte
laiteuse, n'est d'ordinaire qu'un amas de squammcs ou de croûtes furfuracées, b lanchât res , le plus souvent
sèches, rarement humides. Elle n'attaque que les enfans à la mamel l e *. La Teigne muqueuse, au contraire,
a un degré de violence si considérabl e par les accidens qu'elle entraîne, qu'elle cesse d'être dans l'ordre de ia
n a t u r e , et qu'il seroit dangereux de ne point en modérer les progrès. Elle peut se déclarer pendant les deux
p r e m i è r e s années de la naissance ; et je l'ai vue f r é q u emme n t liée aux phénomènes d'une mauvaise lactation, ou
à ceux d'une dentition imparfaite et laborieuse. J e l'ai observée aussi chez les enfans qui éloient nés de parens
s c r o p h u l e u x , ou qui étoient sujets à d'aut res maladies d u système I jTnphat ique ou du système cutané.
Cette affection, dont j'offre ici le tableau, est ordinai rement caractérisée par des ulcérations superficielles
qui dégradent d'une manièr e spéciale le cui r chevelu des enfans, mais qui peuvent se porter aussi au front,
aux tempes, aux oreilles, et quelquefoi s s 'étendr e jusqu'au tronc, aux bras et aux cuisses, ainsi que j'en ai
fait la remarque à l'hôpital Saint-Louis. Ces ulcérations, d'une nature très-humide, fournissent une matière
m u q u e u s e qui suinte de toutes parts, et qui ressemble à d u miel corrompu. Dans quelques cas, ces ulcérations
se dessèchent ent ièrement par le contact de l'air ou par l'influence de la chaleur , et forment des croûtes
d ' u n e couleur cendrée, jaunes comme de la c i re, souvent même offrant une nuance verdâtre.
Ces ulcérat ions, que j'ai contemplées dans leur origine, commencent d'une manière très-diverse. Tantôt ce
sont des pustules pet i tes ou larges; tantôt ce sont des vésicules aiguës qui renferment un liquide transparent,
lequel est coloré d'un blanc jaunât re; quelquefois ce sont des abcès qui occasionnent la fièvre, et déterminent
u n e distension si douloureus e dans le cuir chevelu, que j'ai été obligé de les faire ouvr i r par le bistouri, pour
f a c i l i t e r la sortie du liquide qu'ils contiennent. Les pustules ou vésicules se rompent spontanément, ou par
l ' a c t i o n de l 'enfant qui se g rat t e ; l a liqueur tenace qu'elles fournissent se conver t i t en croûtes molles, d'un jauue
p a i l l e , mêlé souvent d'une teinte rougeâtre. Mais une humeur nouvelle s'écoule à chaque instant des mêmes
s o u r c e s , et vient accroî tre ce foyer imp u r . Nous avons v u m ême , dans une circonstance, le mu c us nasal s'écouler
e n si g r ande abondance des fosses nasales , que la respiration de l 'enfant en étoit opprimée.
I l est des endroi t s de la tòte où le cuir chevelu ne présente point ces ulcères particuliers dont nous avons
d é j à fait ment ion, mais où le tissu cellulaire turge et s'élève au point d'offrir des inégalités et des bosses plus
o u moius considérables. Ces gonflemens s'affaissent insensiblement par la ruptur e des vésicules voisines, ou
d o n n e n t lieu à différentes suppur a t ions . Quelquefois m ôme cette tuméfact ion celluleuse et cutanée parvient à un
tel degré d' intensi té, que les oreilles acquièrent le doubl e de leur v o l ume ordinaire.
C'est a lor s sur - tout qu'un état de phlogose, de rougeur et de tension extrême se mani fest e le long des joues,
e t p resque sur toute la face. L e s enfans sont en proi e à u n e démangeaison dont r ien n e peut expr imer la violence
et cet t e démangeaison redouble encore quand on leur découvr e la têt e et qu'on l'expose à toute l'activité de l'air.
Alors ils agi tent a rdemment leur tète cont r e leur s épaules ; pour pe u que leurs ma ins soient l ibres, ils s 'empressent
d e se gratter avec une vivacité qui exprime les délices que leur procure cette opération.
P a r l'effet d e cette irritation générale, la tête se dégarni t souvent de cheveux dans la plus grande partie de sa
surface. L e cuir dénudé offre u n e couleur d'un rouge rosacé ou amaranthe ; ma i s le mouvement inflammatoire
qui s'y p rodui t , paroît moins profond que dans les T e igne s que j'ai déj à décrites. Le tissu de la peau est luisant,
p a r c e qu'il est constamment humide, et souvent souillé par un mucus d'une apparence caséeuse. Aussi l'odeur
qui s'en exhale, a-t-elle que lque analogi e avec celle d u lait qui commence à s 'aigr i r ou à se put réf ier . Cet t e odeur,
d u reste, est d 'autant plus fét ide, que la Teigne muqueuse est plus é t endue et plus intense dans ses symptômes.
J ' a i observé plusieur s change m e n s dans la manièr e d'être des enfans , pendant le s tade de la T e igne muqueuse.
L o r s q u e les croûtes se dessèchent , et qu'elles cessent d'être baignées de mucus, ils sont mornes, taciturnes,
m q u i e t s , malpor tans . Dans le cas cont rai re, quand cette mat ièr e excrément i t iel l e coule avec abondance, quand
elle a r rose et p énè t r e de toutes p a r t s le c u i r chevelu, la joi e p a roî t sur leur p h y s i o n omi e ; l e u r s fonct ions s'exécutent
' Jni d^jà doimO le motif qui m'a làit abstenir de parler directement de la croûte de lait àins cet ouvrage : celte érnptioa ue poiirant, dans aucun
eus, être considérée comme une maladie, elle a dû soffrir rarement à mon observaUon, dans la clinique dee hôpiloui:.
CJ