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 M A L A D I E S  DE  LA  PEAÜ.  
 ARTICLE  VIII.  
 Du  Trailenient  inlenie  employé  pour  la  guérison  des  Scrophules.  
 DCCLXXVII.  Il  est peu  (le maladies  qui  résislent  autant  que  les  scropliules  aux moyens  internes  do  la  médecine  
 pratique.  Les  substances  pharmaceutiques  n'exercent  qu'une  action  indirecte  sur  les  systèmes  afleclés.  
 11 faut,  en  conséquence,  préférer  celles  qui  manifestent  une  sorte  d'alTmilé  pour  lo  système  absorbant.  Sous  le  
 rapport  de  celle  propriété  médicinale,  le  mercure,  le  fer  et  le  soufre  se  trouvent  certainement  en  première  
 ligne.  Mais  l'or,  considéré  comme  un  métal  si  précieux,  n'occupe  ici  qu'un  rang  très-secondaire,  malgré  les  
 •V aines  prétentions  des  alchimistes ; et  les  effets miraculeux  qu'on  lui  attribue,  ne  sont  appuyés sur  aucune  observation  
 positive.  
 DCCLXXVIII.  Le  mcrcuro  remplit  d'autant  mieux  les  vues  pratiques  du  médecin  dans  le  traitement  dos  
 maladies  scrophulcuses,  que  la  cause  organique  de  oc  fléau  désespérant  est  presque  toujours  un  lovain  syphilitique, 
   ainsi  que  nous  l'avons  souvent  constaté  à  l'hôpital  Saint-Louis  par  des  observations  précises.  La  plus  
 aclive des préparations que nousolfrc ce inétal extraordinaire,  est sans contredit  le muriate do mercure  sur-oxido,  
 coniploteinont  dissous  dans  l'eau  distillée,  et  incorporé  dans  des  véhicules  mucilagineux;  j'ai  communément  
 recours  à  ce  sel,  si  diffusible  et  si  pénétrant,  pour  arrêter  les  progrès  des  tumeurs  lyniphaliques  ou  pour  provenir  
 leur  développement.  Il  faut  bénir  les  effets perlurbateurs  do  ce  médicament,  l'un  des  plus  salulairos  que  
 possède  notre  art.  A  Paris,  ou  fail  un  fréquent  emploi  du  calomolas  ou  muriate  de  mercure  doux,  qui  passe  
 avec  célérité  dans  le  système  absorbant,  et  modifie  avec  plus  ou  moins  d'avantage  ses  propriétés  vitales.  On  
 l'administre  sous  forme  de pilules,  qui  sont  devenues  une  branche  considérable  de  commerce  pour  les  officines  
 de  nos  pharmaciens.  Qui  n'a  pas  entendu  parler  d'un  sirop  médicamenteux  auquel  la  renommée  do  Bouvard  a  
 donné  uuo  grande  vogue,  et  dont  le  nitrate  inerciirii-1  forme  la  base  spéciale!  Ce  sirop  jouit  d'une  activité  
 salutaire.  Mais  il  faut  avouer  que  quelques  praticiens  de  nos  jours  le  prodiguent  avec  un  empirisme  risible  et  
 qui  ne  s'accorde  guère  aveclesprogrès  de  la médecine  philosopljique.Cette  pratique  routinière  est  d'autant  plus  
 condamnable,  qu'il  faudroit,  au  contraire,  varier  infiniment  les  essais  dans  une  maladie  aussi  rebelle,  et  pour  
 ainsi  dire  incompréhensible,  par  les  nombreux  ravages  qu'elle  occasionne.  
 UCCLXXIX.  Les  divers  produits  que  nous  donne  le  fer  ]ilus ou moins  oxide  par  l'atmosphère  ou  autres  agens  
 chimiques,  ont  une  action  bienfaisante  sur  l'économie  animale.  Le  safran  de  mars  apéritif  est  très-accréditc.  
 L'eau  martiale  est  la  meilleure  tisane  dont  puissent  user  les  scrophuleux.  Le  vin  chaljbé  seconde  miraculeusemcnl  
 les  eiTots  d'une  bonne  méthode  curative.  Toutes  les  substances  quas  ferrea  virlus  nohUitavit  semblent  
 augmenter  les oscillations  du  système  vasculaire,  et  réveiller  les  forces  médicatrices.  J'ai  vu  toute  une  famille  
 singulièrement  tourmentée  par  des symptômes  écrouellcux,  et qui  s'étoit  presque  entièrement  guérie  par  l'usage  
 continué  des  eaux  de  Forges.  Les  médecins  de  l'Europe  s'accordent  aujourd'hui  sur  l'efficacité des  ferrugineux  
 dans  le  traitement  des  affections  scrophulcuses.  
 DCCLXXX.  Je  n'ai  jamais  trop  compté  sur  les  vertus  du  soufre  lorsqu'il  est  uniquement  administré  à  l'iutéricnr. 
   Mais  je  parlerai  plus bas  des eiTets avantageux  qui  résultent  de  son  application  extérieure.  Le  carbonate  
 de  potasse  étoit  fort  vanté  par  Peyrilhe,  qui  lui  attribuoit  gratuitement  une  propriété  fondante  et  résolutive.  
 D'autres  praticiens donnoient  la préférence aux préparations  anlimoniales.Nousavons  répété devant nos élèves les  
 essais entrepris  avecle  muriate  de  chaux,  et  nous  n'avons  recueilli que  des doutes. Un  docteur  anglois, M.  Crawford, 
   a  posicrieurement  donne  de  grands  éloges  au muriate  de  baryte,  et  l'avoit  présenté  comme  un  stimulant  
 spécial  des  glandes  lymphatiques.  M.  le  professeur  Baume-i  cite  un  exemple  très-remarquable  des bons  effets de  
 ce  sel  dans  son  ouvrage  sur  le  vice  scrophuleux,  qui  est  un  vrai  modèle  d'cxpcricncc  médicinale.  Il  fait  mention  
 d'un  homme  traité  par  M.  le  docteur  Poutingon,  et  chez  lequel  toutes  les  glandes  du  col  étoient  considérablement  
 engorgées.  Cet  homme  désespérait  de  sa  situation.  Il  fut  néanmoins  radicalement  guéri  par  la  
 di.ssolution  du  sel  de  baryte,  qu'on  administra  d'une  manière  soutenue  et  méthodique.  Les  expériences  de  mon  
 condisciple  M.  llcbréard  méritent  d'être  citées.  Elles  ont  été  laites  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude.  J'en  
 avois  tenté  de  pareilles  à  l'hôpital  Saint-Louis,  et  j'avois  aussi  signalé  la  substance  dont  il  s'agit  comme  un  
 médicament  très-énergique  lorsqu'il  s'agit  de  combattre  les  maladies  lympliatiques.  
 DCCLXXXÏ.  Au  surplus,  lorsque  la  tliérapeutique  d'une  maladie  est  peu  avancée,  chaque  médecin,  chaque  
 apothicaire  a,  pour  ainsi  dire,  son  arcane.  A Paris,  les  teintures,  les  élixirs,  sont  dans  une  vogue  extraordinaire. 
   On  les  compose  communément  avec  la  racine  de  gentiane,  l'écorce  d'oranges,  le  carbonate  ammoniacal, 
   etc.  On  y  lait  entrer  la  poudre  do  scrophulairc,  la  résine  de  scammonèe  ou  de  jalap.  On  vend  aussi  des  
 MALADIES  DE  LA  PEAU.  23i  
 pilules  dont  les  ingrédiens  sont  le  calomclas,  le  sulfure  d'antimoine,  l'éthiops  minéral,  etc.  II  est  bien  certain  
 que  si,  à  l'aide  de  ces  médicamens,  on  peut  parvenir  à  létablir  le  ton  des  organes  digestifs,  le  cours  de  la  
 lymphe  doit  reprendre  son  activité  première,  et  les  engorgemens  doivent  diminuer.  
 DCCLXXXÏL  Le  traitement  que  l'on  fait suivre  aux malades  de  l'hôpital  Saint-Louis  est  simple  cl  souvent  
 efficace.  Lorsque  les  premières  voies  ont  reçu  un  ébranlement  salutaire  par  l'administration  des  émétiques  et  
 des purgatifs,  nous  associons  l'usage  des  plantes  amères  à celui  des  préparations mercurielles.  Les  décoctions  de  
 quinquina,  de  houblon,  de  bardane,  et  de  tous  les  bois  sudorifiques, nous  ont  paru  très-utiles  dans  beaucoup  
 de  circonstances,  pour  remédier  aux  langueurs  des  forces  digestives.  Il  est  peu  d'années  où  on  ne  renouvelle  
 les  essais  qu'on  avoit  d'abord  tentés  sur  la  ciguë,  la  phellandrium  aquaticum,  la  digitale,  l'aconit,  etc.  ;  et  
 nous  pouvons  dire que  les mêmes  incertitudes  nous  arrêtent  encore,  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  les  meilleurs  
 efîets  de  leur  administration.  On  est  fâché  de  voir  dans  les  livres  de  la  science  tant  do  promesses  vaines,  tant  
 d'assertions  futiles,  tant  de  guérisons  imaginaires,  tant  de  détails  mensongers.  Gardons-nous  donc  de  ne  rien  
 affii'mer  sur  la  foi  trop  prompte  de  nos  prédécesseurs.  C'est  au  temps  seul  qu'il  appartient  d'affermir  les  pas  
 de  l'expérience  et  d'en  épurer  tous  les  résultats.  
 ARTICLE  IX.  
 Du  Traitement  externe  employé  pour  la  guérison  des  Sc/vphules,  
 DCCLXXXIIÏ.  Les  frictions  mercurielles  ont  des  effets  très-remarquables  lorsqu'elles  sont  pratiquées  avec  
 discernement  et  continuées  avec méthode  sur  les  tumeurs  scrophulcuses.  Elles  sont  le  meilleur  résohitif  qu'on  
 puisse  employer;  mais  il  importe  d'y  recourir  de  bonne  heure,  et  avant  que  les  absorbans  qui  avoisinent  la  
 glande  engorgée  aient  cessé  d'être  perméables  par  ce  médicament  salutaire.  
 DCCLXXXIV.  Nous  venons  d'employer  avec  quelque  succès  la  pommade  de  tartre  stibié  dont  j'ai  donné  
 la  formule  dans mes  î^ouveaux  Elémens  de  Thérapeutique  et  de  Matière  médicale.  Celte  pommade  a pour  singulier  
 effet de  provoquer  une  sorte  d'orgasme  fébrile  sur  la  peau  affectée,  et  d'y  susciter  une  éruption  de  petits  
 boutons  qui  ont  quelque  ressemblance  avec  ceux  qui  résultent  de  l'inoculation  de  la  vaccine.  Ces  érysipèles  
 artificiels  impriment  une  excitation  salutaire  et finissent quelquefois par  diminuer  le  volume  des  tumeurs.  Mais  
 j'ai  vu  aussi  des  circonstances  où  ce moyen  a  été  infructueux.  Il faut  en  réitérer  les applications  avec  prudence,  
 et  les  soutenir  assez  long-temps  pour  effectuer  la  résolution  des  tumeurs.  
 DCCLXXXV.  Le  soufre  a une  action  très-favorable  sur  les  individus  qui  se  trouvent  atteints  do  la  maladie  
 scrophuleuse,  lorsqu'il  est  toutefois administre  avec les  procédés  qui  peuvent  lui  donner  l'impulsion  nécessaire.  
 Je  suis  souvent  à  même  de  constater  les  propriétés  médicinales  de  cette  substance  aux  bains  de  Tivoli,  où  les  
 eaux  minérales se  trouvent  imitées  avec  un  art  si  parfait. C'est  à  l'arrosoir  que  je  les  fais communément  administrer, 
   et  presque  toujours  sur  les  parties  malades.  J'ai  donné  des  soins  à  la  santé  d'une  jeune  demoiselle  dont  
 les  deux  joues  étoicnt couvertes  de pustules hideuses,  et qui  fut miraculeusement  guérie  par  l'emploi  continué  de  
 ce moyen.  Je  puis dire  pareillement  avoir  vu  des  personnes  qui  se louoient  beaucoup  d'un  voyage  fait à  Barègcs,  
 à  Cauterels  ou  à Bagnères de  Luchon.  En  général,  toutes  les eaux  qui  charrient  le  soufre  et  qui  jouissent  d'une  
 température  très-élevée,  sont  salutaires  dans  les  scrophules,  parce  qu'elles  réveillent  par  la  percussion  l'action  
 assoupie  ou  languissante  de  toutes  les glandes  lymphatiques.  Les  eaux  chargées  de  sels  alkalins,  tels  que  
 le  carbonate  de  soude  ou  de  potasse,  etc.,  celles  qui  contiennent  des  substances  ammoniacales,  sont  d'une  
 grande  utilité.  Enfin,  de  grands  avantages  sont  accordés  à  l'eau  de  mer,  et  il  paroît  surtout  ([ue  les Anglois  la  
 font  servir  avec  un  plein  succès  à  leurs  divers  systèmes  de  guérison.  Il  faut  toutefois  savoir  l'approprier  aux  
 circonstances  et  aux  périodes  de  la maladie.  liXanna  aqua  et  magnâ  et  varid  quâdam  vipoUel  :  sed  imperiti  
 fucilò  ipsâ  perperàm  uti  possunt.  Kussel.  DE  TABE  OLANDÜLAIU  sirË'DE  VSU  AQUA',  MARII^JE,  IN  
 MORBIS  GLANDULARUM  ,  CtC.  
 DCCLXXXVI.  On  peut  employer  avec  succès,  à  l'extérieur  des  glandes  engorgées,  des  emplâtres  qui  ont  
 pour  base  de  leur  composition  ,  la  ciguë,  le  savon,  les  oxides  morcuriels,  etc.  Lorsque  la  scrophule  se  manifeste  
 par  dea  pustules,  et  qu'elle  s'étale  uniquement  sur  l'appareil  tégumentaire,  aucun  topique  ne  m'a  pai'u  
 préférable  au  nitrate  d'argent  fondu,  pour  amoindrir  les  ravages  de  la  maladie  scrophuleuse,  et  je  supplie  
 mes  lecteurs  d'y  faire  une  attention  sérieuse.  Ce  topique  a  pour  avantage  de  produire  une  excitation  permanente  
 sur  la  peau  et  d'y  susciter  tous  les  phénomènes  d'une  lièvre  locale.  Il  est  rare  que  la  maladie  ne  perde  
 pas  de  son  intensité  lorsqu'on  a  pratique  plusieurs  couches  successives  de  celle  préparation  h  dos  intervalles  
 convenables.  Le  nitrate  d'argent  dénature  à  la  longue  les  irritations  morbifiques.  Les  médecins  étrangers  qui  
 sont  venus  visiter  l'hôpital  Saint-Louis,  ont  été  frappés  d'étonnement  en  voyant  une  si  grande  quantité  de  
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