6 M A L A D I E S D E L A P E A U.
l'ulaircclée presque subilemeiUde lii Teigne granulée, et sans qu'aucune eausc apparcnle y eût donne lieu. Celte
Teigne attaqua d'abord le sonnnel delà tète, puis la partie Inierieure el postérieure de l'occiput. Elle se répandit
ensuite sur tout le cuir chevelu, au point de l'envaliir entièrement. Elle étoit caractérisée par de petites
croûtes bruiiiitres, iViablcs, do diverse grandeur, de diverse forme, dont la ])lupart s'étoient détachées de la
peau de la tète pour se coller le long des cheveux. Ces granulations sèches ressembloicnt assez bien à des
fraginens de manne vieillie cl noircie dans les boutiques. Le cuii' chevelu présentoït d'ailleurs sous le doigt
une surlace très-rugueuse et très-inégale. Cette Teigne laisoit éprouver un prurit irès-considérable. Elle
étoit accompagnée d'une odeur lade et repoussante. Il y avoil engorgement des glandes cervicales.
T/visicf/ic Observation. — l'rançois-Iienjamin Breton, âgé de onze ans, né à la Guadeloupe , d'une constilulion
bilieuse, ayant la peau basapée el verdàlre, est affcclé depuis long-temps d'une 0\iigne granulée, il a
plusieurs frères, dont il est le plus jeune, et tous ont eu la même maladie, mais à un degré bien moindre.
Chez celui-ci, la Teigne dont il s'agit a commencé par une très-forte démangeaison. L'enfant s'est gratté avec
violence, pour éteindre celte sensation douloureuse. Alors le cuir chevelu s'est excorié. IJes croûtes brunes se
sont bientôt formées sur cette partie de la tète. Ces croûtes sont devenues épaisses, rugiu-uses et granulées;
elles sont séparées par des intervalles: elles se brisent facilement sous le doigt, lorsqu'elles ne sont point
abreuvées par le pusj et (|uand on les froisse, elles s'enlèvent du euir che\ehi j)ar fragniens inégaux, ronds
et plus ou moins volumineux. D'autres Ibis, elles adhèrent avec une telle force, et elles sont ai sèches et si
dures, qu'on ne peut parvenir à les détacher. On diroit qu'elles ont la ténacité du plâtre aj)pliqué sur les
murailles. Lorsque la tète suppure, la matière de l'ulcération suit le trajet dos cheveux, et forme, dans quelques
circonstances, des croûtes étendues d'une surface assez uniiorme. A la partie supérieure de la tèle, où la
maladie est plus intense , le cuir chevelu est tuméfié et éraillé. Cette Teigne n'a point l'odeur fétide des
précédentes.
Qiiafrième Obsermiion. — Angélique Brunei étoit âgée de dix-huit ans, bien réglée; elle étoit douée d'un
tempérament bilieux, et jouissoit d'ailleurs d'une très-bonne santé. Il j a environ dix-huit mois, qu'on se
faisant peigner, elle sentit qu'on lui excorioit la tète. Il survint, sur cette partie de la tète, quelques légères
croûtes qui ne tardèrent pas à disparoître ; mais bientôt après, par des circonstances fâcheuses, ayant négligé
les soins de propreté, el ressenti beaucoup de chagrin par la mort de sa mère, elle éprouva une Teigne granulée,
qui se nuinifesla d'abord vers la partie moyenne et supérieure de lalète, et s'étendit ensuite à la partie
inférieure de cet organe. Les croûtes étoient d'une couleur brune, et très-sèclies. Dans un seul endroit, il y
avoit une exsudation de matière ichoreuse, qui n'avoit pas lieu dans certains jours. Ces mêmes croûtes dont
j'ai parlé, étoient d'ailleurs petites, de forme lenticulaire, très-friables, coHées aux ciieveux, qu'elles tenoient
fortement appliqués les uns aux autres. Le cuir chevelu étoit épaissi et très-irrité.
Cinquième Observation. —Rose Merville, ayant atteint sa douzième année, ayant la peau brune, les yeux
el les cheveux très-noirs, avoit éprouvé la gourme à deux ans, et la petite vérole à liuit. Depuis six mois ^ elle
est attaquée de l'affection suivante : croûtes proéminentes, granulées, isolées, inégales, d'un brun légèrement
vcrdàtre, sous lesquelles le cuir chevelu fournit une humeur épaisse; prurit continuel, qui s'augmente par
la présence d'un grand nombre de poux. Les parens attribuent cette érupliou à l'usage d'un poigne mal-propre ;
ils prétendent observer, que lorsque la Teigne est plus sèche que de coutume, et qu'il ne se lait aucune exsudation
par la lèle, les urines sont chargées et très-fétides. Ce fait, du reste, est analogue à d'autres que j'ai eu
occasion d'observer dans l'intérieur de l'hôpital Saint-Louis.
Si-xiUme Observation. — Jean Leroux, âge de six ans, est aOecte, depuis quinze mois, d'une Teigne granulée,
laquelle se complique d'une dartre squammeuse, répandue dans différentes parties du corps. Ces deux
maladies lui sont survenues pendant (jiril étoit confié aux soins d'une nourrice mal-saine. (Ses frères, tous
nourris par leur propre mère, n'ont jamais eu aucune affection de la peau. ) La tête do celui-ci est en partie
couverte de croûtes d'un blanc grisâtre, très-minces depuis qu'on lui appli([ue la calotte; car, auparavant,
elles étoient fort épaisses, arrondies, bosselées, abreuvées d'un litiuide ichoreux. Los deux oreilles et les
deux lempes sont couvertes de <larlres vives d'où s'écoule beaucoup de sérosité fétide. Le corps est parsemé de
petits boutons très-nombreux , sur-tout aux épaules, il est des temps où ils disparoissenl presqu'enlièremenl
; alors ils sont remplacés par dos écailles qui s'enlèvent facilement , cl la maladie se dissipe ainsi
pour se manifester bientôt avec la même intensité qu'auparavant. Le malade éprouve lanl à la tète que
sur les autres endroits du corps une démangeaison que les bains même ne peuvenl appaiser ; et lorscju'il se
gratte avec l'avidité que nécessite la force du prurit qui le tourmente, ses ongles sont baignés de san".
X. Que doit-on conclure des observations ci-dessus énoncées? Ne prouvent-elles pas dl''iu..n. e manière irréfragable
que la Teigne granulée a des caractères conslans qui la séparent de la Teigne faveiise, |)uis(iu'elle
en différé i la fois, et par la forme, et par l a couleur, el par beaucoup d'auti-es phénomènes ? Après t;.ul de
'-'anee, quel palliologiste pourroil encore les confondre ? Qtu lques anciens et quelques moé,
du reste, cette distincliou, quoiqu'ils ne l'aient ni établie ni exprimée convenablement.
traits de dissembl
dcrnes ont marq