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xvilj DI S C O U R S
assez sérieuse du travail pariiculier de la nature dans les Maladies cutanées. Rien sans doute
n'étonne davantage l'imagination, que cette marche régulière et unilbrmc que suivent la plupart
des exanthèmes à mesure qu'ils se développent j que ce tumulte qui s'excite sur la peau ,
par la simple insertion d'un virus contagieux-, que les secousses extraordinaires que subit cette
enveloppe, lorsqu'elle se convertit en boutons, en pustules, en croûtes, en lamelles l'urfuracées.
Deux mouvemens très-remarquables semblent généralement présider à cet étonnant
phénomène ; l'un se passe dans le système vasculaire, l'autre dans le système dermoïde. Souvent
rien n'est plus difficile à reconnoiti'e que les progrès merveilleux de cette coction morbifîque,
sur - tout pour des yeux inexpérimentés. Quand la peau est sèche et rugueuse, elle
annonce que l'éruption est encore dans sa crudité ; quand la peau est douce, et que les urines
ainsi que les autres excrétions sont chargées, la maladie touche à son déclin. Dans quelques maladies
cutanées, comme, par exemple, dans la Petite-Vérole, la peau ressuscitée d'un premier
naufrage, est exposée à un second danger, et court encore de nouveaux hasards. C'est ce qui
arrive principalement quand des pustules, dispersées ç;\ et là sur toute la surface du corps,
subissent une suppuration laborieuse et prolongée. Quelles précautions ne faut-il pas prendre
alors, pour préserver les viscères de ces foyers impurs! Ce que nous venons de dire des exanthèmes
aigus, peut se dire également des exanthèmes chroniques, parce que la plus grande
analogie existe entre ces deux genres d'affection. E n eflet, quoique ces derniers perpétuent
leur irritation pendant plusieurs années, ils ont cependant une période de crudité, dont tous
les phénomènes se déroulent aux yeux de l'observateur qui a la patience de les contempler.
Pendant toute cette période, les tumeurs de la peau ont une dureté particulière, qui n'offre
aucun signe de terminaison. Cependant, après un long intervalle, il survient un changement
heureux : la rougeur diminue, les tumeurs s'afliiissent, les ulcérations s'améliorent, et il se
déclare des symptômes qui annoncent que véritablement l'acte de la coction est terminé. Il en
est donc des maladies chroniques comme de tant d'autres phénomènes que la nature n'exécute
qu'avec une extrême lenteur, parce que le temps n'est rien pour elle , et qu'elle compte
à peine les siècles pour l'accomplissement de ses desseins.
§. XLÏ I . La naissance et le développement des affections cutanées, s'opèrent constamment
d'après les mêmes lois -, mais il n'en est pas ainsi de leur solution. Des mouvemens funestes à
l'économie animale peuvent succéder à des mouvemens qui avoient été d'abord salutaires,
comme cela s'observe quekiuefois dans plusieurs Dartres rongeantes, dans certaines espèces
de Lèpre, dans l'Éléphantiasis, etc. Dès-lors il n'y a plus rien à espérer de la nature , qui
n'exécutant aucun elfort heureux, finit par se nui r e à e l le-même, et se consume par sa propre
activité. Si la dégénération est concentrée, comme dans le Cancer , on peut sans doute recourir
au feu ou à l'instrument tranchant ; mais si elle gagne les viscères intérieurs les plus essentiels
à la vie , les symptômes empirent et deviennent formidables par leur ténacité ; tous les usages
de la peau sont interceptés , et l'organisation entière est envahie par la matière de son infection.
Le marasme, le scorbut, l'anasarque, etc. viennent compliipicr une aussi fatale catastrophe
: les malades succombent au milieu des horreurs et des tourmens inexprimables de la
fièvre hectique.
§. XLI I I . Ne voit-on pas déjà combien il est utile pour le Médecin clinique , de suivre la
nature dans ses opérations, pour apprendre à imiter ou à diriger sa marche? Mais une autre
considération s'est présentée à moi dans le cours de mes recherches sur le traitement des Maladies
cutanées. En méditant avec proibndeur sur cette intéressante matière, je n'ai pu méconnoitre
le rôle avantageux que jouent la plupart de ces maladies pour la conservation humaine.
Semblables aux orages de funivers, qui purgent l'atmosphère en la troublant , elles sont envisagées,
par le Pathologiste éclairé, comme des fermens purificateurs qui délivrent le corps vivant
de quelque substance ennemie. Le vulgaire lui-même est souvent averti de celte vérité physiologique
, par le spectacle fréquent des accidens qui succèdent à la suppression trop prompte
P R É L I M I N A I R E .
de certaines affections dartreuses ; et personne n'ignore les vives alarmes (ju'll témoigne, lorsqu'on
fait des efforts pour en opérer la guérison. La peau devient donc, dans plusieurs circonstances,
un centre de fluxion, qui fixe en quelque sorte le destin de l'économie entière. Un
homme éprouvoit un catarrhe chronique de la vessie ; il en fut délivré par une éruption herpétique,
qui se manifesta dans la main droite. Un littérateur cessa d'éprouver les accès d'une aliénation
mentale, à laquelle il étoit sujet depuis trois ans, aussi-tôt qu'une Dartre squammeuse
se fut déclarée sur le cuir chevelu. M. Strambio observe que les individus atteints de la
Pélagre, sont exempts des autres maladies régnantes. Lorry dit avoir vu des Glandes squirreuses
diminuer considérablement de volume, par un exanthème inattendu. Mais le (ait le
plus remarquable, est celui d'une femme tourmentée par des douleurs lancinantes dans la
région de futérus, qui lui faisoient redouter l'invasion très-prochaine du Cancer. A l'âge de
retour, le système dermoïde a été universellement atteint d'une exfoliation furfuracée, et les
symptômes intérieurs se sont dès-lors évanouis. Le fait suivant mérite une attention très-particulière.
Un vieillard qui , dans sa jeunesse , avoit vécu dans le luxe et les grandeurs, et (¡ui
s'étoit immodérément livré aux liqueurs spiritueuses, étoit en proie, depuis l'âge iuùr,aux
paroxysmes d'une goutte violente, dont aucun procédé de l'art n'avoit pu pallier les tourmens.
Près de huit mois de l'année étoient presqu'inlructueusement enq>loyés à combattre les
dégoùls,les nausées, le long supplice des insomnies, les spasmes nerveux, les catarrhes réitérés
de la membrane nnujueuse gutturale, la présence de vents dans le conduit intestinal, la constipation
, l'embarras du flux des urines, les phlegmasies chroniques des entrailles irritées, et surtout
la sensation horrible d'une sorte de dccliirement dans les ligamens des pieds et des genoux,
symptôme si fréquent dans le cours de cette désolante maladie. Métamorphose surprenante ;
tant d'accidens qui se succédoient et s'enchainoient pour ainsi dire réciproquement, disparurent
d'une manière soudaine à fépoque fameuse où les troubles politiques commencèrent
à agiter la France. Cet individu, doublement malheureux, perdit sa Ibrlune et ses dignités; et
le vif chagrin qu'il en éprouva, produisit un changement incompréhensible dans son existence
physique. Il cessa de souffrir ; mais tout son corps fut recouvert d'une éruption écailleuse dont
l'aspect étoit hideux et repoussant : il perdit l'usage de ses doigts, qui étoient comme enduits
d'une concrétion tophacée. Dès-lors plus de douleurs internes ; les fonctions des viscères
reprirent le calme et la vigueur de la santé; l'appétit étoit vorace, et les digestions s'effectuoient
avec une régularité inaltérable. Ce ne fut pas sans péril qu'on essaya, quelque temps après, de
faire disparoitre cette alléction cutanée, par divers topiques qu'il seroit trop long de rajipeler.
On observa qu'à mesure que le système dermoïde se nettoyoit et se purgeoit de la matière
arthriti([ue, qui paroissoit s'y être déposée, le bas-ventre se tuméfioit, et que la poitrine surtout
éprouvoit une anxiété sullbcante. On renonça aussi-tôt au projet qu'on avoit conçu de le
guérir. Il semble donc qu'au milieu de cette association admirable de systèmes organiques,
l'équilibre ne se maintienne que lorsque les uns servent, pour ainsi dire, d'émonctoire aux
autres ; la peau sur-tout est l'organe que la nature choisit de prélerence pour l'accomplissement
des crises (|ui suivent la solution des maladies chroniques. .le connois un ouvrier qui a
échappé aux progrès de la Pluhisie pulmonaire, par une Dartre miliaire qui lui couvre la totalité
de la lace. L'ingénieux Bâillon , ce praticien d'immortelle mémoire, qui rappela dans les
murs de Paris les beaux jours de la Médecine grecque, avoit profondément médité sur ce
phénomène, et en tiroit des principes de la plus haute conséquence.
§. XLIV. Qu'on réfléchisse maintenant aux précautions sages que réclame la thérapeutique
des maladies cutanées. Aussi ce n'est c|u'après m'ètre long-temps livré à ces méditations préliminaires
, que j'ai entrepris, avec quelques succès, différens essais d e traitement. J e déclare dOnc
avec cette assurance, ou pour mieux dire avec cette sorte d'autorité que me donne une longue
application sur des objets aussi intéressans, qu'aucune partie de l'art n'offroit plus d'erreurs à
détruire. Quels obstacles n'opposoit [loint à ses progrès , l'absurde doctrine des médicamens
prétendus spécifiques, qui n'est que trop consolidée par les préjugés les plus anciens ? Mais,
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