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et qui jaunit en s épaississant; clans certains cas, ce fluide aqueux est promptement résorbé. Quelquefois, comme dans
la psoride papiileuse, ce sont de simples élevures, irrégulièrement répandues et à peine visibles, qui sont accompagnées
du plus violent prurit. Il en est qui forment de petites tumeurs circonscrites, à base dure, circulaire, enflammée,
qui tournent à une suppuration lente mais complète, comme daas la psoride crustacée.
DCCXCIX. On voit toutes ces éruptions se terminer en général par de petites exfoliations de l'épiderme, par de
petites écailles opaques ou transparentes ; quelquefois par des croûtes qui couvrent des ulcérations plus ou moins
superficielles. A ces ulcérations succèdent parfois des stigmates ou des pétéchies livides. J'aurai occasion de revenir
sur ces caractères spéciaux qui signalent le genre des psorides.
DCCC. Quelle que soit l'irritation occasionnée par la présencedes psorides, il est rare que ces maladies excitent une
rougeur considérable sur la périphérie de la peau, comme il arrive dans les efflorescences fébriles plus communément
désignées sous le nom (^exanthèmes. Dans la psoride papuleuse, par exemple, on n'en observe pas la momdre trace;
quand ou gratte ou qu'on écorche le sommet des papules, on n'en fait jaillir qu'un peu de sérosité sanguine, simple
résultat de la déchirure des tégumens. Le développement des poux sous l'épiderme de certains malades produit
pareillement un malaise qui n'est jamais assez puissant pour provoquer les phénomènes de l'inflammalion, ou pour
déterminer une suppuration véritable; d'ailleurs cette maladie a principalement lieu à l'époque de la vie où le
système cutané a perdu toute son énergie et son activité.
DCCCI. On verra dans le cours de cette dissertation, que chaque espèce de maladie prurigineuse a, pom- ainsi
tlii-e, son mode particulier de distribution à la surface de la peau; et c'est d'après ce mode de distribution, qu'elles
produisent des irritations plus ou moins prolongées, plus ou moins incommodes. On verra par les descriptions exactes
que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs, que la psoride pustuleuse se montre principalement dans les
intervalles des doigts, sous les aisselles, au pli des jarrets, etc.; que la psoride papuleuse éclate principalement
derrière les épaules, où elle détermine une si vive irritation, qu'il est impossible de vaincre ce genre de souffrance;
on verra enfin que la psoride crustacée a lieu à la partie externe des cuisses et des jambes. Dans quelques occasions,
ou la voit néanmoins se manifester aux bras et aux avant-bras.
DCCCII. Les psorides dont je vais donner l'histoire ne sont pas seulement des maladies fréquentes dans les
grandes villes et propres au cercle de notre civflisation; des voyageurs dignes de foi ont remarqué que les sauvages y
étoient particulièrement sujets. Dans les forêts de la Guyane, les tribus qui forment leurs établissemens au milieu
des marécages et qui vivent dans une saleté dégoûtante sont très-fréquemment sujettes soit à la psoride pnstulusc, soit
•lia psoride papuleuse, maladies qu'ellesexaspèrent très-souvent par une médecine empirique, ou qu'elles parviennent
à guérir par des plantes dont l'expérience leur a révélé les propriétés. M. de Préfontaine avoit fait des remarques
très-curieuses sur les races indiennes qui sont particulièrement sujettes aux maladies cutanées.
DCCCllI. Les correspondances que j'ai établies avec les médecins qui pratiquent leur art dans les campagnes les
plus isolées, et particulièrement dans la Basse-Bretagne, m'ont fourni aussi quelques renseignomens précieux à ce
sujet. On sait, par exemple, qu'il existe depuis un temps immémorial une gale qui est, dit-on, héréditaire dans
la commune de Plouquernével, ainsi que dans celles de Plouveney et de Goarec; on y rencontre des familles entières
d'individus qui, de génération en génération, en sont constamment atteints. Je discuterai ce point plus J>as, lorsque
je traiterai des causes qui influent le plus directement sur la production des maladies psoriques.
DCCCIV. Ces mêmes affections se montrent aussi très-fréquemment chez les animaux domestiques. Le cheval,
si utile à l'homme, le chien fidèle, le chat, hôte auxiliaire qui purge nos maisons des êtres les plus incommodes, les
moutons mal nourris, etc., présentent quelquefois les symptômes de la psoride papuleuse dans toute leur intensité.
Les différentes sociétés établies pour les progrès de l'agriculture et de l'économie rurale, rassemblent journellement
à ce sujet les observations les plus remarquables.
DCCCV. Je ne traiterai ici cpie des psorides qui attaquent l'espèce humaine; c'est après les avoir long-temps
étudiées dans l'intérieur des hôpiUiux et dans les différentes classes de la société, que je crois devoir ranger leurs
phénomènes caractéristiques sous trois chefs principaux. En exposant d'une manière successive les symptômes de la
psoride pustuleuse, de la psoride papuleuse et de la psoride crustacée, on voit que je ne m'écarte jamais de la méthode
que j'ai adoptée dans cet ouvrage, qui est de grouper les maladies qui s'appartiennent par le plus grand nombre de
rapports. C'est en vérité sans fiel, mais c'est avec étonnemcnt, que nous avons vu quelques hommes se montrer contraires
à cette marche, qui est si favorable au progrès de notre art, et nous combattre par des objections que je ne
puis sérieusement réfuter.
DCCCVI. Je suis sur le théâtre de l'observation, et j'avoue que je ne saurois m'entendre avec ces spéculateurs de
cabinet, qui donnent pour des résultats certains les conceptions imaginaires de leur cerveau. Pour classer les accidens
de la nature malade, de quoi nous serviroit le faste des mots et l'arrangement symétrique d'un brillant système.
C'est la vérité des choses et non l'éclat des paroles stériles qui peut satisfaire les observateurs.
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