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„^(j M A L A D I E S D E L A P E A U .
petite dcaille. L e siege des ijoutons étoit d'aboi il sur les coudes et les genoux ; de là , eette affection s est étendue aux
a v a n t - b r a s , aux bi-as et aux cuisses. Elle a ensuite envalii le t ronc , le co l , le der r ière des oreilles. L e visage en
étoit exempt . Le s petits boutons enllammés, en augment ant d'étendue, se sont réunis dans plusieur s endro i t s , et ont
formé les plaques que nous avons décrites plus haut . De nouveaux point s rouges se manifestent de t emps à autres
et suivent la mcine marche. Ils se réunissent aux plaques anciennes, ou en forment de nouvelles par fai tement isolées.
Nem'ième observation. — \oïci un fait recueilli, il y a fort long- t emps , par M. Fauche , l'un de mes autres elèves.
Joan-Bapriste Ri cha rd, âge tie treize ans , eCoit ne à Pa r i s , de parens ignorés. Il lut atteint du s c o r but , dont il fut fort
bien guéri à l'hô])ital des Enfans -Maladcs . Peu de temps après , retenu dans son lit pour des engelures aux p i eds , il
lui survint spontanément et sans cause connue, de petits boutons par tout le co rp s , avec ini aspect tout -à- fai t ana -
logue à celui de la gale pustuleuse. Ces boutons se crevèrent et donnèrent lieu à la format ion de croûtes squammeus e s ,
bos selées , inégales. Ces bout ons , inégalement r épandus sur toute la sur face du c o r p s , étoient tantôt i solés , tantôt
r approchés , au point souvent de se confondre et de ne pouvoir être plus distingués. Il y avoit chez cet enfant des
démangeai sons assez vives , qu'on pouvoit prendre pour la gale. Le s orei l les , les br a s , les poignet s , les intervalles des
doigts étoient af fectés , ce qui eut pu donner lieu à une mépr ise complète sur la nature de la maladie.
Dixicme ohsen-ation. — Nous avons vu la psor ide crustacée se développer spont anément chez un enfant qui n'avoiL
que trois mois. Le s boutons étoient volumineux et d'un rouge amaranthe. Ils formoient par leur agglomér at ion des
pl aques , qui étoient r épandues çà et là sur tout le corps. Pour guér ir cet enfant , on mit en us age une p omma de , qui
ne fit que conti-ibuer au développement des boutons . Ils conservoient la couleur de la p e au, et offroient une ampoule
très-développée, d'où s'échappoit une mat ière opaque et tout-à-làit pur iforme. L a dessiccation n e t a r d o i t p a s à s'opérer.
Onzième ohsen-ation. — M. J annin de Besançon a recueilli le fait suivant : chez un adul t e , d'un tempér ament sang
uin. d'une forte cons t i tut ion, ces plaques, a r rondies , circonscr ites , pr o éminent e s , du diamèt re d'environ deux l ignes ,
occupoient une gr ande partie du tronc ; elles étoient couvertes de squames qui adhéroient for tement à la peau. Lemsur
f a c e , gr i s â t r e , étoit parsemée de petits point s r oug e s , occasionés par le développement et l'injection du sys tème
capillaire sous-cutané. La peau étoit rougeàt re et rugueuse; il y avoit des desquama t ions successives de l'épiderme.
Il restoit des taches violettes quand les boutons avoient di sparu.
Douzième observation. — Ce qui prouve que la psor ide crustacée se di s t ingue par des caractères positifs et immuabl
e s , ce sont les diverses obseiTations recueillies en divers t emp s p a r les nombr eux élèves qui ont f réquenté
l'hôpital Saint -Loui s . En voici une qui date de vingt ans , et consei'vée par M. Cagnon : Gr o smeni l , iîgé de soixante-dix
an s , étoit un ivrogne de profession. II habitoit des lieux ba s et humide s , et s 'abandonnoi t à la plus vile crapule. 11 se
présenta un jour à nous avec de larges plaques croùteuses répandues sur l'enveloppe cutanée, mais sur tout sur les
régions ma s toïdienne , pectorale et dorsale. Var iant par leur forme et leur g r andeur , la base sur laquelle reposoient
ces croûtes étoit rouge et enflammée. L e sommet des boutons présentoit une pet ite vés icule, remplie d'un liquide
plus ou moins épais et j aunâ t r e; l'exsiccation des boutons s'effectudit avec prompt i tude.
DCCCXXI . Ces douze observat ions suffisent incontestablement pour établir l'existence et le caractère .^particulier
de la psor ide crustacée. Le s mépr ises f réquentes qui ont eu lieu, et les point s de res semblance qu'on lui t rouve avec la
gale, prouvent également qu'elle se rattache au groupe des psor ides . Nous allons maintenant considérer le genre sous un
point de vue général.
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SECONDE PARTIE.
Des f a i l s relatifs à l'histoire générale des Psorides,
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DCCCXXI I . Telle est l'identité apparente des trois espèces C[ ui composent mon genre des psor ides , qu'au sein même
des hôpi taux où elles se présentent en si graj id nombr e , il arrive journellement qu'elles soient classées de la manière
la plus arbitraire. Après avoir retracé pour chacune d'elles l'enscmbie des signes qui les spécifient individuellement,
j e crois utile de présenter un aperçu r apide des traits génér aux qui établissent la phys ionomie, si je puis m'cxprimer
a ins i , du genre lui -même, pour venir ensuite à l'appréciation des caractères distinctifs de chacune des trois espèces ,
dans l'article où j e traiterai de leur diagnostic. Ces rapprochemens ne faciliteront pas seulement leur étude comparative,
ils nous serviront encore à fixer les modilications que celle-ci doit int roduire dans la thérapeutique.
ARTICLE PREMIER.
Des Phénomènes généraux qui caractérisent la marche des Psoi'ïdes. m
DC C C X X I I I .Un phénomène commun aux trois espèces de psor ides , et le plus général par conséquent , puisqu'il existe
toujour s dans une nuance diver sement t r anchée, c'est incontestablement le prur it avec ses formes particulières de
continuité plus ou moins sout enue, ou de rémittence. Il n'y a p eut - ê t r e pas d'affection cut anée, qu'elle smve le
mo de a igu ou le mo de chronique , qui ne présente ce s ymp t ôme , pour ainsi di r e , inévitable; tant le réseau ner -
veux de la p e au, que d'ingénieux physiologistes ont nommé l'épanouissement, ou les feuilles de l'arbre scnsitif, es t , à
cause de sa dél icates se, suscept ible de s'altérer p a r les causes les plus légères. C'est dans les psor ides qu'il paroît
atteindre le summum de sitsceptibilité, et le symptôme dont j e pa r l e , qui les confond pour l'observateur vulgai re,
est pour tant aux yeux du praticien exer cé, le trait caractéristique qui les di s t ingue; mais le premier r ega rde et voit
les objets en ma s s e , le second compare et analyse.
DC C CXXIV. L a forme de l'éruption, dans cliacune des trois espèces de psor ides , a aussi quelque chose il'analogue, qui
permet , jusqu'à un cer tain p o int , de les confondr e entre elles. Dans toutes , on observe des boutons qui , après s'être
terminés p a r suppur a t ion, ou avoir été excoriés par les ongles des ma l ade s , donnent lieu à des croûtes furf'uracées
plus ou moins épai s ses , qui tombent bientôt , laissant à leur place des taches ou des cicatrices plus ou moins durables.
On a vu l'humem- séreuse ou purulente que renferment ces boutons acquérir une causticité qui corrodoit la peau
et y détermiuoit des ulcérations profondes .
DC C C X XV. Si les régions de l'enveloppe tégumentaire oii se manifes tent ordinairement les éruptions qui const ituent
les psor ides , ont tpielque ehosc de spécial pour chacune d'elles, il e s t , à cet éga rd, un caractère commun à toutes , c'est
de respecter également le visage. On u'a pas assez r ema rqué cette loi de physiologie pathologique, qui as s igne, en
quelque so r t e , un genre particulier de maladie à chaque partie du corps vivant , suivant ses degrés propres d'énergie
vitale ou d'activité sensitive. C'est a ins i , pour ne pas sortir de notre point de compar ai son, que l'érysipèle attaque plus
f réquemment la face, le cancer, le pour tour des lèvres et les autres par t ies où le système nerveux p r édomine , et que
les psor ides , sauf l'exception pour la qualité contagieuse de l'espèce pusni leus e, t roublant beaucoup mo ins , en génér al ,
l'ensemble de l 'économie, occupent aussi des points de la surface tégiimentaire dont les sympathies sont moins étendues
ou moins impor tantes,
DCCCXXV 1. Il ne faut point chercher ailleurs l'explication d'un autre caractère commun à toutes les psorides qui est de
ne jamais provoquer la réaction fébr ile, à moins qu'elles ne soient inlluencées p a r quelque complication plus ou moins
g r a ve , qui les rend toujour s presque niéeonnoissables. On trouve certainement dans ce fait un argument bien fort
contre les pathologistes qui veulent réuni r dans la même ét iologie, et par suite rattacher aux mêmes méthodes de traitement
les exanthèmes aigus et les exanthèmes chroniques. Le s p r emi e r s , dont le siège paroît être le sys tème cap,llan-e
du réseau muqueux , s'accompagnent rarement de démangeaison ou de douleurs vives, et provoquent ne anmoni s , dans
tous les cas , une réaction fébrile intense; tandis que les s e conds , dont le siège semble être sur tout le sys tème exhalant
excitent un prur i t a f f r eux , des cuissons et des ardeur s intolérables sans réact ion, la plupar t du temps, du sys tème
circulatoire. N'y a-t-ll pas dans cette disposition contradictoire quelque obstacle à cette unité de p rmo p e s qu'on voudroit
établir dans la pathologie.^
^.CXXVII. Ce que les psor ides ont encore de génér a l , c'est une opiniâtreté, une sorte de ténacité qui s'oppose a ce
s se terminent d'une manière spontanée; mais qui les por te plutôt à s'accroître, à s'aggraver sans ces.,e. J a . vu
DC C C X XV
qu'elles
des familles entières dans ces tristes réduits qu'habite l'indigence, consumées lentement par les ems sons dévorantes
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