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M A L A D I E S D E L A P E A U . 5
E S P È C E DEUXIÈME.
T E I G N E GHANULÉE. T I N B A granulata. Planche IT.
Teigne (lont les croûtes forment des petits tubercules ou des grains d'uue couleur laïuôi grise , tantôt brunâtre , d'une figure
très-irrc'gulière et très-inégale. Ces tubercules ou grains n'ont ni excavation ni enfouceineni à leur sommet ; ce qui les distingue
nunifcsteuient de l'espèce précédente.
T A B L E A U DE LA T E I G N E GRANULÉE.
VIII. L A Teigne granulée n'envabit pas ordinairement un aussi grand espace de cuir chevelu que la Teigne
favcusc; le plus souvent, elle se place à la partie supérieure et postérieure de la tòte. Elle se compose de petites
croûtes brunes ou d'un gris obscur, ressemblant quelquefois à des fragmens de mortier grossièrement brisé,
ou à du plâtre tombé des murs et sali par rbumidité et la poussière. Ces granulations n'ont, dans aucun cas,
leur surface creusée en godet. Elles sont bosselées, anguleuses par leurs bords, comme les semences de certaines
plantes; en un mot , d'une irrégularité extrême. Souvent elles sont très-dures, et ont une consistance comme
pierreuse que les cataplasmes ne peuvent ramollir.
Comme le cuir chevelu des enfans, hérissé de ces tubercules, présente des aspérités considérables au toucher
, nous l'avions d'abord désignée sous le titre de Teigne rugueuse, de concert avec M. Gal lot, médecin trèsrecommandable
, qui a suivi loug-temps mes leçons cliniques à l'hôpital Saint-Louis. Mais celte dénomination
est bien vague. Celle de Teigne granulée, que j'ai cru devoir adopter eu dernier lieu, est plus conveuable
pour exprimer le genre d'affection que j e me propose de faire connoître. Le peuple appelle vulgairement galons,
ces tubercules croùteux épars sur la région postérieure de la tète.
Ces boutons, qui sont d'ordinaire assez distans les uns des autres, ne sont point aussi profondément enchâssés
dans le système dermoide que ceux de la Teigne faveuse; mais ils sont quelquefois environnés, comme dans
celle-ci, d'une assez grande quantité d'écaillés minces, sèches et furfuracées, lesquelles ne sont ici qu'un symptôme
accessoire provenant de l'irritation du cuir chevelu.
La Teigne granulée a une odeur nauséabonde qui se rapproche beaucoup du beurre ranci, et qtielquefois du
lait qui commence à se putréfier. Cette odeur est particulièrement sensible, quand les croiites sont encore
humides, et qu'il s'opère un suintement considérable à la surface de la tète; mais elle disparoît à mesure que
ces mêmes croûtes arrivent à une exsiccation complète et acquièrent une dureté qui les fait ressembler à une
matière gypseuse ou crétacée.
Les démangeaisons produites par la Teigne granulée sont très-vives. Quand on sépare les croûtes du cuir
chevelu, les endroits qu'elles occupoient, restent rouges et érythémalcux. Ils sont lisses et pol is, souvent tuméliés.
On appcrçoit çà et là de très-petits abcès blanchâtres qui ne dépassent pas le niveau de la peau, et qui fournissent
un liquide visqueux, incolore, peu abondant, ou un pus blanchâtre qui s'épaissit, se dessèche par le
contact de l 'air, et fait ainsi renaître des croûtes nouvelles absolument analogues par leur forme et leur couletir
à celles qui sont déjà tombées.
L a Teigne granulée n'est guère susceptible d'attaquer les diverses parties du corps, comme le favus ; elle
peut tout au plus atteindre le visage. Je l'ai vue, dans certains cas, occuper le front près des cheveux, les
sourcils et les parties latérales du nez, ce qui néamnoins est fort rare. Je remarquerai en outre que cette
maladie est peu familière aux adultes. Je l'ai cependant observée chez deux jeunes filles qui avoient déjà passé
l'époque de la puberté.
Observations relatwcs à la Teigne granulée.
IX. Première Observation. — Adélaïde Bonne, âgée de quatre ans, d'un tempérament mélancolique, ayant
la peau brune, née ù Paris de parens inconnus, eut la petite-vérole, et n'éprouva pas de gourme dans les premiers
mois de sa naissance. Elle a été atteinte, à l'hôpital Saint-Louis, d'une affection du cuir chevelu qui
préscntoit les caractères suivans : croûtes d'un gris-brunàtre, spécialement fixées au sommet de la tòte et à la
partie postérieure du col. Ces croûtes, tantôt isolées, tantôt rapprochées et pour ainsi dire confondues, inégales
et irrégiilières dans leur forme, ressembloiont à des fragmens de mortier noirci. II y avoit des grains de cette
matière collés et pour ainsi dire suspendus à la partie moyenne ou supérieure des cheveux. Dans les autres
endroits de la tôle se remarquoient des écailles ou des croûtes minces. Au bas de l'occipital, il suinloit une
humeur visqueuse qui colloit les cheveux. Son odeur éloit fade comme du lait ou du fromage gâté, mais n'avoit
aucune analogie avec celle du favus.
Deuxième Obsermtion. — Une autre petite fille, âgée de sept ans et demi, d'un tempérament bilieux, ayant
des cheveux châtains tirant sur le noir, la peau brune et sèche, jouissant d'ailleurs de la meilleure santé.
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