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M A L A D I E s D E 1 A P E A U. 166
PREMIÈRE PARTIE.
FAITS relatifs à lliisloire particulière des Pians.
ESPÈCE PREMIÈRE.
P I A N RUBOÏDE. FRAMSOESIA batoïdcs. Planche XXXV.
. P i a n , so manifestant sur iine ou plusieurs parties des légumcns, far des excroissnnros composées de petits lobules granuliîs i
qui rcndenl une humeur ichoreusc et d'un vert ¡aunitrc, qui pullulent et se développent à la manière des fraises oa des framboises,
dont elles ont la lorme, la couleur et très-souvent le volume. Cette maladie contagieuse n'attaque communément que les Nègres :
elle est plus rare chez l(^s Blancs.
OBS. C'est sans raison que plusieurs Kosologistes ont voulu établir des différences eutre le Pian d'Amérique, proprement dit, et l'Yaws
endémique dans la Guinée. Ces maladies sont absolument identiques et ne sont que légèrement modifiées par les influences du climat. C'est
au Pian roboïde qu'il faut pareillement rapporter l'affcclion connue sous le nom de Sibbens ou Siwens, apportée en Ecosse dans le temps
de Cromwel par les soldats qu'il y mit en garnison. Oti peut consulter la relation de Gilclirist, publiée dans le troisième volume des
Essais physiques et littéraires d'Edimbourg, yln Account of a very infections distemper prevailing in many places , etc. Cette maladie
présente pour symptôme extérieur des tubercules spongieux qui ressemblent à des fraises. Quand ces turbercules sont totalement formés,
ils s'enfoncent très-profondément dans la chair qui paroît excavéc tout exprès pour les recevoir. Ils sont fréquemuient recouverts par des
croûtes noires dont la surface à beaucoup d'aspérité. Ce qui rapproche sur-tout le Pian ruboïde où l'Yaws de Guinée du Sibbens écossais
ce sont des éruptions verruqueuses qui souillent le visage et qui ont la plus grande analogie avec les pustules de la petite vérole, lorsqu'elle
. est parvenue à sou entier développement. Elles sont accompagnées de cbaleur et de tuméfactiou, de manière que les yeux en sont quelquefois
fermes.
TABLEAU DU PIAN RUBOÏDE»
D I I I . Je vais décrire le Pian ruboïde, ici que j'ai pu l'observer à Paris, sur un individu qui a été longtemps
sous mes yeux. J'ajouterai ensuite à ce tableau, les traits recueillis par des voyageurs sincères et véridiques.
Le Pian d'Aracriquc ou Yaws d'Afrique est aussi très-communément désigné par les médecins sous le nom de
framboesia, à cause de la ressemblance qu'on a cru trouver entre ses pustules et les fruits rouges du framboisier;
il est appelé gatloo par les Nègi-es de la Guinée. 11 peut attaquer les différentes parties du corps, particulièrement
le cuir chevelu, les oreilles, les lùvres, le visage, les aines, les aisselles, les organes de la génération, etc.,
telle étoit du moins la maladie dont j'ai été le témoin, et dont je consignerai ici l'iiistoire fîdelle.
Le Pian se déclare par l'éruption d'une multitude de petites pustules granulées et fongueuses, qui croissent
successivement et s'élèvent considérablement au-dessus du niveau de la peau. Ces pustules rougeâtres ou d'un
violet foncé sont tantôt isolées, tantôt réunies au nombre de deux ou trois. Des intei'valles des grains qui les
forment, s'échappe continuellement une humeur ichoreuse d'un jaune nuancé de vert, d'une consistance gluante
et visqueuse. Si cette humeur séjourne long-temps sur ces excroissances, elle devient d'une puanteur excessive ;
les malades éprouvent des démangeaisons et une sorte de tension dans la totalité des tégumens.
Lorsque le Pian ruboïde commence i\ se manifester, on apperçoit d'abord sur la périphérie du système dermoïde,
quelques maculatures ou taches assez semblables dans leur origine à des piqûres légères de puces; à
ces taches, succèdent bientôt des végétations ou éminences qui par leur aspect, simulent des framboises ou
des mûres. Dans certaines circonstances, le système dermoïde est si profondément altéré, que les poils et les
cheveux tombent ou paroissent flétris et décolorés.
Le Pian ruboïde ne parcourt pas toujours ses périodes avec imc égale rapidité ; ses progrès sont relatifs ou
proportionnés au tempérament des individus qu'il attaque. 11 arrive pom- cette maladie, ce qui survient aux
autres éruptions : les framboises ou mûres sont d'autant plus volumineuses que les malades sont plus vigoureux
et plus robustes, etc. Chez les Nègres qui sont foibles, débiles, d'une maigi-eur exti-ême, le Pian met
beaucoup de temps pour parcourir ses périodes. Les pustules sont moins considérables; il en est qui sont d'une
prodigieuse ténuité.
Souvent les framboises ou fraises qui constituent le Pian ruboïde, dégénèrent extraordinairement et se convertissent
en horribles ulcères d'une fétidité insupportable. La plupart de ces ulcères sont recouverts de croûtes
noiriUres et d'un aspect hideux. Souvent, ils offrent des chairs blafardes, boursouttlées, livides et corrompues.
Les chirurgiens apposent quelquefois des caustiques sur ces végétations opiniâtres; mais on les voit renaître sous
des formes plus allarmantes encore.
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