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1^6 SI A L A B I E S D E L A P E A U.
indistinc-tcmcjiL siiv tous les piiysans qui sont exposés àhi mcrac influcncc, qui sont assuji'Hisaiix mf'mps travaux,ctc?
"jynilleurs, ¡)0urc[u0i l'apparition de l'icthyosc pcllagi-e n'auvoit-clle lieu que dans le printemps? Pourquoi cette
maladie commenceroit-ellc à s alFoiblir pendant les chaleurs de l'été ?
Les peliagreux sont dans une foiblcssc extième; il y a un tel accablement dans toute leur personne, qu'ils
peuvent à peine se soutenii- sur leurs pieds, et qu'ils sont forcés de jçarder un continuel repos. Cet état misérable
qui se rencontre souvent dans le scorbut, dépend de la rigidité des libres niuseulaires, et devient quelquefois trèsdouloureux.
La langaie de ces infortunés est recouverte d'un limon rougeâtre ou livide. Il s'échappe de leur bouche
un Ilux salivaîre abor.dant; les dents s'ébranlent dans leurs alvéoles; les ongles deviennent difformes et crochus,
comiTie dans la teigne faveuse, où dans la dai-tre squamineuse. il découle des yeux et du nez des pellagreux une
humeur séreuse, dont la source ne se (arit pas dui-ant des mois et des années. Les urines sont pâles, copieuses,
ûci'cs et fétides : la sueur sur-tout a une odeur particulière, qui a quelque rapport avec celle du pain moisi, ou
des vers à soie putréfiés. Soler dit que les cheveux acquièi-ent dans la pellagre une couleur roussâtre, comme s'ils
avoient été brûlés. Ils se détachent spontanément ou deviennent minces et lanugineux.
Les affections nerveuses tiennent une des ¡)reraières places pai-mi les symptômes de l'Icthyose pellagi-e. Les
malades ont été par fois assaillis par des crampes si extraordinaires, qu'on a vu succéder les grincemens des dents,
le spasme des muscles de la mâchoire inférieure, la carpologie, la syncope, l'épilepsie, les pliénomcnes du
tétanos, etc. i l n'est pas de mouvement convulsif auquel ils ne soient sujets; il en est un sur-tout très-extraordinaire
, et dont beaucoup d'auteurs ont parlé ; c'est celui par lequel les pellagreux éprouvent une sorte d'entraînement,
C[ui les porte à marcher en avant avec précipitation, et en ligne droite, sans qu'ils puissent s'arrêter au
gré de lem- volonté, ni se tourner d'un côté ou de de l'autre. Ils tâchent alors de s'appuyer sur les premiers
objets qui s'offrent à leur passage ; certains restent dans une constante immobilité. On en remarque d'auti-es qui
sont sujets à des tremblcmcns continuels dans tous leurs membres.
On est particulièrement surpris des troubles qu'éprouve le cerveau dans TTcthyose pellagre. Ces troubles
consistent dans un délire, tantôt aigu, tantôt chronique ; le premier est accompagné d'une fièvre irrégulière, dont
les pcu-oxysmes sont précédés de salivation et d'une sorte d'allégement dans les douleurs. Ils se terminent ensuite
par des sueurs, et par des taches rougeâtrcs sur la fare et sur les bras; les malades sont tristes, étonnés et muets;
il en est qui paroissent frappés d'épouvante, comme s'ils voyoicnt des fantômes. Dans la seconde espèce de délire
qui est un délire chronique, on observe souvent une vraie démence, une stupidité complète, une mélancolie
sombre, accompagnée d'un morne silence. On en voit qui sont extrêmement loquaces et qui finissent par se donner
la mort; M. liuniva rapporte qu'une pellagreuse se coupa la gorge dans la commune de Piossasco. On a consigné
dans quelques journaux scientifiques de l'Italie, l'histoii-e d'un fanatique nommé Matteo Lovât, né dans les montagnes
de l'état deTenise, qui fit de funestes tentatives pour se crucifier. J'ai lu dans un Mémoire de M. Giiirlanda,
l'histoire d'une paysanne du village de Cornuda, dans le territoire de Trévise ; quelques jours après ses coudies,
ayant éprouvé un dérangement dans le fhix des lochies et des chagi-ins très-vifs, elle fut soudainement atteinte de
tous les symptômes de la pellagre. Les accidens extérieurs n'étoicnt pas très-graves ; mais elle étoit plongée dans
une mélancolie si affreuse, qu'elle y succomba. EUe se déroboit à tous les regards, versoît sans cesse des larmes
s'écrioit qu'elle étoit condamnée par la justice divine aux peines éternelles; elle se croj'oit toujours environnée
des ikmmes de l'enfer; elle vaquoit d'ailleurs aux occupations de son ménage, et ne déraisonnoit que sur cet
objet. La plupart des pellagi-eux vont se noyer dans des fleuves ; c'est ce penchant funeste que Slrambio désigne
sous le nom à'hjdrojiianie. Ce penchant proviendroit-il de la sensation brûlante qu'on éprouve dans toutes les
parties du corps, sur-tout dans celles qui sont frappées par le soleil? L'individu pellagreux que nous avons eu
occasion d'observer à Paris, disoit re.ssentir une ardeur générale qui consumoit son corps.
I l est une multitude d'accidens secondaires qui accompagnent presque toujours l'Icthyose pellagi-e ; les malades
éprouvent des douleurs vives et brûlantes ù la tête, et le long de l'épine du dos. Ces douleurs se répandent et
suivent le trajet des troncs nerveux; elles se propagent jusqu'à l'os sacrum, provoquent un fourmillement considérable
sur les bras et sur les jambes, parliculièiement à )a plante des pieds, envahissent fréqucnunent le thorax,
les lombes et l'abdomen. Ce qu'il y a de plus surprenant, c'est qu'il n'y a quelquefois qu'im seul côté du corps
qui soit malade, tandis que l'auti-e demeure parfaitement sain.
Tous les désordres de la sensibilité se manifestent chez les pellugi-eux. Leur vue est soudainement obscLU-cie ou
troublée ; ils sont sujets au pica, ù la boulymic. L e pellagreux que nous avons v u , ne ])ouvoit se contenter de la
nourriture de l'hôpital, et se jetoit avidement sur tous les alimens qu'on lui présentoit. L'odorat est tellement
dépravé, que la plupart croycnt sentir les odeurs les plus fétides; il en est qui sont tourmentés par un bourdonnement
d'oreilles très-remaïquablc; qui croyent entendi-e le son importun d'une roue de moulin, des coups de
marteau sur l'enclume, le chant des cigales, le cri des grenouilles, etc. ; ï i t ius dit que les ])ellagreux sont constamment
portés à la volupté, à cause de l'exaltation de la faculté sensitive. J1 est très-commun de voir des ilux
dysentériques, particuhèrement la diarrhée, occasionner le marasme, l'hydropisie, la consomption pulmonaire
, etc. Les crises de l'Icthyose pellagre sont presque toujours irrégulières, et quoiqu'elle paroisse diminuer
d'intensité dans l'automne et durant l'hiver ; elle se déclare les années suivantes avec non moins de violence, et
finit par précipiter une l'oule de victimes dans le tombeau.
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M A L A D I E S DE L A PEAU.
Oòseivations relatives à l'Icthyose pcllogi-e.
D L X X I X . Premii-re oiuermtion. — Louis Tmigicis, l!ia;ilciu-dia.isT:ur, âge de viugt-dcux ans, entri an
service mjhtan-e, depuis Iniit mois seulement, ne ISrclou et de parens villageois, qui n'ont jamais en d'allcctions
cutanées, livré lui-même dès sa jeunesse aux travaux pénibles de l'agriculture, se nourrissoit le plus ordinairement
avec du panr et de la bouillie de bled noir. II prenoit beaucoup de laitage , jamais de in'n ; faisoit sur-t«ut
un usage soutenu du cidre : il avoit joui d'une bonne santé pendant son habitation dans la maison paternelle ;
mais depuis qu'il suivoit le sort des armes, exilé de son pays natal, il étoit constamment malade. C'est le clumgemcnt
de vie, d'habitude, de nourriture, qui occasionna une altération profonde dans la santé de l'individu
lequel ne quitta plus les hôpitaux; l'ennui étoit peint sur sa physionomie. Il étoit .sombre, triste, taciturne - il né
paroissoit point absorbé par des réflexions, ni plongé dans des rêveries ; mais il avoit une ¡nsoueiance totale pour
ee qui le touclioit do pins près, et recherclioit la solitude. Après quelques inoi.s de séjour, dans l'IIôtcl-Dicn dç
Paris , il lui survint une diarrhée sanguinolente qui l'allbiblit considérablemeut vers les premiers jours du mois de
juin 1810 ; fuyant tout le monde, il alla se placer dans une belle exposition an soleil, s'y coucha, les mains ap]iiiquées
sur la tète, do manière que les doigts s'entrccroisoieut ; s'étant endormi dans cette position, le soleil darda
ses rayons brûlans sur la peau de la partie postérieure des deux mains avec une telle violence, pendant environ
deux heures, qu'il s'y manifesta une légère pblogose. l a peau devint rouge ; le malade y sentit une chaleur ardente
à son i-éved ; il éprouva en même temps une vive céphalalgie. Au bout de quelques jours, l'épidcrme se fendit,
et tomba par dcsquammation ; les articulations métacarpo-phalangiennes furent snr-tout altérées; il s'y forma des
crevasses profondes, très-sèches, i bords inégaux et écadieux ; la peau environnante étoit cuivr-ense et noirâti-e.
Ce fut alors que MM. Husson et Assalini ayant observé le malade avec la plus scrupuleuse attention, coirfirmèrent
l'existence de la pellagre. On le ti-ansféra à l'hôpital Saint-Louis; l'usage des bains fît tomber les écailles; mais
l'épidcrme régénéré se gerça de nouveau, et il se forma une seconde desquammation. Cet individu étoit tourmenté
par une espèce de boulymie ou lliim dévorante, malgré la gi-ande quantité d'alimens qu'il prenoit; la diarrhée
persistoit toujours, et paroissoit revêtir un caractère clu-onique ; Louis Tangiei-s étoit considérablement allbibli ; il
étoit devenu comme stupide ; on Ini a accordé sa réforme, et on l'a renvoyé dans son pays où il étoit impatient
de se rendre.
Dauxicme observation. — îîous a vons déjà parlé du délire particulier des pellagreux, qui les porte <i se noyer
dans des fleuves, sans qu'ils puissent modérer ee penchant funeste, dont la plupart ont été les rictimes ; souvent
ils rêvent que ce malheur arrive i\ d'autres. M. Ghirlanda m'a raconté l'histoire de la femme d'un pêcheur des
environs de Trévise ; elle étoit âgée de vingt-deux ans, et d'une constitution robuste. Quelques jours après un
accouchement, elle rêva une nuit que son mari s'étoit précipité dans une rivière voisine ; elle s'éveilla toute
effrayée, et sortant brusquement de son lit et de sa maison, elle courut long-temps à demi-nue sur le gazon baigné
par la rosée. Elle appeloit son époux à glands cris, et comme il ne répondoit point, elle en conclut que le songe
qu'elle vcnoit d'avoir, n'étoit qu'une affi-cuse vérité ; elle retourna chez elle, et s'abandonna à tout son désespoir.
Après quelques heures, son mari renba; mais il fut méconnu : cette infortunée persista dans sa croyance, et ne
recouvra que long-temps après l'usage de sa raison. M. Ghirlanda prit des informations sur sa famille, et on lui
assura C(u'elle étoit née d'une mèi-e pellagreuse.
D L X X X . II paroit généralement prouvé aujourd'hui cpie la pellagre est fréquemment héréditaire; c'est encore
ici une circonstance qui la rapproclie des autres Icdiyoses que j'ai décrites. En rassemblant ses principaux traits
d'analogie, on se convaincra que la place que je donne ù cette affection dans la méthode uo.sologique est véritablement
la seule qu'elle puisse occuper.
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