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clicvclu, une humeur qui ne lardoit pas à se dessécher. Cette concrétion blanche, légère, qui enduisoit les
cheveux par paquets, avoit une ressemblance merveilleuse avec la production naturelle que l'on désigne sous
le nom iJCamicuile. Il est à observer que la matière de cette éruption, disparoissoit par intei-valles, et qu'alors les
glandes cervicales s'engorgcoient. Il ne faut pas oublier de dire que la malade éprouvoit aussi de temps en
temps, des battemens et des douleurs pulsatives par toute la tète, spécialement par derrière j ses yeux étaient
rouges et gorgés de sang ; elle se plaignoit des vertiges qui l'cmpèchoient de se livrer à aucune occupation
sérieuse.
Troisième Observation. — Nous avons vu, à l'hôpital Saint-Louis, Pierre Roblatre, âgé de. quarante-huit
ans, d'un tempérament bilieux, jouissant d'une très-ibible santé, et qui était aEFecte depuis plusieurs mois de
la Teigne amiantacée. Le malade étaut d'abord à l'Hôtcl-Dieu, en convalescence d'une pleurésie qu'il venoit
d'essuyer, vit tout-à-coup ses mains devenir rouges, enñccs ; son dos étoit pareillement couvert d'une éruption
qui étoit comme érysipélateuse. Presque en même temps, il se manifesta à la tête de petits boutons pustuleux,
ou clous, qui s'élcvoient en pointe et suppuroicnt. Quand le malade les enveloppoit avec des linges secs, ces
liages étoient aussi-tôt abreuvés d'une sérosité ichoreuse. Mais cette affection changea de face. Le cuir chevelu
fut bientôt recouvert d'une couche d'un blanc argentin, formée d'ccailles, plus épaisses dans certains endroits
que dans d'autres. La peau, mise à nu, paroissoit tuméfiée. Par-tout, cette maladie avoit un aspect chatoyant,
coimne l'amiante. L'exsudation écailleuse suivoit lea cheveux, réunis par paquets, distincts dans toute leur
longueur, et s'en détachoit avec la même facilité que ces membranulcs qui sont autour des plumes des jeunes
oiseaux, et qu'ils enlèvent avec leur bec. Cette Teigne n'attaquait que la superficie des tégumens. Lorsqu'on
vouloit l'enlever, on voyoit qu'elle ne pénétroit point très-profondément, et qu'elle n'étoit, pour ainsi dire,
qu'appliquée sur la peau, où elle était fixée et retenue par les cheveux. Quelques parties seulement étoient
dénuées d'épiderme. Le malade n'éprouvoit aucune douleur, et n'étoit tourmenté par aucune démangeaison.
Quatrième Observation. — La Teigne amiantacée a aussi atteint Marguerite Ferrant, âgée de vingt-huit ans,
d'un tempérament marqué par la prédominance bilieuse j son teint étoit pàle et jaunAtre, et ses cheveux d'un
très-beau noir. Cette femme avoit eu ueuf enfans. Son avant-dernière couche s'étoit terminée aussi heureusement
que les précédentes ; mais, trois jours après, un polype, un peu moins volumineux que la tête d'un enfant,
se détacha spontanément de la matrice , et sortit par la vulve. Le jour suivant, elle éprouva sur toute la surface
du corps une éruption de petits boulons rouges qui causoient un grand prurit, et qui disparurent après une
quinzaine de jours. Alors la malade ne tarda pas à avoir, sur diverses parties du cuir chevelu, des espèces de
clous qui suppurèrent, et furent remplacés par des écailles, qui, depuis ce temps, ont constamment persisté à
se reproduire, lorsqu'on les détruisolt. Ces écailles, blanchâtres, argentines, environnant les cheveux en forme
de tuyaux, ont une forme oblongue, et sont séparées latéralement par de petites lignes ou sillons peu apparens.
Cette femme éprouvoit les plus vifs chagrins par les mauvais traitemens de son mari, et même de ses enfans,
qui avoient imité l'exemple du père. Lorsqu'elle étoit un peu tranquille, alors les parties affectées fournissoient
une suppuration abondante; les croûtes se détachoient et la Teigne paroissoit guérie. Lorsqu'au contraire ses
chagrins étoient plus vifs, les croûtes étoient sèches, et elle éprouvoit de fortes douleurs à la tète. Dans cet état,
la moindre contradiction occasionnoit des emportemens qu'elle ne pouvoit modérer, et mettolt môme du trouble
dans ses idées.
XVI. Il est évident que les phénomènes exposés dans les quatre observations précédentes, sont absolument
identiques ; que le même tempérament, que peut-être les mêmes causes, que les mêmes circonstances du moins,
ont favorisé la production de ce singulier exanthème. On s'apperçoit aussi que les caractères physiques qui le
décèlent, tels que la disposition roulée des écailles, leur couleur constamment blanche et argentée, leur aspect
chatoyant, la division par paquets de cheveux enduits de la matière de l'exsudation morbifique, et les sillons
presque imperceptibles qui les séparent, &c. tout concourt à signaler irrévocablement une espèce nouvelle de
Teigne dont on n'avolt encore aucune notion, et qui, par ses attributs distinctifs, doit prendre sa place dans
les classifications nosographiques.