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D I S C O U R S
suboi-données à la loi puissante des sympathies. C'est pourquoi les membranes muqueuses
qui correspondent le plus directement avec le système dermoide , reçoivent toujours les
premières atteintes, etc. L'influence de l'âge détermine communément le lieu qui doit être
spécialement atteint : dans les enfans , par exemple , les rétropulsions sont parfois suivies
de l'hydrocéphale ou de la surdité ; chez les jeunes gens , on leur voit succéder la phthisie
pulmonaire ou le catarrhe aigu j dans les vieillards, c'est l'ascite , l'cedème des extrémités inférieures
, l'ulcération de la vessie , etc. Il importe de ne pas négliger la considération du sexe
et de la prédominance de l'organe utérin , qui donne lieu à des métastases irrémédiables,
particulièrement à l'époque si orageuse de la cessation du flux menstruel.
§. XXXVI I . En parcourant les divers points de vue physiologiques, qu'a pu m'ofTrir l'étude
des Maladies de la peati, j'ai nécessairement appliqué mon attention au singulier rapport que
ces maladies conservent avec l'intégrité des sécrétions et des excrétions habituelles. Quand la
matière de ces sécrétions et de ces excrétions ne prend point sa route accoutumée, elle ravage
le système dermoïde. La Dartre scabioide des pauvres, tient presque toujours à une interception
de la transpiration. Les saletés qui s'accumulent sur l'épiderme , y font naître des écailles,
des Pustules, des Phlyctènes, etc. Le flux h émor roïda l , par exemple, peut appartenir à l'un et il
l'autre sexe. Ce flux paroit nécessaire à l'économie animale, parce qu'il est favorable au dégorgement
de la veine des portes. Il y avoit, à l'hôpital Saint-Louis, un infortuné maître d'école, dont
le visage devenoit affreusement couperosé , quand ce flux salutaire lui manquoit. On peut rapporter
des phénomènes analogues à la suppression des menstrues. Nous avons vu quelquelbis
cette suppression suivie d'une éruption générale des papules. .l'ai eu l'occasion de recueillir,
dans l'intérieur de l'hôpital Saint-Louis, un grand nombre d'observations sur les Dartres causées
par l'exubérance du lait, chez les femmes qui n'ont pas nour r i , ou qui sèvrent inopinément
leurs enfans. Ces Dartres, qui tiennent h un désordre interne des glandes lymphatiques et
d u tissu muqueux , sont les plus rebelles aux moyens curatifs. Les bains , ordinairement si salutaires,
redoublent quelquefois leur intensité ; elles sont accompagnées de douleurs violentes,
éparses çà et là dans l'économie animale , qui se dirigent tantôt vers la tète , pour troubler les
fonctions cérébrales ou embarrasser l'exercice de l'ouïe ; tantôt vers la poitrine, pour opprimer
la respiration -, tantôt vers les entrailles, pour provoquer des coliques nerveuses ou intercepter
le flux des menstrues, etc. Je tracerai le tableau de ces douleurs extraordinaires, qui , ce
me semble , ont échappé jusqu'à ce jour à la sagacité vigilante des Observateurs cliniques.
CINQUIÈME SECTION.
Considérations générales sur les procédés curatifs appliqués au Traitement
des Maladies de la Peau.
§. XXXVI I I . Après une étude si grande, si variée, des symptômes et du génie particulier
des affections cutanées ; après un dénombrement exact de leurs causes et de tous les points
de vue physiologiques qu'elles présentent, nous avons dû discuter, approfondir les règles relatives
à leur traitement. Cette partie étoit, sans contredit, la plus essentielle de nos recherches,
puisqu'elle est le terme unique que nous devons nous efl'orcer d'atteindre. Il ne suffit pas
toutefois, pour y parvenir, de faire disparoitre les empreintes morbifiques qui souillent
l'extérieur du système dermoïde ; de nettoyer, en quelque sorte, cette grande surface sensible,
en lui rendant l'éclat qu'elle a perdu ; il faut arriver à la source du mal, et agir quelquefois
d'après une multitude d'indications différentes : tout se réunit pour rendre ce sujet dilïïcile ,
et souvent mèrae impénétrable. J'ai cru en conséquence, que pour établir d'une manière
décisive la thérapeutique des Maladies cutanées, il fàlloit non-seulement détourner les causes
P R É L I M I N A I R E .
sans nombre d'oi^i elles dérivent, mais apprécier plus profondément <|u'oii ne l'a fail avant
nous, le travail particulier de la nature dans ces sortes de maladies. Voici encore une matière
qui réclame les combinaisons les plus vastes et les méditations les plus soutenues.
J. XXXIX. L'homme qui s'est tissu des vêtemens, qui est en outre armé de ses puissantes
mains, pour défendre et protéger la surface de ses tégumens contre les atteintes nuisibles des
corps qui l'environnent, est cependant celui des êtres vivans dont le système dermoïde est
exposé à un plus grand nombre d'altérations. Le premier devoir du Médecin qui clierche à y
remédier, est donc de prévenir ou d'éloigner toutes les causes qui peuvent blesser la peau, et
d'entretenir toutes celles qui favorisent son énergie et son activité. Des bains fréqueiis, des
lotions réitérées, des frictions douces, etc. ne contribuent pas peu h remplir cette indication
salutaire : la nature elle-même nous en montre la nécessité dans l'instinct des animaux. Les
oiseaux , par exemple , dont la plupart sont destinés à voyager dans les régions brûlantes de
l'air, ont les plumes enduites d'une matière onctueuse , à laquelle ils ont recours pour les
lubrifier ; les quadrupèdes se lèchent en se frottant contre les arbres, se plongent dans les
fleuves, etc. Au surplus, l'humectation journalière de la peau humaine, n'a pas seulement pour
efl'et de la purger des immondices qui la couvrent ; elle excite encore l'action des vaisseaux qui
s'y distribuent, et favorise généralement toutes ses fonctions. On sait d'ailleurs que l'appareil
tégumentaire est parsemé de glandes sébacées, d'où jaillit continuellement une huile destinée
à la rendre plus souple et plus flexible. Cette liqueur abonde dans la jeunesse , diminue dans
la vieillesse, et chez les adultes habituellement condamnés à un exercice violent : elle tarit
pareillement chez les hommes qui habitent des pays très-chauds. Ne voit-on pas déjà combien
seroit profitable à l'humanité l'établissement des bains publies, soit tlans les villes, soit
dans les campagnes, et combien ce grand moyen d'hygiène publique exige la surveillance
des magistrats? Les onctions pratiquées par les Anciens évitoient une foule de maladies
cutanées.
J. XL. C'est en observant les affections de la peau sur un théâtre aussi étendu que l'hôpital
Saint-Louis, que j'ai appris à étudier leur curabilité d'après la nature et l'intensité de leurs
causes, qu'aucun voile n'a pu dérober à mes regards. Des maladies cutanées qui surviennent
chez des hommes d'ailleurs bien portans, par des causes purement externes, comme , par
exemple, par des lésions mécaniijues, par la morsure des insectes, par la contagion, etc. cèdent
aisément à nos procédés curatifs; mais quand les maladies proviennent d'une disposition cachée
dans le système lymphatique , et qu'elles tiennent à des causes très-anciennes , elles doivent
redoubler d'intensité, toutes les fois qu'on les combat par des moyens foibles. C'est ainsi que je
n'ai pas trouvé de causes plus difficiles à déraciner que les causes héréditaires. Leur résistance à
toute guérison, vient de ce qu'il faudroit changer entièrement l'état physique habituel des individus
, influer d'une manière continue sur les qualités de leurs organes et sur leur mode de
sensibilité et d'irritabilité, et introduire enfin les modifications les plus rcmai-qnables dans leur
économie; les mêmes obstacles se rencontrent ([uand les causes sonl nombreuses. Si des malades,
profondément énervés par la Dialhèsc scrophuleuse ou scorbutique, contractent la Gale; et si
cette allection nouvelle n'est pas soudainement guérie, bientôt elle ne cède plus aux simples
médicamens externes; elle semble fiiire cause commune avec la maladie principale. J'ai souvent
été le témoin d'un phénomène très-important en Pathologie cutanée : c'est que ceux qui sont
déjà atteints du Scorbut, du Favus ou d'une Dartre quelconque, sont très-difficilement délivrés
de l'infection vénérienne ; n 'est -ce pas parce que le système lymphatique , déjà aflbibli
par une altération primitive, reste sans énergie pour efléctuer la réaction ?
S. XLI . On se demande aussi quelquefois, pourquoi des remèdes obtiennent des effets si
différens, dans des affections q u i , au premier coup d'oeil, paroissent absolument identiques ?
Cette opposition apparente tient, je le présume, à ce que le Médecin n'a point fait une étude