h ïs
8 M A L A D I E S D E L A P E A U.
Troisième Observation. — Le sujet de cette observation est une jeune lille de quatorze ans (Pauline Armand) ;
mais elle n'éloit point encore réglée. Elle avoit les cheveux bruns , la peau olivâtre, et étoit d'une maigreur
extrême. On voyoit çà et là sur sa tète des écailles furluracées, tantôt isolées, tantôt confondues. Quand ces
écailles tomboienl spontanément, ou qu'on les enlevoit par des cataplasmes, le cuir chevelu oifroit une teinte
l'ouge rosée. Celle éruption a été long-temps rebelle j divers traitemens ont échoué. Des applications émollienles
l'ont guérie après dix-huit mois de soins assidus.
Quatrième. Ohser\>ation. — Le caractère de la Teigne furfuracée s'est déclaré d'une manière très-complète
chez Adélaïde Bertraud, âgée de quatre ans. Le tempérament de cette jeune lille étoit spécialement marqué
par la prédominance lymphatique. Ses clieveux et sourcils étoient d'un chAlain clair. Elle étoit née à Paris
de parens sains. I-a maladie occupoit tout le cuir chevelu, une partie du front et les oreilles. Une humeur
ichoreuse qui sembloit fournie par exhalation , se coucrétoil par l'action de l'air , oiTroil des s([Hammes
légères , aplaties, d'une foiblc consistance, et colloit à peine les cheveux. Dans d'autres portions de la tôle,
c'étoienl des écailles blanches, Turfuracées, que le plus simple froltement faisoit tomber. A cette éruption s'en
joignoil une antre, caractérisée par une multitude de petits boutons répandus sur les autres parties du corps,
qui donnoient le sentiment d'une vive démangeaison ou plutôt d'une cuisson presque intolérable. Cette maladie
sembloit avoir débuté presque en même temps que la première , et n'oiTroit point d'écaillés furfuracées.
D'ailleurs toutes les fonctions s'cxccutoient chez la jeune malade avec la plus parfaite régularité.
Cinquième Observation. — EugéuÎe-Victorine Bodier, âgée de huit ans, d'un tempérament sanguin et bilieux;
d'une constitution forte , ayant les cheveux châtains, eut une Teigne furfuracée qui s'étendit à tout le cuir
chevelu , et qui fut marquée par les caractères suivans : écailles furfuracées jaunes ou grisâtres , plus ou
moins prononcées , collant un peu les cheveux , rapprochées et par plaques , d'autres fois distinctes et
isolées, tombant par la plus simple agitation des cheveux , laissant appercevoir à leur place une teinte
rougcàtre, avec quelques dépressions du cuir chevelu inégalement situées, fournissant un liquide visqueux ,
d'une odeur caséeuse et nauséabonde.
Sixième Observation. — Enfin j'ai vu la Teigne furfuracée se manifester avec tous ses caractères chez la
nommée J oséphine Argon, parvenue à sa douzième année, ayant les cheveux très-rouges, la peau très-blanche,
comme c'est le propre de ce genre de tempérament , mais parsemée de taches de rousseur , sur-tout à la figure
et à la poitrine. Elle avoit deux soeurs douées d'une constitution diiTérente , et qui toutes les deux avoient
éprouvé la Teigne faveuse. La plupart des écailles étoient tellement collées par couches les unes aux autres à
l'aide d'un liquide visqueux et fétide, qu'elles offroient l'aspect d'une croûte informe. Cette Teigne avoit été
plusieurs fois combattue, et toujours infructueusement; sans doute parce qu'on avoit discontinué par intervalles
l'application des topiques employés pour la guérir. La jeune malade n'éloit point tourmentée par les poux ,
et disoit ne pas éprouver de grandes déjnangeaisons. Je dois néanmoins ajouter qu'elle avoi t , par intervalles ,
les glandes cervicales engorgées. Mais ce gonflement se dissipoil assez vite , lorsque l'écoulcnient teigneux
étoit plus abondant que de coutume. Ce n'est pas, du reste , l'unique fois qu'un pareil phénomène s'est
présenté à mes yeux.
XIII. Nous croyons avoir établi par un nombre de faits assez positifs, que PalTection ci-dessus décrite,
et communément désignée par les auteurs sous le nom de porrigo , appartient véritablement au genre des
Teignes ; eu sorte que ceux qui ont cru devoir l'en séparer dans leurs ouvrages , ne l'ont point envisagée
sous son aspect véritable. Cette méprise vient, ainsi que je l'ai déjà dit, de ce qu'on l'a trop légèrement
confondue avec des altérations cutanées, qui ont au premier coup d'oeil des caractères physiques analogues.
Mais l'exactitude analytique introduite de nos jours dans l'étude de la Nosographie, dissipera cette confusion.