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íiucun secours, aucun refuge contre ees démangeaisons. S'ils se plongent dons le bain, lis y éprouvent des
crises si douloureuses, que l'eau qui les touche est bientôt rougie de leur sang 5 s'ils sont dans leur lit, la
chnleiu- du sommeil les irrite plus vivement encore.
i l arrive, pour la Lèpre, ûn phénomène absolument semblable à celui qui survient dans certaines espèces
de darti-es. D'abord, on n'apperooit que des cercles distincts répandus çà et là sur la périphérie des tégumcns;
mais, par les progi-ès de la maladie, ces cercles s'unissent cl forment de larges incrustations. On en voit
dont tout le corps est blanc et éeailleuxj alors tous les membres sont dans un état de torpeui-, d'engourdissement
général et d'insensibilité, etc.
Pom-tant, il est assez rare que la Lèpre squamineuse, désignée sous le nom de vitiligue, soit universelle, quoique
les auteurs en citent des exemples. Les taches écailleuses et circulaires qu'elle produit, se bornent ordinairement
à certaines parties du corps ; leur vrai caractère, comme je l'ai déjà dit, est d'être plus déprimées que les parties
eiivironnaulcs, selon l'observation de tous les siècles, et d'être bornées par une aréole rouge et rosée : la peau
est comme creusée, à mesure qu'elle se dessèche et se raccornit.
L'altération du tissu épidei-moïque se propage quelquefois jusqu'aux ongles des pieds et des mains; ces
ongles s'épaississent, s'allongent, souvent se recourlîent et s'enfoncent dans la substanee propre des cliaii-s : ils
neciuièrent une diflbnnilé remarquable. Ce qu'il y a de surprenant, c'est qu'une croûte lépreuse puisse ainsi
envelopper tout le corps, et intercepter la transpiration sur une surface aussi étendue, sans que ce phénomène
ait des suites funestes.
On a souvent signalé sous le titre de Lèpres , des dartres C]ui étoient pai-venues Î\ un très-haut degré
d'intensité; mais qui ne sait que la vraie Lèpre aiTccte plus profondément les chairs, et les réduit souvent
à un état de fonte et de colliquescence! D'ailleui-s les écailles qu'elle forme, sont d'une consistance plus dure
et d'une surface beaucoup plus étendue : les ravages qu'elle produit laissent, après la guérison, la peau toute
cicatrisée.
Quelquefois, la Lèpre se manifeste avec des symptômes superficiels, et c'est alors qu'elle prend le nom
á'Aíphos; les écailles ont alors peu de circonférence : ce ne sont que de légères aspérités, ou de petites écailles
blanches et poudi-euses, dont KT partie moyenne s'aflaisse et se déprime. Dans cette circonstance, elle gagne rarement
toute la surface du corps ; elle ne s'attache qu'à certains encboits : ce sont, pour me servir des expressions
de Celse, connue des gouttes ou des taches disséminées cii et là, et laissant entr'ellcs des intervalles considérables.
Tantôt, les écailles qui recouvrent le corps, ont la couleur d'un blanc de neige ou de farine ; tantôt elles
sout d'une couleur grisâtre ; tantôt enim , elles sont d'une couleur foncée et livide. Lorsque les écailles se
soulèvent, on voit suinter de la peau un lluide lymphatique, souvent mêlé d'une matière sanguinolente et
comme corrompue ; elles ne tardent pas à tomber , et elles sont alors remplacées par des incrustations nouvelles
: c'est sur-tout lorsque la Lèpre se complique d'mie affection scorbutique, qu'elles se détachent avec
la plus grande facilité. Comme cette dernière n'attaque que les misérables et ceux qui vivent dans les lieux
mal-sains, l'in-itation s'accroît de plus en plus, et il se manifeste des ulcères dégoûtans; il arrive, dans d'autres
cas, que la peau ne suivit point ce dépouillement périodique dont nous avons parlé, et que les écailles sont
pennanentes.
Lorsque la Lèpre squammeuse est très-avancée, les jointures et les articulations semblent être frappées
d'une sorte de stupeur et d'immobilité. La faculté sensitive s'anéantit. Les ongles se corrompent et tombent;
les cheveux changent de couleur. Il se déclare des sueurs nocturnes et une maigi-eur déplorable. Les tégumens
restent desséchés et rudes. Yous croiriez voir des quadrupèdes épilés. Quel tableau nous offririons à nos
lecteurs , si nous voulions retracer ici toutes les complications de la Lèpre squammeuse ! On a \^l des
malades qui , indépendamment de la vitiligue dont ils étoient atteints , étoient en proie à des aliections
artritiques ou rhumatismales. On a vu des enfans se couvrir d'une vitiligue noire , après avoir éprouvé
la gomme muqueuse , ou auü-es éruptions auxquelles ils sont communément sujets. La Lèpre squammeuse
peut également se combiner avec les daiti-es, la gale , les scrophules, avec toutes les maladies qui
attaquent ])Ius ou moins profondément le système lymphatique.
Au surplus , alors même cpie la Lèpre se manifeste dans son état de simplicité , il est aisé de voir
que l'iiTitation qu'elle produit est très-profonde , et que tous les tissus cutanés en sont atteints. On en
voit la preuve dans cette sanie fétide Cjui stagne sous les écailles et dans de larges fissures ; l'engorgement
général des glandes , la chute des ongles et des cheveux , les dian'hées collic|ualives , le marasme , cette
lassitude alfrcuse dans laquelle languissent tous les membres, et bien d'autres symptômes, prouvent que
le système entier est dans un élat de dissolutioIT et de comq>t!on •universelle.
]1 importe de bien distinguer la Tx^pre squammeuse des autres aiTections cutanées avec lesquelles on
lai a trouvé de la ressemblance et de la connexité : telles sont les dartres , les teignes , les exanthèmes
pi-nngmeux , etc. ; car , ces dernières maladies présentent aussi des scpiannnes , des aspérités , des ulcé-
]-ations , des fissures , des gerçures , etc. Mais la Lèpre a des symptômes cjui lui sont propres ; tels sont
la chiite des cheveux, des sourcils et des poils du meiUon, et la perte successive de la sensibilité.
La Lèpre squammeuse est subordonnée à riniluence des saisons et des variations atmosphériques. Il
a
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conste qu'elle a des exacerbations qui se déclarent principalement nu printemps. Le grand observateur
Eorestus avoit eu soin de faire cette remarque ; mais tous les accidens de la maladie se déployent aussi
durant les froids rigoureux .de l'hiver-
Les Patliologistes ont établi plusieurs distinctions fondées sur diverses nuances qui caractérisent cette
espèce de Lèpre ; mais ces distinctions peu importantes ii'exprimciU que différens degrés de la même
affection. Quelquefois l'Alphos se change en Leuce , le Lcuce en Lèpre iyrienue, etc. On a vu même, à
ce qu'on assure, la Lèpre squammeuse dégénérer à un point extrême , et manifester successivemeut tous
les symptômes de l'éléphantiasis, etc. Mais aucun fait irrécusable ne confirme cette complication , et peu
d'espèces en nosographie sont aussi constatées et déterminées que celle que nous venons de décrire.
M
Observations relatives à la Lèpre squarnjneuse.
CCCXCIX. Première observation. J'ai observé, à l'HôtcI-Dicu de Paris, un exemple très-intéressant de cette
Lèpre squammeuse que les auteurs désignent dans leurs ouvrages, sous le titre de Lèpre des Grecs, à laquelle
ils ont donné les noms de Leuce, à^Alphos, de Morphoea, etc. C'est le Vitiligo des Latins. Mon collègue Recamicr
donnoit des soins à la femme qui en étoit atteinte. La malade étoit d'une stature grcle et petite, âgée d'environ
trente-cinq ans. Elle se disoit née de parens mal-sains. Cette disposition maladive se manifesta dès son enfance;
car, elle fut sujette à la teigne. On lui administra dans les hôpitaux les soins qui conviennent en pareil cas ; mais elle
conserva pendant bien long-temps les glandes du col très-engorgées. On fut d'ailleurs contraint de lui pratiquer
une opération pour une fistule lacrymale , qui se déclara soudainement chez elle, et cju'on ne parvint
point à guérir. Cette malheureuse femme éprouva dans le cours de sa vie, une foule d'autres accidens. Elle
fit des chûtes qui lui causèrent des hémoiTagies. Elle fut mordue au bras par un chien em-agé. Le célèbre
Desault la cautérisa. Malgré la conduite régulière qu'elle menoit, les glandes de ses aines se tuméfièrent.
Quelcjucs années après, on jugea convenable de traiter cette aiïection par les préparations mercuriclles. Elle
entra pour cet objet à l'hospice des vénériens. On lui administra par la voie des ii-ictions, jusqu'à trente-deux
gros d'onguent napolitain. Ce remède eut des inconvéniens ; il provoqua la salivation, et fît naître des ulcères
dans l'intérieur de la bouche. Nouvel accident ; la malade contracta une affection psorique , qu'elle garda
plusieurs années. Un llux de ventre l'cxténuoit à un degré difficile à peindre. Son existence fut désormais trèsdoulourcusc.
Lorsque cette femme eut atteint l'âge de quarante-quatre ans, il lui sun'int au menton une
sorte d'éruption croûtcuse, qui offi-oit l'aspect d'une dartre, et qui se dirigeolt vers l'une des régions latérales
et supérieures de la poitrine ; cette éruption parut céder à des fumigations, et à l'usage long-temps continué des
boissons émollientes. Ce fut environ un an après, qu'ayant reçu un coup violent dans les seins, il se manifesta,
principalement sur le sein gauclie, une multitude de petites pustules blanches, qui arrivoient à suppuration ;
ces pustules se propagèrent jusques sur la partie intérieure et inférieure du thorax. La malade y éprouvoit une
chaleur cuisante. Eniin, quelques mois s'étant écoulés, on vit paroître sur le sein maigre et flétri, que j'ai
fait peindre dans cet ouvrage ( Voyez la Planche XXX ), des taches d'un gi-is cendré, qui suivoient d'abord
le niveau de la peau : ces taches étoient bornées par un cercle rougeâtre, d'un rose pâle ; d'ailleurs , les
tégumens voisins étoient sains. Ensuite parurent d'autres taches. Les premières se desséchoient et contractoicnt
une couleur bmnâtre; le cercle restoit de la même étendue, mais il éloit d'un rouge beaucoup moins vil'. On
peut voir toutes ces différences dans la figure que j'en ai donnée. Les taches se desséchoient'avec le temps,
et se raccornissoient, en quelque sorte, à diverses époques de leur existence. Elles presentoicnt les modifications
suivantes : i". les taches ou squammes i-écentes gardoient exactement le niveau des tégumens, et l'aréole qui
les environnoit, étoit d'un i-ouge très-vif; leur couleur étoit d'un gris de perle; quelquefois elles étoient d'un
blanc nuancé de jaune; elles étoient rénitentes au toucher; ensuite, à mesm-e que les taches croissoient, elles
sembloient noircir, se raccornir et se déprimer : l'aréole se conseiToit, mais la partie malade étoit totalement
dépourvue de sensibilité; 3°. enfiu elles devenoicnt d'une consistance très-dure, pour ainsi dire, coriace, et
le cercle aréolaire s'eifaçoit entièrement. On voyoit sur quelques parties de ce même sein, des vestiges d'anciennes
écailles tont-à-fait desséchées : après la chute cle ces mêmes écailles, la peau restoit cicatrisée. Telle étoit la
marche lente, mais régulière, que suivoit cette funeste maladie. Toutes les fois que les taches avoient parcouru
leurs diverses ])ériodes, on n'appercevoit plus sur la peau que des taches Inninâtres; mais l'aréole étoit entièrement
effacée. Il parut iiltérieiu-cment quelques taches superficielles, qui noircissoient rapidement, sans présenter
aucune dépression. Eniin, après avoir long-temps langui dans les hôpitaux, cette femme a fini par succomber
sous le poids de ses long\ies souiTrances. Lorsque j'iii ou occasion de l'observer, elle étoit tounnentée d'un
dévoiemcnt c[ui lui enlevoit toute ses forces.
Deuxihne ohsen>atioJi.—Il s'est présenté à moi une malheureuse femme de Saint-Domingue, qui étoit
on proie à toutes les horreurs do rindigencc. Dans le vaisseau qui l'avoit portée en France , elle avoit vu se
développ e r , à l'articulation de ses deux coudes et le long de ses bi'as, des plaques blanclics aifectiint une