MALADIES UE LA PliXU.
DCCCCX. 11 cxisie plusieurs p rocède soitartilîciels soitluiLiircIspresque paiement avantageux pour mettre à découvert
la structure de i'epidcrrae qu'il est toujours indispensable pour cela d'isoler des parties sous - jacentes. Vésale
einployoit à cet clTct la flamme d'une bougie; Malpiglii avoit recours au fer rouge, Ruiseli se servoit de l'eau bouillante,
et Saiùorini de la macération qui, à tout prendre, est encore la mctliode preferable. Indépendamment de ce qui arrive
à cet cgurd par l'eflet de certains exanthèmes aigus ou chroniques, le soulèvement de l'épiderme peut être in-oduit,
comme on le sait, par les vcsicatoires, et son détachement du corps muqucux a lieu aussi par suite île la putréfaction
car la ver ¡que. Toutes les fois que par l'effet d'une brûlure ou de toute autre irritation une pidyctène se développe à la
surface de la peau, l'épidcrrae soulevé et distendu retient la sérosité épanchée et s'oppose à son écoulement. Cette
expérience si familière a suffi pour mettre hors de doute le développement de l'épiderme en membrane partout plane
et contijme. H fut cependant contesté par de célèbres auatomistes, Winslow, Leuwenhocck et Boërhaave qui soutinrent
que l'épiderme se compose d'écaillés superposées. Son épaisseur en général n'est guère que le cinquième ou
le sixième de l'épaisseur totale de la peau. Percé nécessairement d'une innombra])le quantité d'ouvertures poxu- le
passage des poils et de la matière de la transpirat ion, il a été néanmoins tout-à-fait impossible de les découvrir, ce
qui les a fait comparer avec raison à ces trous qu'on pratique avec une épingle dans une substance molle, telle
que la gomme élastique, et qui s'effacent dès que les mailles du corps cessent d'être séparées. On ne s'étonnera
donc pas que les prétcnilus pores dont Leuwenhocck a pourtant donné la figure, soient demeurés inappréciables à
des observateurs aussi exacts que Meckel, Cruikshank et M. de Humboldt, bien qu'ils se soient aidés pour
cette recherche des plus forts microscopes. H est dès lors permis de douter de leur existence, malgré ce que peut offrir
de spécieux à cet égard le fait constant de l'inégalité de transparence que l'épiderme laisse apercevoir sur l'étendue de
sa surface.
DCCCCXI. La membrane epidermique est étroitement liée aiL\ parties sousjacentes au moyen de brides cellulaires,
nerveuses et vasculaires. Cette disposition devient surtout apparente dans les cas où l'on soulève légèrement l'épiderme,
car il se présente alors une quantité considérable de fîlamens qui se rompent au-delà d'un certain degré de traction et
sur la nature desquels il règne encore des sentimens très-divers parmi les anatomistes. Bichat les cousidéroit comme
des vaisseaux exhalans et absorbans; opinion que Hunter n'a jamais partagée. On peut dire au reste que l'épiderme tient
par là le milieu entre les corps organisés et les corps inorganiques, participant à la fois de la nature des uns et des
autres, à cause des vaisseaux de toute espèce qui lui arrivent par sa face interne, et des caractères qui extcriem-ement
décèlent son inertie.
DCCCCXU. Le mode de formation de l'épiderme long-temps controversé donna naissance à une foule d'hypothèses.
L'opinion la plus générale aujourd'hui le regarde comme le résultat de la concrétion d'un fluide exhalé à la surface des
corps vivans. Tel est le motif qui Va fait cla.sser parmi les membranes couenneuses ou albumineuses, et M. Chaussier
avoit pour habitude de citer en preuve à cct égard la possibilité de fabriquer à volonté un épiderme artificiel, ou au
moins une pellicule très-analogue, en coulant et laissant ensuite se coaguler lentement un suc albumineux. L'identité
du mucus et de l'épiderme a d'ailleurs été mise hors de doute, sans qu'il soit nécessaire, pour démontrer leur analogie,
de citer, comme l'a fait Haller, ces fausses membranes dont les muqueuses sont quelquefois le siège et qu'une observation
superficielle a pu faire confondre avec les tégumens de la surface interne elle-même.
DCCCCXIII. On commence à distinguer l'épiderme sur la peau du foetus dès le deuxième mois de son existence qui est
aussi l'époque où la peau elle-même se montre avec ses véritables caractères. Depuis cet instant jusqu'à la vieillesse où
l'épiderme desséché, rugueux et friable a perdu jusqu'aiLX foibles vestiges d'organisation qu'on y apercevoit dans les
âges précédens; il est aisé de concevoir l'inlinité de modiiications qu'il doit éprouver par le concours de mille inlluence-S
diverses durant la période entière de la vie. Sa transparence varie également à mesure que l'individu avance en age,
et dans aucun temps elle n'est absolument uniforme sur toute sa surface. On a dit avec raison que les points par oii la
transpiration s'effectue sont ceux où la membrane sensiblement amincie présente aussi la transparence la plus
prononcée.
DCCCCXIV. L'analyse chimique n'a rien découvert de particulier dans la composition de l'épiderme. Elle n'a fait que
confirmer davantage, pour ainsi dire, son analogie avecle mucus desséché. Peu ou presque point perméable, il ne jouit
non plus de presque aucune élasticité; semblable en cela aux substances inertes ou inorganiques. Une propriété {[u'il
partage avec ces dernières, c'est une inaltérabilité qui le met à fabri de la putréfaction; par où s'expliquciit naturellement
les cas où il a été trouvé parfaitement conservé dans les tombeaux sur des cadavres enibuis depuis un demisiècle.
Quant à l'odeur que l'épiderme exhale en brûlant, elle ne diffère en rien de celle des autres substances
cornées, poils, plumes, etc., qui sont d'ailleurs ses annexes.
DES POILS.
DCCCCXV. Ce n'est pas seulement à la surface externe du corps des animaux que se montre ce nouvel élément jirotecteur,
on le rencontre aussi sur les limites et mèmejusque dans la profondeur de l'enveloppe tégumentaire interne. Des
poils existent presque toujours à l'entrée du conduit auditif et des fosses nasales; et cette identité de produits ajoute
une nouvelle preuve à ce que nous avons dit de l'identité de texture des deux membranes. Parlerons-nous des
noms divers que les poils prennent suivant la place qu'ils occupent à la surface du corps:' Ce sont des distinctions
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MALADIES DE LA PEAU, ud j
ti'op connues pour nous y arreter; nous dirons seulement que leur structure ne paroît pas être entièrement la
même dans les cheveux et la barbe, dans les poils des autres parties et ceux qui couvrent le corps des animaux.
On sait en général quelles différences peuvent exister encore dans la couleur, la longueur, ainsi que les
autres modifications particulières aux sexes et aux races humaines. Ornement naturel de la beauté, les cheveux
ont toujours chez la femme un développement plus considérable que chez l'homme ; ils blanchissent aussi plus tard et
se conservent encore long-temps après que l'âge a ravi à la femme tout ce que la nature lui avoit donné d'attraits.
D'assez grandes variétés existent pour la cjuantité et la longueur des cheveux dans le foetus; mais en général leur
présence est toujours l'indice d'une naissance à terme. Courts et crépus chez le Nègre, ils sont souples et allongés chez
l'Américain qui, d'un autre côté, se distingue des autres races par le défaut de barbe, si son absence n'est pas due
plutôt à l'épilation, comme le pensent quelques voyageurs et certains naturalistes. Toutes ces variétés ne sont j)as
e.xclusives à l'espèce humaine, et les animaiLX ne diffèrent pas moins entre eux par l'aspect particulier de leur poil et
de leur plumage que par les conditions de leur organisation intérieure.
DCCCCXVL Mais les poils doivent encore c-tre étudiés dans leur structure et leur composition intimes. Implantée dans
le tissu cellulaire sous-dermoïde ou dans le derme lui-même, leur racine toujours blanche, quelle que soit la couleur du
poil lui-même, est reçue dans un bulbe, ou espèce d'amjioule dans laquelle pénètrent des nerfs, des vaisseaux sanguins
et lymphatiques, et d'où sort à sa partie supérieure une tige cornée plus ou moins longue. Le bulbe constitue
réellement leur seule partie vivante; car bien que Rudolphi et tout récemment j\L Andral fils aient suivi des filets
nerveux dans la moustache du phoque, la nature des poils n'en paroît pas moins tout-à-fait inorganique. Leur tige
est composée d'une série de cônes embouchés les uns dans les autres et sécrétés par la pulpe contenue dans le bulbe,
suivant un ordre tel que le plus élevé est toujours le dernier produit. L'épiderme et même la peau entière se replient
pour concourir à leur formation, et cette circonstance explique les douleurs que détermine leur tiraillement. Au sortir
d u bulbe, les poils traversent le derme qu'ils percent suivant une direction plus ou moins oblique, et a])rès avoir
franchi le corps muqueux et l'épiderme, arrivent enfin à la surface accompagnés par une expansion de la cuticule, à
laquelle est due leur nature cornée. Une gaîne formée par cette substance inerte et remplie par lui fluide qui parolt
provenir del à partie coloi'^'e du réseau de Malpighi, telle est la structure des poils à la surface desquels on chercheroit
d'ailleurs vainement les épines ou arêtes admises par quelques anatomistes. Leur composition diffère à quelques égards
de celle de l'épiderme; aussi quelques élémens particuliers y ont-ils été découverts par la chimie. Le savant I\]. Vauquelin
a obtenu par leur analyse une matière animale qui paroit constituer leur base, une huile blanchâtre concrète,
une seconde huile noirâtre, du fer, un oxide de manganèse, du phosphate et du carbonate de chaux, du soufre et de la
silice, toutes substances plus ou moins indispensables à leur constitution physique, ainsi que l'ont prouvé les expériences
sur la coloration artificielle des cheveux.
DES ONGLES.
DCCCCXVII. On ne trouve dans ces corps inorganiques qu'une couche d'épiderme.d'une épaisseur plus ou moins
accrue. Certains anatomistes, Blancardi entre autres, ont prétendu que les ongles sont le résultat d'une agglomération
des poils; daulres les font dépendre d'écaillés épidermiques superposées. Quoi qu'il en soit, l'ongle est retenu par sa
racine dans u n repli du derme, et l'épiderme l'accompagne par un feuillet léger dans toute son étendue. La transparence
des ongles permet , comme on sait, d'apercevoir au-dessous d'eux la couleur du corps muqueux avec lequel ils n'ont
aucune communication et qui n'est nulle part aussi appréciable que dans la race blanche. Les variétés de forme <lont les
ongles sont susceptibles dans les diverses espèces animales pour passer à l'état de griffes, de sabots, etc., sont suffisamment
connues. De même que les poils, les ongles se montrent d'assez bonne heure chez le foetus, et comme eux et
la membrane épidermique, ils ne sont que des élémens accessoires, des efflorescences, pour ainsi dire, de la peau,
que nous allons considérer maintenant dans ses parties vraiment essentielles ou fondamentales.
CHAPITRE TROISIEME.
DU DERME ET DES ÉLÉMENS QUI EN FONT PARTIE.
t .
DCCCCXVIIL Après les di f férencesdeses formes extérieures, la peauu' a rien sans contredit de plus saillant parmi ses
caractères physiques que les nuances de couleur qui lui sont particulières, et les éminences nommées/fapi7/c's qui se dessinent
à sa surface, bien qu'assez profondément situées au-dessous de l'épiderme. Le cadavre et l'écorché présentent
toutefois à cct égard \ine disparité notable, et on peut même dire que la surface externe de la peau ne reprodui t jamais
qu'imparfaitement l'intimité de sa texture. Il est à la vérité quelques circonstances où celle-ci devient plus apparente;
c'est particulièrement dans le phénomène désigné par le mot vulgaire c/tair de poule, que les papilles se prononcent davantage;
elles consistent en une sorte de boursouflement du tissu dermoïde lui-même faisant saillie à travers le réseau
de Malpighi ([ui leur est su|)CTposé. Celui-ci, dans l'ordre de description que nous avons adopté, de la circonférence
au centre, trouve ici naturellement sa place, puisqu'il est intermédiaire aux deux feuillets de l'enveloppe cutanée; il
paroit consister en un tissu cellulaire demi-fluîde, dépo.sé au-dessus du réseau que forment les nerfs et les vaisseaux
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