h *
/ / A ( ^ ^ y y ^ / / / / J r
M A L A D I E S DE LA PEAU.
E S P È C E QUATRIÈME.
D A R T R E RONGEANTE. S ERP ES cxedens. Planche XIX.
65
Dartre se manifestant sur uue ou plusieurs parties des tégumens, par des boutons pustuleux ou ulcères rongcaus. Ces boutons ou
u l c è r e s , qui fournissent u n pus ichoreux et fétide, ne se bornent point à attaquer la peau ; ils attaquent et corrodent les muscles
les cartilages, et quelquefois même s'étendent jusqu'aux os.
OBS. Les variétés de la Dartre ron it de h a cause qui les fait nailrc. Ainsi on peut distinguer :
A. LA DARTRE RONGEANTE IDIOVATHIQUE. Herpes exedens idiopatlncus. — Je nomme ainsi ceUe qui survient sans aucune cnusc apparente,
et qui tieni à une dépravation particulière des humeui-s, qu'il est impossible de déterminer. On voit souvent se manifester une semblable
dégénération, sur des individus dout l'aspect est lé plus sain. On croiroit alore que l'infection herpétique est concentréu dans un seul poi)il de
l'économie animale.
B. LA DARTRE RONGEANTE SCROPIIULEUSE. Herpes exedens scrophulosus. — C'est malheureusement In variété que l'on rencontre Je
plus communément , non-seulemeul chez les pauvres, mais encore dans les autres classes de Ja société. Presque toujours In Dartre rongeante
doit son existence à la diathèse écrouelieuse, si j'en juge du moins par les faiU nombreux que j'ai rassemblés à l'hôpital Saint-Louis.
C. LA DARTRE RONGEANTE VÉNÉRIENNE. Herpes exedens siphiliiicus. — Je me contente de làirc ici une légère mention de cette
variété. Comme son histoire est essentiellement liée à celle des exanihûmes vénériens, je renvoie à mie auti-e partie de cet ouvrage l'exposition
de faits qui la concernent.
T A R L E A U DE LA DAR TKE RONGEANTE.
CLXXXVI. Que de noms divers cette Dartre a reçus! Quaud une maladie est fréquente, quand elle cause
des maux graves ou nombreux , il semble que les langues deviennent plus expressives pour la designer.
L'horreur qu'elle inspire donne plus d'énergie aux descriptions que l'on en retrace. De-là vient que la
Dartre dont je vais parler est indiquée, dans les livres de l'art, sous une multitude de dénominations
effrayantes, qui peignent, avec plus ou moins de force , l'étendue et l'intensité de ses ravages. C'est ainsi
que les titres ¿^Herpes exedens, d'Herpes estiornenus, de Lujms vorax, de Papula fera, de Formica corrosiva
, lui ont été successivement prodigués.
En effet, quels traits de différence nous présente la marche de cette affection désastreuse, quaud on la
compare avec celle des autres espèces de Dartre! Celles-ci n'attaquent comtnunément que la peau et le corps
réticulairej mais la Dartre dont il s'agit n'épargne aucun des tissus divers dont le système dermoide se
compose. Elle est le foyer d'une ulcération profonde, d'où s'échappe continuellement une matière purul
e n t e , fétide et corrosive, qui va jusqu'à détruire les muscles, les vaisseaux, les membranes, les cartilages,
et même les os. Elle fait quelquefois de tels progrès sur la face, qu'elle provoque la chute de tous
les poils, en labourant en quelque sorte le visage. Nous avons vu long-temps à l'hôpital Saint-Louis un
homme qui avoit entièrement perdu sa barbe, par le triste effet de cette affection désespérante.
Les malades n'éprouvent point sans doute ce prurit si incommode, qui a particulièrement lieu dans les
Dartres squammeuses et crustacées; mais ils sont en proie au tourment d'une ardeur dévorante, qui n'est pas
moins insupportable, sur-tout quand, par l'intensité des causes, la Dar t r e se convertit en cancer ulcéré. Cependant
il faut aussi le dire : quelquefois la chair est si lentement corrodée, que les malades se plaignent à peine do
quelques douleurs obtuses.
Il paroît, du reste, que les phénomènes terribles de cette maladie n'étoient pas très-connus des anciens
auteurs, puisqu'il n'en est guère question dans leurs ouvrages. Galien pourtant l'avoit observée; et en parlant
des ravages qu'elle cause, il insiste sur le caractère principal qui la constitue, qui est de corroder les tégumens.
C'est sans doute paixe qu'elle attaque successivement la peau et les parties subjacentes à cet organe,
que certains Nosographes ne l'ont point classée parmi les Dartres, et qu'ils ont préféré la désigner sous le
nom {[^Ulcère herpétique.
La Dartre rongeante offre plusieurs degrés aux regards de l'observateur. Avant que cette sorte de décomposition
phagédénique se manifeste sur le corps vivant, tout semble annoncer la malignité prochaine des
symptômes qui doivent éclater. Le tissu muqucux de la peau rougit avec intensité, devient dur, bosselé,
inégal. Une douleur sourde se déclare dans l'endroit môme où comiiience le développement de la Dartre. La
surface cutanée est atteinte d'un prurit assez incommode, que les malades cherchent vainement à appaiser par
un frottement continuel et très-nuisible. Toutes les papilles nerveuses sont tellement enflammées, que plus
ils se grattent, ])lus ils disposent le système dermoide à éprouver des démangeaisons nouvelles. Alors, peutêtre
conviendroit-il de prévenir la formation de ce mal horrible, ou du moins de l'arrêter dès son début;
mais les nuilades savent à peine ce que doit devenir ce premier point d'irritation : très-souvent on n'y
ajoute aucune importance , et on ne prend aucune mesure pour détourner un pareil fléau.
Semblable à ces germes funestes de putréfaction, qui détruisent avec promptitude la substance intérieure
des plus beaux fruits, ce levain de corruption morbilique se déploie bientôt, sans qu'on puisse arrêter .sa
• Ûj