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184 M A L A D I E S D E L A P E A tj.
A R T I C L E VIII.
Dit traitement interne employé pour la ^uérison des Icthyoses.
DCXIX. Tous les médicamens qui agissent favornblcment sur le système lymphatique, peuvent adoucir ou
pallier jusqu'à un cci-tain point les symptômes des Iclliyosesj les préparations martiales m'ont paru obtenir quelque
avantage dans l'une de ces maladies que j'ai eu occasion de traiter. Il conviendi-oit de les employer au besoin ; les
préparations de soufre ne sont pas moins efficaces, et c'est même le raéclicament le plus généralement usité dans
l'hôpital Saint-Louis.
DCXX. Que signifie cet appareil de polypharmacie contre ime maladie aussi simple que l'Ictliyose pellagre !
Quelle nécessité d'employer l'antimoine, l'oxide de ce métal, le mercure, la teinture de benjoin, l'eau de chaux,
l'élixir de gaïac, etc. Jansen vouloit qu'on fit des essais avec l'opium, le camphre, le musc, la ciguë,. lo
stramonium,la jusquiame, l'aconit, le colchique, la bella-dona, etc. Si les forces étoienL dans un état de prostration
extraordinaire, le quinquina, les vins généreux étoient invoqués. Les accidcns scorbutiques faisoient employer
le cresson, le beccabnnga, le cocliléai-ia, l'eau de goudron, etc. Dans le eus de diarrée, on avoit recours aux
asti-ingens et aux corroborans ; on prescrivoit la cascarille, le simarouba, la tornicntillc, le sang-di-agon, la
décoction blanche de Sydenham, etc.
DCXXI. Aprc\s l'emploi des moyens ordinaires, Albcra conscilloit simplement l'eau fraîche d'une source
pure; il la regardoit comme pmu-vue de gi-andes propriétés médicinales; il la feisoit prendre à jeun au mois de
juin, de juillet et d'août ; il en donuoit une aussi grande quantité que le malade pouvoit en supporter. Il assure
que des sympûtmes qui ayoient résisté à tous les remèdes ont néanmoins cédé à ce moyen simple. Il y joiguoit
du tartrite acidulé de potasse , lorsqu'il y avoit inGltration ou hydropisie.
DCXXn. En général, ce qui convient le mieux J l'Ictliyose pellagre est un bon régime et d'exceUens alimens.
On a recommandé avec raison les chairs récentes de jeunes animaux , les bouillons de vipères, de lézards, etc.
ïacheris proposoit l'administration de la gélatine animale de Seguin ; il proposoit sur-tout le lait comme un
excellent spécifique en pareil cas. Au surplus, lorsqu'on me présenta le pellagreux dont j'ai déjà ûit mention,
je n'employai pas d'autre moyen. H étoit dans le marasme et afl'amé ; je lui fis donner une nourriture restaurante ;
on lui administra tous les soins de propreté qui convenoient à son état ; bientôt il se trouva mieux et les symptômes
s'adoucirent.
A R T I C L E JX.
Du traitement externe employe pour la guéiison des Icthyoses.
DCXXIII. Les remèdes locaux sont généralement plus convenables dans les Icthyoses que les remèdes internes.
J'ai retiié un grand fruit de l'usage très-long-temps continué des bains chauds, avec l'eau émolliente de guimauve,
avec l'eau sulfureuse, etc. Je pomTois alléguer deux cas d'une entière guérison; le plus souvent, il est vrai,
ïes individus sont enclins à des récidives, ou doivent être considérés comme incurables.
DCXXIV. Dans l'Ictliyose pellagi-e, Albera proposoit de con iger le vice externe des téguraens par des fomentations
adoucissantes , résolutives ou sédatives ; si, malgré ce moyen, la maladie repulluloit, il avoit recours à
l'eau vinaigrée ou à l'eau de Saturne; il louoit, en pareille circonstance, l'application de l'eau de chaux. Fiapolli,
depuis l3-ès-long-tcmps , avoit indiqué l'usage des bains que Slrambio désapprouve et croit même nuisibles.
Gherardini les recommande par dessus tous les autres moyens. TJn individu fut singulièrement soulagé par des
lotions pratiquées sur la peau avec le sérum du lait.
DCXXV. On a proposé les saignées dans les cas 011 il y auroit pléthore ; mais Albera les regarde comme pernicieuses.
Lorsque le déUre est furieux et que le cerveau paroit vivement phlogosé, lorsque l'irrilatioii pellagi-euso
paroît spécialement fixée sur tel on tel viscère important, on doit nécessairement recourir aux lopitpies vésicans,
aux ventouses, aux douches, etc. ; niais ces moyens ne peuvent être considérés comme directs; car, la pellagre
et les autres icthyoses, sont, pour ainsi dire, des exautlicmes passifs, et il u'y a rien qu'on puisse considérer
comme critique dans ces singulières éruplions.
M A L A D I E S DE LA PEAU. i85
LES SYPHILIDES.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES SYPHILIDES.
DCXXVI. JE ne dois parler, dans cet ouvrage, que des altérations diverses que la contagion syphilitique
fait subir à la peau; c'est décrire sans doute ce qu'il y a de plus intéressant dans son histoire : les premiers
observateurs s'en étoient particulièrement occupés. Quand ce fléau s'oiFrit à eux pour la première fois, ils
firent d'abord une enumeration fidele de tous les phénomènes extérieurs qu'ils eurent occasion de remarquer.
DCXXVIÍ. Leur langue s'épuisa dès-lors en expressions de ressemblance, en comparaisons, en métaphores,
pour retj-acer les formes variées d'une maladie qui est aussi funeste dans ses résultats. Que de termes ne fallut-il
pas inventer, lorsqu'on voulut peindre avec vérité cette multitude infinie de signes et d'exanthèmes hideux,
d'excroissances et de végétations fongueuses, d'ulcères profonds et fétides, qui attristent les regards, qui placent
sans cesse la crainte à côté des plus douces illusions de la vie, et qui désenchantent les plus tendres ii-apporls
de notre existence fugitive !
DCXXVIII. Il est incontestable que les premiers symptômes de celte maladie se sont manifestés à la peau.
On ne peut que s'en convaincre, si on lit avec quelque attention les premiers auteurs qui en ont écrit. La
plupart s'accordent à la représenter comme produisant de nombreuses pustules, qui se répandent insensiblement
sur toute la surface du corps; la plupart s'étudient à chercher des caractères positifs, qui puissent faire
distinguer cette alTeclion de la lèpre, de l'élephantiasis, du feu persan, &c.
DCXXIX. D'ailleurs, tous les accideus de la syphilis n'ont pu se déployer à la fois dans l'économie animale ;
ils ont dû même acquérir progressivement de l'intensité, à mesure que la maladie a parcouru le globe terrestre
: ajoutons que l'homme en a singulièrement multiplié les effets, en trompant les sages intentions de la
nature, en exaltant sa sensibilité par des excès inouis, en se créant des besoins et des penchans qui sont l'opprobre
de l'espèce humaine.
DCXXX. Les peuples de l'Europe paroissent surtout avoir contribué à étendre la maladie vénérienne. La
propagation de ce fléau est une des suites fâcheuses de leurs voyages, de leur commerce, de leur industrie, de
leurs guerres, de leurs victoires, de leur domination. Il faut dire aussi que, transportée de climat en climat,
cette contagion terrible s'est en quelque sorte exaspérée par les influences d'une température étrangère. Le
docteur Bowman a décrit une variété de cette affection, répandue daus le Canada vers le milieu du siècle qui
vient de s'écouler, et dont les symptômes formidables sévissoient avec une rapidité funeste. On coimoît aussi
la marche alarmante et les ravages de la syphilis illyrienne, qui se communique et se propage par tous les
contacts. L'usage commun des mêmes meubles a suffi quelquefois pour exposer à sa virulence, &c.
DCXXXI. M. de Sainte-Croix assure, d'après ses propres olwervatious et d'après les témoignages certains
qu'il a recueillis dans ses voyages, que la maladie vénérienne prend un caractère infiniment dangereux, lorsqu'elle
provient d'un Chinois infecté dans son pays natal : il ajoule que la maladie venue de ces lieux résiste à
tous les remèdes connus; le mercure même n'a aucun pouvoir contre uu tel fléau. M. de Sainte-Croix pense
qu'il faut peut-être attribuer ce phénomène au genre de nourriture des Çhiuois, qui'abusent des substances
froides et aphrodisiaques.
DCXXXIÍ. Il seroit, du reste, intéressant d'examiner jusqu'à quel point les alimens, le genre de vie des
hommes, les qualités de l'air et la tcnjpérature du climat, qui entretiennent avec plus ou moins d'énergie
l'exercice de la transpiration, etc., influent sur l'intensité des maladies, On assure que la syphilis, par l'effet
d'une multilude de causes non encore appréciées, a subi des modifications dont nous n'avons aucune connoissance
en Europe. M. Pearson, docteur de la Compagnie anglaise, le même qui a introduit la vaccine en Chine,
s'occupe spécialement de ce sujet; et déjà des faits importaus ont été le fruit de ses recherches.
DCXXXIII. Cette dissertation n'étant consacrée qu'à l'exposition des faits qui se sont présentés ù moi dans
l'intérieur de l'hôpital Saint-Louis, je ne prétends faire ici aucun étalage d'érudition, ni disserter sur les
époques précises où la maladie vénérienne a pu se répandre en Europe. Mon but n'est point de reproduire ces
discussions historiques : tant d'auteurs les ont agitées, qu'il seroit fastidieux, ce me Semble, de revenir encore
sur une semblable matière.
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