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li-preiix, cl rm placc tons les jours à leur porle de quoi subsister; ils l'ont liiver avec du fort vinaigi-e jusqu'aux
chaises qui leur ont servi. La Lèpre , ainsi que Ta très-bien obseiTü M. de Ste.-Croix , est sur-tout trèscommunc
aux îles Philippines. Manille possède un liûpital pour la traiter; cet hôpital est desservi par les
Pères Eraneiseains, et situé dans un lieu très-salubre. 11 eoutenoit, lorsque M. de Ste.-Croix l'a visite,
près de quatre cents malades. Les îles du .lapon, les Mai-iannes , les Carolines, les îles de la Sonde, les
Molnques, etc., ofl'rent également le talileau de cette dégoûtante infirmité ; il faut aussi nommer les royaumes
de ïonquiai, ceux de la Coehinchine, de Siam, etc.
CCCXCIII. Croira-t-on qu'il la Chine on reneontre une grande quantité d'individus all'eetés de la Lèpre?
M. de Ste.-Croix en a vu beaucoup ii Macao. Les Portugais ont établi au-delà des portes un hospice pour
les recevoir; mais une condition essentielle pour y être admis, est d'etre Chinois et catholique. M. de Guignes
a pareillement l'ait mention des ravages que la Lèpi'e cause dans la Chine. 11 en est qui sont tellement tourmentés
p a r la maladie, qu'ils en perdent les doigts des pieds et des mains; le même voyageur atteste avoir observé
u n certain nombre de Chinois auxquels le nez étoit tombé en morti/îcation. M. de Guignes prétend mal-¿-
propos que ce n'est point une vraie Lèpre, parce tpi'clle n'a point im caractère contagieux : en effet, rien
n'est plus douteux que ce caractère qu'on attribue communément à cette allection.
CCCXCIT. Toute la Turquie d'Asie est en proie aux horreurs de la Lèpre. Les côtes de la Natolie en
sont infectées. Les vdles d'Alep, de Damas, de Tripoli et d'Acre, dans la Syrie, ont vu depuis long-temps
cette maladie les épuiser d'habitans, ainsi tpte les conti-ées de la Palcstuie et toutes les cités qu'elles renferment.
Les lépreux abondent en Perse et en Arabie.
CCCXCV, Les savans qui ont voyagé dans la Grèce, ont vu cette maladie s'y développer avec des symptômes
formidables. On la voit .pulluler dans toutes les îles de l'Archipel, dans celles de Candie, de Tine, d'Andros,
de IN'égi-epont, de Ténédos, de Patmos et de llhodcs. L'ilc de Sanios sur-tojil; est devenue une espèce de
refuge pour les infortunés lépreux. On les rassemble, en plus ou moins grand nombre, dans des chambres
sans songer à les guéru- : on n'a d'autre intention que de les séparer du reste de la société, llien de plus
lamentable, que la situation de ces individus, lesquels sont devenus, en quelque sorte, le rebut delà natiu'O
et des hmuains.
CCCXCYI. L'intérieur de rEurope offroit autrefois une miiltitude immense de lépreux, mais la maladie
a dispai-u avec le progi-ès des lumières et le perfectionnement des institutions civiles. On la retrouve néanmoins
encore dans l'Europe septenti-ionale. Les îles rapproeliées de Féroë , c[ui appartiennent au gouvernement
d ' I s l a n d e ; toutes les côtes maritimes de la Norwège et de la Suède, sont le tliéàtre de la Lèpre fameuse
connue sous le nom de Radesjge. Le professeur Pallas , dans son voj^age en llussie , fait mention d'une
maladie de ce genre, apportée en Crimée par les troupes qui ont fait la guerre contre les Persans. Les
Cosaques du Jaik disent l'avoir liéritée d'un détachement d'Astracan. L'un des premiers symptômes est
d'avoir le visage violet. M. Willan a obsen-é plusieurs espèces de Lèpres en Angleterre. La Erance , cet
empire si policé, compte encore des lépreux à Vitrolles et aux Mortigües. L'Espagne enfin est renommée
par la Lèpre des Astmies : cette province possède une foule d'hôpitaux, dédiés à Saint Lazare, qui étoient
destinés pour sa guérison. On la renconti'oit aussi, il y a peu d'années, dans quelques cantons de l'Italie, etc.
CCCXCVII. Dans quels détails minutieux il me faudroit entrer encore, si je voulois procéder ici à
l'énumération de tous les lieux où a pu se monü-er ce fléau si triste pour lu nature inimaine ! mais de
semblables digi-essions ne font rien au but que je souhaite atteindre. Entrons maintenant dans l'Justoire des
faits particuliers qui constituent Je genre de maladie qui nous occupe. Traçons avec fidélité le tableau des
espèces. Disposons avec ordre la masse des connoissances qu'on a progressivement acquises sur cette intéressante
matière. Que la méthode analytique nous guide ! uoU-e travail sera plus utile et plus instructif.
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