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200 ma l a d i e s d e l a p e a u .
promptitude qui étonne d'abord ceux i|ui l'avoient iiicconiiuc. M. Cullcrier a vu des accès d'épilcpsie, qui
étoicnt la suite manifeste du développement du virus vencrien dans l'économie animale. Nous avons observé
u n vieux débauche atteint d'une atrophie jjaraljtique, survenue après de longs maux de ce genre ; il lut miraculeusement
rétabli par les moyens ordinaires.
D C L X V I I . La réunion du scorbut avec la Syphilis est très-fréquente dans le même hôpital. Lorsque ces
iufortuncs viennent réclamer des soins, ils sont dans un état de inaign^ur difiicile à décrire. Teint cuivreux
et blafard; gencives molles, Ibiigueuscs et sanguinolentes; apathie; morosité; langueur; douleurs ostéocopes
ot t rès-vives ; tumeurs articulaires, recouvertes d'une peau lisse et tendue, sans rougeur et sans chaleur, &c.
Des pétéchies violacées recouvrent çà et là toute la surface cutanée. Hémorrhagies nasales; ténesme continuel;
selles fort rares; urines sédimenteuses et rougeàtres. J'ai vu un jeune homme qui étoit h la fois consumé par la
maladie vénérienne et par le scorbut. Il ctoit dans uu abattement général, qui l'empéchoit de se mouvoi r ; ses
membres thorachiques et abdominaux étoient recouverts de taches l ivides; il avoi t la bouche amère et la langue
chargée d'un mucus noirâtre. Les accidens de la Syphilis marchoient avec non moins de violence. Son corps
ctoit parsemé de pustules, dont le sommet étoit aplati et couvert de croûtes grisâtres : ces pustules, sans s'élever,
s'agrandissoient du centre à la circonférence. Le malade éprouvoit des souffrances vives dans les muscles postérieurs
des jambes, dans les articulations femoro-tibiales, &c. Il rendoit une humeur noire et fétide.
D C L X V I I I . Cette réunion de la Syphilis avec le scorbut invétéré est f réquemment mortelle. Les cris lamentables
que poussent ces infortunés, lorsqu'ils touchent à leurs derniers momens, indiquent assez qu'elle est la
v i o l e n c e de leurs douleurs: leur amaigrissement s'accroît de jour en jour : c'est sur-tout la difficulté extrême
d e la respiration qui les fatigue à l 'excès; les frissons, les nausées se succèdent ; leur ventre se teud et se tuméfie.
L a plupart ont un enrouement accompagné d'une grande altération et du hoquet : céphalalgies intolérables,
tiraillemens atroces dans l'estomac, insomnies continuelles : les cheveux tombent; les ongles se rident; une
mucosité abondante et fétide s'échappe quelquefois de l'intérieur des fosses nasales; la fièvre est continue; le
pouls est misérable.
A R T I C L E U.
Considéra/ions sur le diagnostic des Syphilides, et sur leurs rapports d'analogie avec quelques
autres Maladies cutanée^.
D C L X I X . L'expérience prouve que le virus syphilitique peut rester caclié dans l'économie animale, et s'y
maintenir dans l'inaction; qu'il est utile de faire eu quelque sorte éclater la maladie, pour que le remède
puisse l'atteindre. Ce phénomène explique pourquoi, dans certaines circonstances, on a vainement administré
des doses considérables de mercure, sans obtenir le moindre succès : il explique aussi pourquoi des affections
accidentelles sont très-jiroprcs à développer un vice vénérien dont on n'eût jamai s soupçonné l'existence.
D C L X X . Communément, les éruptions vénériennes perdent leurs caractères extérieurs par l'effet des
remèdes ou par la vétusté : elles n'ont plus cette teinte cuivreuse qui les caractérise d'une manière spéciale, et
qui sert à les faire distinguer des exanthèmes herpétiques. J'ai remarqué aussi que chez les individus dont la
constitution est foible et valétudinaire, les pustules squammeuses sont dépourvues de cette aréole rougeâtre
dont elles sont communément entourées : on peut alors tomber dans quelques méprises; mais ces méprises sont
r a r e s ; et c'est presque toujours la faute de l'observateur, qui ne s'est point assez accoutumé à en saisir toutes
les nuances.
D C L X X I . Peu de maladies ont autant d'analogie et de similitude que la Syphilis et les scrophules : il est
néanmoins des différences tranchées, dont le pathologiste doit tenir compte. En effet, le vice scrophuleux
épargne presque toujours les parties génitales, qu'affecte communément le vice vénérien ; il affecte rarement
les glandes des aines, siège ordinaire des bubons; il ne produit pas non plus cette variété inliuie de pustules
que développe la Syphilis : ses exanthèmes sont informes et irréguliers; ses ulcérations sont moins profondes;
ses végétations moins prononcées. On peut ajouter aussi que les douleurs ostéocopes qui poursuivent les vénériens
sont étrangères aux scrnphulcux, &c.
D C L X X I I . Dans quelques circonstances, il a pu être facile de confondre la maladie vénérienne avec la
l è p r e ; car il est des pustules et des ulcères syphilitiques (|ui présentent absolument l'aspect horrible de cette
dernière affection. Toutefois, les deux maladies n'ont point le même mode de propagation. Un signe distinctif
non moins caractéristique, c'est l'insensibilité complète de la peau chez les lépreux, tandis qu'elle est quelquefois
si douloureuse chez les individus atteints du vice vénérien.
M A L A D I E S DE LA PEAU. 201
D C L X X I I I . On a voulu assimiler la Syphilis au scorbut; mais Stahl a tracé d'une manière frappante les
différences essentielles qui séparent ces deux maladies. Ce grand praticien observe d'abord qu'elles dillèrent
par leur origine. La première naît dans les lieux froids, humides et marécageux : des alimens grossiers et
salés, le défaut d'exercice, sont les principales causes qui concourent à la produire. Le mal vénérien, au
c o n t r a i r e , n'a aucun rapport avec les qualités de l'air, et son principal foyer semble être dans les pays chauds.
D C L X X I V . Le scorbut n'est point ou est rarement l'effet de la contagion, au lieu que le mal vénérien se
développe presque toujours par cette voie. Ces deux maladies diffèrent encore par les parties qu'elles affectent
d'une manière spéciale. Le scorbut attaque le plus fréquemment les gencives, qui sont flasques et sauguinoî
e n t e s ; les dents sont cariées et la langue gercée, &c. La vérole siège de préférence dans les organes de la
génération ; et, si ses effets se propagent jusque dans la bouche, elle n'en altère que les parties glanduleuses,
ainsi que les os du palais et du nez, &c. On pourroit en outre faire voir que la méthode de traitement qui
convient à l'une de ces affections, seroit capable d'aggraver les effets de l'autre, &c.
A R T I C L E III.
Consldéjations sur le pronostic des Syphilides.
D C L X X V . Le pronostic de la maladie vénérienne dépend de l'activité plus ou moins intense du principe
c o n t a g i e u x , de la nature et du caractère propre du mal, de sou ancienneté dans l'économie animale, de sou
étendue, de sa situation, &c. Plus sur-tout l'infection est récente, plus ou doit présumer que les aymptùmcs
disparoîtront avec facilité et promptitude.
D C L X X V I . Le pronostic des Syphilides est fâcheux, lorsqu'elles ont produit, sur le corps vivant, tous les
phénomènes dont elles sont susceptibles; lorsqu'on voit les taches hideuses, les pustules suppurantes, les végétations
rebelles, les larges ulcères se succéder tour-à-tour sur la peau, ou exister ensemble sur le même individu
en prenant tous les jours un accroissement considérable.
D C L X X V I I . Les malades sont sur-tout dans un danger imminent, lorsque le vice vénérien se combine avec
les scrophules ou avec le scorbut. Cette dernière complication est celle que nous observons le plus IVéquemment
il l 'hôpital Saint-Louis. Les malades sont dans un état de langueur et do débilité incompréhensibles ; ils ne
peuvent respirer que lorsqu'ils sont assis ou debout; ils sont dévorés par une soif violente : leur pouls est
f o i b l e et petit; leur visage pâle et décoloré; leurs yeux sont caves, et toute l'habitude du corps est sale et
terreuse : les gencives tuméfiées deviennent rouges, douloureuses et saignantes; les dents vacillent dans les
alvéoles rclâcliées; la bouche se remplit d'ulcères et de végétations syphilitiques.
A R T I C L E IV.
Des Causes organiques qui influent sur le développement des Syphilides.
D C L X X V I I I . Nous ne redirons point ici toutes les assertions plus ou moins absurdes qu'on n'a pas craint
de publier sur l'étiologie de la maladie vénérienne. Sous le ciel brûlant de l'Amérique, 011 a rapporté sa
première origine à des insectes venimeux, que des femmes lascives de ces contrées appliquoicnt aux organes
sexuels de leurs époux, pour les provoquer aux plaisirs de l'amour. Il seroit sans doute difiicile de croire à
une assertion aussi liasardée : d'ai l leurs, quand bien même on lui supposeroit quelque fondement, il resteroit
à déterminer si c'est par Tintroduction d'un virus particulier que les insectes dont il s'agit, développè-rent les
symptômes d'une aussi funeste maladie, ou si cette dernière est le simple produit de la conversion de la.plaie
en miasmes syphilitiques. Girtanner adopte la première hypothèse. Il classe la matière de cette infection parmi
les poisons animaux, et assimile son mode de communication à celui de la rage.
D C L X X I X . Comment a - t -on pu contester la transmission du virus vénérien par voie de génération? ces
sortes do faits sont si fréqucns daus les grandes villes. Il est vrai qu'il est une multitude de questions qui seront
long-temps insolubles, parce qu'il n' y a aucun moyen infaillible de les vérifier. Tous les Pathologistcs ont néanmoins
été à m ême d'éclaircir les problêmes suivans : L e virus syphilitique est-i l propagé avec le germe qui doit
développer l'enfant? L 'embryon puise-t-il le v irus avec la vie dans le sein de la mè r e ? Celui qui est depuis longtemps
infecté par la vérole, et chez lequel cette maladie est en quelque sorte devenue constitutionnelle, peut
certainement la communiquer avec le principe de la fécondation. J'ai même v u , dans l'hôpital Saint-Louis, un
enfant né d'un père vénérien, qui jouissoit en apparence de la mei l leure santé : à l'âge de dix ans, le vice syphil
i t i q u e lui corroda la cloison moyenne du nez. Eu second lieu, nous avons donné des soins à une fille de joie