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M A L A D I E S DE LA PEAU. g,g
qu'ils avancent en âge, parce qu'ils passent toute leur vie sous la mùrac influence atmosphérique. Comme leurs
membres et leur corps sont absolument privés de tout exercice, et qu'ils ne se nourrissent que de mauvais alimens,
le sang circule à peine dans leurs veines, et ils tombent progressivement dans une émaciation qui les
dessèche conune des squelettes.
Le moral des individus qui se trouvent atteints de la scrophule endémique, difiïire essentiellement de celui
qu'on observe dans l'espèce précédente; ils sont en général d'une conception très-lente, et mettent beaucoup d<;
temps pour prendre la décision la plus simple; ils sont mornes et presque toujours silencieux comme les
solitudes qui les environnent; il en est qui sont presque idiots, et ceux même dont la tète est moins mal
organisée, sontignorans et enclins à la superstition. En général, rien n'est plus triste à considérer que la misérable
condition de ces villageois, qui errent comme des spectres dans des lieux sauvages, où règne une nature
marâtre; qui existent sans jamais manifester aucune énergie intérieure, et dont la vie enfin n'est qu'une obscure
végétation depuis la naissance jusqu'à la mort.
Obse/valions relatives à la Scrophule endémique.
DCCXXXVIIÎ. Première Observation. — J'ai fait graver, dans le premier volume de ra-à. Nosologie nalurelle
, le buste d'un garçon âgé d'environ quatorze ans, et qui étoit rongé parles scrophules depuis sa plus tendre
enfance. La paysanne qui le nourrissoit n'espéroit pas pouvoir le conserver. Il eut un accroissement trèspénible.
Lorsqu'on nous le présenta, il avoit l'air d'un déterré; et certes, une semblable expression n'est pas
trop forte, pour exprimer la triste situation où il se trouvoit : son visage étoit couleur de feuille inorte; sou
nez étoit mince, court et écrasé; ses yeux étoient ternes, et il n'y avoit pas d'ailleurs le moindre jeu dans les
muscles qui animent l'ensemble de la physionomie. On observoit sur ses lèvres quelques croûtes sèches et noirâtres,
et sur sa tôle quelques cheveux rares et clair-semés, comme on en rencontre sur le crâne des momies ou des
cadavres embaumés depuis plusieurs siècles ; les dents se trouvoient habituellement recouvertes par un enduit
fuligineux; toute la conque de ses deux oreilles étoit endurcie comme du parchemin. Les mains de cet individu Hinéritcroient une description particulière; elles paroissoient raccornies, comme si elles avoient été rôties par
le feu; les ongles manquoient ou croissoient à peine; toutes les articulations des doigts étoient comme soudées
entre elles : aussi le malade ne pouvoit en user pour saisir les objets qui se trouvoient à sa portée. Il avoit une
voix foible et grêle, en sorte qu'il falloit s'approcher très-près de lui pour entendre le peu de paroles qu'il
proieroit. Ses camarades de l'hôpital essayoient quelquefois de l'exciter à la gaîté; mais rien de plus sinistre que
le sourire errant sur les lèvres d'un être dont la peau flétrie offre les couleurs et les dégradations de la mort.
Deuxième Ohsermlion. — Antoinette Vazon étoit une paysanne de la Lozère, très-retardée dans son accroissement;
ses menstrues étoient irrégulières et n'avoient paru que très-tard; elle souffroit d'une bleunopliLhalmie
chronique, qui résistoit à tous les moyens usités. A la suite de cette blenuophthalmie, les glandes du col s'engorgèrent,
ainsi que celles des deux aisselles; il se forma en outre, à la partie inférieure de l'oreille droite,
un ulcère dont les bords étoient durs, calleux et rougeâtres; sa circonférence présentoit une aréole violacée.
La physionomie de celte malade avoit quelque chose d'ignoble et d'abject; son nez étoitaplaii et comme écrasé
dans sa partie supérieure; elle avoit les lèvres singulièrement épaisses, les joues bouffies, le teint blafard, le
regard hébété, et les facultés intellectuelles abruties; elle s'exprimoit avec lenteur et bégayoit péniblement. Elle
mourut de la consomption scrophuleuse.
Ti-oisiiime Observation.— Marie Pouzoulet avoit trente-six ans, et paroissoit n'en avoir que vingt. Elle
avoit des caries scrophuleuses au doigt médius de la main gauche, et au pouce de la main droite; depuis
six ans celle infirmité la tourmentoit. Un énorme gonflement s'étoit manifesté à l'articulation du carpe de
l'avant-bras du côté droit. Celte pauvre malade éprouvoit une douleur sourde dans les os; mais elle avoit un
autre symptôme qu'on observe fréquemment dans la scrophule des campagnes; c'étoit un engorgement considérable
dans la glande thyroïde. Marie Pouzoulet avoit eu et conservoit encore une gibbosité très-apparente
dans les dernières vertèbres lombaires. Celle gibbosité étoit presque toujours douloureuse, surtout dans les
temps humides et orageux. Le visage de la malade étoit pâle, bouffi et luisant comme celui des hydropiques.
Quatrième Observation. — La nommée Pierrette Collot s'étoit présentée à l'hôpital Saint-Louis, avec
une scrophule crustacée très-remarquable, qu'elle porloit depuis huit mois. Celte éruption s'étoit pour ainsi
dire opérée spontanément et subilement ; elle se manifesta par des croiilea verdâtres qui noircissoient
avec le temps; toutes ces croûtes étoient tuberculeuses; il y en avoit à la paupière gauche, à la racine
et sur les deux ailes du nez, aux lèvres, au menton; toute la face eu étoit pour ainsi dire hérissée; lorsqu'elles
tomboieut, elles laissoienl sur la peau des cicatrices analogues à celles qui succèdent parfois à
l'application des vésicatoiros. La maladie avoit commencé par l'engorgement des glandes cervicales; le col
éloil pour ainsi dire labouré par les progrès de l'ulcération; les cils absolument détruits et les paupières
rongées; il y avoit sur le cuir chevelu plusieurs protubérances énormes et de nature celluleuse.
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