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tiimciaclionclcscsirlilagesqiinesfonnent; les lèvres procligieuscuienl tuméfiées; la langue profondément sillonnée.
La peau avok perdu la faculté de sentir : on la traversoit impunément avec des épijiglcs; le malade n'éprouvuit
aucune douleur, quoiqu'on la piquât jusqu'au sang. Son haleine étoit fétide, repoussante; sa voLx étoit
rauquc. M. Lordat obsei-ve néanmoins que malgi-é l'extinction de sa voix, on distinguoit son idiome naturel, au
milieii des sons presqu'éteints qui sortoient de sa bouche. Le pouls étoit remarquable par sa rareté et sa lenteur •
les urines étoient rouges et bom-beuses. Douleurs articulaii-es assez graves pom- gêner considérablement la
progression. On n'obsei-voit aucune altération dans les facultés xuLellectuelles ; seidemenl Tindividu étoit enchn à
la mélancolie, etc.
Cinqiuhnc ohscri>ation.—'Kmn de plus déplorable à raconter que l'histoire d'un malheureux Colon qui
est venu me consulter à P,iris, et qui périra infailliblement de la nialadit; qui le tourmente. Mille autres indispositions
l'avoient, en quelque sorte, p-éparé à cette affection. Il étoit depuis long-temps sujet à de graves
oplitidniies : il avoit des Uux dyssentériques qixi ne lui laissoient pas un instant de calme ; ces fhix débilitans
étoient, en quelque sorte, devenus habituels chez le malade. XJn jour, qu'il venoit de dîner, on vit se manifester
tout-à-coup de grandes taches sur son visage; ces taches étoient d'un jaune tirant sur le rouge de feu,
à - p e u - p r è s comme la coideur de la ileur du souci. On mit aussitôt le malade à l'usage des sucs d'herbes.
11 sortit alors de nouvelles taches au bras gauche et à hi cuisse du même côté. On fut allarmé et on
cmplo^-ii les sudoriiiqiies les plus actifs, la squine, la salsepareille, etc. : le mal, au heu de diminuer' fit des
progrès. Dcs-lors il lui survmt au front des taches rouges ; la peau de cette partie du visage se dessécha et se
rida, comme la pellicillc qui s'obsen'e à la surface du lait que l'ou fait bouillii". Le bras droit précisément à la
partie qui porte sur la table lorsqu'on écrit, devint tout-J-fait jaunâtre, et la peau tout-il-fait insensible, jusqu'à
ne pas s'appercevoir de la presence d'une épingle qui y resta attachée. Toute la nuit cependant les nerfs des
bras étoient dans une agitation contimiene : il lui survenoit des crampes à la main, ot particulièrement au
petit doigt. On av Oit soumis ce doigt à l'électricité, à l'occasion d'un coup qu'il avoit reçu; et, depuis ce
temps, il n'avoit cessé de lui causer les douleurs les plus vives. Lorsque le malade eut usé' des sudorifiques,
il se développa luie quantité innombrable de taches sin- tout le corps ; aiLx genoux sur-tout, il se manifesta une
grande tache rouge, qui prit une appai-ence hei-pétique. Ce malheureux résolut dès-lors de venir à Paris. Dans
re même temps , il éprouvoit des sueurs si abondantes i\ la tête , qu'il ne pouvoit faire un pas sans qu'il ne
lut singulièrement altbibli. J1 avoit sur les lèvres, sur le nez et sur les joues, des verrues qui se dissipèrent
avec de l'eau mcrcurielle. Lorsqu'il me consulta, la peau de ses bras étoit insensible ; celle des jambes l'étoit
aussi en <}uelques endroits. On voyoit sur tout le co.ps des gi-anulations sans nombre. Le demie étoit comme
offechi d'-un empâtement général. ].e malade resscmoit une espèce do gêne dans ses extrémités inférieures ,
comme s'il eût été serré par un brodequin. Il avoit les yeux gorgés; ses malléoles s'eniloient par intervalles,
et il .lui i-estoit une douleur assez kdjituclle dans les jointures. J1 étoit sur-tout affecté d'mi gonllement extraordiiraire
du prépuce. D'ailleurs rien ne l'empèclioit de vaqua- k ses affaires domestiques, de poursuivre même
des travaux de tête, qui exigeoient de profondes méditations. Les remèdes administrés n'eurent aucun résultat.
Le tissu ceUulairo prit dans la suite un accroissement qui alinrma tout le monde. Le malade tomba dans un
abattement extrême. Il s'est embarqué pour retourner dans son pays. Ses oreiUes étoient monstrueuses et idcérées.
CCCCVI. La Lèpre tuberculeuse pomToit être appuyée par un plus giaiid nombre d'exemples ; car c'est
la plus commune de toiite-s. Il .semble même qu'elle n'ait pas seusihlemeni: diminué sur le globe, comme les
auti-es espèces. Presque tous les voyageurs modernes l'observent et rapportent, i ce sujet, les détads les plus
affreux.
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M A L A D I E S DE LA PEAU. 189
SECONDE PARTIE.
Faits relatifs à l'histoire generale des Lèpi-es.
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CCCCVII. Les différentes Lèpres que nous avons signalées dans la première partie de cette dissertation, se
ressemblent par des symptômes Irappans et essentiels : le caractère du genre se retrouve dans les trois espèces
que nous avons décrites. Yallésius et tous les praticiens expérimentés les désignent sous la commune dénomination
de Lèpres. En effet, on observe dans toutes, le même mode d'altération dans les fonctions les plus
importantes de l'économie animale. On y remarque une lésion profonde dans la facidté sensitive , la chiite des
cheveux, des poils et des ongles, qui semble annoncer une sorte de stagnation dans les actes de la vie nutritive
; une lenteur extraordinaire dans la marche progi-essive des accidcns et des phénomènes ; enfin une midtitude
de traits d'analogie, qu'il est facile de reconnoitre : ces affections ont d'ailleurs une physionomie particulière
qui les rapproche et les sépare entièrement des autres infirmités Inunaines. Reti-açons ici les symptômes généraux
de cette épouvantable maladie.
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A R T I C L E PREMIER.
Des phénomènes généraux qui caractérisent la marche des Lèpres.
CCCCVIII. Le tableau que nous allons tracer Îi nos lecteurs, doit se composer de tous les caractères communs
aux différentes espèces de Lèpres ; il doit même comprendre toutes les modifications que peuvent imprimer à
ces espèces, le climat, le tempérament, mille autres circonstances relatives au régime, à la manière de vivre
de ceux qui en sont aflectés.
CCCCIX. La Lèpre, comme on a eu occasion de l'observer, change très-facilement de physionomie et d'aspect;
elle reçoit les formes les plus variées de toutes les causes qui contribuent h son développement. Est-il étonnant
que les descriptîom ayent tant varié ? Est-il étonnaut qu'on lui ait donné tant de noms dijCférens ?
CCCCX. Dans son début, la Lèpre est, pour ainsi dire, méconnoissable. Elle s'annonce par des signes
qui n'ont aucun caractère allarmant ; quelquefois elle existe depuis long-temps, sans que le malade se
soit apperçu du danger qui le menace. De simples taches jaunes , blanches, ou rougeâtres s'offrent çà et lii
sur la périphérie du système dcrmoïde. Les médecins s'y trompent fréquemment, et les ra^iporteut î\ un vice
dartrcux ou scorbutique. 11 est, en outre , d'autant plus facile de se méprendre sur le vrai caractère de ces
taches, que la plupart ressemblent aux éphélides; or, on sait que ces éruptions accompagnent ordinairement
los maladies particidières qui surviennent dans l'inlérieiu- des viscères abdominaux. Souvent, comme l'a observé
Casai, la peau prend une couleur noire, elle devient épaisse, nigueuse et comme onctueuse, mais on ne voit
aucune écaille, aucune croûte, aucune pustule, ni aucune autre affection extérieure. Les malades consen'cnt un
certain embonpoint mais la face a quelque chose de difforme et de repoussant ; la respiration est emban-assée,
et le souflle des malades contiiuiellcment fétide, qxielquclbis assez analogue à celui des chaii-s gangi-eneuses et
en puti'éfaction.
CCCCXI. Ce changement de couleur dans la peau est par fois suivi de la chûte des cheveux et des poils
des som-cils, qui tombent d'abord successivement et eu petite quantité ; les mains et les pieds commencent
dès-lors il perdre la faculté de senth*, et c'est déjà un des sjnnptômes qui doit exciter les plus vives craintes.
11 est bon néanmoins d'observer que toutes les fois que la sensibilité s'altère et s'émousse par le développement
de la Lèpre, ce n'est jamais à un égal degré dans toutes les parties du corps. Cette observation a déjà été faite
par M. Êrank, sur un individu dont le bras a été modelé en cire; la pièce m'a été donnée par M. Larrey,
lequel la tenoit de M. le comte d'Harac, disciple du célèbre professeur de Yienne. J'ai dans ce moment sous
jncs yextx une jeune fille chez laquelle ce phénomène n'a absolument lieu que sur la peau des épaides. Lorsqu'on
lui touche les mains ou le visage, elle a la sensation d'un voile qui l'empêche de sentir le contact de la main.
CCCCXII. Il peut arriver que la Lèpre reste statîonnaire pendant plusieurs années, sans prendre un accroissement
notable, sur-tout quand les malades observent très-régulièrement les lois de la diététique. La Lèpre des
ti
• Ili