m V L A D I E S DE X. A P E A U.
l'orine drciiìairc, déprimées cr environnées d'un bord de couleur pourprée; hientól il s'en déclara deux i\ la
partie antérieure du slermim : il y en avoit pareillement à la nuque. Sous ces plaques, existoient des ulcérations
qni rendoient une sanie pmiilente; cette affection lit de tels progrès, que la femme eu devint aveuglo :
elio a dispaili, sans qu'on ait pu savoir ce qu'elle étoit devenue.
Tivisième ohseivaiion.— '. de plus intéressant pour les progrès de nôtre art, que l'histoii-e d'Élisahetli
Cayol, non réglée, qui m'a été commumquée par M. Valentin, de Marseille, l'un des médecins modernes
qui ont été le plus attachés h la médecine d'obsei-vation. La fille dont il est question, et qui vit encore , est
native des environs de Marseille; elle quitta son lieu natal, et fut admise à iTlôtel-Dieu de cette ville,"
pour y être traitée d une Lèpre squammeuse qui s'étoit étendue sur rnmvoi-salité des tégumens. Cette fdle
étoit recouveite sur tout le corps, d'une enveloppe ou croûte gi-isâti-e que M. Yalentin compare, avec beaucoup
de raison, à la peau d'un éléphant épiié. J'ai été à même de juger de la vérité de cette oI>servaaon, par
les échantillons d'écaillés qu'il a bien voidu me faire parvenir, et que j'ai maintenant sous les yeux. Ces
écailles ou croûtes étoient plus blanches au cou et au visage; elles étoient remarquables par leur consistance
et parleur épaisseur, ainsi que par leur étendue; elles se détachoient périodiquement et par iVagmens,
comme il arrive aux serpens et aux autres reptiles qui changent de peau : elles n'étoient d'ailleurs séparées
cntr'ellcs par aucun intervalle. On eût dit que cette infortunée malade étoit, pour ainsi dire, vêtue de cette
enveloppe nionstiiieuse, jusqu'à l'entrée du vagin et du rectum. Quelle situation déplorable étoit la sienne !
Ce bouclier hideux interceptoit l'organe des sensations. Lorsqu'on examinoit attentivement la peau dépouillée
et privée de son épiderme , on n'y voyoit aucune altération; il n'en suintoit aucune matière puridente; elle
conservoit toujours le même luisant, le même poli. La tète présentoit un spectacle horrible. Elle étoit coîfléo
d'une calotte épaisse, partagée en deux parties égales d'avant en arrière, etc. ; au travers de cette calotte ,
passoient une multitude de cheveux noire et hideusement entortillés. M. Valentin examina attentivement les
ui-mes de la malade; elles étoient noires, d'une odeur insupportable; les selles n'étoient pas moins repoussantes
par leur excessive fétidité. On ne pouvoit même approcher de cette fdle, sans être ailccté de la manière la
plus désagréable. L'odeur lépreuse que j'ai eu occasion d'étudier, a beaucoup d'analogie avec celle qui se fait
sentir dans la petite A'érole coniluente : durant le desquammation, on observa, du reste, que l'éruption
épouvantable dont il s'agit, s'efleetua dans l'espace d'environ six semaines. On administra à Élisabeth Cayol
des bains savomieux ; on la iHctionna avec de l'Jiuile. La peau fut absolument nettoyée par ces moyens simples ; on
voyoit scul«nent-çà et là cpielque plaques furfuracées. 11 s'étoit déclaré sous le menton un abcès, qui parvint
spontanément à supuration. D'ailleurs, la jeime malade avoit recouvré un état parfait de santé : ses ongles
n'avoient rien c^ue de naturel. Il paroît, du reste , quelle avoit été frappée de cette éruption lépreuse h six
reprises difierentes. C'est à dix-huit mois qu'elle en fut d'abord alteinte. La maladie ressembloit alors à une
espèce de gom-me muqueuse, dont la tête, le col et la poitrine étoient spécialement attaqués. Elisabeth,
parvenue à l'âge de deiLX ans, eut, à la plante de ses deux pieds, une croûte épaisse qui gènoit singulièrement
la progression : cette croûte se détacha spontanément. A ti-ois ans et demi, le cuir chevelu subit une incrustation
dans toute sa surface; incmstation qui s'enleva avec la même facilité qu'une perruque, par l'application d'un
mélange de cendres et d'huile d'olives. A quatre ans, tous les tégumens fin'cnt envaliis ; six mois après,
guérison complète. A neuf ans, nouvelle éruption sur le corps, h la paume des mains, ainsi qu'à la plante
des pieds. M. Valentin a dit que cette rolîe squammeuse dura trois mois. A Ireize ans, encore une éruption
qui dura le mémo temps, et qui est parfaitement guérie à l'instant où l'on me communique l'observation.
CCCC. Nous aurions pu sans doute consulter les divers auteurs, et rapprocher ici toutes les observations
qu'on a publiées sur cette variété de la Lèpre squammeuse; mais le peu de faits qu'on a rassemblés, n'ont
point été décrits avec assez de iÎdélité et de précision : on s'est souvent mépris sur les symptômes. Or, le but
de la méthode analytique que j'ai adoptée, est d'élaguer de cet ouvrage tout ce qui est douteux et équivoque.
N'est-ce pas l'unique moyen de débrouiller la confusion qui règne dans la monograpliie des Lèpres?
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