) 'î
^¿gg ma l a d i e s d e l a peau.
les qualités nvantageuses ou imisiblcs, iju'ù le garantir de leurs atteintes. L'organe qui Umile ainsi son existence est
donc charge de percevoir l'influence des modificateurs et d'en apprécier jusqu'à un certain point les conditions convenables
pour l'entretien de la santé et même de la vie. C'est, en eiTet par la surface cutanée que lui arrive le plus grand
n o m b r e des sensations générales, et, si on considère qu'à l'exception de la vue, la peau, ou du moins le repli de
cette cnvclop[)e qui constitue les membranes muqueuses, entre comme élément principal dans l'appareil de tousles
autres sens, il sera facile de juger encore de son importance dans l'exercice des sensations spéciales.
DCCCCXXVI. Parmi les impressions du premier ordre auxquelles l'homme se trouve soumis, la plus commune sans
contredit, est celle des variations en plus ou en moins de la température. Taudi s que l'oiseau voyageur n'échappe à son
action fulaeste qu'en obéissant à l'instinct qui lui fait changer de climat aux approches de cer taines saisons; pendant que
le quadrupède ne doit la faculté précaire de lui résister qu'aux modifications alternatives du feutre protecteur que lui
donna la nature; avertie incessamment par l'éveil d'une sensibilité exquise, l'espèce humaine se hât e alors d'accumuler les
ressources que les arts fournissent en foule à cet égard chez les nations civilisées. Aussi, comparez les ravages que ce fléau
exerce sur elle et sur les animaux, même dans l'état sauvage, et vous apprécierez facilement tous les avantages d'une
intelligence supérieure sur les inspirations d'un instinct toujours borné, encore qu'il suggère une infinité de précautions
aussi admirables que salutaires. Le froid de certains hivers, par exemple, fait périr les plantes et les animaux
de quelques contrées, nonobstant la couche épaisse et diversement protectrice des tégumens qui sembleroit devoir lui
opposer une barrière insurmontable. L'homme, au contraire, avec sa peau mince et glabre, peut braver impunément,
dirigé par l'expérience et la raison, l'inclcmence de l'air jusqu'au milieu dos privations et des souffrances d e la misère.
Cette enveloppe a donc chez lui et chez les différentes espèces animales des fonctions très-<lisscmblables sous ce rapport,
puisque dans u n cas elle est destinée à fournir les élémens des déterminations intellectuelles, et se trouve bornée
dans l'autre au rôle dune enveloppe tutélaire passive.
DCCCCXXVII. Quelle harmonie néanmoins dans les pr incipes qui ont présidé aux détails d'ar rangement et de texture
variés qu'exigeoient chez ces derniers les différences si saillantes de lem-s moeurs et de leurs habitudes? Ce ii'étoit pas
assez qu'ils trouvassent dans leur enveloppe tégumentaire les moyens de lutter avec avantage contre les vicissitudes atmosphériques;
elle a souvent encore été modiliée, du moins dans son feuillet externe, de manière à rendre plusieurs
.services à la fois. La coquille de quelques mollusques, et l'écaillé de lu tortue, par exemple, défendent en même temps
ces animaux de toute influence délétère pendant leur engourdissement hivernal, et les mettent dans toutes les
circonstances à l'abri des chocs extérieurs et de la voracité des animaux dont ils risqiieroient de devenir la proie.
Les poils, qui, chez la plupart des animaux, font simplement l'olïice d'un appareil caléfacteur, acquièrent chez cert
a i n s , comme dans le hérisson, une forme éminemment défensive. Non qu'ils puissent jamais prendre le caractère
d'armes en quelque sorte offensives, comme on l'a prétendu à tort pour le porc-épic, en supposant que par la rétraction
prompt e de son pauiiicule charnu, il avoit la iaculté de lancer ses dards à une certaine distance. Au reste, toutes
ces nuances particulières de formes et d'usages dans l'enveloppe cutanée des animaux, coïncident constamment avec
l'absence plus ou moins absolue de cette sensibilité que nous avons vue former la qualité dominante de celle de
l'homme. Le type le plus prononcé peut-être de cette disposition négative existe dans le porc; car on observe souvent
que )a couche abondante dégraissé située sous la peau de cet animal, et qui , par sa qualité non conductrice de la chaleur
a au moins l'avantage de mainteni r l'équilibre de sa tempéi'ature, devient le séjour d'insectes et autres animaux
parasites, sans qu'il paraisse se douter seulement de leur présence. Ainsi, on pourroit établir deux termes opposés de
sensibilité très-développée et d'inertie de la p e a u , entre lesquels viendroient se ranger les degrés qui caractérisent les
nombreuses espèces animales.
CHAPITKE CINQUIEME.
DES USAGES PARTICULIERS A CHAQUE ÉLÉMENT DE L'ENVELOPPE TÉGUMENTAIRE.
DCCCCXXVIII. Les parties inorganicfues de la peau dans l'espèce humaine ne sont pas, tant s'en faut, dénuées
d ' u t i l i t é , et établies là uniquement comme ces organes rudimCntaires destinés chez quelques animaux à montrer
l'uniformité du plan de la nature dans l'universalité des êtres vivans. Pour cesser d'être une barrière conservatrice
d e la chaleur, comme dans la plupart des autres espèces, les productions cornées de la peau humaine, mais surtout
l'épiderme n'en remplissent pas moins des fonctions éminemment protectrices. Ce n'est- qu' à l'abri de cette couche
inorganique que peut s'exercer convenablement le tact général, source des facultés et des fonctions qui établissent la
suprématie intellectuelle de l'homme. Qu'elle soit en effet trop développée, ou bien qu'elle manque entièrement, la
sensibilité s'affoiblit ou s'exalte, devient inertie ou douleur. Il n'est pas jusqu' à l'appareil j)ileux qui, fort étranger sans
doute au rôle qu'il joue chez la plupart des animaux, n'ait cependant quelque part à l'exercice de la faculté sensitive.
La preuve, à cet égard, c'est qu'on rencontre constamment des poils aux environs de chaque appareil des sens, de l'oeil,
du nez, de l'oreifle, où ils ont , comme on sait, pour usage d'atténuer, en quelque sorte, l'impression des agens qui
mettent leur fonction en jeu, le son, les odeurs, la lumière.
DCCCCXXIX. L'épiderme exigeoit à son tour un degré convenable de mollesse et même d'élasticité sans lequel il
MALADIES DE LA PEAU.
n'eût p u qu'être un obstacle à la précision des fonctions tactiles. Le fluide gras, onctueux, qui se dépose en plus ou
moins grande quantité à sa surface, paroît essentiellement destiné à l'entretenir dans cette condition. C'étoit probablement
à l'imitation de ce procédé de la nature que les anciens faisoient un si fréquent usage des frictions huileuses,
dont les modifications apportées dans les vètemens, et surtout l'emploi du linge, ont pu seuls dispenser les pexiplcs
modernes.
DCCCCXXX. On no peut guère assigner exactement les usages dup i g m e n t u m et du coi-ps muqueux qui en est le
siège; cependant il est presumable qu'ils ne sont autres que ceux dont nous venons de constater fexistence dans les
élémens plus excentriques de la peau : on observe du moins que l'activité sensitive se montre a.ssez généralement en
rapport inverse du développement des parties dont il s'agit. Dans la race blanche, par exemple, la sensibilité est
toujours plus vive sur les parties naturellement moins colorées et sur celles que finfliience des vètemens ramène à la
même condition physique. Ou peut vérifier encore cette observation dans la race nègre dont la sensibilité est si intense
u la plant e des pieds et à la paume des mains, qui sont aussi beaucoup moins noires que le reste de la surface. C'est
dans le tout jeune âge que les individus de cette môme race sont part icul ièrement sujets au tétanos, et on sait que, nés
blancs, la couleur noire n'a pas encore pris chez eux toute son intensité à cette époque de la vie. La qualité protectrice
(\\i pignientum et du corps muqueiLX devient beaucoup plus évidente encore chez les Albinos^ ou l'un et l'autre existent
à un degré si imparfait, et qui sont aussi sujets aux irritations variées de la peau pour les impressions les plus légères
qu'éprouve cette membrane. L'âge fait encore subir à la peau des changemens sensibles; mais ils le sont bien
davantage dans les cheveux, qui du reste perdent alors quelques-uns de leurs principes const i tuans, que l'art parvient,
jusqu'à un certain point , à leur rendre. Si la peau est disposée à l'accomplissement de tous les phénomènes sensitifs
par l'effet de son organisation générale, les faits précités montrent aussi que cette propriété varie dans son intensité
sur certains points de sa surface, où elle présente en même temps, comme nous l'avons déjà vu, une modiiieation
relative dans sa composition et dans sa structure.
DCCCCXXXL La surface tégumentaire externe se trouvant exposée à des chocs, pour ainsi dire continus et plus
ou moins violens, il étoit indispensable que la partie fondamentale de son tissu piit supporter sans inconvéniens et
même favoriser à quelques égards le développement de certaines de ces impressions. Nul doute que le tact ne s'exerçât
avec beaucoup moins d'avantage si, au lieu de ce point d'appui ferme et résistant que le derme présente à l'action
des corps extérieurs, il n'avoit que la consistance molle et pulpeuse de la surface tégumentaire interne. Cette circonstance
expliqueroit déjà sufilsamment la diversité des fonctions des deux membranes, l'une étant un organe
d'absorption, l'autre servant surtout à u n usage e.xcrétoire ettactile; mais celui-ci même indiqueroit, à défaut de faits plus
décisifs, la possibilité de la p remièr e de ces fonctions dans l'enveloppe cutanée : car on ne voit pas pourquoi , destinés
à livrer passage aux différentes matières cxcréraentitielles, les vaisseaux, pores, ou autres voies d'élimination ne
pourroient pas servir aussi à transporter à l'intérieur les substances déposées à la surface. Il est toujours certain que
l'état ordinaire de vacuité des vaisseaux situés au-dessous de l'épiderme, que par cette raison môme on a nommés vaisseaux
blancs, et qui forment peut-être en grande partie le corps muqueux, ne peut qu'être favorable au phénomène
dont nous parlons. On sait que ces vaisseaux se rempl issent quelquefois de sang, même dans l'état physiologique, ainsi
qu'on le voit au visage qui vient à se colorer par feffet d 'un sentiment de honte ou de pudeui-. Cette coloration accidentelle
ne doit pas être confondue, sans qu'il soit besoin de le dire, avec celle qui constitue le pigmentum naturel de
la peau. S'il est vrai que des sueurs de sang aient été observées, on ne peut pas douter que c'est par les mêmes
canaiLX qui contenoient le sang dans le simple cas d'injection que ce fluide est exhalé dans celui-ci.
DCCCCXXXII. Le réseau vasculairc sous-muqueux de la peau paroît naturellement destiné à fournir à chacune des
parties constituantes de cet organe les matér iaux nutritifs indispensables à leur développement ou à leur réparation. Telle
que nous l'avons vue organisée, la double surface tégumentaire devient pour le corps vivant l'intermédiaire de toutes les
impressions extérieures. Formée, comme nous l'avons dit, d'assez bonne heure, elle devient dans l'embryon le canevas
des organes qui rempliront des fonctions plus ou moins importantes par la suite. Organe de nutrition et de défense,
l'enveloppe tégumentaire devient encore le domaine le plus vaste pour le médecin ; et cette variété d'usages, que nous
avons signalée, rendra facilement raison de l'étendue des considérations que l 'étude de cette membrane nous fournira
sous le point de vue pathologique.
%h
\
ARTICLE PREMIER.
DU TOUCHER.
DCCCCXXXIII. C'est avec raison qu'on a dist ingué ce sens, éminemment actif, de la perception involontaire et passive
que fournit le tact proprement dit, ou ce sent iment qui accompagne toute impression d'un corps sur une partie quelconque
de la surface cutanée. Mais, pourobteni r cette per fect ion, ou plutôt cet accroissement d'action dans le phénomène
d u toucher, il falloit que l'organe sentant subît une modification relative; et celte condition se trouve parfaitement remplie
dans la main de l'homme. C'est en elle que la sensibilité, de générale et vague, pour ainsi dire, qu'elle étoit à la
surface de la peau, acquiert ce degré d'énergie et de finesse dont le toucher nous offre toute l'étendue. La main peut à bon
'M
I