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rallaclient à la mime théorie. D'ailleurs, j'ai souvent observé qu'il est des exanthèmes aigus qui
ressemblent d'une manière si parfaite aux exanthèmes chroniques, qu'il n'y a t|ue la seule
présence de la fièvre concomitante qui puisse les l'aire distinguer. Or , comment la fièvre pourroit
elle constituer une difTérence notable, puisqu'on la remarque souvent dans la Lèpre,
l'Eléphanliasis, dans le Pemphigus et autres maladies cutanées f|ui tendent lentement à leur
solution, el dont les périodes sont d'une très-longue durée? Je dois ajouter qu'il est des exanihème.
s chroni([ues qui finissent par revêtir un caractère aigu , ou qui pi-ennent alternativement
l'un et l'autre de ces caractères. Ne voit-on pas des Dartres qui affectent l'allure de
rErysi|)èle, ou qui trompent la vue par une physionomie absolument analogue il celle de la
Petite-Vérole , de la Rougeole, etc. ? D'après cette considération , il importoit infiniment de
ne pas séparer l'histoire des exantliémes aigus de celle des exanthèmes chroniques. Aussi
suivrai-je la même méthode pour la traiter. Le pinceau du peintre retracera fidèlement
chacune de ces affections, telle qu'elle existe lorsqu'elle est arrivée à son étal parlait, et qu'elle
n'a plus (ju'ii décliner et à décroître. .J'imiterai le Botaniste exact, qui ne fait représenter la
fleur h notre curiosité, que lorsqu'elle est entièrement épanouie, et que toutes les parties de
la fructification sont formées.
XV. Ainsi la collection que je publie en ce jour comprendra la pathologie entière du
système dermoïde. Qui ne voit déjà l'étendue des travaux que j'ai entrepris '. En ellèt, les
maladies dont je traite, sont d'autant plus multipliées, que la peau qui en est l'objet, répond ii
tous les viscères , et participe , en quclcpie sorte, i toutes les fonctions du corps humain.
Tapissée de nerfs, d'artères, de veines , de lymphatiques, peuplée de glandes, par-tout
imprégnée du corps muqueux, .sa structure se diversifie il chaque instant comme ses usages.
Aussi essentielle à l'individu que l'écorce l'est à l'arbre, elle sert à l'ornement et à la conservation
de l'homme. Non-seulement l'exhalation et l'absorption lui sont départies, mais elle est
l'instrument suprême du toucher; et, par ce double emploi dans l'économie animale, elle
exerce à-la-fois la vie d'assimilation et la vie de relation, pour me servir du langage des
Pliysiologistes. Aucun phénomène de l'organisme ne lui est, par conséquent, étranger.
DEUXIÈME SECTION.
Des modifications que l'âgCj le sexe, le tempérament, les saisons et le climat
impriment aux Maladies de la Peau.
XVL .TE viens d'indiquer succinctement à mes lecteurs les matières diverses dont je me
propose de traiter dans le cours de cet ouvrage. Mais ces matières, considérées sous différens
jioints de vue, semblent offrir un intérêt nouveau. C'est ainsi que j'ai pu contempler les maladies
cutanées se modifiant selon l'âge, le sexe, le tempérament el les saisons, même selon le
climat. L'hôpilal Saint-Louis m'a fourni l'occasion de les étudier sous tous ces aspects, et j'en
ai profité avec zèle. J'expose avec simplicité les détails utiles ([ue j'ai rassemblés.
XVII. En premier lieu , on ne peut douter que l'âge n'entre pour beaucoup dans les
modifications que peuvent subir les Maladies de la peau ; car cette enveloppe elle-même
change selon les différentes époques de la vie. Elle a , comme les autres organes, des formes
fugitives qu'elle revêt et quitte avec rapidité. A peine l'enlant a-t-il quitté le sein de la mère,
que chez lui le système dermoïde devient la proie d'une multitude d'iiilirmités. Tout le cuir
chevelu est tourmenté par un violent prurit, et se couvre de croûtes ou d'écaillés. L'épiderme
se fend derrière les oreilles, et il en découle une sanie copieuse. Quelques nouveau-nés
ont les bords intérieurs des deux lèvres souillés par des aphtes ; d'autres oiu la flice dégradée
P R É L I M I N A I R E .
par des vésicules pleines d'une sérosité jaune ; c'est, en un mot, le temps des Gourmes,
des Teignes, des Varioles, etc. Qui ignore que le travail de la dentition occasionne des éruptions
brûlantes sur les joues, désignées par le nom vulgaire de feux de dents? N'est-ce pas
alors que la membrane muqueuse du pharinx, des intestins, etc. est plus spéciiiicment irritée,
et qu'il survient des engorgemens dans les glandes mézaraïques ? Mais l'enlànce s'éloigne ;
l'âge de puberté arrive : tout change alors dans l'économie humaine. Le système dermoïde
paroit embrasé d'un feu nouveau; il perd l'odeur muqueuse qu'il avoit, el exhale une odeur,
pour ainsi dire, séminale. Les affections qu'il éprouve ont quelc|ue chose de plus inilanunatoire.
C'est alors que paroissent divers érysipèles; la peau est marquée çk cl là de boutons qui
ont une apparence phlegmoneuse ; ces boulons sont tantôt réunis el aglomérés, tantôt isolés
et solitaires. Ils sont accompagnés d'un sentiment de tension et d'âcreté qui annonce leur
action purement dépuraloire. De là vient qu'ils ne cèdent qu'aux délayans et au régime antiphlogisticpie.
Les années se multiplient; les maladies du système dermoïde n'ont plus la iiu'ime
vivacité, comme dans la période ardente de la jeunesse. Cet organe, dans l'âge mûr , devient
plus rude, moins sensible et moins perspirable. C'esl chez les adultes <|ue se manifestent les
cors, les aspérités, les taches,les lichens, etc. Enfin,quand l'homme touche à la vieillesse, les
vaisseaux cutanés se tuméfient, et deviennent variqueux. Le lissu cellulaire se dessèche; la
peau est dure, épaisse, tuberculeuse; elle se résout quelquelbis en écailles furfuracées. On
voit alors se former différentes espèces de dartres, des phlyctaines, des ulcères, etc. A cette
dernière époque de l'existence, le système dermoïde n'est point exposé aux révolutions qu'il
éprouve dans les autres âges. Ses propriétés vitales sont dans un état de langueur et de dépérissement.
Il faut moins compter sur la guérison. Au surplus, en continuant de considérer les
maladies cutanées sous le même point de vue, on peut ajouter qu'elles suivent, en général, la
direction des forces toniques dans l'économie animale. Dans l'enlànce, elles viennent assaillir
la tête; dans la puberté, elles se portent à la poitrine ; dans l'âge mûr, elles occupent l'abdomen
, le siège hémorroïdal, etc. ; dans la vieillesse, elles sont dans les extrémités inférieures.
XVIII. Après la considération des âges, celle des sexes s'est naturellement présentée à
moi dans fétude des Maladies de la peau. Ainsi, par exemple, on observe que le système dermoïde,
chez les femmes, est plus abreuvé de sues et doué d'une sensibilité plus exquise que
chez l'homme. Cette double qualité peut influer sur la nature de leurs éruptions cutanées.
Combien d'ailleurs n'y a-t-il pas de ces éruptions qui ont les rapports les plus directs, soit avec
la fonction menstruelle, soit avec la fonction de l'allaitement? La rétention des règles donne
lieu à une multitude d'exanthèmes; mais ce qui est sur-tout difficile à guérir, ce sont les altérations
dermoïques qui se manifestent à la période critique qui constitue l'âge de retour, parce
qu'alors on n'a plus l'espérance de rétablir le flux supprimé. J'ai remarqué en outre que lorsque
ces mêmes altérations, déjà existantes, ne sont pas dissipées par la révolution organique qui
s'opère à cette époque de la vie, elles éprouvent une sorte de recrudescence, et deviennent
plus intenses qu'auparavant. Une interruption prématurée dans la sécrétion du lait, produit
des désordres presqu'aussi considérables. J'ai vu naguère une dame qui, ayant sevré
tout-à-coup son enfant, fut couverte .soudainement d'une dartre croûtcuse dans les membres
torachicpies et abdominaux. Elle reprit son nourrisson, et cette affection ne tarda pas à
disparoitre. Je dois ajouter que la redondance du liquide laiteux se marque souvent à la
périphérie du corps de la femme par des taches d'un roux cendré, par des croûtes d'un blanc
verdâtre , et que cette cacochimie rebelle entraîne parfois des abcès qu'on pôurroit presque
considérer comme easéeux; il se déclare des douleurs vagues, mais très-vives, occasionnées
par l'irritation générale du tissu cellulaire et des glandes lymphatiques ; il se manifeste des
empâtemens, des tuméfactions, des gonflemens de ces organes, fort mal décrits jusqu'à ce
jour. J'ai particulièrement approfondi celte intéressante matière à l'hôpital Saint-Louis, et
j'ai rassemblé beaucoup de faits qui ont échappé aux auteurs qui ont médité avant moi ce
même sujet.