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J. XIX. II falloit sur-tout apprécier l'influence des tempéramens sur la production des
maladies cutanées. C'est ainsi que les individus doués d'une constitution lymphatique, dont
les cheveux sont blonds , dont la peau est blanche, sont particulièrement sujets aux efflorescences
scarlatines, aux dartres niiliaires, dont la plupart se manifestent au scrotum, à la partie
interne des cuisses , sur les joues, etc. C'est ainsi que la Dartre furfuracée est l'apanage
des gens robustes et d'un tempérament bilieux-sanguin. Nous observons assez constamment
dans l'ordre civil, que le système dermoide s'embellit, pour ainsi dire, aux dépens de son
énergie physique, et que la peau humaine qui flatte le plus agréablement la vue, n'est souvent,
pour un Physiologiste attentif, t|u'une peau malade ou étiolée. Mais il est un tempérament
spéciidement remarquable par la foiblesse radicale de l'organe cutané, et qui appartient surtout
aux personnes dont le teint est fleuri, dont la chevelure est d'un rouge ardent , doru les
yeux sont bleus, etc. Or , il n'est pas rare de voir que, dans la vieillesse , ce tempérament est
voué au supplice de l'opiniâtre prurigo-, c'est également celui que l'herpes farineux et la gale
canine attaquent avec le plus de ténacité. Je pourrois alléguer d'autres laits non moins irréfragables;
ces fails prouveroient de concert que les tempéramens particuliers communiquent
leur empreinte aux malatUes cutanées, aussi bien qu'aux autres altérations du corps vivant.
C'est encore ici un appcrçu nouveau en pathologie, qui oIVre la plus grande latitude aux méditations
des Médecins cliniques.
S. XX. L'état de l'atmosphère a une action aussi puissante sur le système dermoide que sur le
système nerveux. Hippocrate avoit déjà remarqué que les chaleurs humides déterminoient le
develop lement des taches cutanées. C'est dans les saisons pluvieuses que les douleurs des cors
aux pieds se raniment , que plusieurs sortes de dartres s'irritent et croissent en intensité. Il est
certaines constitutions de l'air particulièrement favorables au développement de l'érysipèle.
La petite-vérole et la rougeole n'ont-elles pas des saisons qui leur sont propres ? Les vapeurs
mal-saines de l'automne foiu naître quelquefois sur la peau des exanthèmes de mauvais caractère,
des anthrax, des pétéchies, etc. .l'ai souvent vu le prurigo se cacher pendant les ardeurs
brûlantes de l'été, pour reparoitre pendant l'hiver. La desquammation furfuracée a principalement
lieu pendant le printemps. Au surplus, nier l'influence des saisons sur les fonctions de
la peau, ce seroit nier celte même influence sur les fonctions du système exhalant. Cette
influence est, du reste, si manifeste, qu'on la remarque même chez la plupart des quadrupèdes
et des volatiles, qui , comme l'on sait, sont sujets tous les ans à une sorte de mue cutanée.
Pendant cet acte mystérieux de la nature, les animaux sont tristes, et tout annonce en eux
la révolution organique qu'ils sont sur le point de subir. Le système dermoide n'est donc
pas le même dans toutes les saisons, et les changemens divers qu'il éprouve, doivent, sans
contredit, modifier le traitement qu'on applique aux nombreuses infirmités qui l'assiègent.
XXI. Au milieu de cette variété infinie d'individus que l'indigence et le malheur rassemblent
à rhò]iilal Saint-Louis, j'ai pu même appercevoir une autre influence non moins intéressante
: je veux parler de celle du climat, qui modifie généralement les maladies humaines,
comme il modifie les plantes, les animaux et autres productions naturelles. Dans ce vaste hospice,
des voyageurs malheureux viennent de toutes parts présenter à nos regards l'empreinte
des lieux où ils ont reçu la naissance. Sans <|uitler l'enceinte de Paris, j'ai donc vu la Plique
sur un Polonais, la Framboesia sur un Américain et l'Élépliautiasis sur un infortuné Colon
qui venoit de quitter le ciel impur de Cayenne, .l'ai pu contempler un Ethiojjien long-temps
brûlé par les feux de la zòne torride, victime encore de fancienne irritation qu'ilavoitendtn'ée,
et chez lequel l'épiderme des mains se séparoit et se soulevoit en phlyetaines. Qui peut savoir
si quehiue jour des circonstances fatales il l'Iiumanité, mais favorables ii la science, ne transporteront
point dans nos murs la Lèpre de l'Egypte, la Radesyge de la Norwège et la Pélagre
du Milanais? Mais la France sur-tout m'a offert des circonstances locales que les praticiens
doivent apprécier. Ceux qui habitent ses côtes maritimes, sont tourmentés de certaines dartres
P R É L I M I N A I R E .
dont le caractère est très-opiniâtre ; et on peut porter le même jugement sur ceux qui vivent
dans des provinces marécageuses, ou dans des villes bassement situées sur les bords des
grands fleuves. C'est une remarque intéressante, que chez tous les peuples qui descendent des
anciens Celtes, et qui ont une physionomie analogue, tels que les Bas-Bretons, les Écossais,
les habitans du pays de Cornouailles, etc. la peau est généralement infectée par des maladies
prurigineuses, dont on augmente parfois les aecidens par des frictions violentes et réitérées. Le
règne de ces maladies, dans ces lieux, est sans doute entretenu par les rivages de la mer , oOi
croupissent journellement une multitude d'insectes, de poissons, de coquillages , etc. Ainsi
donc, toutes les afl'eetions cutanées qui souillent l'espèce humaine, arrivent et paroisscnt successivement
sur un même tliéâtre pour les progrès de l'observation médicale.
TROISIÈME SECTION.
Des Causes diverses q ui contribuent au développement des Maladies de la peau.
§. XXI I . A P R È S avoir considéré les Maladies cutanées sous les points de vue les plus divers,
j'ai cherché à me faire une idée juste de leurs causes physiques et manifestes. Parmi ces causes,
il faut sur-tout assigner les alimens dont la mauvaise (|ualité aifoiblit les propriétés vitales d e la
peau, et la dispose à tous les genres d'altération. Quand les alimens sont indigestes et malsains,
la transpiration s'intercepte-, les vaisseaux exhalans tombent dans l'atonie. Nous recevons
souvent à l'hôpital Saint-Louis des personnes du peuple qui ont long-temps enduré la famine,
ou qui ne subsistent habituellement t[ue d'une nourriture dépravée, lesquelles sont couvertes
de la Dartre seabioide , affection que l'on confond avec la Gale, et dont , malgré sa fréquence
, on a peu encore étudié la nature. D'une autre par t , les hommes livrés aux excès de
la boisson , qui se gorgent de mets trop sueeulens ou trop épicés , ont le système dermoidc
tourmenté par des éruptions inflammatoires. N'est-il pas d'expérience journalière que
ceux qui abusent des liqueurs spiritueuses , ont le teint cuilammé par des papules ou par
des taches purpurines qui accusent le mauvais genre de vie auejuel ils s'abandonnent? Il
paroît constant que les hommes qui font un emploi fréquent de poissons marins ou de viandes
salées, sont particulièrement sujets ii l'Éléphantiasis. 11 est, en un mot, impossible de dire
quelle dégénération peut imprimer au tissu cellulaire l'excès, le défaut ou le choix pernicieux
des alimens. Dans le temps affreux de la terreur, où la disette fut une des nombreuses calamités
de la France, on mangea beaucoup de chair d'animaux morts. On observa qu'il en survint
des hydropisies, des altérations cutanées de tous les genres.
XXIII. J'ai déjà démontré les modifications que peut imprimer aux Maladies cutanées
l'action des saisons et du climat. On doit en conclure, ce me semble, c|ue les diverses vicissitudes
de l'air sont une des causes les plus ordinaires de ces maladies. Un froid humide
diminue l'exhalation. Si cet effet arrive soudainement, la matière de l'excrétion stagne dans
les petits vaisseaux de la périphérie du corps, suscite des affections herpétiques , des oedèmes,
universels, etc. Nous avons fréquemment observé ce phénomène chez les individus qui dorment
pendant la nuit dans les rues ou dans les champs. L'affection érythémateuse que l'on
désigne ordinairement sous le nom A'engeliires, n'est-elle pas le résultat du froid vif qui règne
dans fatmosphère? On sait aussi que le système dermoide des personnes qui s'exposent aux
ardeurs ilu soleil, subit des altérations différentes. Les gens qui travaillent à la moisson, ou
qui, pendant les chaleurs de l'été , vendent des subsistances dans les promenades publiques ,
contractent, à la liice,une dartre croùteuse, qui a une sorte d'aspect érysipélateux, et que j'ai
décrite avec le plus grand soin : ils éprouvent des pustules, des phlyetènes, etc. ; il leur survient
diilérentes efflorescences sur la peau.