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,46 M A. Tj A D I E S D E L ,V 1' E A U.
Ht'breiix avoit-il interdit expressément la eliair de cet animal. M. Larrcy a observé les cffcLs fiinesLes de ceLLe
nourriture sur les Français qui étoient en Egypte. 11 est digne d'altcntion qu'on eu fait un fréquent emploi
h l'île de France, et que la Lt'^pre y est ti-ès-coniinuiie , comme nous l'avons déjà dit plus haut.
CCCCLIX. Casai, qui u tracé xuae description fidèle de tontes les afieclions cutanées, dans la province dos
Asturies, remarc|U(' très-bien cpie le mais ou le milIct des Indes fait la principale nourritui-o de ceux qui sont
iitlcints de cette maladie; car leur pain est composé avec la farine de ce maïs. C'est à l'aide de celte même farine,
qu'ils fabriquent une bouillie qu'ils mêlent avec du lait ou du beurre de lait. Us n'ont presque toujours que des
viandes salées, ou de mauvais fruit. Leur pain est fait avec de la pâte non feimentée. Ils n'ont à boire que
de l'eau. Les peuples du nord mangent également des viandes salées, ou desséchées à Tair , etc. Leur pain
est de mauvaise farine d'avoine. Ils ne Ixji^'cnl que du lait gâté, lis se desséchent l'estomac avec de mauvaise
eau-de-vie, etc.
CCCCLTII. On trouve asse?. habituellement la Lèpre chez les peuples qui vivent dans une malpropreté
extrême. M. Larrey observe que les Égyptiens changent rarement de vêtemens; qu'ils couchent, pendant l'été ,
sur un terrain sale et poudreux , etc. Si cette maladie fut si commune immédiatement après les Croisades, c'est
qu'alors les hommes manquoient de liage et vivoicnt dans une dégoûtante saleté. C'est, en gi-ande partie, pour
remédier à ces inconvéniens, que Louis V l i l fit lîâtîr tant de léproseries, et qu'il assigna des revenus considérables
h CCS établissemens. Examinez tous les pays où la Lèpre est endémique, vous verrez qu'elle est presque toujours
causée par Ja manière de vivre des hnbitans : c'est un fait digne de remarque , qu'elle a disparu sur la
t e i TC , à mesure que les ressources de l'hygiène se sont mullipliées. De nos jours , les habitans des cqtes de
la Norwège, ne sont sujets à la radesyge, que parce cju'ils s'entassent dans des huttes mal-saines; la fumée
ne sort jamais de leurs demeures; la plupart dorment sans lit, avec des habits uu)uillés. D'ailleurs leurs vêtemens
sont tissus avec une laine de mauvaise qualité ; on les imbibe d'huile de poisson pour les rendi-e imperméables
à la pluie : ce sont ces sales vêtemens que les pêcheurs gardent souvent pendant plusieurs mois ,
• jusqu'à ce qu'ils tombent en lambeaux. Le la vient sans doute que le métier de pêcheur contribue si fréquemment
à Ja production de cette maladie. M. llévolat, médecin de l'hôpital mihtaire de Nice, vient de communiquer
à M. Valentin l'histoire d'un Lépreux nommé Pierre Saraut, qui d'abord n'avoit eu qu'un ulcère situé au-dessus
de la malléole interne de la jambe gauche. Mais rexistence pénible qu'avoit cet individu, et le contact habituel de
l'eau de la mer, avoient en quelque sorte décidé l'Eléphantiasis ; cet homme vit encore aujourd'hui. Il se place
ordinairement sur le pont de Nice, pour implorer la générosité des passans.
CCCCLIV. On a, dans tous les temps, répandu l'épouvante louchant le caractèrc contngÎeux de cette horrible
maladie; mais on s'est trop fié peut-être, sur ce point, à des traditions mensongères. Les Livres saints nous
rappellent tous les soins que Moyse se domioit pour séparer du peuple Juif les individus infectés de lu Lèpre.
Les lois anciennes commandoicnt les précautions les plus sévères. Qui ne fuiroit ini lépi'cux, dit énergiquement
Arétée de Cappadoce! Schilling assure que cette afleclion est communicable par le coït; elle peut, dit-elle, se
transmettre par une co-liabitation continuelle, par l'haleine, par l'odeur fétide qui s'exhale des ulcères : elle
passe journellement des nourrices aux nourrissons, etc.
CCCCLV. Le virus lépreux, dit Schilling, a une qualité fci-menlative; il produit un mouvement intestin
qui infecte successivement la masse entière des humeiu-s. Aussi voit-on à iiagdad un lieu solitaire environné
d'un mur; ce lieu est rempli de petites bai-aqucs, dans lesquelles tous les lépreux sont contraints de se retirer.
Niebuhr, du reste , dans son voyage en Arabie , allègue un fait qui prouveroit la contagion rapide de la
Lèpre, s'il étoit d'une autlienticité inconleslable. Il l'apporte qu'un individu lépreux, ayant conçu une passion
très-violente pour une femme , eut recours à une supeicherie aussi odieuse que coupable pour la posséder.
Il se revêtit, pendant quelques jours, d'une chemise line, et parvint ensuite à la lui làire acheter pour un
prix très-modique : à peine eut-il appris que la J^èpre s'étoit communiquée à l'objet de son amour, qu'il en
fit informer le gouvernement, en soite que cette malheureuse victime se trouva bientôt renfermée dans la même
maison que lui.
CCCCLYI. M. de Pons, dans son voyage à la Terre-Ferme, parle des précautions sans nombre que prenoit, en
Amérique, la police espagnole, pour s'opposer ù la propagation de l'infection lépreuse. Oji portoit les scrupules
jusqu'à classer dans le même genre des maladies cutanées ou glanduleuses qui s'étoient montrées rebelles
à des remèdes énergiques, souvent même des maladies qu'on ne se domioit pas la peine de ti'aiter, et qui
ofTroient un appareil de symptômes plus ou moins allai-inans. M. de Pons fait aussi mention d'un hûiîital dédié
à Saint Lazare, qui est situé dans la partie orientale de Caracas, et dans lequel on renfermoit les personnes
de l'un et de l'autre sexe, dont la peau se trouvoit souillée par quelque ulcération ou par quelque pustule.
Le moindre indice de Lèpre que l'on rencontroit, faisoit décider que la maladie étoit incurable ; on a voit
soin pourtant de séparer les sexes dans ccs lieux de réclusion ; mais on leur pcrmettoit de s'unir par les liens du
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mariage; grand ineonvénient, puisque eetoit le moyen de propager une maladie si fiincsle. M. de Sle.-Ci_„.
m'a liarlé de l'Iiòpital de Manille, lequel au moment de son voyage aux îles Philippines, renfermoit environ
une quarantaine de lépreux. Cet hôpital situé dans un lieu salubre , est desservi par des religieux Ira.iciscains
qui sont logés 4 part, et prennent des précautions extrêmes , lorsqu'ils vont faire l'inspection de leurs malodcs, etc.
Ils ne touchent jamais aux vases oii autres meubles dont se servent ces infortunés. On lave soigneusement avec
de fort vinaigre, les lieux où ils ont pu se reposer quelques instans, etc.
CCCCLVU. Quelques observateurs citent néanmoins d'autres faits qui devroieut fai,-e révoqticr en doute
l'inQuenee de la eonlagion sur le développen.eut de la lèpre. M. Sennini parle d'un homme doué d'un tempérament
tròs-ardent, qm communiquoit souvent avec sa femme, quoique celle-ei n'eiit jamais éprouvé aucun
symptôme de pareille maladie. Ce qui doit surprendre, c'est que trois enfans nés de leur union jouissoicnt
également de la meilleure santé. Pallas dit qu'un grand nombre de Kosaqucs commercent journellement avec dc.s
personnes attaquées de la Lèpre, sans la eouU'acter, ou cjue du moins celte maladie ne se communique qu'avec
une extrême lenteur. Les deux individus lépreux que nous avons gardés à l'hôpital Saint-Louis, n'ont jamais été
séquestrés de leurs voisins. Ils recevoient des soins ti-ès-particuliers, do nos charitables religieuses et de nos
infirmiers.
CCC'CLVIII. liien de plus manifesto que l'action des causes morales sur la production de la Lèpre. M. le
docteur Lordat a justement apprécié ces causes. 11 a vu un homme dont j'oi déjà eité l'observation , et chez
lequel la crainte avoit déjà déterminé les premiers symptômes de eette maladie. 11 remarque que ces affections
sont très-souvent le triste résultat de l'oppression et de l'esclavage. M. Martin a vu l'exemple d'une jeune fille
chez laquelle les symptômes de la Lèpre se manifestèrent quelque temps après être tombée dans un puits, et
avoir éprouvé la plus vive frayeur.
CCCCLIX. Des causes purement mécaniques peuvent déterminer des accidens absolument analogues à ceux
de la Lèpre tuberculeuse. Nous avons eu occasion d'obseiver à l'hôpital Saint-Louis, la nommée Marie-A-niès
Lequilien, tapissière, qui, six mois auparavant, avoit été opérée d'un cancer au sein gauche. Le bras et
l'avant-bras du même côté s'étoient successivement tuméfiés , et étoient devenus d'un volume et d'une pesanteur
aussi considérables que dans FÉléphantiasis. La peau, prodigieusement tendue, faisoit éprouver dans toute la
longueur du membre un sentiment de constriction et de fourmillement; ensuite le membre devint insensible : il
présentoit plusieurs eminences larges, applaUes et de forme variée, qui paroïssoient tenir à une épaisseur plus
considérable du chorion. On observoit sm- la peau des gi-auulations, des rides, des gerçui-cs, des dépressions telles
qu'on les remarque dans l'espèce de Lèpre que je viens d'indiquer.
A R T I C L E Vr.
Des résultats fournis par l'autopsie cadavérique des lépreux.
CCCCLX. N'espérons point puiser de gi-andes lumières dans les autopsies cadavériques. La Lèpre se montre
si rarement de nos jours, que l'occasion manque pour les pratiquer. Personne n'ignore que Tanatomie est à
peine cultivée dans les lieux où réside cette affection endémique. Jadis, lorsqu'elle infestoit toutes les contrées
de l'Europe, la superstition, l'ignorance, les préjugés, les vaines craintes, interdisoient aux gens de l'art les
plus utiles recherclies. Je vais citer quelques faits qui ne sont pas sans intérêt.
CCCCLXJ. Dans un savant mémoire présenté à la Faculté de Médecine de Paris, M. le docteur Valentin fait
mention de l'ouverlure d'une femme, morte de la Lèpre tuberculeuse, par M. Martin, chimrgien distingué
de VitroUes. Ni les viscères du thorax , ni ceux de l'abdomen, n'oflrii-ent aucune altération remarquable. On
disséqua avec soin les tumeurs sous-cutanées; ces tumeurs étoient des kistes contenant une sérosité gluante et
de couleur rougciUre.
CCCCLXII. M. Larrcy ayant ouvert le cada\Te d'un militaire qui avoit succombé à la Lèpre, fut frappé
du volume extraordinaire qu'avoit acquis le foie ; la couleur de ce viscère étoit considérablement altérée et
rembrunie; il étoit d'une dureté exti-ênie. La vésicule du fiel étoit pleine d'une bile très-épaisse. La rate
étoit squirrcuse. 11 y avoit un engorgement considérable dans les glandes du mésentère. On appercevoit çà
et là des tubercules très-durs, et qui avoient la consistance d'une matière gypseuse. Le tissu ceUulairc, considérablement
aminci, étoit parsemé de gi'anulations plâtreuses et d'une couleur blancliâti'C. La peau n'avoit plus
l'élasticité qui lui étoit pi-opre ; elle étoit dure et coriace comme le parchemin.
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