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2|3O ma l a d i e s DE LA PEAL).
la profUiction aiLK {lifferentes espèces de psorides, et particulièrement à la gale. L'imagination des médecins s'est
donnée sur ce point une si ample carrière, qu'il a fallu, pour sortir de ce dédale, recourir à l'observation directe. Celle-ci
m'a l)ientôt appris que la gravité doit être évaluée non-seulement d'après le genre de complications qui peuvent exister
diiiis les psorides, mais encore en particulier pour chacune d'elles. Je n'ai pas tardé non plus à me convaincre que
leur importance pathologique, souvent méconnue, a plus souvent encore été exagérée. Hélas! ne de\Toit-il donc pas
sullire de tant de maux réels qui affligent incessamment la condition humaine, sans y joindre encore les déplorables
suggestions de la Ibiblesse et de la crainte!
nCCCXL. Considérée dans sa forme la plus simple, la psoride pustuleuse est ime maladie totalement dépourvue
de danger. Il y a pourtant cette remarque à faire qui me paroît importante, parce qu'elle nous fournit, en passant,
un indice sur la nature de l'éruption, c'est que la gale, quelque bénigne qu'elle soit, ne cesse de s'accroître si elle est
livi-ée à elle-même, tandis qu'on voit guérir quelquefois spontanément les diverses éruptions anomales qu'on a cru
pouvoir lui être comparées. Dans la vieillesse, où elle est en général plus rare, elle s'accompagne de plus d'incommodités
qu'à tout autre âge de la vie. La délicatesse du tissu dermoïde chez la femme, et l'énergie de sa sensibilité peuvent
lui rendre la démangeaison très-désagréable et même nuisible. Il n'est pas sans exemple que ce prurit, plus ou moins
intense, ait produit chez les enfans des convulsions à la manière de ce qui arrive dans les affections vermineuses.
DCCCXLl. On conçoit encore qu'une abondante suppuration des pustules de la gale puisse avoir des effects Hicheux
pour certaines constitutions délicates, et j'ai signalé d'un autre coté le danger qu'a eu quelquefois sa rétrocession imprudemment
déterminée. Pour ces cachexies, ces fièvres hectiques, etc., qu'on a cru être souvent l'effet de la psoride
pustuleuse, elle ne m'a paru le produire que chez les individus tombés dans le dernier degré de la misère, ou minés
par quelque vice organique; et il est bien plus ordinaire alors de rencontrer chez eux le prurigo et la psoriasie que la
gale proprement dite.
DCCCXLH. Nul doute que la psoride crustacée et la psoride papuleusc ne comportent un pronostic plus fâcheux
que la pustuleuse. Cette circonstance dont nous aurons occasion encore de mieux nous convaincre, en étudiant leur
étiologie, pourroit être appuyée de faits sans nombre. On peut dire en général que la psoriasie est une maladie plus
grave que la gale, puisque ia plupart du temps elle montre une opiniâtreté et une tendance à se reproduire qu'on
n'observe pas dans la seconde. Cette disposition n'est pas moins marquée dans la psoride papuleuse. Mais ses effets
sont encore souvent beaucoup plus graves, et la mort peut en être assez promptement la suite. J'ai cité un exemple
dans letpicl l'acuité des souffrances conduisit le malade au délire suicide; elle n'en détermine jamais de plus vives que
dans le cas oîi elle occupe les parties génitales dans l'un et l'autre sexe. Il n'est pas absolument rare de voir la psoride
pustuleuse elle-même alterner, pour ainsi dire, avec l'aliénation mentale, circonstance toujours bien importante à
noter, alors qu'elle est tout-à-fait étrangère à l'éruption elle-même.
DCCCXLIIl. On sentira, du reste, qu'il doit être fort difficile d'apprécier d'une manière générale rinfluencedes maladies
qui excitent si diversement la sensibilité cutanée, dont l'énergie offre elle-même tant de variété dans l'espèce humaine.
Il est cependant toujours permis de dire qu'à un haut degré d'exaspération, il ne peut en résulter que des conséquences
fâcheuses pour l'économie. Indépendamment des irritations sympathiques auxquelles un prurit de cette nature
donne fréquemment naissance, il est aisé de comprendre qu'il doit plus souvent encore déterminer le marasme. Ce
résultat se présente jusque dans le prurigo pédiculaire. J'ai vu du moins les hôtes parasites qui le constituent dévorer
assez promptement la substance de ses victimes. Des maladies capables d'occasionner des troubles organiques, tels que
ceux qui viennent d'être indiqués, sont donc quelquefois des états graves, et toujours dignes de fixer l'attention du
praticien éclairé qui trop souvent éprouve encore ta doulem- de les voir exaspérées par les préjugés et les aveugles pratiques
du vulgaire.
ARTICLE IV.
Des causes organiques qui injluent sur le développemenl des Psorides.
DCCCXLIV. Il ne seroit pas facile d'indiquer d'une manière très-précise toutes les dispositions de ce genre qui
concourent à la production de ces maladies. A l'hôpital Saint-Louis, je les vois pre.sque toujours chez des individus
que l'indigence et la privation des choses les plus nécessaires à la vie ont réduit au dernier degré de dégradation
morale et physique. Leur constitution présente ordinairement un état de débilité très-favorable au développement de
ces éruptions. La peau de ces personnes, sèche, inerte, en quelque sorte, est on ne peut plus appropriée à la psoride
crustacée; ou bien le système lymphatique a acquis une prédominance et contracté un degré d'irritation qui favorise
singulièrement la manifestation de la psoride papuleuse.
DCCCLXV. L'interruption de l'exhalation cutanée chez les vieillards est une circonstance très-favorable au développement
du prurigo qu'on sait être aussi une maladie particulière à la vieillesse. On le voit s'allier fréquemment avec
la disposition scorbutique.
MALADIES DE LA PEAU. -Jj^
DCCCXLVI. Dans l'enfance, qui est très-souvent exposée aux éruptions prurigineuses, dont le privilège scmbic
auisi appartenir aux deux extrêmes de la vie, ce sont d'autres causes particulières à cet âge auxquelles ces maladies
doivent être alors rapportées. Le tempérament nerveux et la prédominance du système lymphatique, ordinaires
à l'époque dont nous parlons, exercent, à cet égard, une grande influence. Ce qui le prouve manifestement, c'est
qu'on les voit d'autant plus opinii\tres que cette constitution organique est plus prononcée, comme on l'observe chez
les individus blonds, à cheveux rouges, dont la peau est en même temps molle et irritable.
DCCCXLVII. Chez les enfans à la mamelle, la psoride papuleuse peut tenir encore à l'état particulier de la nourrice.
Une constipation opiniâtre, l'apparition des règles ou d'un écoulement leucorrhéique, ont sufil quelquefois pour lui
donner naissance. Si le lait est trop vieux, trop caséeux, ou môme trop peu abondant, il y a dans l'une ou l'autre
de ces conditions de quoi produire chez les petits nourrissons des éruptions prurigineuses très-pénibles et souvent
très-rebelles. La pléthore qui accompagne ordinairement la première période de la grossesse les développe aussi
quelquefois chez les femmes. Je ne sais si elles peuvent se communiquer aux foetus dans cette conjoncture; mais j'ai
d u moins la preuve qu'elles sont héréditaires. Trois jeunes garçons, nés du même père, vinrent au monde afiéctés de
la psoride papuleuse; un chirurgien sans expérience, qui fut consulté, prit cette éruption pour des boutons de gale,
et les traita en conséquence, ce qui ne fit qu'exaspérer le mal et rendre l'existence de ces petits êti'cs plus douloureuse.
DCCCXLVIII. J'ai presque constamment observé pai-mi les enfans de l'hôpital Saint-Louis que les plus sujets à cette
affection sont ceux qui n'ont eu ni croûte laiteuse, ni autre exudation analogue, qu'on doit considérer comme une
sorte de dépuration pour la nature. Elle paroissoit tenir uniquement à cette circonstance chez deux enfans, âgés de
trois à quatre ans, nommés Jacques et Félix Fanier qui me furent amenés, il y a quelques années, couverts de boutons
peu saillans, mais très-nombreiLX et accompagnés d'une démangeaison extrêmement vive; ils n'avoient encore eu
ni gourmes, ni rougeole, ni variole.
DCCCXLIX. Le régime chez les adultes a sur le développement des psorides une influence non moins remarquable.
Ainsi, on les voit se manifester très-souvent après l'abus plus ou moins prolongé des boissons alcooliques,
des ragoûts fortement épicés, et des diverses substances alibiles ou des condimens culinaires doués de propriétés
acres et irritantes. Une nourriture malsaine, insuffisante, composée exclusivement de végétaux fades et peu riches
en matière nutritive est aussi très-propre à déterminer ce genre d'affection; je crois, d'après mes observations, qu'elle
engendre particulièrement la psoriasie.
DCCCL. Au nombre des causes internes qui contribuent encore a la production des psorides, il faut ranger enfin
les diverses irritations viscérales aiguës ou chroniques. De même que dans le cours des lièvres dites putrides ou adyjiamiques,
la peau se couvre quelquefois de petites élevures séreuses nommées sudamina par les pathologistes, ou bien
de taches particulières nommées pétéchies; ainsi qu'on observe des maculatiojis particulières de la peau dans les irritations
chroniques du foie, il est pareillement assez commun de rencontrer les psorides papuleuse et crustacée liées à
divers états inllammatoires des organes et notamment du tube alimentaire.
DCCCLI. On sait que la psoride pédiculaire se développe aussi dans ces circonstances ; les poux pullulent alors de
toutes parts, et la quantité en est quelquefois si gi-ande que leur production ne peut guère s'expliquer que par la
génération spontanée. Telle est au reste l'opinion émise par Aristote, adoptée par Theophraste et reproduite par
Bremser dans ces dernières années. Les exemples de Platon, d'Hérode, d'Ennius, de Phérécide, etc., sont trop connus
pour être reproduits ici; nous lisons dans Plutarque des détails fort curieux en ce genre sur la maladie de Sylla; les
débauches excessives dont il avoit contracté l'habitude finirent par rendre sa maladie qui, dès le principe, étoit assez
légère, tout-à-fait incurable. Il fut long-temps à s'apercevoir, dit sou historien, qu'il avoit un abcès dans le corps. Cet
abcès vint à pourrir les chairs, et à les convertir en poux. La quantité en étoit si considérable qu'il ne scmbloit pas
qu'on en retirât, bien qu'on y fût occupé sans cesse ; les habits, les bains, les purifications, jusqu'à la table où il
prenoitses repas, en étoient comme inondés. Plusieurs fois le jour il se faisoit nétoyer le corps, mais tous ces soins
étoient inutiles, les poux ne paroissoienC que se reproduire en plus grand nomJjre.
DCCCLII. Des auteurs plus modernes, des écrivains même de nos jours ont rapporté des observations analogues
également surprenantes. Bremser cite, d'après Rust, le fait d'un enfant, âgé de treize ans, atteint d'une énorme
tumeur sur les tégumens de la tête, et à l'ouverture de laquelle on vit sortir une quantité prodigieuse de petits poux
blancs, ce qui fut bientôt suivi de la guérison du malade. M. Valentin a vu un homme dont ia peau étoit couverte de
petits tubercules, d'où il s'échappa une très-grande quantité de poux, après quoi ia guérison fut parfaite. Blondelin,
Amatus Lusitanus, M. Hufeland, citent des faits à peu près semblables. M. Serrurier a observé des douleurs arthritiques
chez un individu, qui disparurent par la manifestation d'une très-grande quantité de poux, survenue malgré
tous les soins de la plus exquise propreté, et qui périrent avec le retour des souffrances articulaires. On est fréquemment
à même de répéter cette observation chez les enfans qui , plus que tous les autres individus, sont sujets à cette
maladie. Dans une famille où il y a plusieurs frères tous soumis aux mêmes soins hygiéniques et au même régime, les
uns sont infectés par les poux, tandis qu'ils semblent ne pouvoir subsister chez les autres. Quelle que soit la théorie
qu'on adopte sur la génération de ces animalcules, on ne peut donc guère nier qu'il existe un état particulier des
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