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272 MA L A D I E S DE LA PEAU.
ARTICLE IV.
DE [/absorption CUTANEE, COMPARÉE A LABSOlUn'lGN DES MEMBRANES MUQUEUSES.
D C C C C X L V I I L L'enveloppe externe des animaux n'est pas la seule par laquelle les corps exturieurs puissent s'introduire
dans reconoinie; elle n'est pas mOmc la partie où l'absorption est le plus active. Ce phénomène se produit
en effet sur tous les points du corps vivant et jusqu'au sein des viscères le plus profondement situes, puisqu'il est la
condition indispensable de la nutrition générale. Mais, en nous bornant à le considérer sur la double surface de l'enveloppe
tégumeutaire, il nons sera facile d'apprécier combien l'interne est plus favorablement disposée pour cette fonction
([ue l 'externe, où elle n'a lieu, pour ainsi dire, qu'accidentellement, tandis qu'elle constitue le rôle fondamental
do la première. Parmi les faits nombreux qui démontrent la propriété absorbante des membranes muqueuses, nous
citerons le passage presque subit, dans quelques circonstances, des boissons \mr les voies urinaires, et dont l'explication
bien plausible n'a pas encore été donnée par les physiologistes. Beaucoup d'observations analogues pourroient
être encore rapportées à l'appui du principe établi; mais celui de la sueur plus oit moins abondante dont l'apparition
suit l'injection dans l'estomac d'une grande quantité de boisson acfueuse, ne nous paroît pas plus appartenir à l'absorption
que la disparition de la sueur, après le développement de l'irritation de la plèvre, par exemple, n'indique la
congestion du fluide séreux sur l'organe malade. W y a-t-il pas simplement dans l'un et l'autre cas influence ou réaction
sympathique?
D C C C C X L I X . L'absorption que nous venons de considérer sur la surface de la membrane muqueuse gastro-intestinale
se fait également parcelle de la muqueuse pulmonaire. CcUe-ei paroit être effectivement lu voie que suivent une infinité
desubstances gazeuses pour s'introduire dans l'économie animale. Les efihives marécageux sont particulièrement dans ce
cas aussi bien que les autres gaz méphitiques dont l'impression est si constamment marquée sur l'odorat, alors que la
chimie ne fournit aucun moyen d'apprécier leur nature intime. Ces trois espèces d'absorption, ou, ])our parler plus exactement,
l'absorption qui se fait par les trois surfaces, s'opère-t-elle par le même ordre de vaisseaux absorbans, proprement
dits, lymphatiques, artériels, veineirx? Cette question n'est pas facile à résoudre : quoi qu'il en soit, c'est à
travers les aréoles du tissu pulmonaire que paroît d u moins se faire la séparation des élémens constituans de l'air atmos-
¡»hérique, et que l'o.Kigène absorbé va se mêler au sang pour lui donner sa couleur rouge et vermeille. Pour ce cas,
l'absorption a lieu sans conduits particuliers ou absorbans, et par les interstices natiirels des pores du tissu pulmonaire.
Quel l e que soit d'ailleiors son importance, elle paroit être encore moindre chez les animaux h sang froid que celle
qui s'opère à la surface cutanée. Ainsi, Spallanzani avoit déjà reconnu que les obstacles qui empèclioient celle-ci
abrégeoient sensiblement la vie des grenouilles. D'autres expérimentateurs, et tout récemment M. Edwards, ont pareillement
constaté que toutes les fois qu'on retient ces animaux éloignés de l'air libre, eu les privant de communiquer,
par exemple, avec l'air autrement que par la sm-face pulraoJiaire, ils périssent assez promplement , beaucoup plus
surtout que lorsqu'on les laisse respirer en même temps par la surface externe. De piu-eilles observations, extrêmement
curieuses, sans doute, ne peuvent néanmoins devenir concluantes à l'égard de l'espèce humaine. Aussi, nonobstant les
expériences de Spallanzani, Jurine, etc., qui pensent qu'il se fait par la peau une absorption de l'oxigène de l'atmosphère,
et celles de Priesdey, Galtoni et autres physiologistes, qui contradictoirement soutiennent que cette membrane
exhale du carbone, parce qu'ils ont trouvé l'air dans lequel un membre avoit séjourné ])lus ou moins long-temps,
chargé d'une quantité plus notable cp'à l'ordinaire d'acide carbonique : aussi dirons-nous qu'il y a loin de ce fait, différemment
explicable, à l'existence d'une véritable respiration cutanée. La peau de l'homme du moins n'est point
organisée pour cela; si la faculté absorbante y est prouvée, quoique inférieure à celle de l'autre surface tégumentaire.
rien ne démontre cju'elle s'exerce dans l'état ordinaire, et celte circonstance doit éloigner tout soupçon d'inhalation
atmosphérique par cette voie.
M A L A D I E S DE LA PEAU. ..73
C H A P I T R E SIXIÈME.
DE L'ETAT PATHOLOGIQUE DE L'ENVELOPPE TÉGUMENTAIRE EN GÉNÉRAI,.
D C C C C L . Ce n'est pas une question stérile que celle de savoir si les v iscères, et en général toutes les parties vivantes
qui se troTivent contenues entre la double surface tégumentaire, peuvent s'affeeter directement et sans modification
préalable de cette membrane. Présentée de cette manière, il paroît difficile de la résoudre autrement que par l'affirmative
; c a r , quelles que soient la nature et la forme des agens physiques propres à déterminer ces altérations, ils ne peuvent
s'nitroduire par d'autres voies. Mais rien ne prouve qu'il faille que les tégumens internes ou externes soient malades
pour transmettre leurs affections à d'autres parties plus ou moins éloignées. L'expérience journalière démontre combien
une semblable opinion seroit erronée, puisque l'impression du froid, qui n'altère eu rien la texture de la peau, déve
loppe cependant à l'intérieur de l'économie ime infinité de lésions plus ou moins graves. A la vérité, la transpiration
alors est toujours suspendue; mais cette circonstance dépendant d'un obstacle tout-à-fait mécanique, le resserrement
des vaisseaux ex bal ans ou des pores cutanés est loin de constituer une maladie, il y a plus : la peau peut résister par
son élasticité particulière à des chocs plus ou moins violens qui, sans lui porter atteinte, déterminent quelqueibis
la rupture d'organes d'un tissu ¡»lus ferme que le sien, aponévroses, vaisseaux, os, etc., situés plus ou moins profondément
au dessous d'elle. Il demeure donc prouvé que tout ce qui du dehors agit physiquement sur les organes
de l'économie, soit pour favoriser leurs fonctions, soit pour les dépraver, ne produit cet effet qu'avec l'intermédiaire de
l'enveloppe tégumentaire; car il nous sera tacile d'appliquer aux membranes muqueuses le principe que nous venons
d'établir pour la peau, lorsque nous considérerons leur état morbide sous le rapport sympathique. Il ne reste d'ailleurs
que trop d'élémens d'altération pour les organes, et même destructeurs de la v ie, qui ne prennent leur source qu'à l'intérieur
de l'économie elle-même, qui, par conséquent , agissent d'une manière directe sur les viscères les plus importans,
le coeur, l estomac, le tube intestinal, sans l'intervention des surfaces tégumentaires. Mais pour ne pas sortir de notre
s u j e t , nous nous contenterons d'indiquer à cet égard les inOuences morales.
ARTICLE PREMIER.
DES VICES PRIMITIFS OU CONGENIAUX DES TEGUMENS.
DCCCCLI. Les altérations de l'enveloppe tégumentaire sont tellement nombreuses et si variées dans leurs formes,
c]ue, pour en donner une idée, même sommaire, il devient uéces.saire de les rattacher à quelques divisions générales
qui serviront de types pour comparer ces affections eutr'elles. Celle dont nous croyons devoir indiquer d'abord les
caractères se compose de ces vices de conformation des tégumens originels, et qui intéressent soit l'épaisseur entière,
soit une partie seulement de cette membrane. On les distingue en ceux par défaut, c'est-à-dire qui sont constitués par
une imperfection, un matique de développement des élémens organiques; et eu ceux par excès^ c'est-à-dire dans lesquels
ces mêmes élémens ont pris un développement considérable. Au premier ordre appartiennent les cas cités par
les auteurs d'absence totale de la peau sur une sm-face plus ou moins étendue; et pour les membranes muqueuses,
les exemples qui ne sont pas absolument rares de non-formation ou d'occlusion de certaines cavités, comme on l'a quel-
(piefois observé à l'égard du vagin chez, les femmes. Il arrive aussi que cette lacune, s'il est permis de s'exprimer ainsi,
n'est que partielle, relativement au.x parties constituantes de la peau; alors ou remarque que l'altération porte le plus
souvent sur l'épiderme. Mais ce genre de lésion est encore plus fréquemment accidentel que naturel; il rentre alors
dans une autre division, que nous étudierons plus loin, celle des pertes de substance et des cicatrices.
DCCCCLII. Le vice d'organisation 0p[)0sé, ou celui par exchs^ est beaucoup plus commun que le précédent, et
comme le précédent, il peut affecter l'épaisseur totale ou seulemeiit quelques parties de la membrane tégumentaire.
Mais il est facile de concevoir que son développement accidentel doit être, sinon t out - à - fait impossible, au moins
extrêmement rare. On y rattachera, si on veut à ce titre, les plis que la peau présente après la perte de l'embonpoint,
ou qui sillonnent l'abdomen des femmes qui ont eu plusieurs grossesses. Il convient toutefois d'entendre plus rigoureusement
par cette exubérance l'éteiulue extrême que prennent quelquefois les élémens divers de l'appareil tégumentaire.
Tout le monde connoît l'excessive longueur que sont susceptibles d'atteindre les poils de quelques parties, ceux
qui naissent dans les narines, par exemple, chez l'espèce humaine. A cette disposition appartient le développement
considérable, caractère d'ailleurs d'agrément et de beauté, qu'acquièrent les plumes dites de huve chez les oiseaux. L'épiderme
présente aussi assez souvent un surcroit très-sensible de consistance et d'épaisseur; et la maladie nommée
ichthyose n'a pas d'autre origine, qui peut être également assignée aux cori et aux durillons. On a v u les ongles se former
chez certains individus on véritables grilies par leur disposition recourbée au terme d'une longueur considérable. Chez,
les animaiLX, les cornes peuvent également atteindre un développement prodigieux. Ou observe enfin assez l'réqucmmeiit
sur la peau des élevures ou espèces de tubercules do nature et de consistance très-variables : les uns, tels que le
mélicéris, le stéaLome, le l ipome, paroissent formés par l'accroissement insolite des follicules sébacés et de la matière
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