3O6 ma l a d i e s d e l a p e a u .
succès. Après deux mois de perscvérauce, nous vîmes les ulcérations se fermer, les douleurs spasmodiques
s'évanouir, et la malade fut en clat de prendre, par les voies digeslives, les préparations mereurielles que nous
jugeâmes être le plus utiles à sa position.
A R T I C L E IX.
Du Traitement externe employé pour la guérison des SyphUîdes.
DCCIII. L'expériencc a prouvé qu'un traitement interne, quelque bien dirigé qu'il soit, ue sufilt pas toujours
pour détruire radicalement les Syphilides. On peut se convaincre, par une multitude d'exemples, qUc lorsque
ces aflections ont été uouvellement contractées, et que le levain de leur contagion se trouve encore dans le plan
superficiel des vaisseaux lymphatiques, le luercure, incorporé dans des substances onctueuses, et administré
par les surfaces du corps à l'aide des frictions plus ou moins énergiques, porte un cahne réparateur dans le
système de la circulation générale. Ce procédé n'est pas moins efficace, quand la dialhèse vénérienne existe
depuis long-temps dans la masse de nos humeurs : les malades sont presque toujours guéris par l'absorption
salutaire do ce remède.
DCCIV. Le traitement local des Syphilides est toujours relatif et approprié aux formes différentes dont elles
se masquent, lorsqu'elles attaquent les tégumens. Les pustules, les végétations, les ulcères, réclament des procédés
particuliers, lesquels vajient encore selon leur siège, selon leur nature et l'ancienneté de leur développement.
DCCV. L'eiTet du mercure appliqué à l'extérieur doit être de modifier avantageusement les propriétés
vitales du système luunain, en détruisant l'influence maladive du virus syphilitique, sans provoquer aucun
spasme ni aucun excès de sécrétion dans les glandes salivaires. Quand l'infection est ancienne et très-invétérée,
il faut sur-tout éviter ce mouvement local et perturbateur qui ne contribue en rien à la guérison, et qui irrite
quelquefois les symptômes. C'est un fait curieux constaté à l'hôpital Saint-Louis, et qu'il faudroit consigner
dans tous les livres de la science qui ont du rapport avec cet important objet, que ce remède incomprehensible
n'agit jamais mieux contre la maladie que lorsqu'il épargne la constitution physique, et qu'il pénètre sans
trouble dans les organes.
DCCVL 3'ai recueilli une multitude d'observations, qui prouvent qu'il n'est pas nécessaire que le mercure
augmente les sécrétions de l'économie animale pour la destruction des Syphilides, et que le mal ne disparoît
jamais plus vite que lorsque les effets du mercure sont modérés. J'ai expérimenté que la susceptibilité des glandes
salivaires est un phcnomcue fatal, particulièrement chez les personnes scorbutiques et atteintes du vice scrophuleux.
Dix individus, par un résultat de leur idiosyncrasie, ayant subi la salivation inercurielle, ont été infiniment
retardes dans leur guérison : un grand nombre d'autres ont pris naguère les frictions sous mes yeux,
sans éprouver le moindre changement, sur les surfaces muqueuses de l'estomac et des intestins} il n'y a eu ni
accroissement dans la vitesse de leur pouls, ni altération dans leurs urines^ et pourtant les symptômes ont été
radicalement détruits avec une surprenante rapidité.
DCCVII. Ou a avancé, relativement à l'administration extérieure du mercure, beaucoup de faits sur lesquels
il est diiTicile de compter, et auxquels il seroit peu philosophique d'ajouter quelque croyance. C'est ainsi, par
exemple, que les empiriques prescrivent une multitude de règles minutieuses, qu'ils croiedt favorables à
l'activité d'un pareil remède : la plupart défendent rigoureusement de s'exposer à l'aîr, interdisent l'usage des
viandes les plus saines, des boissons les plus salutaires; mais il faut convenir qu'il n'y a que du vague en pareille
matière. Connoît-on les circonstances atmosphériques qui peuvent seconder raljsorption du remède? A-t-on
découvert quels sont les alimcns qui peuvent fortifier son action? Sait-on quels degrés de froid on de chaud
influent sur l'activité du virus vénérien, ou affoiblissent son pouvoir délétère?
DCCVIII. N'est-on pas, au contraire, très-fondé à croire que l'emploi d'un régime restaurant, des nourritures
succulentes, que des circonstances morales, les douces distractions, les jeux, les divers moyens do l'hygiène,
les promenades, souvent même les voyages dans un pays plus salutaire peuvent inltiier avantageusement
sur le mode de sensibilité de tout le système lymphatique, et le mieux disposer à l'absorption du mercure ?
Ce qu'il y a de positif, c'est que ce remède n'a aucune action sur les corps desséchés et consunu'ts par le marasme,
ainsi que nous avons pu nous en eonvaincre par bien des exemples. Les frictions n'avoicnt opéré «neun effet
sur un vieux officier pendant son séjour en Pologne, où il avoit contracté un amaigrissejuent extraordinaire:
trois mois de repos dans un village de France lui restituèrent son ancien embonpoint : on recommença dès-lors
le traitement qu'on avoit employé sans fruit dans une occasion moins favorable, et ce traitement dissipa bientôt
tous les symptômes. J'ai déjà cité plus haut un fait qui est absolument analiigue.
M A L A D I E S DE LA PEAU. 207
DCCIX. Le traitement local s'applique rarement avec avantage aux Syphilides pustuleuses, particulièrement
lorsqu'elles sont la suite d'une infection ancienne et profonde : cependant il est vrai de dire que, lorsqu'elles
sont accompagnées d'un état inflammatoire, les bains tiédes facilitent singulièrement les bons effets du traitement
intérieur que l'on a prescrit. J'ai également constaté, par mes observations, que, lorsque les pustules sont
agglomérées et indolentes, il est salutaire de les humecter avec quelque liqueur plus ou moins caustique, qui
ranime les propriétés vitales de la peau, et prévient par ce moyen une rétropulsion qui seroit funfeste. Les
plus rebelles de toutes les pustules sont, ainsi que j'ai déjà eu occasion de l'observer, celles qui affectent la
forme miliaire ou même lenticulaire. J'ai employé avec un bonheur inattendu, contre ces deux deriiières éruptions,
la pommade composée avec le sulfate jaune de mercure, à l'aide duquel j'ai obtenu une guérison assez
rapide.
DCCX. C'est sur-tout pour la destruction des Syphilides végétantes que le traitement extérieur est utilement
invoqué. Il est digne d'observation que ces productions ou excroissances morbifiques ne jouissent point des
propriétés vitales du derme j qu'elles sont en quelque sorte isolées de l'organisation : aussi les procédés chirurgicaux
les font aisément disparoître. On a recours aux ligatures, à l'excision par l'instrument tranchant, aux escarotiques
qui les flétrissent : on fait un usage fréquent de la pierre à cautère, de la pierre infernale : je me sers de
préférence des acides plus ou moins concentrés.
DCCXI. Souvent les végétations reparoissent après avoir été liées, excisées ou cautérisées. Quelquefois leur
retour a lieu, parce que la cause qui a opéré leur développement agit encore, et cette circonstance nécessite de
faire concourir les préparations intérieures avec le traitement local : c'est par l'administratiou simultanée du
muriate de mercure sur-oxidé qu'on arrête leur tendance ou leur disposition à repulluler. Il peut, du reste,
arriver que la Syphilide végétante se mont r e de nouveau, parce que ses racines n'ont point été détruites en totalité,
et qu'il en est resté quelques vestiges dans le tissu cellulaire : dans ce cas, il est urgent de revenir aux moyens
énergiques qu'on a déjà employés.
DCCXII. Les caustiques conviennent principalement quand les végétations sont d'une texture lâche, et qti'elles
ont besoin d'être réprimées : les chirurgiens ont recours à l'eau phagédénique, qui suffit quelquefois pour les
faner et pour les détruire. Les dissolutions de sulfate de zinc, de sulfate de cuivre, opèrent un efiet seuïblable : lo
nmriate de mercure sur-oxidé, incorporé en grande proportion dans l'alcool et dans l'eau distillée, agit avec un
succès plus certain : l'alun calciné est pareillement applicable. On emploie, à l'hôpital Saint-Louis, des caustiques
qui ne sont pas moins actifs : tels sont l'acide nitrique, l'acide muriatique, le muriate d'antimoine, &c., dont
on imbibe de très-petits pinceaux destinés à n'atteindre que la propre substance des végétations.
DCCXIII. Toutes les fois que les Syphilides végétantes offrent beaucoup de consistance et de dureté j toutes les
fois qu'elles ne sont ni rougeâtres, ni saignantes, et qu'elles affectent une forme oblongufe et conique, on préfiire
communément le moyen de l'excision, qui s'effectue à l'aide des ciseaux courbes ou plats^ les excroissances se
trouvant placées sur une surface convexe, l'opération dont je parle exige plus ou moins d'adresse, afin de bien
déterminer préalablement leur saillie, et les emporter en totalité : les chirurgiens préfèrent se servir duljistouri
si les végétations sont larges, et si leur base occupe un grand espace sur les tégumens. Enfin, il est des circonstances
où les végétations que l'on doit extraire, se trouvent recélées dans l'intérieur des organes affectés; c'est
alors au génie particulier de l'opérateur de fabriquer l'instrument le plus convenable pour l'approprier au siège
du mal.
DCCXIV. Les ligatures sont employées, lorsqu'on ne peut procéder commodément à l'excision par le secours
des instrumens dont nous venons de faire mention. Il est facile de mettre à profit ce moyen, quand les tumeurs
sont isolées, et qu'elles sont portées sur un pédicule long et étroit ; c'est ce qui arrive quelquefois dans celles qui
sont situées au pourtour de l'anus, aux bords du vagin, &c.; on serre progressivement et tous les jours leur tige,
jusqu'à leur chute totale : il importe de détruire toutes leurs racines, pour éviter leur reproduction, ce qui est
dilBcilc à exécuter, sur-tout si elles sont volumineuses.
DCCXV. Le traitement local et extérieur ne convient pas uniquement aux Sjqiiiilides pustuleuses et végétantes;
il est aussi très-favorable aux ulcères vénériens, soit qu'ils proviennent d'une contagion primitive, soit
qu'ils se développent à la suite d'une infection générale de tout le système. Les ulcères primitifs se reconnoissent
communément à l'intensité de rinflanuiiation qui les accompagne, au renversement et au déchirement de leurs
bords, à leur excavation plus ou moins profonde dans la substance de la peau, à la vive douleur qu'ils occasionnent,
&c. : mais les ulcères qui ne sont que secondaires offrent un caractère plus bénin, et marchent sur-tout
avec moins de rapidité. Pour suivre une méthode exempte de danger dans le traitement de ces affections, on évite,
en ce dernier cas, toute application irritante : on se contente de recouvrir les ulcères superficiels avec un linge
enduit de cérat simple, ou légèrement animé par l'onguent mercuriel. La fréquence des pansemens et la propreté
constante qu'on entretient, suffisent pour amener sans délai une guérison radicale.
'li
h
ill', l-^i