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14 h M A L A D I E S 13 V. L A P E A U.
coniics à cU's noiirriccs saines, et qu'ils souL transporU's clnjis un air pur, ils sont quclqucibis exempts de
ccLLc maladie.
CCCCXXXIX. Jl fauL lircr le pronostic de la Lèpre, nou-sculciTicnL des périodes de la maladie, mais encore
du lerapéramcnt et de la constiuition physique des individus. Pour qu'nn médecin puisse fixer son jugement,
il doit préalablement s'ioforoier des différentes causes qui out pu produire lii Lèpre : c'est par cette exploration
, qu'il parviendra ii déterminer uu traitement utile , et à prédire ce qui doit arriver.
CCCCXL. La Lèpre est sur-tout une maladie , dans laquelle il est impossible de fixer le temps de la
guérison. clTet, souvent on ne voit sur le corps des malades, que des signes très-légers de l'existence de
la Lèpre, et pourtant le mal n'en est pas moins invétéré : c'est alors sur-tout, qu'il faut beaucoup de temps
et de soin, pour qu'on puisse l'extirper entièrement ; car personne n'ignore qu'elle n'arrive à sa lin qu'après
un intervalle de beaucoup d'années.
A R T I C L E IV.
Des causes organit/ues qui influent sur le développement des Lèpres.
CCCCXLI. Je ne rappellerai point ici tout ce que les anciens ont éerit sur les causes organiques qui favorisent
le développement des aflections lépreuses. On avoit présumé d'abord que ces fléaux épouvantables étoient
le triste résultat de quelque virus qui avoit plus ou moins fermenté dans l'économie animale, et qui se développoit
spontanément dans les humeurs. On avoit même disserté avec plus ou moins de diffusion sur la nature
de ce virus terrible auquel on s'est plû à attribuer des qualités acides, alcaliires, salines, visqueuses, acrimonieuses,
enfin les qualités les plus vénéneuses et les plus malfaisantes ; mais le lecteur sentira combien il est difficile
d'écrire avec exactitude et précision sur des matières de ce genre ; à quels écarts on se livreroit, si l'on adoptoit
de pareilles hypothèses ! Les rôles qu'on a fait jouer 4 la pituite, i l'atrabilc, ne sont pas moins fictifs et imaginaires.
On trouve aussi dans les auteurs Grecs et Arabes, des dissertations proli.xes sur la corruption totale
des humeurs dans toutes les affections lépreuses, qui ne sont pas mieux fondées.
CCCCXLII. Les symptômes qui se développent dans cette affreuse maladie , le changement de couleur et
l'insensibilité de la peau, la tuméfaction du tissu cellulaire, la formation des tubercules, les idcératlons,
les exfoliations écailleuscs, les plaques eroùteuses, ne peuvent se manifester, sans qu'il survienne une altération
grave et profonde dans les vaisseaux et dans les nerfs qui se distribuent au système dcrmoïdc. C'est sur-tout
dans les lymphatiques que l'acLvité de la vie se rallentit ; le corps muqueux éprouve des altérations morbifiqnes
qui tiennent 4 la faculté qu'il a de croître et de s'allonger; ses aréoles se remplissent d'un suc étranger :
il se forme des végétations, dos Ibngosités , des bom-soufllemens, des verrues, etc.
CCCCXLUI. Presque tout le monde s'accorde à dire que la voie héréditaire est la cause la plus fréquente
du développement de la Lèpre. On assure, dit jM. Valentin , que cette affreuse maladie n'existe ù Vitrolles ,
que parce que jadis elle y fut transportée par des habitans de Martigues , qui s'y marièrent avec des personnes
atteintes de l'infection. Ce fut un nommé Goiran qui vint s'y établir : il eut, dit-on, trois filles qui moururent de
la maladie. J'ai vu deux femmes à l'hôpital Saint-Louis, qui avoient reçu la Lèpre de leurs parens. M. Fodéré
a fait la même remarque à Nice, oii il a été consulté pur deux lépreux. La cause d'hérédité est si puissante,
que les enfans qui naissent de parens lépreux, ne tardent guère à périr i moins qu'on ne s'empresse de modifier
leur constitution physique , en leur faisant sucer le lait d'une nourrice bien saine et bien portante , en les
faisant changer d'air, de cUmat et de situation, en n'omettant rien de ce qui peut modifier et améliorer leur
disposition originelle.
CCCCXLIV. II peut arriver qu'une cause externe, agissant avec véhémence sur les organes d'mie mère,
d'ailleurs ti-ès-saine, le foetus en reçoive de telles impressions, que les phénomènes do la Lèpre se développe.it
quelque temps après la naissance, .l'ai été témoin d'un fait dont il importe de donner communication 4 nos
lecteurs. Une jeune demoiselle qui se dirige d'après mes conseils , 4 Paris , est affectée des principaux |)hénomènes
de la Lèpre tuberculeuse. Son père et sa mère jouissent encore d'une santé parfaite ; mais celle-ci
accoucha d'elle au milieu des massacres révolutionnaires. Elle avoit vu porter dans les rues la tète d'un malheureux,
que le peuple de Paris venoit d'immoler à sa vengeance : celte commotion rejaillit jusqnes sur
reniant qu'elle portoit dans son sein. Elle accoucha d'une liUe, qui est restée lépreuse depuis cette époque
signalée par tant de calamités.
M A L A D I E S D E i, A P E A U.
CCCCXLV. Parmi les causes organiques qui prédisposent aux ailections lépi euses, ne doit-on jjas eomprcndi c
le tempérament physique des individus? Ceux dont le système lymphatique est frappé d'une foiblessc relative,
y sont plus exposés que les autres; aussi la Lèpre dirigc-t-cUe spécialement ses ravages sur les glandes, sur
les membranes, sur les os et sur tous les organes qui coopèrent 4 la nutrition.
CCCCXLVI. En faisant mention des dartres, nous avons eu occasion de remarquer qu'elles dévoient souvent
leur origine 4 d'autres maladies. Je n'ai pas vu 4 l'hôpital Saint-Louis que les dartres les plus invétérées,
ayent jamais donné lieu aux phénomènes de la Lèpre ; on assure pourtant qne les maladies herpétiques
scorbutiques ou syphilitiques, lorsqu'elles dégénèrent, peuvent devenir ses causes productrices. D'ailleurs, il
est possible que des topiques indiscrètement employés pour guérir certaines maladies de la peau, irritent cette
enveloppe, au point de faire naître l'affection lépreuse : M. Valentm cite des exemples qui semblent le prouver.
CCCCXL VI I . Le trouble ou l'arrêt des sécrétions les plus importantes dans l'économie animale, introduisent
de gi-ands désordres dans le tissu cellulaire et les vaisseaux absorbans : de cette cause peuvent naître des affections
lépreuses. Dans les climats spécialement propres 4 favoriser leur marche et leur activité, on les voit quelquefois
succéder à la suppression des licmorroHes. Un médecin qui a beaucoup voyagé dans l'Amérique méridionale,
a observé que la Lèpre se manifestoit chez des jeunes filles dont la menstruation étoit difficile ou interrompue !
elle paroit aussi non moins fréquemment chez des individus en bas âge, dont l'accroissement s'effectue avec
difficulté et ii-régularité.
A R T I C L E V.
Des cnuses extérieures (jii on ciX)it propres à Jcivoriser le de^'eloppenient des Lèpresw
CCCCXLVIII. Le climat paroît influer d'une manière très-directe sur la production des différentes espèces
de Lèpre. C'est principalement dans les contrées Jn-ûlantes du globe que se déployé ce fléau si terrible pour
le geni-e humain, et probablement l'Afi-iquc fut son berceau. Il ne faut rien moms qu'une températiu'e exces*"
sive pour produire les plus affreux résultats ; aussi la rencontre-t-on aux latitudes les plus opposées ; et l<j
Lèpre est aussi funeste sur les glaces du nord , que sous les feux ardens de la zone torride.
CCCCXLIX. La Lèpre est sur-tout fréquente dans les lieux où une extrême chaleur s'unit à un air
humide et chargé de miasmes marécageux. Elle abonde chez les peuples qui habitent l'Ai-abie , l'Égy^^te,
l'Abyssinie, l'Amérique méridionale, etc. Les îles de Java, do Jîatavia, etc., renferment des circonstances atmosphériques
qui favorisent singulièrement son activité. Elle dévaste le royaume de Siam , parce que les terres
y sont basses et presque submergées: les habitations sont situées sur les bords de la mer, etc. On a souvent
parlé de l'ile de Bourbon , comme propre an développement de l'Éléphantiasis ; or, celte île est rcmphe de
lacs et d'eaux croupissantes. L'iiomme que nous avons vu mourir à l'hôpital Saint-Louis, de la Lèpre tuberculeuse
, avoit puisé le germe de son horrible mal dans l'air impur de Cayenne. C'est la position mal-saine des
Martigues, et son voisinage des salines, qui y rendent la Lèpre commune : les évaporations conlinuelles de
l'étang contribuent singulièrement à pervertii- le tissu cellulaire.
CCCCL. La Lèpre n'épargne que les climats dont l'air est fréquemment renouvelé ; c'est ce qui arrive
dans les pays où la végétation est très-abondante. Mais comment ne pas redouter l'excès de la chaleur atmosphérique
, dans des lieux où tout semble concourir pour la rendre plus malfaisante, dans des déserts abandonné.«:
où aucun arbre ne vient modérer son action. Hendy attribue la maladie glandulaire de l'ile de Jîarbade à la
disette des végétaux qui protégeoient autrefois cette île contre les ardeurs du soleil. M. le docteur Alard
observateur exact et judicieux, accuse l'action des vents sur le système lymphatique. Il pense que parmi les
intempéries atmosphériques, il n'est pas de cause plus directe que leur influence, pour la production de certaines
endémies. Les vents sont spécialement nui.sibles par le contraste de leur fraîchem* avec la haute température
du climat. Les maladies lépreuses sont également très-communes dans les pays où des nuits froides et humides
succèdent à des journées brûlantes.
CCCCLI. Les alimens de mauvaise nature, engendrent, à la longue , tous les symptômes de la Lèpre. Dans
leurs chétives demeures, les hal)i(ans des îles Moluqxics ne vivent que d'une viande putréGée et corrompue;
aussi les lépreux de ces îles, sont couverts de chancres, de verrues, etc. Les pauvres du Japon se nourrissent
de poissons gras et visqueux ; et les Siamois préfèrent le poisson pourri au poisson frais. Il est des peuples qui
mangent des sauterelles, des lézards, etc. L'u>iage du cochon peut produire la Lèpre5 aussi le Législatem- des
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