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258 MA L A D I E S DE LA PEAU.
DCCCXCIiL II n'y a donc, en pareille circonstance, qu'une sequestration severe qui puisse empêcher l'accroissement
et la propagiitioii de la maladie. Dans la société, la défense de contact ne doit pas être moins absolue. Non-seulement
elle embrasse tout ce qui est communication immédiate d'individu à individu; mais encore les objets tels que les
vôtemens par lesquels s'établit une communication indirecte. Il n'est pas nécessaire d'ajouter que la précaution doit
être la même envers les animaiL-i qui , vivant avec l'homme, lui transmettent souvent la psoride pustuleuse à laquelle
ils sont plus ou moins sujets.
DCCCXCIV. Pour les autres espèces, il n'est pas, à beaucoup près, si facile d'indiquer les moyens d'en prévenir
l'atteinte. Cependant l'expérience et l'observation nous montrent qu'elles paroissent affecter plus spécialement certaines
classes de la société que d'autres; d'où il semble permis de conclure que cette prédilection doit tenir à quelque circonstance
de position sociale et de régime. Ainsi l'habitant de la campagne sobre et laborieux en est à tous égards moins
affecté que cette population misérable qui végète au sein des grandes cités oii elle offre le type de la dépravation morale
avec le cortège de toutes les dégénérescences organiques.
DCCCXCV. Les peuples les plus civilisés de l'antiquité, les Grecs et les Romains surtout, ne connurent presque point
le fléau des maladies cutanées, parce que les soins rigoureux de propreté, l'usage non interrompu des bains, et de
diverses onctions journalières entroient, pour ainsi dire, dans leur éducation, et faisoient partie de leurs habitudes.
Ces soins occupèrent de tout temps la sollicitude des philosophes et des législateurs. Ils i'ornioient un des points les
plus importans dans les lois de Solon et de Lycurgue;on sait quelle sévérité régnoit, à cet égard, dans celles de Moïse!
Toutes les peuplades, en effet, qui vivent dans une sale apathie, traînent misérablement leur existence au milieu des
hideux et dégoùtans exanthèmes dont elle entretient ou favorise la production. C'est donc à l'hygiène publique et privée
à en déraciner le germe; et cette entreprise est bien digne des gouvernemcns éclaires qui cherchent à la fois l'agrandissement
et le bien-être des peuples.
M A L A D I E S DE LA PEAU.
QUELQUES RECHERCHES
FAITES A L'HÔPITAL SAINT-LOUIS
SUR LA PEAU,
C O N S I D Ê K É E DANS SES BAPPORTS ANATOMIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET PATHOLOGIQUES;
R É D I G É E S SOUS LES YEUX DE M. ALIBEITT
PAR LE DOCTEUR FÉLIX VACQUIÉ.
CHAPITRE PREMIER.
DES TÉGUMENS EN GÉNÉRAL.
DCCCXCVI. LA nature, qui a répandu tant de richesse et de variété dans hi composition intime et dans les formes
c-stcrieures des êtres organisés, ne s'est pas bornée néanmoins à l'agréable, elle a su y joindre heureusement l'utile.
L'un et l'autre se montrent en effet au milieu de ces nuances de qualités protectrices, de couleurs brillantes, ou de texture
suave qu'oit're à nos yeux l'enveloppe cutanée de l'homme et des animaux. Quelle distance n'y a-t-il pas du
tissu ravissant de finesse et de blancheur chez les beautés voluptueuses qui peuplent les sérails de l'Asie, à la peau
cuivrée des Mongoles, et au corps muqueux tout-à-Hiit noir des peuplades africaines! L a différence à cet égard n'est pas
moins sensible quand on compare les innombrables espèces animales qui couvrent la surface du globe, habitent les
hautes i-égions de l'atmosphère ou vivent au sein des vastes mers. Dans l'hémisphère boréal, les animaux se distinguent
par l'épaisseur et le moelleux particuliers aux fourrures qui nous viennent de ces conti-ces ; dans l'hémisphère austral,
au contraire, la peau des animaux plus ou moins dénudée de poils, souvent même absolument rase, présente en
môme temps des couleurs étincelantes en rapport avec la lumière des régions qu'ils habitent, comme chez les
premiers l'appareil pileux a été modifié d'après la température à laquelle ils sont soumis.
DCCCXCVII. Une des modifications qui impriment à la peau les différences d'aspect les plus prononcées, se
trouve dans les plis naturels ou accidentels qu'on remarque à sa surface. On connoît l'immense pli antérieur qu'elle
forme chez le boeuf, où il est désigné par le mot fanon; le rhinocéros en présente qui ne sont pas moins remarquables
dans les régions des épaules et des lombes; le scrotum enfin laisse apercevoir une disposition analogue dans l'espèce
humaine. Mais chez celle-ci les progrès de l'âge et les maladies développent sur la peau plusieurs plissemens auxquels
les habitudes sociales attachent la même défaveur qu'à ce qui affoiblit en général les agrémciis et la beauté physiques.
En détruisant ces cruautés passagères, les rides que la perte de l'embonpoint ou les approches de ta vieillesse déterminent,
deviennent à la vérité les élémens principaux dans l'expression de la physionomie. Le front de l'homme offre
presque toujours par là le témoignage d'une intelligence précoce ou trop active, de même que la sérénité du coeur
s'annonce presque infailliblement chez lui par une douce régularité et le calme parfait des traits du visage.
DCCCXCVIII. Les animaux présentent d'autres dispositions particulières à leur enveloppe tégumentaire externe.
C'est ainsi que l'épiderme prend chez eux des degrés divers de consistance, comme on le voit depuis la peau pulpeuse
des mollusques et même des batraciens, jusqu'à sa comjjosition écailieuse et calcaire dans les serpens et la tortue.
De pareilles modifications qui ne sont pas moins saillantes que celles dont nous avons cité des exemples dans quelques
autres espèces, fournissent en même temps la preuve que, dans les transitions graduées de la texture tc'gumeiitaire
chez les animaux, un principe d'utilité préside incessamment à cette multiplicité de formes plus ou moins
régulières et harmoniques.
DCCCXCIX. Ce n'est pas seulement dans la comparaison d'une espèce animale avec l'autre, ou entre plusieurs
individus de lu même espèce, mais entre les diverses parties de l'enveloppe tégumentaire chez un seul et même individu
qu'il est possible d'apprécier des différences de structure. L'homme, par exemple, est loin d'offrir le même
degré de consistance sur tous les points de cette membrane. Ainsi qu'on le sait généralement, des nuances trèsmarquées
existent entre la peau de la plante des pieds et celle de la paume des mains. Celles-ci sont même sensibles
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