m
a5a MALADIES DE LA PEAl).
solides et des (hiidcs plus ou moins favorable à leur développement, sans préjudice des causes externes qui peuvent
iavoriser leur propagation ordinaire.
DCCCLIII. Ces considérations sur l'origine interne des psorides ne sont nullement applical^les à la psoride pustuiousc
que.nous allons montrer dans l'article suivant, toujours dépendante d'une cause externe tout-ii-fait spéciale.
ARTICLE V.
Des causes externes qui déterminent le développement des Psorides.
DCCCLIV. S'il est vrai que la malpropreté, avec ses attributs ordinaires, soit une condition favorable à la pro-
•dnctioii des psorides papuleuse et crustacée, il est plus certain encore qu'on auroit tort de lui attribuer celle de la gale,
sans que je veuille nier d'ailleurs la part réelle qu'elle peut y avoir. Mais parce que cette affection se rencontre plus communément
dans les dernières classes du peuple, et paroît inhérente, en quelque sorte, aux haillons et à la misère, il
ne faut pas conclure que ces causes suffisantes, à la vérité, pour l'entretenir, suffisent aussi pour la produire. Une
preuve qui paroitra décisive, à cct égard, c'est que les soins de propreté les plus assidus, le changement iréquent
de linge et l'observation des pratiques les plus minutieuses de l'hygiène dans les classes riches de la société, ne
mettent point à l'abri de la psoride pustuleuse; pas plus qu'une fois développée, ces moyens ne'suflisent pour la
détruire. 11 y a donc une autre cause de cette affinité, si je peux m'exprimer aiiisi, de la gale pour les personnes de condition,
de fortune, d'habitudes si opposées; et cette cause se trouve évidemment dans son principe contagieux, c'estii
dire dans le sarcopte.
DCCCLV. Avant l'importante découverte qui changea entièrement l'étiologie de la psoride pustidcuse, les médecins
ne trouvoient rien de plus commode pour s'en rendre raison, que de supposer une malicrefermentescihle, un principe
acre particulier déposé par le mouvement circulatoire sur divers points de l'enveloppe tégumentairc. Ce fut la théorie de
toute l'antiquité qui, conservée de siècle en siècle, malgré les observations contradictoires, mais trop peu authentiques
de quelques naturalistes, régna exclusivement jusqu'à une époque assez rapprochée. Il est évident qu'on rangcoit alors
indistinctement sous le titre^a/d;, des éruptions de natm-e et de caractère fort différens, notamment les psorides crustacée
et papuleuse. On s'étonne qu'il ait fallu autant de temps poiu' arriver à la vérité sur un point de pure intuition ;
car il semble que les hypothèses humorales devoieut naturellement tomber en présence des faits si nombreux de gales
développées instantanément et au milieu de la santé la plus Ilorissante. Mais, comme l'a dit un philosophe, l'homme
ne sait presque point voir, parce qu'il trouve plus facile d'imaginer!
DCCCLVI. Il n'est pas sans importance de connoître la marche progressive et la série d'aperçus, d'observations et
d'expériences par lesquelles on est enlin parvenu à la véritable étiologie de la psoride pustuleuse. L'Arabe Avcnzoar
paroît le premier qui, au douzième siècle, ait eu réellement connoissance d'un insecte analogue au pou, qui, dit-il,
se développe dans certaines éruptions cutanées. Mais ce trait de lumière étoit resté sans aj)plication jusqu'à ce que le
médecin anglois, Th. Moufet, s'en étant emparé vers le milieu du seizième siècle, comj)ara cet insecte au cirondu vieux
fromage, et donna quelques formules de médicamens pour le détruire. Apres que Drebcl eut perfectionné le microscope,
cet instrimient fut appliqué de la manière la plus utile à la recherche de l'insecte de la gale par Kircher,
MafenrefTer et surtout par Hauptmann, qui le premier le décrivit et en donna une figure dessinée dajis l'année 1607.
Nonobstant ce que poiivoient avoir de positif ces premières données, c'est au célèbre médecin italien Rèdi, qui vivoit
vers le milieu du dix-septième siècle, qu'il faut en définitive attribuer la découverte qui nous occupe. Les détails les plus
curieux, à cet égard, sont consignés dans une lettre de Bonomi à Rèdi, par laquelle il paroît que les premières expériences
furent dirigées par Hyacinthe Cestoni, naturaliste et pharmacien de Livourne. Ces idées ne tardèrent pas àse
répandre; elles furent accueillies et vériliées par les observateurs les plus recommandablcs. L'illustre Morgagni leur
accorda son suffrage. Bientôt les naturalistes s'occupèrent de classer l'insecte de la gale. Le grand Linné l'a confondu
avec la mitte de la farine et du fromage; de Géer releva cette erreur en 1768, en même temps qu'il donna de l'insccte
une description fort exacte. Elle se rapporte parfaitement avec celle c{u'a donnée depuis notre célèbre entomologiste,
M. Latrcille, qui impo.sa à l'insecte le nom caractéristique de sarcopte; M. Bosc, de l'Académie des Sciences, ainsi que
M. Duméril, lui ont assigné les mêmes caractères.
DCCCLVIl. C'est au milieu de ces brillans travaux que de nouvelles recherches lurent néanmoins tentées dans le
but de constater d'une manière, en quelque sorte, plus solennelle, l'existence de cet insecte. Elles furent faites en ma
présence à Diôpitaî Saint-Louis, et sont dues au zèle et à la sagacité de M. Galès, ancien pharmacien en chef de cet
établissement, qui leur consacra trois mois entiers pendant l'année 1812. Une commission, dojit je faisois partie, prise
dans lu Faculté de Médecine, et une seconde fournie par l'Académie des Sciences, y assistèrent régulièrement, et
chacun de leurs membres fut à même de voir le petit animal, objet de ces perquisitions attentives.
DCCCLVIII. On a écrit, et ir
est possible quelquefois de re tir
ime des hommes d'une véracité reconi
:r des sarcoptes des boutons de gale avi
le, tels que Rédi, Wichmann, assurent qu'il
la pointe d'une épingle. Le résultat ne fut pas
MALADIES DE LA PEAU. ¿53
aussi facile et demanda plus de précautions dans les expériences de M. Galès. La première fois qu'on y procéda, lu)
temps assez long s'écoula sans qu'aucun mouvement se manifestât au sein du liquide qui ¡ivoit reçu le fluide des pustules
galeuses; mais, lorsque l'insecte eut surmonté l'engourdissement que l'impression du liquide lui avoit communiqué
par sa fraîcheur, il commença alors à s'agiter et devint manifeste à tous les yeux. On abrégea beaucoup
l'exiiérience en se servant plus tard d'eau tiède pour la renouveler.
DCCCLIX. Une autre épreuve également intéressante que tenta M. Galès, ce fut de faire développer des boutons
de gale bien reconnus par tous les commissaires, en tenant pendant une seule nuit sur le dos de sa main et sous verre,
trois ou quatre sarcoptes. De pareils laits me paroissent porter avec eux tous les caractères de l'évidence.
DCCCLX. On seroit étrangement dans Terreur, si ce que je viens d'exposer faisoit penser que la démonstration du
sarcopte est une chose facile. Non-seulement il n'est presque jamais visible qu'au microscope ou du moins à la loupe,
mais il faut encore savoir choisir les pustules; car on ne le trouve pas à beaucoup près dans toutes; et pour tout cela
il faut une habitude, une sagacité et une patience dont peu de personnes sont capables. J'ai dit plus haut que beaucoup
de médecins se méprennent encore sur les caractères de la psoride pustuleuse; à plus forte raison est-il aisé de
se ti'omper sur la période à laquelle il convient d'ouvrir les boutons^pour en extraire le sarcopte. M. Galès assigne le
moment de la plus vive démangeaison des pustules qui est aussi celui de leur état séreux et de leur aspect blanchâtre.
Plus tard, quand elles sont devenues tout-à-fait purulentes, toute espèce de recherche à cet égard paroît devoir être
inutile.
DCCCLXI. Je ne m'étendrai pas davantage sur ce qui concerne ce point de l'étiologie de la gale. Mon très-estimable
collègue, M. le docteur Lugol, a essayé de le mettre de nouveau en question; mais avant de donner un démenti aussi
formel à ce que l'Europe compte de plus recommandablc dans les sciences naturelles et dans la médecine, son amour
pour la vérité l'a engagé à tenter de nouvelles expériences dont on attend avec impatience les résultats. Je pense, au
reste, que de nouvelles recherches ne feront que confirmer ce que nous ont appris celles dont j'ai rendu compte.
DCCCLXII. Il scroit superflu de m'arrêter à décrire ici le sarcopte. On trouve ces détails dans les ouvrages des entomologistes
auxquels je dois seulement joindre parmi les noms précités, celui du Suédois Fabricius, qui a beaucoup
contribué à nous faire connoître exactement cet insecte. Quant au nombre de ses pâtes, de six suivant les uns, de
quatre seulement suivant les autres, qui soutiennent que les deux premières de devant sont des antennes; cette discussion,
bien qu'intéressante, m'écarteroit troj) du but que je dois me proposer en ce moment, et qui est la détermination
de l'inlluence du sarcopte dans le développement de la psoride pustuleuse.
DCCCLXIII. Si l'expérience particulière de M. Galès, à cet égard, pouvoit laisser quelques doutes, il n'est plus
permis d'en conserver aucun quand on réfléchit à la manière dont se fait la propagation de la psoride pustuleuse.
Des médecins, qui n'ont point osé nier tout-à-fait l'existence du sarcopte, ont demandé si, au lieu d'être la
cause déterminente de la gale, il n'en seroit pas plutôt un effet, un accident plus ou moins singulier, le comparant à
Certains vers qu'on voit se développer dans quelques ulcères sordides. Auroit-on ûiit une objection pareille, pour peu
qu'on eût voulu se rappeler que la psoride pustuleuse attaque indistinctement tous les hommes, sans en excepter même
les têtes couronnées.^
DCCCLXIV. Mais d'où vient donc cet insecte? Cette question est tout au.-isi difficile à résoudre pour le moindre
ciron que pour la plus admirable créature. J'ai déjà dit que quelques naturalistes admettent la génération spontanée
des poux, dont la propagation se feroit ensuite suivant les lois ordinaires. M. Bory Saint-Vincent a rapporté le fait
singulier d'une femme qui, après avoir été guérie par un remède violent d'une maladie qui la tourmentoit depuis
vingt ans, fut très-surprise de se voir, pour ainsi dire, enveloppée d'une innombrable quantité d'acarides, genre trèsvoisin
des ixodes, qui sortoient spontanément de toutes les parties de la peau où il lui arrivoit de se gratter. Pourquoi
n'admettrions-nous pas aussi ce mode de développement du sarcopte, avec faculté pour lui de vivre et de pulluler sur
les tissus animaux où il peut être transplanté? Mais ce n'est là qu'une conjecture ; ce qu'il y a de plus positif, c'est que
le sarcopte produit et entretient la psoride pustuleuse, fait remarquable à l'appui duquel déposent à la fois les
recherches expérimentales et l'observation clinique.
DCCCLXV. Pour les causes externes dont l'influence peut concourir à la production des deux dernières espèces de
psorides, nous les trouverons presque toutes dans la négligence plus ou moins entière des pratiques de l'hygiène.
Ainsi, le manque de linge qui ne permet point de le renouveler aussi souvent que l'exigeroit l'abondance de la sueur
incessamment accrue par l'habitude de travaux pénibles, et \e défaut de propreté entretenue par des bains ou des
lotions assez réitérées sont deux circonstances qui mont paru prédisposer à la psoriasie. On a remarqué que les
poux et les autres insectes se développent très-facilcmcnt dans les étoffes de laine, sans doute à cause de la chaleur
qu'ils y trouvent. Ce fait peut expliquer pourquoi la phthiriasis afiecte d'une manière spéciale les tailleurs qui n'observent
pas assez rigoureusement les règles hygiéniques relatives à la propreté.
DCCCLXVI. L'habitude d'une vie inactive et sédentaire par l'influence qu'elle a sur l'exhalation cutanée qui est toujours
alors en foible proportion, paroît être une des circonstances externes les plus favorables au développement de
G4