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un préjugé aussi injuste que barbare, les Blancs qui ont suljjugiié IcsTÎoirs, ont trop dédaigné de kur donner
les soins convenables. Ce n'est qu'à l'époque où ils ont redouté pour eux-mêmes cette aiTection contagieuse,
qu'ils ont dû sérieusement s'en occuper.
CCCCXCIX. 11 est intéressant de voir les températures si variées du globe terrestre influer si puissamment
sur les ressorts de la vie, et of£i-ir l'empreinte d'une nature, tantôt foible, tantôt énergique. C'est dans les
climats cbauds qu'abonde principalement la dégcnération du tissu cellulaire. Il scm])lo que sous un ciel brûlant,
ce tissu soit spécialement accessible aux atteintes morbifiqiies les plus graves. La patrie de la Lèpre devoit
éir-e cdle du Pian et d'une foule d'infirmités analogues. Ces grands lléaux édatent principalement au voisinage
de l'équateur. Aussi Loëfîler remarque-t-il que cette éruption horrible se développe avec plus de fi-équencc
dans l'Amérique méridionale que dans l'Amérique septentrionale.
D. Toutefois, les qualités ardentes de l'atmosphère n'ont pu influer que secondaii-ement sur la multiplication
rapide du Piiin, parmi les Nègres. Car, il est positif qu'il est des contrées en Afrique, particulièrement
celles qui sont civilisées, où cette maladie cutanée est absolument inconnue. On a toujours dit qu'elle n'existoit
point à la côte de Mosambique ni à Madagascar ; on ne l'a point vue rile-de-France où Ton n'importe
que les Kègi-es de ces pays. Cette assertion est confirmée par tous ceux qui y pratiquent la médecine, et qui
n'ont jamais eu occasion d'y observer le Pian.
DI. On doit du reste peu s'étonner des ravages produits chez les Nègres, par les progrès du Pian , si l'on
jetteim coup-d'oeil physiologique sur la constitution particulière de leur espèce; plus vigoureusement orgai'iisés
que les ]ilancs, leur système dermoïde est d'un tissu beaucoup plus dense et beaucoup plus ferme ; il est doué
d'une sensibilité plus vive et plus exquise, etc. De-1:\ vient qu'ils éprouvent constamment les effets les plus
remarquables, lorsqu'ils sont atteints par différentes maladies cutanées. Nous avons eu souvent l'occasion de
constater cette obsei'\'ation à l'hôpital Saint-Louis sur les Nègres qui viennent y subir un ti'aitement pour la
gale où pour diverses dartres auxquelles ils sont sujets. On doit d'ailleurs en être peu surpris. Car, c'est une
remarque très-vulgaii-e que les Nègres conservent très-loug-temps sm- leiu- peau l'empreinte de châtimeus
infligés par la brutahté de leurs maîtx-es.
DU. Au smrplus, j'estime que les Patbologistes me sauront gré de leur offiii- ici dans toute sa vérité le
tableau d'une affection qui se montre si rarement en Europe, et qui semble n'avoir été départie qxi'à une seule
espèce d'hommes. Les faits qui serviront à cette peinture ont autant d'intérêt que d'importance. On est frappé
de sui-prise, lorsqu'on contemple les nuances innombrables que revêtent les maladies mises en rapport avec
l'organisation physique des peuples. On voit, ainsi que j'ai déjà eu occasion de le remarquer, que la douleur
règne dans tous les lieux, et que la nature est aussi prodigieusement diversifiée dans les maux dont elle nous
accable, que dans les biens quelle nous dispense.