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J94 MA L A D I E S DE LA PEAU.
E S P È C E TROISIÈME.
SYPHILIDE ULCÉRÉE. SYPHILIS exulcerans.
S y p h i l i d e se mûuifesiaDt sur une ou plusieurs parties d e s Icgumcns, par des ulcères roageans , p rofondémeul excavés, laillés eu Liseau,
d o u i les bords sout rouges et calleux, ayant tantôt une Ibrnie ronde, tantôt une forme oblougue ou triangulaire, &c. Ces ulcères
a t t a q u e n t le p lus souvent les surlaccs muqueuses ; ma i s ils a t taquent aussi d 'ordluai r c les e x l r cmi t c s inférieures.
OBS. NOUS avons remarque les Tariékis suÎvanles à l'hôpilul Saint-Louis:
L A S Y r I I ILID E u L c i ti È K S E R !• IG1N E u S Sj-phUis exulcerans serpiginosa. — Ulcère sinueux, qui bourgeonne, serpente et parc
o i i r t quelquefois un grand espace en excoriant la peau.
5 . LA SYPHILIDE ULCÉRÉE TERSISTANTE. Sjphilis exulcerans persislens. — Cet ulcèr e est f ixe , isolé et U-ca-profon<l, puisqu'il laisse
souvent les os à nu. Cqtle Syphi l ide gagne en profondeur ce que la serpigineuse gagne en superficie.
a LA SYPHILIDE ULCÉUJÌE EN RHAGADES. ÎK/IMM «u/eerans — C'est le siège de celte Syphilide qui lui donne co
meni celle forme. Elle se développe au pourtour de l'anus, et par conséquent dans une peau qui offre une grande quantité de plis et de
rides. Comme ces ulcères imiteul absolument des feules et des fissures, on les désigne sous le u o m de rhagades.
TABLEAU DE LA SYPUILIDE ULCÉRÉE.
DCXLIV. L'économie animale contieiiL une mullitude de germes de maladi e qui peuvent faire naître et développer
des ulcères. Ces ulcères peuvent se manifester dans toutes les parties du corps j mai s l'afFeclion syphilitique
iiuprimc à ceux qu'elle produit un caractère particulier qui ne sauroit être méconnu. C'est ce caractère qu'il
importe d'étudier; car combien de praliciens regardent journellement comme syphilitiques toutes les ulcérations
qui ont pour siège les organes de la génération!
Cependant l'hôpital Saint-Louis nous offie journel lement des individus chez lesquels on observe des excoriations
de la verge, des bourses, des grandes lèvres, &c., accidens qui ne doivent leur existence qu'au progrès
du vice dartreux ou du vice psorique, et qui n'ont absolument rien de commun avec la Syphilis. U n e leucorrhée
de mauvaise nature engendre fréquemment des ulcérat ions à la vulve, chez de jeunes filles qui mènent la vie la
plus cont inenl e et la plus pure. Ces ulcérations simulent des chancres, et pourtant nulle contagion n'a agi sur
elles. On voit donc qu'il est de la plus urgent e nécessité de reconnoitre les signes positifs des ulcères vénériens,
et de les distinguer de ceux qui émanent d'une autre source.
J'ai été importuné, durant près de deux années, par un jeune homme pusillanime, qui se croyoit atteint de
la plus horrible maladie vénérienne, parce que, de temps à aut r e , il voj'oit se déclarer, aux parties génitales,
quelques légères ulcérations, résultat d'un vice herpétique dont il ctoit attaqué depuis son enfance. Il est une
foule de circonstances où les malades finissent non-seulement à se persuader qu'ils sont infectés, mais encore à
comnmniquer cette opinion à ceux qui les dirigent.
Nous avons f réquemment observé les ulcères qui aiTectent les parties génitales et les autres parties du corps, H
la suite du coit vt-nérien. Leurs bords sont communément très-rouges, durs et calleux ; mais on les i-econnoît
particulièrement à leur excavation. J'ignore pourquoi on a pu écrire que les ulcères sy])iiilitiques étoient généralement
superficiels. Cette assertion est une e r reur ; car ils sont presque toujours profonds et taillés en biseau, surtout
lorsqu'ils se déclarent aux jambes. Leur fond est inégal et tuberculeux, et constamment rempli d'un pus
vcrdàtre. Leur caractère principal est de creuser la peau, de dévorer les muscles, le tissu cellulaire, de mettre
quelquefois les os à n u , &c. La facilité avec laquelle les chairs se détachent, fait quchiuefois d'un individu le
speclacle le plus repoussant et le plus hideux pour ses semblables. On diroit que les membres se pulréi ient , et
appartiennent plus au cadavre qu'à l'homme vivanL J'ai vu naguère un infortuné qui éloit atteint de trois ulcères
situés au coronal, à la clavicule et au sternum. Le premier éloit déformé irrégul ière, s'étendoil jusqu'aux prolubérances
frontales; ses bords étoient taillés et unis, comme si on l'eût creusé avec l'instrument tranchant. Le
deuxième ulcère offroit des (bngosilés, et rendoit un pus abondant et glutineux : plusieurs petites ulcérations
de même nature en bornoient la circonférence. La troisième présentoiL une excavation prolbiule et large qui se
dirigeoit de l'apophyse acromion jusqu'à la partie moyenne de la clavicule. Une crotUe jaunâtre le recouvroil
presqu'entièremcnt, et ne laissoit qu'une ouverture par laquelle s'échappoit une petite quantité de pus, de
même nature que celui de l'ulcère du front. Il étoit très-enfoncé dans son mi l ieu, et bourgeonnoit vers ses
bords, qui étoient d'une rougeur intense.
Les ravages de l'ulcération syphilitique sont quelquefois d'une immense étendue. Mi\L Sicard cl Grellier,
médecins d'Angoulùme, m'ont communiqué l'observalion d'un individu qui étoit tout couvert d'ulcères syphilitique.
s. Ces ulcères étoient devenus très-profonds et lisluleux; ils s'étoicnl agrandis à un tel point, qu'ils s'étoient
lous réunis, en sorte qu'au lieu de tégumens, ou voyoit sur l'universalité du corps une vaste croiite suppuranle,
exhalant une puanteur horrible. La face n'oifroii également qu'un seul masque ulcéreux, au-dessous duquel le
pus se rassembloit, pour s'échapper à travers les trous dont il étoit criblé, La moitié de la lèvre inférieui-e étant
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tombée eu gangrène, et s'étant détacliée du visage, un écoulement do salive par cet endroit vint contribuer à
l'affoiblissement du malade. Les parties molles qui complètent en devant le sac lacrymal, ayant été détruites
par les progrès du virus syphilitique, les larmes couloient sur la face. Les os unguis, l'apophyse moutaute des
os maxillaires et des os propres du nez, étoient dépouillés et frappés de carie. Enlin, l'ulcère priinilif se desséc
h a , noircit et devint extrêmement félide. Le dévoiement et les plus vives souiTrances terminèrent cotte épouvantable
maladie.
C'est pour exprimer le degré de malignité et le caractère phagédénique des ulcères vénériens, qu'on les
désigne communément sous le nom de chancres. Il en est qui sont stationnaires, et qui conservent toujours la
même place. Il en est d'autres qui sont remarquables par leur mobilité extrême. Ces chancres ambulans et
serpigineux s'étendent eu contours plus ou moins sinueux, et rongent le corps en le parcourant. On en voit qui
se développent avec plus d'intensité dans les parties de la peau oii il y a des plis et des ridt^s, parce que cette
disposition physique favorise davantage l'accumulation du virus; alors ils prennent une forme oblongu«!, qui
les fait ressembler à des fentes ou à des fissures. C'est pour cela qu'on les désigne sous le nom de rhagades.
La matière qui s'échappe des ulcères syphilitiques est, dans quelques cas, un pus louable et de bonne consistance;
mais le plus souvent elle acquiert une qualité acre et corrosive; on la distingue sur-tout par sa couleur,
qui est d'un jaune verdâtre. Cette dégénération a lieu lorsque la maladie est ancienne, et (qu'elle a vieilli dans
l'économie animale : elle est alors d'une fétidité extrême que peu de personnes peuvent supporter. Il n'est pas
rare de voir les ulcères subir encore des changemens plus horribles, et se convertir en carcinomes dévorans.
Il seroit intéressant d'assigner quelles sont les parties du corps qui sont le ))lus attaquables par les ulcères
vénériens. Les grandes lèvres, les nymphes , la verge et le prépuce en sont quelquefois corrodés; mais l'anus en
est particulièrement le siege; et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les ulcères ne s'y montrent jamais
plus fréquemment que lorsque la contagion syphilitique s'est opérée par la bouche. Cette assertion se confirme
par la mul t i tude d'enfans qui reçoivent la maladie avec le lait qu'ils ont sucé, et par la quantité de nourrices
dont l'anus se couvre d'ulcères, lorsqu'elles ont donné leur sein à des nourrissons infectés.
On rencontre des ulcères vénériens sur d'autres parties du corps ; on eu trouve journcl lemen t sur les fesses, les
cuisses et le ventre des enfans mal-sains. J'en ai vu de très-rebelles qui avoient lieu dans le nojnbril. Les doigts
et les orteils y sont fréquemment exposés. On a dit mal à propos qu'ils se monLroient rarement à la surface
interne du vagin. L'autopsie cadavérique nous a prouvé le contraire. J'ai vu un cas part icul ier où ce canal étoit
totalement rongé par un chancre très-étendu. J'ai observé pareillement un ulcère de celte nature qui occupoit
tout le trajet du conduit de l'urètre, chez un soldat, mort douloureusement à la suite d'une suppression totale
des urines. L'ulcération syphilitique s'eflectue assez ordinai rement sur le cuir chevelu ; les yeux, les oreilles, le
nez, la bouche, la gorge, &c., sont fréquemment infectés par des ulcères du plus mauvais caractère. On peut
d i r e que ceux-là sont les plus opiniâtres, à cause du siège qu'ils occupent. J'en ai vu dans l'arrière-bouche que
tout l'art de la thérapeutique n'a pu détruire. Quels ravages ne font-ils pas dans les fosses nasales ! les os propres
du nez, les cartilages sont quelquefois détruits, et laissent le visage horriblement défiguré pour toute la vie.
D'après l'observation des pathologistes, la Syphilide ulcérée se manifest e trois ou quatre jours après le coït
impur. La surface muqueuse ou cutanée, sur laquelle le virus vénérien s'applique pendant un plus ou moins
long espace de temps, commence à être affectée par une démangeaison, qui se change quelquefois en une
véritable douleur. L'oeil aperçoit d'abord nu point blanchâtre qu'entoure une aréole enflammée. Enfin il se
manifeste un ulcère de forme ronde, qui ne tarde pas à acquérir de l'étendue et de la profondeur. Quand cet
ulcère a vieilli, il est souvent difficile de borner ses ravages. Nous avons donné des soins à deux individus,
chez lesquels le membr e viril a été totaleinent détruit par les progrès d'un horrible chancre.
Obse?yaiio7is relatives à la Syphilide ulcérée.
DCXLV. Première Observation. — Antoine M avoit contracté une blennorrhagie virulente, qui ne fut
combatluc par aucun traitement. Il éprouva dès lors des douleurs intolérables dans les jambes, particulièremejit
à la gauche. Deux mois s'écoulèrent sans qu'il s'opérât d'autre changement ; enfin il s'éleva sur la partie antérieure
et supérieure de la crête du tibia une tumeur qu'on prit d'abord pour une exostose, tant sa duret é étoit
considérable; mais l'on fut bientôt détrompé; celle tumeur s'ouvrit, et laissa couler en abondance un pus
é p a i s , verdâtre et sanguinolent. Elle dégénéi-a en un ulcère profond, dans lequel s'établit une suppuration
abondante, ce qui afîoiblit extrêmement le malade. Une seconde tumeur se manifesta à la région interne et
moyenne de la même jambe, et eut la même terminaison que la précédente. Voici quel étoit l'état de ces
deux ulcères, lorsque nous eûmes occasion de IcvS observer : le premier avoit un fond inégal et tubeixuleux ; ses
bords étoient épais, dentelés et rugueux, couverts d'excroissances fongueuses et granulées. Ces excroissances
abondoient principalement dans le centre de l'ulcère, où elles étoient entassées les unes sur les autres. L'autre
ulcère, situé à la région interne et moyenne de la j ambe , éloit beaucoup plus étendu que le précédent ; il suppuroit
avec abondance; il étoit en tout semblable au précédent, excepté pourtant qu'il étoit beaucoup plus large.
D'ailleurs, cinq ou six sinus se dirigeoient en divergeant du centre à la circonférence, et en augmentoienl la
largeur et la capacité.
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