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M A L A D I E S DE LA PEAD.
D C C C L W V l l I . Outre que ce procédé curatif n'altère en aucune manière le linge, et ne laisse après lui aucune
espèce d'oileur désagréable, ce qui permet son emploi chez les gens du monde, j'ai constaté depuis plus de vingt ans
son utilité immédiate. Ainsi, sept à huit jours suihsent avec lui pour guérir les gales simples, et je ne l'ai point vu
échouer contre celles qui se montrent le plus opiniâtres. Ou trouve dans le bel établissement sanitaire de Tivoli, si
habilement dirigé par MM. Audéoud et Jur iue, les deux substances pari'aitement préparées, en sorte que nous n'hésitons
pas à adresser là toutes les personnes qui auroient à en faire usage.
DCCCLXXIX. Depuis cpie j'ai donné cette méthode de traitement pour la psoride pustuleuse, quelques praticiens
en ont proposé d'autres plus ou moins analogues. M. Dupuyt ren, par exemple, emploie à l'Hôtel-Dieu la dissolution
suivante : eau commune, une livre et demie; sulfure de potasse, quatre onces; acide suliurique, demi-once; la dissolut
i on doit être faite en plein air dans u n vase de terre ou de faience; on ajoute l'acide sulfurique par degrés, en agitant
doucement le mélange qu'on renferme ensui t e dans une bouteille exactement bouchée avec du liège. On voit que cette
p r é p a r a t i o n différé t rès -peu de celle que j'emploie; l'une et l 'autre s 'administ rent également en lotions, et sans aucime
espèce de soins prélimijiaires.
DCGCLXXX. M. Jadclot , dont j 'auroi s dû ment ionner déjà le Uniment antipsorique à base de sulfure de potasse, qu'il
a particulièrement composé pour la commodité des gens du monde et des voyageurs, se sert encore à l'hôpital des
Enfans, pour le t rai tement d e la psoride pustuleuse, des bains sul fureux déjà introdui t s par J. P. F r ank dans la pratique;
voici comment on les prépare suivant les pr incipcsde M. Jadelot : d ans une baignoire de bois ou construite en maçonn
e r i e , rempl i e d'eau à ag® d e Reaumur , on met quatre à cinq onces de sulfure d e potasse ou de soude, concret, qui , en
se dissolvant , donne au liquide une couleur verdàtre à la surface, jaune et ronge foncé au centre. On peut ajouter une
p e t i t e quantité tl'acide sulfiirif[ue qui favorise le dégagement du gaz sulfureux, lequel est extrêmement délétère pour
le sarcopte; les malades supportent parfaitement ce b a i n , qui peut être d'une heure. Les eaux minérales artificielles ont
ce grand avantage pour le cas dont il s'agit iri, sur les eaux naturelles qu'on a conseillées aussi contre la gale, qu'on
peut y accroître à volont é la dose du soufre. J'ajouterai qu'ent r e autres avantages des lotions sur les bains avec ces eaux,
c'est que les premières ne portent que sur les point s contaminés de la peau, tandis que le.s seconds irritent fort souvent,
ainsi qu'on f a observe, les parties saines.
DCCCLXXXL Je ne dois point omettre de parler ici d'un autre mode d'administration du soufre dont l'efficacité a
é t é démontrée il y a quelques années, j e veux parler des fumigations sulfureuses. Depui s long-temps nous avions fait
à l'hôpital Saint-Louis la remarque que la gale n'attaque jamais les religieuses ni les inlirmiers attachés au service des
salles oil l'on traite les malades affectés de psoride pustuleuse. Des individus ont été f r équemment guéris de cette affect
i o n pour être restés exposés simplement à l'exhalation de la vapeur sulfureuse dans des salles très-chaudes où des
•galeux se frottoient avec diverses pommades soufrées. Il y a d'ailleurs près de deux siècles que Glaubert a reconnu
cette propriété de la vapeur du soufre, qui depuis a pareillement été constatée en Allemagne; mais c'est à M. Galès,
ancien pharmacien en chef de l'hôpital Saint-Louis, qu'appartient l'honneur d'avoir popularisé son usage.
DCCCLXXXIL Le procédé de ce chimiste, défectueux à plusieurs égards, comme celui de Lalouette dont ¡1 paroî t
ê t r e une imitation, a été modi l i é de la manière la plus avantageuse par M. Darcet , chimiste aussi p rofondément instruit
que physicien habile. Je n e ferai point ici la description de l'appareil dit de Darcet, il me suifira d'observer que sa
simplicité inappréciable attire les regards et l 'admirat ion des é t ranger s qui visitent l'hôpital Saint-Louis, et que depuis
sa construction, il a été imité avec le plus grand succès, non-seulement dans les n omb r e u x établissemens de bains que
possède la capitale, mais jusque dans les moindres villes de province. Voilà donc encore une nouvelle méthode de
traitement pour la gale, et qui peut avoir son utilité spéciale. Cependant , ÎM. Biet t qui a expériment é particulièrement
t e procédé dans le même hôpital où il a pr i s naissance, pense qu'il liiut beaucoup rabattre des éloges qu'on lui avoit
d ' a b o r d donnés. Suivant ce médecin, la méthode par les l'umigations .sulfureuses peut convenir dans les hôpi taux mil
i t a i r e s , mais elles ne sauroient être employées aussi utilement dans les hôpi taux civils consacrés à uneclas s e d'individus
épuisés ordinaii'cment, quand ils y ar r ivent , par de longues maladies et par la misère. Elle guérit d'ailleurs plus lentem
e n t , ajoute-t-il, que quelques autres; et, si elle offre l'avantage de l'économie et de la conservat ion du linge, il est
plus que compensé par la foule des contre-indications qui s'opposent à son emploi. Au reste, pour en iaire usage, il
faut se servir de l'appareil de Darcet , ne pas y brûler au delà de huit à douze gros de soufre, par une température
qui ne doit point dépasser 5o à 52" de Réaumur ; en ayant de plus l'attention de mêler au gaz sulfureux une certaine
q u a n t i t é de vapeur aqueuse, précaution très-utile, surtout à l'égard des personnes qui ont la peau très-irritable; chaque
fumigation doit être de trente à trente-cinq minutes.
DCCCLXXXJll. Je ne parlerai maintenant, après les détails dans lesquels je suis entré touchant les moyens proposés
pour le trai tement de la gale, je ne parlerai, dis-je, d'une certaine qaintcssenca anùpsonqac dont le ni trat e de
m e r c u r e fait la base, que pour justifier l'oubli où elle est tombée. La pommade oxygénée dite d'Myon, a joui
q u e l q u e temps d'une grande vogue; mais l'expérience m'a prouvé que c'est un moyen toujours lent dans son action
e t peu fidèle qu'il faut bannir de la matière médicale avec cette foule de recettes mystérieuses qui souvent ont prod
u i t les cfiéts les plus funestes et ne peuvent profiter dans tous les cas qu'au charlatanisme.
DCGCLXXXIV. Quelques expérimentateurs ont essayé de guérir la psoride pustuleuse par les bains d'eau tiède. Il
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M A L A D I K S DE LA PEAU. liS;
n'est pas impossible que ce moyen ait modéré pour un temps la démangeaison, et même lait cesser entièrement des
gales légères ; mai s il expose les individus à d'inévitables récidives, parce qu'il n'a point d'action délétèi'e sur le
s a r c o p t e , et que s'il l'entraîne quelquefois, ce n'est jamais complètement, ce qui lui laisse la faculté de se reproduire.
J ' e n dirai autant de la vapeur émolliente qui a pareillement été employée sans plus d'avantage. L'un et l'autre de
ces moyens conviennent cependant dans quelques circonstances, pour diminuer l'inflammation des pustules, affoiblir
la démangeaison, ou calmer l'irritation de la peau que ne laissent pas d'exciter vivement certaines préparations antipsoriques
qui , sans cette précaution, pourroient devenir fort incommodes, et même nuisibles à quelques malades.
DCCCLXXXV. Il est facile de concevoir que les bains doivent, au contraire, constituer la base des méthodes de
t r a i t e m e n t des psoridcs cruslacée et papuleuse. D'abor d ils conviennent toujours comme détersifs de l'enveloppe tégum
e n t a i r e , et comme caïmans du prurit insupportable dont l'éruption est accompagnée. A c e titre, il est rare qu'on ne
soit pas obligé d'en faire usage dans toutes les circonstances. Quelquefois, pour activer l'exhalation cutanée sans
i r r i t e r l'organe, on emploie avec succès la vapeur émolliente qui rempl i t alors une double indication.
DCCCLXXXVL Le traitement, au reste, doit naturellement varier comme les causes qui peuvent donner naissance
à ces éruptions prurigineuses. Si elles dépendent d'un état de pléthore, de la suppression de quel q u ' e x a n t h ème ou
d ' u n exutoire anciennement établi, il est évident qu'on n'y remédiera que par les évacuations sanguines ou par le
rétablissement de la sécrétion supprimée. J'ai essayé, dans cette intention, mais sans pouvoir encore prendre, à cet
é g a r d , une décision définitive, les douches sulfureuses, chez une jeune demoiselle entre auti-cs qui avoit été fort
i m p r u d e m m e n t traitée d'une psoride papuleuse par les répercussifs, et chez laquelle il étoit resté depuis sur les tégumens
une démangeaison intolérable.
DCGCLXXXVII. Les lotions hydro-sulfureuses que j'ai aussi voulu em]>loyer par analogie, m'ont paru constamment
exaspérer l'irritation de la peau; j'ai observé le même résultat des douches à l'arrosoir; ces moyens devront dès lors
convenir beaucoup mieux à la psoriasie qui est presque toujours indolente. Les bains alcalins et savonneux, tels que
ceux de Plombières, sont infiniment plus utiles dans la psoride papuleuse. Je me suis encore assez bien trouvé de
quelques pommades composées avec les divers précipités de mercure, qui m'ont paru d'ailleurs réussir particulièrement
dans le prurigo pédiculaire.
DCGCLXXXVIII. A l'intérieur, les moyens curatifs appropriés aux psorides papuleuse et crustacée, n'exigent pas
moins de précision dans le choix et d'habileté dans l'administration. Le régime des malades doi t surtout être sagement
dirigé. Il convient de proscrire toujours les alimens échauffans, acres, fortement épicés; et d'insister, à cet égard,
avec d'autant plus de sévérité que les malades ont , en général, une certaine propension pour ce genre de nourr
i t u r e .
DCCCLXXXIX. On se trouve bien quelquefois d'un vomitif en débutant; il agit, dans ce cas, comme révulsif, de
même que les purgatifs, tels que le calomélas qne j'emploie alors de préférence. Le petit lait au jus d'herbes, les
décoctions de plantes amèrcs et di irrét iques, la chicorée, la pat ience sauvage, la pariétaire, la bour rache trouvent aussi
une application fort avantageuse. Mais c'est encore plus ver.s les moyens extérieurs qu'il faut .spécialement diriger son
a t t e n t i o n . Cette remarque s'applique surtout, comme on le sentira facilement, à la thérapeut ique du prurigo pédiculaire.
Il est néanmoins des cas où les JÎOUX semblent engendrés spontanément par un état particuUer d'altération des
solides et des fiuides de l'économie, et dans lesquels les toniques , le vin généreux, le quinquina, le sirop antiscorbut
i q u c , les élixirs amers, etc., sont indispensables. Je n'ai pas besoin de dire que toutes les fois que leur apparition a
u n caractère critique, chez les enfiins par exemple, il seroit superflu de s'en occuper et quelquefois dangereux de les
combattre.
DCCCXC. En général, les affections cutanées dont je m'occupe, suivant leur intensité particulière ou leurs complic
a t i o n s , exigent de la ¡)art du médecin beaucoup de discernement , de sagacité pour la direction des moyens curatifs,
e t de persévérance dans l'usage de ces derniers de la par t des malades. Il est infiniment plus facile de les prévenir par
u n e sage prophylactique.
DGCCXCI. Tout ce qui contribue à l'entretien de la propret é doit, sans contredit, être mis au premier rang des
moyens hygiéniques contre les psorides. Rien n'est plus simple que les précautions indiquées par l'expérience,
à cet égard. Toutes les fois qu'il s'agit de la psor ide pustuleuse, éviter autant que possible le contact , qui est son mode
u n i q u e de propagation, avec les personnes qu'on soupçonne d'en être alfectées, devient la première règle à suivre.
Mais nulle part elle ne doit être plus r igoureusement observée que dans les gi'andes réunions d'hommes, telles que les
corps de troupes, où la contagion trouve tant de facilité à se répandre. Les exemples en ce genr e abondent; mais le
suivant qui a ét é rapporté par un médecin digne de foi est certainement un des plus remarquables.
DCCCXGII. Deux bataillons d'un régiment d'infanterie traversant la B r e t agne , où l'on sait que la gale est endémique,
pour venir à Paris dans les mois de janvier et février 1812, eurent onze cent quatre-vingt-seize hommes atteints de
cette affect ion; p endant que les troupes qui , dans le même temps, traversèrent le Poitou et d'autres provinces limit
r o p h e s , où la même disposition n'existe pas, en furent tout -à- fai t exemptes.
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