f jjjîiiiiiiiiijiii jnii
I'M ï l l i
_ , 1:111;-;;''.Jl' I •• ;
r i ' t ! ' iilliiil'MfM lililii
11 iviiti |mil
il i
jI:i ''!ll -T¡ TE" ! I•rI.jIfi»if i
KÍ
I I
S ifTi:
' • í l i i i ' E í l l ' f
192 MA L A D I E S DE LA PEAU.
D'autres fois, les organes souillés par la Sypliilis présentent clos tubercules filiformes et de dure consistance,
avec orillee à leur milieu. Le nom de porrean qu'on leur donne, vient de cette structure grêle qui les fait ressembler
aux racines de ces végétaux. Lo membre viril en est fréquemment infecté; ils sont remarquables par
leur rénitence.
Il faut i-approclicr des porreaux les verrues syphilitiques, qui sont de petits tubercules dont la surface est
âpre, rude et pareillement grenue. Quelquefois elles ont un pédicule ; d'autres fois elles eu sont dépourvues.
Les verrues sont tri-s-opiniàtres, et il faut les combattre pendant un très-long espace de temps. Ce sont ces
corps sur-tout qu'il importe de dénaturer par les caustiques.
Le tissu de la peau dégénère souvent à un tel point, qu'il forme des excroissances aplaties, spongieuses, rougcâtres,
qu'on prendroit pour de vraies crêtes do coq, ce qui leur a fait donner ce nom. Le gland y est trèssujet;
l'anus en est parfois entouré. Ces crêtes, d'une couleur purpurine, ofiVcnt une surface lisse et unie; elles
ont des c.spèecs d'appendices séparés les nus des autres par des éehancrures plus ou moins profondes; leur
iacc interne est légèrement concave pour s'accommoder à la convexité du gland ; mais, lorsque celui-ci est mis
à découvert, ces excroissances, qui sont d'ime certaine consistance, se tiennent droites et élevées, eomtne celles
que l'on voit sur la tête des poules et des coqs. Les malades n'éprouvent d'ailleurs qu'un prurit léger et fort
peu incommode.
L'une des formes les plus hideuses que puisse prendre la Syphilide végétante, porte le nom de condylonws,
sortes de protubérances à corps volumineux et £i base étroite, lisses, qui se manifestent communément à la
marge et au pourtour de l'anus ; leur couleur est absolument cello de la peau. Nous les avons vues quelquefois
prendre nue consistance comme calleuse; elles ne font éprouver aucune douleur.
Les végétations dont nous venons de parler sont susceptibles de naître sur toutes les parties de la surface
cutanée, mais spécialement à l'anus, aux petites lèvres, au gland, &c. On en trouve, quoique rarement, dans
le vagin , dans l'intérieur des fosses nasales, dans la cavité de l'ombilic, sur les bords des paupières. Il arrive
quelquefois qu'on en observe dans les oreilles ; et, comme la perversité est pleine de caprices, elles ont été, dans
certames circonstances, le résultat d'une comnmnication immédiate. Nous avons vu, à l'hôpital Saint-Louis,
un charlatan des boulevards, connu par ses mauvaises moeurs : il étoit devenu sourd par l'eifet de deux
végétations syphilitiques qui obstruoient chez lui les conduits auditifs, et qui ressembloieut à deux grosses
prunes. Nous avons pareillement recueilli l'histoire d'une excroissance en forme de grappe, qui avoit eu lieu
sous l'aisselle droite d'une jeune indigente, par les bizarres fantaisies d'une inconcevable lubricité.
Ohseryalions relatives à la Syphilide végétanle.
BCXLM. Première OisOTutón. — Angélique L arriva à l'hôpital Saint-Louis, avec un écoulement
jaunâtre, tantôt vcrdàt re, plus souvent de cette dernière couleur. Cet écoulement étoit accompagné de douleurs
tensives dans la vessie, la matrice, le dos, les aines, &c. La vulve éprouvoit nue irritation si forte, (|ue souvent
les nymphes et les grandes lèvres étoient très-engorgées; elles étoient si douloureuses, que le contact du plus
léger corps étoit insupportable. L'entrée du vagin étoit occupée, et comme distendue, par une énorme végéuition
fongueuse, divisée d'abord en cinq ou six lobes granulés, d'une couleur rouge, et absolument analogues i des
framboises par leur forme et par leur volume. Ces excroissances ne provoquoient aucune douleur chez la
malade, et on les pressoit impunément avec la main ; elles n'excitoient point de pmriL. Il nous fut facile d'en
faire l'excision, parce qu'elles ne tenoient à la peau que par des pédicules très-amincis.
Deuxième OJserraííon. — Pierre F étoit atteint, depuis fort long-temps, d'une alTection vénérienne
dégénérée. Cette aflcction se manifesta par les symptômes que nous allons exposer. Une démangeaison considérable
se lit sentir à la couronne du gland; la peau s'enllamma avec une médiocre intensité; une petite pustule
ronge parut s'élever do sa surface, et bientôt, en s'épaississant, clic prit l'aspect d'un porrean; elle s'accrut,
devmt inégale, rugueuse, dentelée, s'aplatit sur ses côtés, et constitua une véritable crête de coq. Quelques
jours après, l'individu dont il s'agit sentit le besoin de se gratter au pourtour de l'anus, pour pallier un priu'it
incommode ; ce prurit lit bientôt place à un nombre considérable de végétations, qui prirent la forme de
choux-fleurs, et augmentèrent considérablement de volume. Ces végétations présentoient du reste quelques
différences selon le siège qu'elles occnpoicnt; elles étoient continuellement baignées par un mucus jaunâtre.
Troisième Observation. — Marguerite B , âgée de quarante-deux ans, présente le tableau le plus
triste et le plus effrayant de la Syphilide végétante. Il y a di.x-huit mois que sa maladie .s'est annoncée par des
douleurs osléoeopes; ces douleurs avoient eu d'abord les jambes pour siège; ensuite les lombes, puis les bras,
enfin la tête. Ces douleurs s'accrurcnl et finirent par devenir intolérables : des bourdoimeniens continuels se
faisoicnt entendre, et la malade fut bien long-temps privée du sommeil. Au bout de deux mois, l'anus fut
entouré et recouvert d'une multitude de crêtes spongieuses, absolument indolentes, ipii avoieut la couleujde
la peau, et paroissoient avoir la même organisation. On les excisa vainement h |ilusieins reprises:
bientôt une éruption analogue se manifesta au périnée, aux grandes lèvres, &c. ; elle étoit acconi|)aguée d'une
M A L A D I E S DE LA PEAU.
démangeaison légère qui augmentoit par les chaleurs et aux approches de la nuit. La face de la malade étoit d'un
rouge lie do vin, et recouverte par des pustules proéminentes, de la grosseur d'un pois, qui offroient à leur
centre un petit point purulent; le front en étoit sur-tout alTccté; on y remarquoit des groupes de ces pustules,
qui étoient plus volumineuses que les autres, et d'une couleur plus foncée; do nombreuses écailles s'en détachoient;
le nez doi t cuQc considcr&ljlcincnt, tuiueiie, piirticulièrcnicnt vers les uilcs^ les cuisses de la jnalade
présentoient à leur partie supérieure et externe des croûtes verdàtres et étendues ; la plupart étoient très-épaisses
et avoient l'aspect de certaines cristallisations, tant leur surface étoit âpre et sillonnée; elles éloient circonscrites
par un cercle d'un rouge livide; très-adiiérentes à la peau, elles en laissoienL sortir un sang noir et corrompu.
Plusieurs de ces croûtes offroient des circonvolutions, des spirales, &c. ; elles étoient douloureuses seulement
par la pression. Lorsqu'elles tomboient, on ne voyoit que des taches sales et livides sur la peau. Malgré tant
d'infirmités, la malade mangeoit et digéroit bien ; mais elle ne goùtoit jamais le inoindre repos, et le sommeil
lui étoit absolument interdit.
Qiiatrième Observation. — J'ai observé sur le même individu presque toutes les variétés de la Syphilide
végétante. Un artiste, âgé de vingt-six ans, avoit eu commerce avec une femme de mauvaise vie; il fut d'abord
pris d'une inflammation dans l'intérieur de la bouche, qui se termina par des ulcérations aux piliers du voile
du palais. On méconnut cette maladie, dont la personne d'ailleurs étoit intéressée à cacher la nature. Ou se
borna à lui administrer quelques gargarismes, qui parurent d'abord apaiser les symptômes; mais six mois
après on vit se manifester, sur plusieurs parties du corps, une multitude d'excroissances très-variées par leur
forme, et dont le nombre étoit prodigieux. Le rectum étoit, pour ainsi dire, obturé par six protubérances
dures et rougeâtres, que leur base étroite doit faire ranger parmi les condylomes. La face interne des deux
cuisses, le visage, et particulièrement les bords des deux paupières, étoient hérissés de porreaux indolens; la
couronne du gland étoit bordée de crêtes rouges, larges et spongieuses ; au périnée étoit une masse énorme de
choux-fleurs, d'où suintoit une humeur roussâtrc, ichoreuse, et d'une insupportable fétidité. Ce qu'il y avoit de
plus opiniâtre, c'étoient des verrues disséminées à la partie postérieure du col et aux oreilles; il en existoil une
sous la verge, que les divers caustiques n'avoient fait qu'exaspérer. On observoit d'autres symptômes : le système
osseux étoit tuméfié dans plusieurs endroits du corps ; c'est dans ce système que résidoieuL des douleurs
excessives, lesquelles se reuouveloient sur-tout pendant la nuit. La voix étoit rauque et altérée, ce qui dcpendoit
de la destruction d'une portion du voile du palais. La sensibilité s'étoit accrue à un tel point, que les moindres
causes pouvoient la développer; le plus petit mouvement suÎfisoit pour réveiller les douleurs; des tourmens
inexprimables lui faisoient à chaque instant sentir l'horreur de sa situation. L'habitude du corps présentoit un
état d'amaigrissement considérable. Le tissu cellulaire étoit mol , flasque, sans ton et sans ressort.
DCXLIII. Les excroissances et les végétations sont beaucoup plus abondantes que les pustules; mais elles
sont bien plus rebelles à l'action des remèdes, sans doute parce qu'elles sont beaucoup moins sous l'empire de
la vie. Aussi est-on contraint, pour les détruire, de recourir aux caustiques, à l'iusirument tranchant, aux
ligatures, &c. Je reviendrai sur ce phénomène quand il sera question du traitement qu'il faut opposer à de
pareils symptômes.
m
y
i9