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Ai A L A D I E s DE LA PE AU. Gi
E S P È C E TROISIÈME.
DARTRE CRUSTACÉE. HERPES crustaceus. Planches X V I , X V IT ei XVI Í Í .
D a r t r e se maDÍfcstant sur uue ou plusieurs parties des tégumens, par des croûtes jaunes, grises, blanciiâlrcs ou verdátrcs, qui afreclent
d i f l e r e o t e s formes. Ces croûtes tombent et sont remplacées par d'autres , ou restent plus ou moins long-temps adhércuics au
s y s t è m e dermoïde.
OBS. Voici les pr incipales variétés qu'on peut rapporter à la Dar t r e crustacée :
J . LA DARTRE CRUSTACÉE FLAVESCENTE. Herpes crualaceus flavescena. — Cette Dartre est le résultat d'un suintement croùteux, dont
l a couleur jaune priL«cnle l aspect d u miel lorsqu'il est desséché, ou des sucs gommeux de certains arbres. Sa ma r che a tiuclque analogi e avec
celle tic l 'Erysipôie. Le üssu cellulaire est u n peu gonllé. Le plus souvent elle se manifeste sur le milieu de l'une ou des deux joues; mais je
l'ai aussi observée sur d'jiutres parties d u corps. Cette variété est une des plus fréquentes.
B . LA DARTRE CRUSTACÉE STALACTIFORME. //e/pe« e r « « ; « « « « — Elle est ai
p e n d communément au lieu qu'elle occupe, à la manière des sUlactites ou des sucs lapidiliqui
E l l e at taque toujours les ailes d u nez.
si désignée, pai'ce que la croûte qui la forme
; qu'on observe dans les grottes souterraines.
C. LA DARTRE CRUSTACÉE EN FORME DE MOUSSE. Herpes crustaceus musciformis. — J'i^i décrit le premier cette variété intéressante
d e !a Dar t r e crustacée. O n est véri tablement f rappé de sa ressemblance avec les petites mousses qui croissent communément sur les toits. Les
c r o û t e s , d u n gris verdâû'c, eutom-éesd'une aréole rouge, enchâssent pour ainsi dii-ela peau, laquelle est toujours un peu tuméfiée : delà vient
qu'elles s'enlèvent Irés-difBciiemcut. J'ai vu celte variété de Dartre se développer sur les mains, sur la partie de la cuisse qui est voisine du
g e n o u , sur le visage. Le bouton large qui forme celte Dai-tre se dépouille quelquefois de sa couche crouteuse ; alors o n voit dessous une sorte
du bourgeon charnu, proéminent , granulé : c'est sur ces petits grains que se concrèt e k matière ichoreuse, etc.
l A B L E A U DE LA DAR T R E CRUSTACEE.
CLXXXIIL Cette Dartre est ainsi désignée à cause de la nature particulière de son éruption. Ce ne sont
ni des écailles farineuses, ni des dcsquammations furfuracées que l'on observe sur la peau j ce sont des croûtes
qui se manifestent à mesure que la matière de l'exsudation herpétique se dessèche et se concrète par l'action
de l'air ambiant.
Quand on suit avec quelque attention le développement de la Dartre crustacée, on s'apperçoil qu'elle commence
toujours de la manière suivante : on voit d'abord paroître sur la peau uue multitude de petits boutons,
ou plutôt de petites pustules plates, peu apparentes, ayant à peine le volume d'un grain de millet. Bientôt ces
pustules se rompent, et le fluide ichoreux qu'elles contiennent, se convertit en croûtes qui prennent diverses
formes. Ces croûtes doivent être, pour les praticiens, un objet intéressant d'attention et d'étude: c'est une sorte
d'emplâtre, de couvercle salutaire, que la nature établit pour garantir un ulcère ou une maladie quelconque
de la peau du contact extérieur.
Les croûtes ne sont en conséquence que le résultat du dessèchement de la matière ichoreuse qui s'échappe
de ces petites pustules. Il ne faut souvent que l'espace d'un jour pour qu'elles acquièrent une certaine consistance.
Elles reçoivent même tous les jours un nouvel accroissement, parce que le foyer de la matière herpétique
reste constamment le même. Le plus souvent, elles tombent pour faire place à d'autres, sur-tout lorsque
la Dartre est d'un caractère bénin. Elles laissent alors sur la peau des cicatrices légères, ou souvent de simples
taches d'un rouge sale. Au contraire, nous observons que lorsque la Dartre porte avec elle un caractère de
malignité, les croûtes ne se détachent qu'avec une difficulté extrême. Qu'arrive-t-ii alors? Le pus s'accumule,
l'ulcerc s'élargit, la peau s'enflamme, les bords de la Dartre se durcissent, et quelquefois se tuméfient considérablement.
En étudiant l'espèce de Dartre dont je m'occupe, j'ai rencontré les dispositions les plus singulières dans la
configuration des croûtes. Les unes sont lisses et forment comme des plaques plus ou moins étendues sur le
•système dermoïde; les autres sont rudes, bosselées, ou offrent de petits sillons irréguliers ; eniin, s'il est
permis de se servir de toutes les comparaisons possibles, pour donner une idée juste des maladies, on eu
rencontre quelquefois qui surprennent l'observateur, par leur ressemblance frappante avec les mousses qu'on
voit adhérentes à l'écorce des arbres. J'aurai occasion de revenir encore sur les modifications inlininient variées
que peut .subir celte sorte de crislallisation morbifique, quand je traiterai des accidens terribles de la Lèpre
ou d'autres affections analogues.
La couleur des croûtes dartreuses n'est pas moins susceptible de changer. Il en est qui sont blanchâtres ou
d'un gris verdàtre comme la fiente des volatiles; mais la plupart sont d'un jaune citrin ou flavescent. Luisantes
et comme cristallisée.s, elles offrent l'apparence d'un miel épais, ou ressemblent assez bien, par leur brillant,
aux sucs résineux ou gommeux qui découlent de certains arbres. J'observe, du reste, que les planches qui
représentent à mes lecteurs les dilférentes variétés de la Dartre crustacée, donnent l'idée la plus juste de ces
nuances.
La Dartre crustacée arrive quelquefois à un très-haut degré de violence. Alors, la face des malades se trouve
comme masquée par une matière crouteuse, sèche et friable, qui adhère plus ou moins fortement à une peau
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