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MALADIES DE LA PEAU,
graisseuse qu'ils secrèteiit; les autres, tels que les verrues, sont une dépendance du derme lui-même; maïs tous re^
conjioissent pour cause fondamentale cette exubérance de développement que nous avons signalée.
DCCCCLin. Si nous jetons maintenant un coup d'oeil sur d'autres altérations plus analogues qu'on ne le croit à celles
nui viennent de nous occuper, mais dont le siège est à la surface delà membrane tégumentaire interne, elles nousoffriront
des caractères fort remarquables. Ce sont en général des amas plus ou moins considérables de graisse pareils au lipome ,
ou des tumeurs d'un tissu spongieux erectile. Celles-ci ont reçu le nom générique de Les points où on les rencontre
le plus commuuément sont l'entrée des replis internes de la peau, ou les limites des deux surfaces tégumentaires.
Les fosses nasales, les sinus maxillaires, le pharynx, le vagin, l'intérieur de la matrice, en sont ordinairement lesiege.
Le tissu qui les (orme dilïère d'une manière plus ou moins sensible de celui des membranes muqueuses à la face externe
desquelles ils adhèrent par un pédicule d'une longueur variable qui leur permet de Hotter librement dans ces cavités.
L'aspect général des polypes présente une couleur ordinairement brune ou rougeiitrc; leur surface est lisse et polie;
l'homogénéité fait le caractère fondamental de leur texture, quoiq\i'on y distingue parfois, comme l'observe F. Meckel
l'apiiavLce iibreiisc en sens inverse de la surface ([ui les porte. D'une consistance presque toujours molle et pulpeuse
fort analogue au tissu des mollusques, les polypes peuvent néanmoins acquérir quelquefois un degré de consistance qui les
rend durs et calleux; des vaisseaux d'un calibre variable et plus ou moins nombreux y existent souvent et forment
parfois de grands sinus présentant cette particularité qu'ils n'ont pas de membranes propres. La présence de ces vaisseaux
explique les inOammations, les hémorrhagies et autres accideus de même nature qui ont si souvent lieu dans les
tumeurs polypeuses. Elles ne deviennent guère incommodes d'ailleurs, et partant dangereuses, sauf les accidens dont
il vient d'être question , que par suite des obstacles qu'elles apportent à l'exercice de certaines fonctions importantes,
comme la déglutition et la respiration pour ceux du pharynx; ou bien par leur présence seule qui devient,
comme tout corps éti-anger, cause d'irritations plus ou moins profondes dans quelques organes, tels quc la matrice ,
le va"in: aussi, l'art n'a-t-il il'autrc ressource que leur e.xtirpation , qui d'ailleurs est trop souvent impuissante pour
s'opposer à l'extrême tendance que ces tumeurs ont à se reproduire.
A R T I C L E II.
ÎJES ALTÉRATIONS DE TEXTURE DE L^ENVELOIM'E TÉGUMENTAIRE.
DCCCCLIV. La peau peut être diversement modiûée dans ses élémens de texture (jui subi.ssent alors des changemens
plus ou moins remarquables. Un des plus fréquens et tout à la fois des plus dignes de fixer l'attention des
observateurs, est celui que présentent ces taches congéniales connues généralement sous le nom de noevi inaterni^ et
qui ne diflèrcnt pas moins entre elles par l'intensité de la couleur que par leurs formes et leur étendue. On sait que
les pathologistes les considèrent comme des tumeurs sanguines analogues à celles qui constituent les fongus. 11 est
certain cpe les variations qu'oii observe dans leur couleur, au printems, par exemple, où son intensité s'accroît
prescjue toujours sensiblement, viennent à l'appui de cette opinion ; mais leur caractère de fixité et de circonscription
ne permet pas davantage d'y méconnoître une modification primitive de la partie colorante ou dupigmeiitum de l'enveloppe
cutanée. Cette disposition ne correspond-elle pas à ce qui se passe en sens contraire dans la peau des nègrespies
, ainsi nommés à cause des taches blanches dont leur surface tégumentaire externe est en quelque sorte parsemée ?
Ici du moins il faut bien rcconnoître que l'absence du pigmentum ou plutôt de sa nuance ordinaire, ne tient pas à
l'abord et à la stase du sang, comme on l'a supposé pour les taches congéniales. Mais ce vice partiel de coloration se
montre aussi quelquefois sur d'autres parties de l'appareil tégumentaire, et particulièrement sur les cheveux. 11 n'est
pas rare en effet de rencontrer des individus ayant au milieu d'une chevelure très-noire, une ou plusieurs mèches toutà
fait blanches et qui ont été telles dès la plus gi'ande jeunesse. Ce phénomène a pareillement été observé dans toutes
les autres nuances. On ne trouve peut-être pas dans les faits de ce genre la preuve de l'opinion émise par M. Gauthier
relativement à la coloration de la peau, qu'il fait dépendre de la substance muqueuse sécrétée dans le bulbe des poils.
]\Iais il est constant d'une ¡¡art que les taches diverses peuvent exister sur certains points de la peau où ou n'observe
pas le moindre vestige de poils ; et de l'autre , il ne paroît pas, chez les vieillards, après (pie les cheveux et les poils
ont subi une décoloration entière , que la peau' présente aucun changement analogue. Quoi qu'il en soit, cette disposition
vicieuse des divers élimens tégumentaires ne mérite pas absolument le nom di; maladie, ou ne peut du moins
être considérée comme telle que relativement à l'espèce : aussi est-elle toujours au-dessus des moyens de la thérapeutique.
On connoît les conjectures et les hypothèses auxquelles l'imagination de quelques écrivains s'est laissée entraîner
pour établir des analogies plus ou moins subtiles entre les formes presque iiuiombrables des taches cutanées et
différens corps de la nature, croyant d'ailleurs y découvrir les effets directs des impressions morales produites par ces
dernières durant la grossesse. Mais, énoncée d'une manière aussi vague, cette idée ne peut être accueillie par la physiologie
rationnelle; il faut l'abandonner au vulgaire.
MALADIES DE f.A PEAU.
A R T I C L E 111.
DE L'ALBIMSME.
DCCCCLV. Cet état de la peau peut être considéré comme l'extension à toute sa périphérie de celui nue nous
venons de voir partiel ou local. 11 s'en firat bien tjue ce soit l'unique changement de coloration que cet organe puisse
anisi sidjir en totalité; mais il nous paroit véritablement le seul constitutionnel, c'est-à-dire dépendant d'une modification
primitive de texture. Les autres, en effet, tels que la couleur jaune dans l'ictère, l'aspect jaune-paille qu'on
observe dans l'aménorrhée et dans la plupart des phlegmasies chroniques; la couleur même tout-à-lhit noire dont certains
mdividus ont oHert l'exemple, dans quelques maladies très-graves, au rapport des observateurs, toutes ces
nuances, auxquelles nous pourrions en ajouter beaucoup d'autres, nous paroissent essentiellement le résultat d'une
disposition morbide, et n'avoir par conséquent qu'une existence secondaire. De tels étals rendent bien facilement
appreciable la différence existante entre leur cause intime qui, quelle que soit la théorie qu'on adopte, paroit toujours
être la presence ou l'absence du sang dans le réseau' muqueux, et celle de Yalbinisme qui ne reeonnolt qu'une allération
primitive de la partie colorante. Les caractères physiques ne rendent pas d'ailleurs la dilférence moins sensible.
Chez les albinos, en effet, la couleur blanche n'a rien d'analogue à ce qu'elle est dans les individus de cette
. race , non plus qu'avec celle des états morbides dont il vient d'être fait mention. Cette blancheur, d'un aspect laiteux
uniforme et en même temps blafarde, a aussi parfois quelque chose de poli et .le luisant, ainsi qne nous l'avons
observe chez une femme assez belle d'ailleurs, et qui faisoit un très-grand usage des cosmétiques. Comme la ijlupart
des individus de sa couleur, elle avoit les cheveux d'tm blond très-pâle, d'une lincs.5e extrême, et en même temps
mous et sans énergie. Les yeux, très-petits et fbrt sensibles à la lumière, étoient, ainsi que cela se voit généralement eu
pareil cas, saillans et comme bombés; l'iris et la pupille avoient une couleur ronge assez l'oueée, et la personne étoit
fortement myope. Le tissu cellulaire sous-cutané ne manquoit pas d'ailleurs d'une certaine résistance; et ce qui nous
paroit encore plus décisif, cette femme, assujétie par sa triste situation i des privations et des'exeès de toute
espèce , jouissoit néanmoins d'une santé parfaite.
DCCCCf.VL II est incontestable que dans les degrés d'étendue ou d'intensité variables dont YalUnimw est susceptible,
comme toute autre raodilieation de la texture organique, celui que nous venons de décrire est un des plus
rapprochés de l'état de la peau dans la race blanche. Ordinairement, les individus affectés ¡SaUiinisiiui sont d'une
petite stature, débiles et rabougris. C'est ce qu'on observe surtout en Afrique parmi les albinos qui existent en petit
nombre an milieu des Nègres dont ils sont presque toujours les victimes. Ils sont aptes à se reproduire, et ne donnent
pas toiijom-s naissance à des enftins de leur couleur. La plupart des albinos dont on connoît l'histoire n'ont eu
quune existence chétive et misérable. Un médecin nous en a communiqué deux nouveaux exemples fort iiitcrcssans
: le premier a pour sujet un enfant demeurant ,à Paris, né d'un père très-robuste et fort brun, et d'une mère
blonde assez délicate, lequel ol'froit tous les caractères de l'albinisme au plus haut degré; pean lisse, molle et blaliirde ;
cheveux très-blonds; myopie extrême, avec l'iris et la pupille rouges. Tous les fi'ères de cct enfant étoieiit sains et
robustes, excepté une petite soeur qui avoit avec lui une ressemblance marquée; mais dans une disposition beaucoup
moins considérable. Le second fait est celui d'un jeune homme né i Caen et observe par 1\I. Sauvages i l'hôpital de
Lizieux, oil il réside encore en ce moment. La constitution éminemment lymphatique fait la base du tempérament
de ce jeune homme qui, avec la lèvre supérieure très-tuméfiée, présente une coloration vive des joues, ce qui n'est
pas ordinaire aux albinos, et contraste d'ailleiu-s singulièrement avec le reste de la peau terne et blafarde. Les cheveux
les yeux et tous les autres caractères sont chez lui tels cju'on les rencontre dans les individus de cette espèce. Celui-ci
rapporte son état à l'impression profonde qu'auroit faite à sa mère, pendant sa grossesse, la mort d'un lapin blanc
qu'elle aimoit beaucoup, et que son père tua dans nu moulent de colère. De telles sensations peuvent sans doute avoir
des suites plus ou moins liicheuscs soit pour le Icetiis, soit pour la mère ; e t , si la nature est snrjirise par de pareils
chocs au milieu dn travail plastique, il est certain qu'il peut en résulter, ainsi que l'a démontré le célèbre M. Geofï'roy
Saint-Hilaire, des viees de conformation ou des monstruosités plus ou moins rcmarc|uables. Mais là s'arrêtent les
données de l'observation ; et vouloir établir des rapprochemens et des comparaisons entre les agens producteurs ou les
causes oeeasionelles, et la nature ou les formes des altérations, c'est, comme l'a judicieusement fait observer encore
l'académicien tpie nous venons de citer, se perdre dans un dédale de vaines conjectures.
DCCCCLVll. Onsai tque les animaux sont sujetsà l'altération de couleur de la peau que nous venons de décrire, aussi
bien que l'espèce humaine; ils paroi.s,sent en être atteints égalenieiit dans l'état de domesticité et dans la vie sauvage;
les renards , les souris, dans la seconde condition, présentent aussi fréquenuncut cette disposition que les lapins et les
chats dans la première. Le pelage des uns et des autres offre effectivement les traits connus de l'albinisme, jusqu'à
la coloration de l'iris et de la pupille, ainsi fjue l'extrême foiblesse de la vue ; ils sont ideutiquemcnt ceux qu'on rcueoiitrc
dans l'espèce humaine. Dans les deux cas, il est également dillicile d'expliquer la eolncidenee tju'on observe
eoiistainmeiit entre la teinte albinique de la jieau ou du pelage, et l'état particulier des yeux qui paroit tenir
d'ailleurs au défaut de l'enduit cjui recouvre ordinairement la choroïde. Nous avons observé que l'explication de
la couleur cutanée par le Iluide sécrété dans le bulbe des poils ne rend pas exactement raison de toutes les cireonstances
du phénoincnc; celui dont nous venons de parler doit paroître plus difficile encore à pénétrer : aussi fournit-il
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