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iG MA L A D I E S D E L A P E A U .
clair. La Teigne ainiantacée a constamment été observée dans les constitutions mélancoliques ; la Teigne muqueuse
affecte les enfans dont les cheveux ont une belle coulexir d'or, &c.
X X X V I . La disposition à manifester les symptômes des Teignes paroît se transmettre hércditairemcnt, si
j ' en crois du moins les renseigncmens fournis sur les enFans soignés à l'iiôpital Saint-Louis. J'ai vu en outre
plusieurs fils d'une même mère attaqués à-la-fois d'une même espèce de Teigne, et chez lesquels elle s'étoit
déclaiéc alors môme qu'ils étoieut séparés les uns des autres; en sorte qu'on ne peut pas dire qu'ils l'avoient
contractée par contagion. D'ailleurs., nous prouverons plus bas que cette voie de communication n'est pas
aussi fréquente qu'on le pense ordinairement, et qu'il faut faire beaucoup de restrictions à ce qu'on a dit à
ce sujet.
A R T I C L E III.
Des Causes extérieures que l'on eroit propres à favoriser le développement des Teignes.
X X X V I I . ON a regardé les aliniens grossiers et indigestes, principalement ceux qui abondent en principe
allnimineux, comme pouvant favoriser particulièrement la naissance des dilFerentes espèces de Teigne. On a
attribué le même effet à la saleté dans laquelle la plupart des enfans sont élevés. Ces causes pctivent sans doute
y contribuer, puisque cette maladie est, pour l'ordinaire, le triste apanage des personnes indigentes. Le favus
sur-tout semble attaquer les individus qui ont langui dans des lieux humides et mal-propres; il abonde dans
les quartiers de Paris qui sont principalement consacres à la retraite des pauvres. Mais on observe quelquefois
cette affection sur des enfans qui appartiennent à des parens riches et aises. Il est vrai que ces derniers sont
plus enclins à la Teigne granulée ou à la Teigne tnuqueuse.
X X X M I I . Est-ce par voie de contagion que la Teigne se propage ainsi d'une manière aussi rapide parmi
les cni'ans des pauvres ? Est-ce par l'habitude qu'ont la plupart d'cntr'eux dose servir du même peigne pour
leurs clieveux? Quelques observations semblent le prouver. La plus grande fréquence des Teignes dans les
villes que dans les campagnes, paroît venir à l'appui de cette assertion. La même remarque se fait encore
dans les hôpitaux, dans tous les lieux où beaucoup d'individus sont rassembles. Cependant, qu'il me soit permis
de le dire; on a beaucoup exagéré les dangers de cette communication. M. Gallot a constaté, par quatre
exemples, que si la Teigne est contagieuse, elle l'est moins fréquemment qu'on ne se l ' imagine, et qu'il faut du
moins des causes prédisposantes pour faciliter sa transmission d'un individu à l'autre. Il Ihit mention , dans sa
Thèse soutenue à l'Ecole de ¡Médecine de Paris, d'un officier de santé qui tenta vainement de donner cette
maladie à deux petites lilies scrophuleuses, dans la croyance où il étoit que leur corps en contenoit déjà le germe,
et qu'il étoit important de l'appeler à la peau. Ce fut vainement que, pendant huit jours, il mit tous les soirs
sur leur tète rasée un linge imbibé de pus fourni par cet exanthème. Ce même chirurgien parvint néanmoins
dans la suite à communiquer le favus à un autre enfant âgé de six ans et demi, par l'application réitérée d'un
cataplasme tellement imprégné de virus teigneux, qu'il répandoit une odeur fétide comme l'urine de chat.
Mais M. Gallot cite deux cas ultérieurs où la contagion ne s'est point effectuée, malgré les circonstances les plus
favorables.
X X X I X . Des faits particuliers, dont j'ai été le témoin, m'ont paru également propres ù justincr l'opinion
que je viens d'émettre sur la difficulté avec laquelle se propagent les exanthèmes du cuir chevelu. J'ai vu un
enfant élevé dans une pension, qui n'a jamais communiqué la Teigne grauuléc dont il étoit atteint, quoi(|u'on
eût négligé de le séparer de ses compagnons d'étude, avec lesquels il jouoit continuellement. La nommée Jeanne-
Magdelaine Duval, âgée de treize ans, qui est venue se faire traiter à l'hôpital Saint-Louis, couchoit constamment
avec sa soeur depuis six mois , sans lui avoir communiqué le favus dont elle étoit affligée depuis son
enfance. Ne pourrois-je pas alléguer un nombre infini de pareilles preuves? Au surplus, on trouve rarement
les occasions de procéder à des expériences directes sur le caractère contagieux de ces alTcctions. J'ai tenté
néanmoins des essais prudens, dans les cas où leur suppression m'avoit paru entraîner des inconvcniens pour
la santé. J'ai essayé de redonner la Teigne , comme on essaie de redonner la gale , et cet expédient
ne m'a réussi que dans une seule circonstance pour la Teigne faveuse. Je jiuis pourtant ajouter que, dans un
autre cas, des linges humectés dans le pus abondant d'une Teigne mmiueuse, ont provoqué quelques pelitcs
ulcérations derrière les oreilles d'un sujet scrophuleux, chez lequel je chcrchois à réveiller l'action cellulaire
par l'mtromission d'un virus étranger. J'ai lieu de soupçonner que ces moyens, d'un ordre entièrement nouveau,
seroient d'un secours très-avantageux dans le traitement des maladies lymphatiques. Que conclure en
conséquence, des deux faits isolés que j'expose? ]S"est-il pas manifeste i|ue la qualité contagieuse des Teignes
n'est point encore rigoureusement démontrée pour tout observateur exact et judicieux, et que cette question
problématique nécessite au moins des recherches nouvelles?
X L . Au surplus, on a assigne, avec raison, une inlinité de sources diverses à l'affection cutanée dont il
s'agit. En général, tout ceqiii augmente l'activité de la cii rulation, peut servir de stimulus pour le cuir chevelu.
M A L A D I E S D E L A P E A U . 17
et diriger vicieusement un afflux d'humeurs morbifiques vers la tète, qui jouit alors d'une sorte d'exubérance
vitale. Il peut arriver même que plusieurs causes nuisibles concourent à-la-fois pour augmenter le mouvement
tonique de cet organe. Parmi ces causes, il faut principalement compter les chagrins, les emportemens, et autres
passions de l'aine auxquelles s'abandonnent imprudemment les nourrices. Nous avons vu , à l'hôpital Saint-
Louis, Lucie Dugard, âgée do vingt-deux mois, née d'une mère qui se portoit habituellement à des excès de
fureur. Cette petite fille ayant tetté de son lait à la suite d'un de ses violens mouvemens de colère, fut dès-lors
attaquée d'une Teigne muqueuse qui occupoit le front, la face et les oreilles, et qui laissoit écouler une humeur
jaunâtre et visqueuse. Il est bien remarquable que cette Teigne diminnoit d'intensité quand la mère étoit plus
calme, et sur-tout plus sobre ; car nous apprîmes également que celte femme dénaturée se livroit quelquefois au
vin sans aucune retenue. Elle étoit d'ailleurs très-débauchée.
A R T I C L E IV.
Du Siège spécial des différentes espèces de Teigne.
XLI. LE siège des Teignes est une question qui a beaucoup d'intérôt pour les pathologis tes. Plusieurs médecins
établissent leur siège primitif dans les bulbes des cheveux j mais aucun fait positif ne le démontre. Ou a
vainement allégué l'alopécie comme une preuve irrécusable de cette assertion; car, outre que ce phénomène
n'est pas constant, et qu'il ne s'observe que dans les Teignes qui ont fait des progrès considérables, il survient
dans d'autres maladies qui tiennent à des lésions entièrement étrangères au cuir chevelu. D'ailleurs, le favus
attaque très-souvent des parties qui sont dépourvues de cheveux, comme le derrière des épaules, les reins,
les cuisses, &c. La Teigne muqueuse irrite le front, la face, le col, les oreilles, &c. Il est donc à présumer que,
dans ces sortes de cas, l'altération du tissu réticulaire suffit pour mettre en évidence la véritable origine des
Teignes. Les cheveux ne peuvent, en général, prospérer quand ce tissu est profondément atteint dans les
fonctions qui lui sont départies. Ils doivent, par conséquent, périr, parce qu'ils manquent des sucs nécessaires à
leur nutrition. N'est-ce pas ainsi que les plantes cessent de végéter et de croître sur un sol stérile et ingrat?
XLII. Les Teignes paroissent donc avoir leur siège primi t i f dans le tissu réticulaire. Des anatomistes modernes
ont jeté quelques lumières sur la disposition physique de cette partie si remarquable du système dermoïde.
L'ingénieux artifice de quelques injections fines a paru démontrer que ce tissu n'est autre chose qu'un lacis de
petits vaisseaux qui, projetant leurs troncs déliés à travers les pores incalculables du chorion , viennent se
ramifier à sa surface et autour des papilles avec une admirable symétrie. C'est un système capillaire universel
destiné à charier les fluides qui colorent les differens individus et ofl^rent des nuances très-variées. Ne pressenton
pas déjà quel jour pourroit jeter sur les maladies cutanées une étude plus approfondie de ces conduits , si
long-temps inapperçus, et qui ont, avec les tempéramens, les âges, les sexes, les climats, et beaucoup d'autres
circonstances, un rapport bien digne de nos méditations?
XLIIÏ. Quand les propriétés vitales des vaisseaux dont la réunion constitue le corps réticulaire, sont irrités
par la Teigne, cette irritation fait passer le sang dans leur intérieur, et alors la peau paroît rouge et enflammée.
Tous les phénomènes de la phlegmasie s'établissent bientôt sur le cuir chevelu, et donnent lieu à des exsudations
diverses, dont la concrétion est la matière des exanthèmes qui frappent nos regards. Les papilles nerveuses qui
sont comme enchâssées dans le réseau vasculaire dont il s'agit, sont vraisemblablement le siège des démangeaisons,
des cuissons, du prurit, &c. auxquels les malades se trouvent si souvent en proie. Mais à mesure que
les Teignes se prolongent et étendent leurs ravages, le chorion s'afîecte, ainsi que les autres tissus qui concourent
à l'organisation du système dermoïde.
A R T I C L E V.
Des résultats fournis par l'Autopsie cadavérique, dans les différentes espèces de Teigne.
X L I V . LES autopsies cadavériques donnent souvent lieu à des erreurs très-graves, quand ou se presse d'en
déduire trop vite des conclusions sur la nature, le siège et les causes des diverses maladies. Il est si facile de se
méprendre, quand on veut apprécier et distinguer sainement les lésions essentielles, accidentelles, sympathiques
ou symptomatiques. Je n'ai pourtant pas négligé ce moyen de recherche, quoique les accidens qui
suivent l'invasion des diiTcrentes Teignes occasionnent fort rarement la mort. Mais ces maladies se compliquent
quelquefois avec d'autres beaucoup plus dangereuses, telles que le carreau, les scrophules, &c. ce cjui fournit
des occasions plus fréquentes de procéder à des examens anatomiques.
Première Autopsie cadavériq ue. — L'individu dont il est ici question, est le seul qu'on ait vu mourir à
l'hôpital Samt-Louis des suites de la Teigne faveuse, qui avoit enveloppé la presque totalité de son corps.
C'étoit un enfant de treize ans qui demandoit l'aumône pour vivre j il étoit sans asyle, et couchoit souvent
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