M
278 MALADIES DE LA PEAU.
DCCCCLXV. JiKlojiciidamment tic l'origine assez connue de la vaccine, les deux espèces de varicelles designees chez,
les Anglois par les noms de chicken pox (pustules de poulet), sfvine pox (pustules de porc), indiqucnt encore
clairement l'analogie que nous avons seulement voulu faire entrevoir existant à cet égard entre la généralité des êtres
animés. Qu'il nous suffise d'avoir montre dans ces considérations ce dont commencent d'ailleurs à être généralement
convaincus les médecins éclairés, nous voulons parler do l'intérêt qu'otï're la comparaison raisonnée des animaux dans
l'étal sain et malade pour l'avancement de la physiologie pathologique.
ARTICLE VI.
DU SIÈGE DES MALADIES ÉRUPTIVES.
DCCCC-LXVL L'aspect ou les formes de ces maladies ne sont guère moins variables que colles des exanthèmes
chroniques; mais leur nature inflammatoire ne sauroit être aussi contestée. En effet, quelle que soit la différence
extérieure de la 'varioln^ de Xérysipèle et du pemphigus ^ des caractères sûrs décèlent constiimment l'élément inilammatoire
de ces maladies. Les unes soulèvent l'épiderme, en déterminant çà et là des phlyctènes remplies dç sérosité plus
ou moins âcre et limpide, tandis que les autres provoquent des abcès Ibrmés par une suppuration plus ou moins
abondante; et il en est enlin qui se bornent h produi r e une rougeur vive, avec u n sentiment d'ardeur et quelquefois de
douleur gravative. On ne peut méconnoître là les signes ordinaires aux phlegmasies, et l'identité doit sous ce rapport
laisser peu d'incertitude. Les mêmes nuances d'irritation ont été reconnues de nos jours sur l'enveloppe tégumentaire
interne. Des nécroscojjies fréquentes ont mis en évidence la réalité de Xéi-ytiiènie, des abcès, de Yeniphysème dans
I é t endue des membranes muqueuses, et particulièrement de la muqueuse gastro-intestinale.
DCCCCLX"\'II. De telles nuances pathologiques n'indiquent pas seulement des degrés d'intensité différons, elles
annoncent encore une certaine modification dans le siège des maladies. Seroit-cc porter trop loin l'analyse physiologique
de dire que l'irritation peut dans ce cas être plus particulièrement fixée sur tel ou tel élément organique, nerf,
vaisseaux blancs ou s anguins I l est certain du moins que si l'observation confirme ce sent iment en ce qui concerne les
exanthèmes chronique.^, on ne voit pas pourquoi on se refuseroit à l'admettre pour les maladies éruptives. C'est dans
le corps rauqueux d'ailleurs que les premiers ont essentiellement leur siège; et, si l'épiderme et le derme y participent ,
ce n'est que d'une manière accessoire ou secondaire.
DCCCCLXVlir. Dans quelle partie de la peau autre que le corps muqueux pourroit se développer le principe des
maladies contagieuses.» Bien que la nature intime des virus nous soit encore inconnue, l'observation nous en a sufli-
•samment appris sur leur origine et sur leur mode de propagation pour ne nous laisser aucune incertitude à cet égard.
Partout où se produit une sécrétion quelconque, ne fût-ce qu'un fluide purulent, la présence d'un appareil propre à
développer ce résultat, c'est-à-dire des vaisseaux et des fluides, devient indispensable. Nous ne prétendons pas soulever
ici le problème de la contagiou, qui embarrassera peut-être encore long-temps les praticiens et les physiologistes •
nous avons seulement voulu noter la part que le corps muqueu.x a dans la production de ce phénomène, et cette
part nous paroît extrêmement importante. Sans discuter la question de l'absorption, qui d'ailleurs a été déjà décidée
sous un autre pomt de vue, sans aborder par conséquent l'hypothèse de l'infection générale à la suite d'une contagion
locale impure et plus ou moins délétère, ce qui sort tout-à-fait de notre sujet, nous nous sommes bornés à ce
qu'il y a de vraiment positif et accessible aux sens dans le iàit pathologique dont il s'agit; ce résultat nous paroit
incontestable, quand on indique simplement le réseau de Malpighi comme générateur et point de départ du principe
contagieux. Ainsi, quelle que soit sa nature, c'est toujours à ce point qu'il doit aboutir; et ce fait, démontré par la
pathologie, est encore justifié par la physiologie et l'anatomie comparée. On avoit du reste jusqu'à nous singulièrement
exagéré les limites de la qualité contagieuse pour les maladies éruptives et les exanthèmes en général Une
observation long-temps suivie, et une expérience lentement acquise nous -ont mis à même d'apprécier toute la
fausseté de ce prmcipe relativement celles de ces affections qui suivent le modc dironique.
M A r . A D l E S DE LA PEAli. ^^ ^
CHAPITRE SEPTIÈME.
DES PERTES DE SUBSTANCE QUE PEUT SUBIR LENVELOPPE TÉCUMENTAIBE.
DCCCCLXIX. Indépendamment des lésions mécanitmes qui détruisent les tégumens dans une plus ou moins gi andc
etendue, et dont nous n'avons point à nous occuper ici, il est différentes causes qui peuvent amener ces mimes déperditions
de sidjstance. Quelquefois c'est l'épiderme seul qui se trouve intéressé ; d'autrefois le pigmeutum ou le corps
muqueux sont détruits en même temps. En relevant l'erreur que quelques écrivains et observateurs, d'ailleurs trèsrecommandables,
partagèrent avec Camper, touchant la couleur qu'il dit être blanche dans les cicatrices'du nègre, nous
avons par là mémo prouvé que, si la partie colorante de la ]>e.1u est susceptible de reproduction, elle peut aussi être
affectée isolément. Lorsque les cicatrices restent blanches chea les individus de cette race, c'est que l'épaisseur entière
de la peau, et fort souvent encore plusieurs de ses parties snbjaeentes ont été comprises dans la déperdition de substance;
le changement de couleur qui subsiste alors indique que le derme, pour le moins, a été intéressé, et nous
avons vu qu'il est blanc dans toutes les races. '
DCCCCLXX. Parmi les maladies cutanées, proprement dites, il n'y a guère, dans le modo aigu, que la 'variok
qui laisse des traces bien marquées de son passage, par des pertes de substance, avec des cicatrices indélébiles. Cclles.ci
sont même, on peut le dire, les caractères les plus sûrs aujtquels on reconnoisse sa véritable nature ainsi que celle de
la vaccine, sur laquelle de làusses analogies et une observation superficielle ont seules pu faire commettre tant de
méprises. La naricelk entraîne bien aussi quelquefois un travail inllaminatoire capable d'user la peau jusqu'à un certain
point ; mais il est rare que la perte de substance qui en résulte soit assez profonde pour être durable, et plus
rarement encore elle est comparable à celle qu'entraînent les maladies précédentes. Pour les autres exanthèmes aigus ,
Xcrjsipile, la rougeole, la scarlaline, la miliaire, bien que leur siège soit aussi dans le réseau vaseulaire et le corps
muqueux de k pean, il est, pour ainsi dire, sans exemple qu'ils se soient terminés par suppuration; comment dès
lors pourroient-ils détruire des tissus qu'ils affectent si superlieiellement? Ce sont les exanthèmes chroniques surtout
qui portent avec eux ce caractère de destruction. On pourroit dire des premiers que les tissus n'y sont intéressés qu'à
t i t r e d'instrumens des phénomènes morbides, tandis que pour les seconds, c'est dans l'intimité de leur structure que
ces phénomènes se passent. Aussi ces dernières alfections donnent-elles constamment lieu à des pertes de substance
plus ou moins considérables, pendant que les antres ne laissent pas le moindr e vestige de leur passage.
DCCCCLXXL II seroit fort ntile, sans doute, de pouvoir déterminer à quelles eonditions physiques tiennent les
différences si nombreuses entre les résultats de lésions presque identiques en apparence. Pour ne parler (pie des deux
circonstances opposées, ulcération et hypertrophie d'organes, nous n'avons guère encore que des conjectures sur la
nature de ees phénomènes pathologiques, bien que tout semble placer dans l'existence du travail iiillammatoire la
solution de ce problème. Entre les exanthèmes divers, il en est auxquels semble plus .sijéeialement départie la qualité
destructive des tissus; telle est la dartre rongeante, ainsi nommée de la eii-consfauce même qui fait son principal
caractère. Mais tel est , à un degré bien plus prononcé, le cancer, dont les affreux ravages détruisent quelquefois avec
tant de rapidité jusqu'aux élémens les plus résistans de forganisation. C'est à la ]icau surtout qu'il est intéressant et
faeile d'en suivre les progrès. D'autres affections peuvent produire îles symptômes et des désordres plus violens; aucune
n'useaussi rapidement forganisation et la vie, parce qu'elle épuise l'une par la douleur, et détruit l'autre par une foule
des matériaux nutritili; également prompte et continue. On a dit Cjue f inl lammat ion simultanée des systèmes sanguin
et lymphatique donne la clef de cette question obscure, et il est réellement possible que la eireoustance dont il s'agit
soit une des conditions de ce mode.d'altération pathologique; mais pour l'explication des causes de déperdition
plus ou moins rapide de substance, par l'effet de certaines maladies, et particulièrement de celles qui affectent
fenveloppe cutanée, elle est tout entière probablement dans la constitution des individus et dans la nature des tissus
organiques.
DCCCCLXXIl. Les déperditions de substance dont la surface tégumentaire interne peut être afi'ectée n'étoient pas
moins importantes à connoi tre que celles de la surfaceextei-ne, et i l fuit conveni r que ce n'est guère que dans ees derniers
temps qu'elles ont été convenablement étudiées. C'est vers la muqueuse gastro-intestinale qu'ont été presqu'exelusiveinent
encore dirigées les recherches. Si quelques point s de cette surlhee ont paru être plus disposés à ce genre de lésion
que les a u t r e s , tel.s, par exemple, que le grand cul-de-sac de l'estomac, les environs de la valvule iléo-coeeale, outre que la
prédominance relative tlu système sanguin dans ees parties peut expliquer déjà cette d i f férence, il est constant, d'un autre
côté, qu'aucune partie n'en est véritablement exempte. Les déperditions de substance s'y produisent quelquefois avec
une rapidi té, pour ainsi dire jirodigieuse, connncle prouvent ces perforations dites spontanées, dont l'explication n'est
pas moins embarrassante pour la physiologie, que leur étude et leur appréciation exactes ne sont intéressantes pour la
médecine légale. M. Crnveilher en a donné une théorie assez satisfaisante, en les rapportant à l'inllammation chronique.
De même qu'à la peau, la perte de substance peut ici ne pas comprendre la totalité de la membrane, cas plus
r a r e , à la vérité, à cause de la différence d'épaisseur des deux organes. La chirurgie enseigne à corriger et à réparer
eu quelque sorte ees altérations dans le premier cas; et, pour le second, les moyens de la médecine se horneut
7"